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Il y a cinq ans, le rêve impossible d’un accord sur le nucléaire nord-coréen

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Il y a cinq ans, le 12 juin 2018, Kim Jong-un acceptait de rencontrer Donald Trump. Et, l'espace de quelques mois, la communauté internationale s'est autorisée à penser que la Corée du Nord allait enfin sortir de son isolement, renoncer à l'arme nucléaire et revenir dans le concert des nations. Cinq plus tard, la réalité a repris le dessus. L'Occident ne sait pas parler avec Pyongyang et le régime nord-coréen ne renoncera jamais à son programme nucléaire.

Au soir du 12 juin 2018, Donald Trump se présente devant les journalistes du monde entier réunis à Singapour. Il vient de s'entretenir en tête-à-tête avec Kim Jong-un, et pour lui, c’est une certitude, tous les voyants sont au vert : « Cette rencontre sans précédent, la première entre un président américain et un dirigeant nord-coréen prouve qu'un réel changement est possible. Nous venons de signer une déclaration commune par laquelle le président Kim réaffirme son engagement inébranlable en faveur d'une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne. Nous nous sommes aussi mis d'accord pour engager des négociations vigoureuses afin de mettre en œuvre cet accord le plus vite possible. Et il veut le faire. »

C'est vrai, symboliquement, cette rencontre marque un premier pas. Mais en réalité, cet accord ne prévoit aucun calendrier précis, il ne dit pas non plus quels seraient les mécanismes de vérification, et surtout, la Maison-Blanche commet une magistrale erreur d'interprétation, car, à Pyongyang, la dénucléarisation de la péninsule coréenne n'a pas du tout le même sens qu'à Washington. « Les Nord-coréens ne reconnaissent pas la Corée du Sud comme un État souverain en tant que tel, pour eux la péninsule coréenne est occupée au sud par des forces coloniales qui seraient américaines, rappelle la spécialiste Raphaëlle Pierre. À leurs yeux, la dénucléarisation totale implique que les États-Unis ne doivent plus être présents sur la péninsule pour que cela puisse se réaliser. »

Kim Jong Un fait tout de même un premier geste, il annonce la fermeture du site d'essais nucléaires de Punggye-ri, dans le nord-est du pays, mais pas question d'aller plus loin. C'est donnant-donnant, martèle les Nord-Coréens : si les États-Unis veulent que ce dossier avance, il faut qu'ils lèvent, au moins partiellement, leurs sanctions économiques. C’est le sens de l’allocution rarissime prononcée par Ri Yong Ho, le patron de la diplomatie nord-coréenne, qui acte l’échec du sommet de Hanoï, au Vietnam, le 28 février 2019. « À ce jour, dit-il, 11 résolutions de l'ONU visent la Corée du Nord. Nous avons demandé le retrait de cinq d'entre elles, qui entravent le bon fonctionnement de l'économie civile et les conditions de vie de notre peuple. En échange, nous nous tenions prêts à démanteler l'ensemble des installations de production nucléaire de Yongbyon, incluant le plutonium et l'uranium, en présence d'experts américains. Mais lorsque les États-Unis ont exigé une concession supplémentaire, il est devenu évident que cette proposition n'avait plus de raison d'être. »

En d'autres termes, la Corée du Nord a le sentiment de faire son maximum, et il apparaît très vite qu'elle ne comprend plus le logiciel américain, car Washington se montre incapable, souligne Raphaëlle Pierre, de proposer un contre-scénario crédible : « Le mot-clé, c’est la réciprocité. Pour les Coréens, par rapport à ce qu’ils ont mis eux sur la table, la délégation américaine et l’administration Trump, que ce soit lors des sommets ou hors des sommets, n’a pas réussi à leur proposer quelque chose de substantiel ».

