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Jowee Omicil, une liberté révolutionnaire

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Le free jazz fut certainement la forme d’expression politique la plus audacieuse au XXè siècle. Il défiait le temps, les limites géographiques et se jouait des codes artistiques pour mieux les sublimer. Le saxophoniste montréalais, Jowee Omicil, a ressenti cet appel de liberté créative durant le confinement de l’année 2020. Ses racines haïtiennes ont alors guidé son intellect en pleine ébullition et ont insufflé une œuvre ambitieuse : Revitaliser l’esprit des révolutionnaires de Bwa Cayiman qui, en 1791, décidèrent de résister à l’esclavage. Cet acte fondateur nourrit aujourd’hui l’inspiration d’un héritier rebelle.

Jowee Omicil a toujours eu en lui ce désir viscéral d’être un homme libre et un instrumentiste frondeur. Il n’est, certes, pas le premier à avoir défendu une forme d’insoumission artistique. Max Roach, avant lui, avait imposé sa vision d’un jazz engagé en publiant, en 1960, un album devenu légendaire, We insist, freedom now suite porté par la voix intransigeante de son épouse, la chanteuse Abbey Lincoln. Le saxophoniste Ornette Coleman fut aussi un trublion capable de bousculer les codes du swing originel. Il est finalement logique que Jowee Omicil, nourri des enseignements de ses aînés, perpétue cette redoutable manière d’interroger l’histoire et ses contemporains. Curieusement, alors que la source culturelle de leurs expressivités n’est pas la même, on se plait à déceler cette défiance du convenu dans leurs œuvres respectives. Comment ne pas entendre, par exemple, l’écho d’un John Coltrane interprétant « Alabama » dans le Lament 4 Ayiti de Jowee Omicil ?

La longue improvisation discographique que nous présente notre multi-instrumentiste aujourd’hui est le fruit d’une introspection mûrie qui jaillit subitement avec force et exaltation. Spiritual Healing : Bwa Kayiman Freedom Suite n’est pas immédiatement accessible si le contexte n’est pas conté, étudié, balisé. Il faut se plonger dans l’histoire de la lente indépendance haïtienne pour comprendre l’intention du virtuose. Qui étaient ces esclaves africains prêts à se soulever, le 14 août 1791, sur les terres d’un riche propriétaire blanc de la commune de Morne-Rouge en Haïti. Comment ont-ils bravé l’interdit ? Quelles conséquences a eu cette bravoure au XIXè siècle ? Tout est dit dans les 21 tableaux musicaux que dessine Jowee Omicil au fil de son interprétation.

Il lui fallait cependant s’entourer de compagnons investis et inventifs pour magnifier cette audacieuse fresque sonore. Randy Kerber et Jonathan Jurion (claviers), Arnaud Dolmen et Yoann Danier (percussions), Jendah Manga (basse) se sont libérés en studio et ont épousé les fulgurances du chef d’orchestre. Cette suite incantatoire est un défi de taille que les oreilles étriquées ne pourront pas appréhender. Il faut accepter cette proposition musicale avec un esprit d’ouverture et beaucoup de considération car convoquer ses ancêtres est un exercice périlleux mais souvent salvateur.

Le site de Jowee Omicil.

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Jowee Omicil a toujours eu en lui ce désir viscéral d’être un homme libre et un instrumentiste frondeur. Il n’est, certes, pas le premier à avoir défendu une forme d’insoumission artistique. Max Roach, avant lui, avait imposé sa vision d’un jazz engagé en publiant, en 1960, un album devenu légendaire, We insist, freedom now suite porté par la voix intransigeante de son épouse, la chanteuse Abbey Lincoln. Le saxophoniste Ornette Coleman fut aussi un trublion capable de bousculer les codes du swing originel. Il est finalement logique que Jowee Omicil, nourri des enseignements de ses aînés, perpétue cette redoutable manière d’interroger l’histoire et ses contemporains. Curieusement, alors que la source culturelle de leurs expressivités n’est pas la même, on se plait à déceler cette défiance du convenu dans leurs œuvres respectives. Comment ne pas entendre, par exemple, l’écho d’un John Coltrane interprétant « Alabama » dans le Lament 4 Ayiti de Jowee Omicil ?

La longue improvisation discographique que nous présente notre multi-instrumentiste aujourd’hui est le fruit d’une introspection mûrie qui jaillit subitement avec force et exaltation. Spiritual Healing : Bwa Kayiman Freedom Suite n’est pas immédiatement accessible si le contexte n’est pas conté, étudié, balisé. Il faut se plonger dans l’histoire de la lente indépendance haïtienne pour comprendre l’intention du virtuose. Qui étaient ces esclaves africains prêts à se soulever, le 14 août 1791, sur les terres d’un riche propriétaire blanc de la commune de Morne-Rouge en Haïti. Comment ont-ils bravé l’interdit ? Quelles conséquences a eu cette bravoure au XIXè siècle ? Tout est dit dans les 21 tableaux musicaux que dessine Jowee Omicil au fil de son interprétation.

Il lui fallait cependant s’entourer de compagnons investis et inventifs pour magnifier cette audacieuse fresque sonore. Randy Kerber et Jonathan Jurion (claviers), Arnaud Dolmen et Yoann Danier (percussions), Jendah Manga (basse) se sont libérés en studio et ont épousé les fulgurances du chef d’orchestre. Cette suite incantatoire est un défi de taille que les oreilles étriquées ne pourront pas appréhender. Il faut accepter cette proposition musicale avec un esprit d’ouverture et beaucoup de considération car convoquer ses ancêtres est un exercice périlleux mais souvent salvateur.

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