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Lead Belly, le plus célèbre des compositeurs inconnus

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Depuis sa disparition en 1949, le chanteur et guitariste afro-américain Huddie William Ledbetter a progressivement inscrit son nom dans le patrimoine des musiques populaires américaines. Inconnues du grand public pendant des décennies, ses œuvres rejailliront à partir des années 60 grâce à une foultitude d’artistes revitalisant son répertoire. Harry Belafonte, Bob Dylan, Led Zeppelin, Nirvana, Eric Bibb, entre autres, adapteront au fil des années les mélodies de Lead Belly. Amaury Cornut, notre invité, consacre un ouvrage entier à ce troubadour folk trop peu célébré.

La date de naissance de Lead Belly est incertaine… 1885, 1888, 1889 ? On sait qu’il est originaire de Mooringsport en Louisiane et fait partie de ces pionniers mésestimés contraints de résister à l’oppression constante d’une Amérique ségrégationniste. Ses nombreux séjours en prison sont autant le fait d’une justice expéditive que d’un tempérament rebelle. À l’aube du XXè siècle, les exactions racistes sont tristement la norme aux États-Unis, notamment, dans le Sud. Exister dans une société aussi inégalitaire suppose un courage à toute épreuve et un esprit frondeur. Lead Belly n’est certes pas un enfant de chœur, mais il doit apprendre à survivre dans cette atmosphère délétère.

Il lui faudra cependant miser sur la chance pour sortir d’une impasse sociale à laquelle la population africaine-américaine est confrontée quotidiennement. Il doit son salut à plusieurs personnages suffisamment curieux et intuitifs pour déceler son talent et l’extraire d’une vie tumultueuse. John et Alan Lomax, deux passionnés de musique traditionnelle américaine, seront les premiers à capter devant un micro les aptitudes mélodiques et poétiques de Lead Belly. Leurs enregistrements destinés à la Library of Congress (Bibliothèque du Congrès) à Washington sont aujourd’hui considérés comme des témoignages uniques de la vitalité culturelle d’alors. Grâce à ces deux archivistes bien inspirés, Lead Belly échappera à la pesanteur existentielle des états sudistes pour briller plus au nord, notamment à New York, où il fera sensation.

Sa notoriété croissante ne le préserve cependant pas des brimades et humiliations auxquelles il répond avec aplomb et maladresse. Il sent que sa vie s’accélère et veut profiter du rythme frénétique que son nouveau statut lui offre. Il n’en reste pas moins un homme effronté qui se joue des règles et de la bienséance. Entre deux escapades, il parvient malgré tout à enregistrer des compositions qui deviendront des documents historiques et des marqueurs temporels. À cette époque lointaine, le blues est l’identité artistique de la communauté noire outre-Atlantique. Même s’il accepte d’interpréter en studio quelques ritournelles échappées de ce répertoire profane, Lead Belly se voit davantage comme un orateur folk, un conteur qui se nourrit de ses aventures ou mésaventures diverses pour concevoir un tour de chant.

À la fin de sa vie, juste après la Seconde Guerre mondiale, il sera enfin perçu par ses contemporains comme un brillant parolier dont se réclameront de futures figures majeures : Woody Guthrie et Pete Seeger, par exemple. Lorsqu’il disparaît, le 6 décembre 1949, ses œuvres ne sont pas encore entrées dans le patrimoine populaire. Il faudra attendre les années 60 pour que, progressivement, ses textes suscitent l’intérêt de jeunes talents captivés par les messages d’un aîné tombé en désuétude. Il convient toutefois de préciser que certains airs, attribués à Lead Belly, étaient déjà des adaptations de mélopées façonnées par le temps. « Where did you sleep last night ? », « Irene », « Rock Island Line », « Midnight Special » ou « Black Betty », sont le fruit d’une tradition orale héritée de l’Afrique ancestrale. Mais qui peut se plaindre aujourd’hui que cette richesse musicale nous soit ainsi restituée ?

« Lead Belly », d'Amaury Cornut, aux éditions Le Mot et le Reste.

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La date de naissance de Lead Belly est incertaine… 1885, 1888, 1889 ? On sait qu’il est originaire de Mooringsport en Louisiane et fait partie de ces pionniers mésestimés contraints de résister à l’oppression constante d’une Amérique ségrégationniste. Ses nombreux séjours en prison sont autant le fait d’une justice expéditive que d’un tempérament rebelle. À l’aube du XXè siècle, les exactions racistes sont tristement la norme aux États-Unis, notamment, dans le Sud. Exister dans une société aussi inégalitaire suppose un courage à toute épreuve et un esprit frondeur. Lead Belly n’est certes pas un enfant de chœur, mais il doit apprendre à survivre dans cette atmosphère délétère.

Il lui faudra cependant miser sur la chance pour sortir d’une impasse sociale à laquelle la population africaine-américaine est confrontée quotidiennement. Il doit son salut à plusieurs personnages suffisamment curieux et intuitifs pour déceler son talent et l’extraire d’une vie tumultueuse. John et Alan Lomax, deux passionnés de musique traditionnelle américaine, seront les premiers à capter devant un micro les aptitudes mélodiques et poétiques de Lead Belly. Leurs enregistrements destinés à la Library of Congress (Bibliothèque du Congrès) à Washington sont aujourd’hui considérés comme des témoignages uniques de la vitalité culturelle d’alors. Grâce à ces deux archivistes bien inspirés, Lead Belly échappera à la pesanteur existentielle des états sudistes pour briller plus au nord, notamment à New York, où il fera sensation.

Sa notoriété croissante ne le préserve cependant pas des brimades et humiliations auxquelles il répond avec aplomb et maladresse. Il sent que sa vie s’accélère et veut profiter du rythme frénétique que son nouveau statut lui offre. Il n’en reste pas moins un homme effronté qui se joue des règles et de la bienséance. Entre deux escapades, il parvient malgré tout à enregistrer des compositions qui deviendront des documents historiques et des marqueurs temporels. À cette époque lointaine, le blues est l’identité artistique de la communauté noire outre-Atlantique. Même s’il accepte d’interpréter en studio quelques ritournelles échappées de ce répertoire profane, Lead Belly se voit davantage comme un orateur folk, un conteur qui se nourrit de ses aventures ou mésaventures diverses pour concevoir un tour de chant.

À la fin de sa vie, juste après la Seconde Guerre mondiale, il sera enfin perçu par ses contemporains comme un brillant parolier dont se réclameront de futures figures majeures : Woody Guthrie et Pete Seeger, par exemple. Lorsqu’il disparaît, le 6 décembre 1949, ses œuvres ne sont pas encore entrées dans le patrimoine populaire. Il faudra attendre les années 60 pour que, progressivement, ses textes suscitent l’intérêt de jeunes talents captivés par les messages d’un aîné tombé en désuétude. Il convient toutefois de préciser que certains airs, attribués à Lead Belly, étaient déjà des adaptations de mélopées façonnées par le temps. « Where did you sleep last night ? », « Irene », « Rock Island Line », « Midnight Special » ou « Black Betty », sont le fruit d’une tradition orale héritée de l’Afrique ancestrale. Mais qui peut se plaindre aujourd’hui que cette richesse musicale nous soit ainsi restituée ?

« Lead Belly », d'Amaury Cornut, aux éditions Le Mot et le Reste.

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