Un an et demi après la poignée de main de Singapour, la rupture est consommée. Le 1er janvier 2020, Kim Jong-un annonce la fin du moratoire sur les essais de missiles balistiques et la remontée en puissance du programme nord-coréen. Il n'y aura plus de retour en arrière, car l'an dernier (), la Corée du Nord a réinscrit dans sa loi ce que tout le monde avait compris : nous sommes un État nucléaire, c'est irréversible, il va falloir faire avec.

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Au soir du 12 juin 2018, Donald Trump se présente devant les journalistes du monde entier réunis à Singapour. Il vient de s'entretenir en tête-à-tête avec Kim Jong-un, et pour lui, c’est une certitude, tous les voyants sont au vert : « Cette rencontre sans précédent, la première entre un président américain et un dirigeant nord-coréen prouve qu'un réel changement est possible. Nous venons de signer une déclaration commune par laquelle le président Kim réaffirme son engagement inébranlable en faveur d'une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne. Nous nous sommes aussi mis d'accord pour engager des négociations vigoureuses afin de mettre en œuvre cet accord le plus vite possible. Et il veut le faire. »

C'est vrai, symboliquement, cette rencontre marque un premier pas. Mais en réalité, cet accord ne prévoit aucun calendrier précis, il ne dit pas non plus quels seraient les mécanismes de vérification, et surtout, la Maison-Blanche commet une magistrale erreur d'interprétation, car, à Pyongyang, la dénucléarisation de la péninsule coréenne n'a pas du tout le même sens qu'à Washington. « Les Nord-coréens ne reconnaissent pas la Corée du Sud comme un État souverain en tant que tel, pour eux la péninsule coréenne est occupée au sud par des forces coloniales qui seraient américaines, rappelle la spécialiste Raphaëlle Pierre. À leurs yeux, la dénucléarisation totale implique que les États-Unis ne doivent plus être présents sur la péninsule pour que cela puisse se réaliser. »

Kim Jong Un fait tout de même un premier geste, il annonce la fermeture du site d'essais nucléaires de Punggye-ri, dans le nord-est du pays, mais pas question d'aller plus loin. C'est donnant-donnant, martèle les Nord-Coréens : si les États-Unis veulent que ce dossier avance, il faut qu'ils lèvent, au moins partiellement, leurs sanctions économiques. C’est le sens de l’allocution rarissime prononcée par Ri Yong Ho, le patron de la diplomatie nord-coréenne, qui acte l’échec du sommet de Hanoï, au Vietnam, le 28 février 2019. « À ce jour, dit-il, 11 résolutions de l'ONU visent la Corée du Nord. Nous avons demandé le retrait de cinq d'entre elles, qui entravent le bon fonctionnement de l'économie civile et les conditions de vie de notre peuple. En échange, nous nous tenions prêts à démanteler l'ensemble des installations de production nucléaire de Yongbyon, incluant le plutonium et l'uranium, en présence d'experts américains. Mais lorsque les États-Unis ont exigé une concession supplémentaire, il est devenu évident que cette proposition n'avait plus de raison d'être. »

En d'autres termes, la Corée du Nord a le sentiment de faire son maximum, et il apparaît très vite qu'elle ne comprend plus le logiciel américain, car Washington se montre incapable, souligne Raphaëlle Pierre, de proposer un contre-scénario crédible : « Le mot-clé, c’est la réciprocité. Pour les Coréens, par rapport à ce qu’ils ont mis eux sur la table, la délégation américaine et l’administration Trump, que ce soit lors des sommets ou hors des sommets, n’a pas réussi à leur proposer quelque chose de substantiel ».

Un an et demi après la poignée de main de Singapour, la rupture est consommée. Le 1er janvier 2020, Kim Jong-un annonce la fin du moratoire sur les essais de missiles balistiques et la remontée en puissance du programme nord-coréen. Il n'y aura plus de retour en arrière, car l'an dernier (), la Corée du Nord a réinscrit dans sa loi ce que tout le monde avait compris : nous sommes un État nucléaire, c'est irréversible, il va falloir faire avec.

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