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Joshua Redman scrute les États-Unis

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Dans son nouvel album, Where are we ?, le saxophoniste Joshua Redman s’interroge sur son pays pétri de contradictions. En adaptant des œuvres du répertoire populaire américain, de Bruce Springsteen à John Coltrane, il tente de décrire les États-Unis tels qu’il les perçoit et les ressent. Jazzman de grand talent, il a en lui l’héritage culturel de ses aînés mais s’en remet davantage à ses émotions pour exprimer sa vision d’une Amérique contemporaine bousculée par son histoire sociale d’hier et d’aujourd’hui.

Adapter une œuvre comme « Alabama », créée en 1963 par le saxophoniste John Coltrane, n’est pas anodin. Cette composition, inspirée de l’homélie du pasteur Martin Luther King après l’assassinat de 4 jeunes filles noires dans une église de Birmingham, a été un moment fort du mouvement des droits civiques il y a 60 ans. L’audacieuse relecture qu’ose Joshua Redman aujourd’hui témoigne de la triste pérennité des exactions racistes outre-Atlantique. « Je ne pensais à rien en interprétant ce titre. J’essayais juste d’être le plus honnête, intègre, créatif, engagé et passionné possible. Cela dit, nous avons beaucoup avancé depuis cette époque. Si je compare ma vie à celle de mon père, si je me réfère à son quotidien, aux interdictions auxquelles il était confronté, aux endroits qu’il ne pouvait pas fréquenter parce qu’il était noir, à cette discrimination qu’il devait supporter, je me dis que ma vie est beaucoup plus simple et que beaucoup de progrès ont eu lieu en un demi-siècle. Certes, le disque débute avec la chanson « After Minneapolis » qui est ma réaction à l’assassinat de George Floyd et s’achève avec « Alabama » de John Coltrane. Je ne peux donc pas nier le fait que mon inspiration a été guidée par tous ces événements tragiques. Je veux juste dire qu’il y a encore des combats à mener même si la société américaine ne cesse de s’améliorer ». (Joshua Redman au micro de Joe Farmer)

Pour le soutenir dans cet état des lieux musical d’une Amérique en perpétuelle mutation, Joshua Redman a fait appel, pour la première fois de sa carrière, à une voix féminine capable d’exprimer des émotions que son indéniable virtuosité peut alors magnifier. Gabrielle Cavassa n’est certes pas encore une personnalité reconnue à l’échelle internationale mais elle provoque ce frisson irrésistible quand une chanson appelle à l’examen de conscience. « Il est évident que beaucoup de gens vont la découvrir sur cet album. Pour autant, je ne peux pas dire que je suis celui qui la présente au monde entier. Elle a gagné le prix Sarah Vaughan de meilleure vocaliste jazz, il y a quelques années, elle a une carrière plutôt florissante. Il y a, dans la voix de Gabrielle, une vulnérabilité et une intimité sensuelle que j’aime beaucoup. Son phrasé m’inspire. J’ai toujours envie d’en entendre davantage avec elle. De toute façon, toutes les chanteuses que j’écoute peuvent exprimer beaucoup plus d’émotion que je ne le peux au saxophone. La voix humaine est certainement l’instrument le plus expressif sur la planète. En tant que saxophoniste, j’essaye de me rapprocher de cela mais personne ne peut rivaliser avec une tonalité vocale naturelle. Il se trouve que Gabrielle est particulièrement expressive. Cela dit, je ne me disais pas : « Je vais imiter Lester Young face à Billie Holiday ». Je dois vivre dans l’instant présent et exprimer ce que je ressens aujourd’hui. Bien sûr, nous nous reposons sur nos aînés mais nous devons traduire en musique notre propre vécu, notre propre expérience ». (Joshua Redman sur RFI)

Where are we ? est le premier album de Joshua Redman pour le fameux label Bue Note Records. À 54 ans, le saxophoniste a appris à ne pas s’enflammer quand des lauriers couronnent chaque étape de son développement artistique. Pour autant, signer un contrat avec une maison de disques aussi prestigieuse ne le laisse pas indifférent. « C’est plutôt plaisant ! Qui refuserait de signer avec Blue Note ? Tout ce que je sais de l’histoire du jazz, je le dois à ce label légendaire. Mes disques préférés sont issus du catalogue Blue Note. Je suis donc honoré de faire partie de cette famille de musiciens. Il se trouve que je connais Don Was, le président de Blue Note. C’est donc un bonheur de travailler à ses côtés. Cela dit, je dois rester un artiste contemporain et je laisse aux historiens le soin de raconter mon épopée au sein du label. Je me contenterai de dire que je suis heureux de faire partie de cette communauté de musiciens mais je ne veux pas être celui qui commente. Je veux être celui qui fait, qui joue. Je veux écrire l’histoire du moment présent ». (Joshua Redman, novembre 2023)

⇒ Le site de Joshua Redman.

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Adapter une œuvre comme « Alabama », créée en 1963 par le saxophoniste John Coltrane, n’est pas anodin. Cette composition, inspirée de l’homélie du pasteur Martin Luther King après l’assassinat de 4 jeunes filles noires dans une église de Birmingham, a été un moment fort du mouvement des droits civiques il y a 60 ans. L’audacieuse relecture qu’ose Joshua Redman aujourd’hui témoigne de la triste pérennité des exactions racistes outre-Atlantique. « Je ne pensais à rien en interprétant ce titre. J’essayais juste d’être le plus honnête, intègre, créatif, engagé et passionné possible. Cela dit, nous avons beaucoup avancé depuis cette époque. Si je compare ma vie à celle de mon père, si je me réfère à son quotidien, aux interdictions auxquelles il était confronté, aux endroits qu’il ne pouvait pas fréquenter parce qu’il était noir, à cette discrimination qu’il devait supporter, je me dis que ma vie est beaucoup plus simple et que beaucoup de progrès ont eu lieu en un demi-siècle. Certes, le disque débute avec la chanson « After Minneapolis » qui est ma réaction à l’assassinat de George Floyd et s’achève avec « Alabama » de John Coltrane. Je ne peux donc pas nier le fait que mon inspiration a été guidée par tous ces événements tragiques. Je veux juste dire qu’il y a encore des combats à mener même si la société américaine ne cesse de s’améliorer ». (Joshua Redman au micro de Joe Farmer)

Pour le soutenir dans cet état des lieux musical d’une Amérique en perpétuelle mutation, Joshua Redman a fait appel, pour la première fois de sa carrière, à une voix féminine capable d’exprimer des émotions que son indéniable virtuosité peut alors magnifier. Gabrielle Cavassa n’est certes pas encore une personnalité reconnue à l’échelle internationale mais elle provoque ce frisson irrésistible quand une chanson appelle à l’examen de conscience. « Il est évident que beaucoup de gens vont la découvrir sur cet album. Pour autant, je ne peux pas dire que je suis celui qui la présente au monde entier. Elle a gagné le prix Sarah Vaughan de meilleure vocaliste jazz, il y a quelques années, elle a une carrière plutôt florissante. Il y a, dans la voix de Gabrielle, une vulnérabilité et une intimité sensuelle que j’aime beaucoup. Son phrasé m’inspire. J’ai toujours envie d’en entendre davantage avec elle. De toute façon, toutes les chanteuses que j’écoute peuvent exprimer beaucoup plus d’émotion que je ne le peux au saxophone. La voix humaine est certainement l’instrument le plus expressif sur la planète. En tant que saxophoniste, j’essaye de me rapprocher de cela mais personne ne peut rivaliser avec une tonalité vocale naturelle. Il se trouve que Gabrielle est particulièrement expressive. Cela dit, je ne me disais pas : « Je vais imiter Lester Young face à Billie Holiday ». Je dois vivre dans l’instant présent et exprimer ce que je ressens aujourd’hui. Bien sûr, nous nous reposons sur nos aînés mais nous devons traduire en musique notre propre vécu, notre propre expérience ». (Joshua Redman sur RFI)

Where are we ? est le premier album de Joshua Redman pour le fameux label Bue Note Records. À 54 ans, le saxophoniste a appris à ne pas s’enflammer quand des lauriers couronnent chaque étape de son développement artistique. Pour autant, signer un contrat avec une maison de disques aussi prestigieuse ne le laisse pas indifférent. « C’est plutôt plaisant ! Qui refuserait de signer avec Blue Note ? Tout ce que je sais de l’histoire du jazz, je le dois à ce label légendaire. Mes disques préférés sont issus du catalogue Blue Note. Je suis donc honoré de faire partie de cette famille de musiciens. Il se trouve que je connais Don Was, le président de Blue Note. C’est donc un bonheur de travailler à ses côtés. Cela dit, je dois rester un artiste contemporain et je laisse aux historiens le soin de raconter mon épopée au sein du label. Je me contenterai de dire que je suis heureux de faire partie de cette communauté de musiciens mais je ne veux pas être celui qui commente. Je veux être celui qui fait, qui joue. Je veux écrire l’histoire du moment présent ». (Joshua Redman, novembre 2023)

⇒ Le site de Joshua Redman.

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