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Chine: les «enfants de Tiananmen» se mobilisent en France

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Chaque année depuis 1989, le 4 juin est une date ultrasensible en Chine. Il est toujours interdit d’évoquer le massacre qui a eu lieu cette nuit-là sur la place Tiananmen à Pékin et qui a mis fin à un important mouvement étudiant pour la démocratie. En France, de jeunes Chinois se mobilisent : ils commémorent les victimes et disent aussi « stop » au régime toujours plus répressif du président Xi Jinping. Rencontre de deux jeunes Chinois qui organisent ce dimanche une manifestation à Paris.

Du « printemps de Pékin », ces quelques mois pendant lesquels des millions d’étudiants en Chine osaient rêver de démocratie. Luxi, qui à l’époque n’avait qu’une dizaine d’années, a gardé ce souvenir : « Pour moi, à l’époque, c’était comme une grande fête. Tout le monde était dans la rue, tout le monde parlait librement. C’était nouveau pour moi. En Chine, on a une éducation. Tu ne vas jamais critiquer les professeurs, tu ne vas jamais critiquer les parents, et tes parents ne critiquent jamais le gouvernement. C’était la première fois que j’entendais les adultes mettre en doute l’autorité. Tout le monde était content, à Pékin, c’était une grande fête. »

Mais tout bascule dans la nuit du 3 au 4 juin : l’armée ouvre le feu sur les occupants de la place Tiananmen. Des chars écrasent le mouvement pro-démocratie dans le sang. « Avant, pour moi, les étudiants étaient des héros, raconte Luxi, mais les parents nous disaient qu’ils étaient manipulés par des forces étrangères. Je ne comprenais pas, je continuais de poser des questions, mais mes parents ne voulaient plus parler de ça, en disant "ça ne te regarde pas, tu es petite, il faut penser à autre chose". »

La peur au ventre

La dessinatrice, qui vient de publier la bande dessinée Les enfants du rêve chinois, vit en France. Ici, elle peut enfin briser le tabou et rendre hommage aux victimes du massacre. Même si elle l’avoue : c’est avec la peur au ventre. « C’est notamment la peur parce qu’on a toujours nos familles en Chine. Pour moi, c’est surtout ma famille, mes proches. Il y a 10 ans, j’aurais eu moins peur, mais aujourd’hui, j’ai plus peur en fait. »

À écouter aussi : Massacre de Tiananmen du 4 juin 1989: la mémoire verrouillée des Pékinois

Luxi cachera son visage derrière un masque pour ne pas être repérée par des agents chinois. Elle manifestera contre le régime toujours plus répressif de Xi Jinping. Chiang, étudiant à Paris, sera, lui aussi, dans la rue : « La situation est très grave, je travaille dans le cinéma, je suis artiste, et je trouve qu’on a de moins en moins d’espace de liberté en Chine. On ne peut plus s’exprimer, et même des critiques très modérées ne sont plus tolérées. Puis, il y a la répression des Ouïghours, des Tibétains, tout ça est très grave. Voilà pourquoi il faut dire non au gouvernement chinois. »

« On est là pour le principe, pas pour le résultat »

Pendant longtemps, les défenseurs des droits de l’homme et les vétérans du mouvement pro-démocratie étaient bien seuls à commémorer le massacre de Tiananmen. Mais l’interdiction de la traditionnelle veillée aux bougies à Hong Kong en 2020 a changé la donne. Puis, en novembre dernier, il y a eu en Chine les manifestations contre la politique « zéro Covid » et ses restrictions à outrance qui ont donné un coup d’accélérateur à la mobilisation des Chinois de l’étranger : « Il y a toujours eu de petites manifestations ici, se rappelle Chiang. Nous, ça fait déjà trois fois qu’on a organisé un rassemblement. Mais depuis la "Révolution A4" en Chine, celle aux feuilles blanches, des Chinois se mobilisent un peu partout dans le monde. Ça a pris de l’ampleur. »

Les étudiants de Tiananmen ’89 – un exemple à suivre ? Chiang et Luxi l’affirment. La dessinatrice voit dans cette manifestation un devoir moral nécessaire, mais n'est pas dupe quant à son impact réel : « Oui, ça nous inspire, c’est un modèle. Aujourd’hui, on est moins optimiste par rapport à l’époque, c’est pourquoi on n’est pas nombreux, mais on est là pour le principe, pas pour le résultat. » Ce dimanche, ils rendront hommage aux victimes du 4 juin 1989 devant la fontaine Saint-Michel à Paris, avant de participer à une cérémonie organisée par l’association Solidarité Chine.

À lire aussi : Hong Kong: les trois organisateurs d'une veillée pour Tiananmen reconnus coupables d'«obstruction»

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Du « printemps de Pékin », ces quelques mois pendant lesquels des millions d’étudiants en Chine osaient rêver de démocratie. Luxi, qui à l’époque n’avait qu’une dizaine d’années, a gardé ce souvenir : « Pour moi, à l’époque, c’était comme une grande fête. Tout le monde était dans la rue, tout le monde parlait librement. C’était nouveau pour moi. En Chine, on a une éducation. Tu ne vas jamais critiquer les professeurs, tu ne vas jamais critiquer les parents, et tes parents ne critiquent jamais le gouvernement. C’était la première fois que j’entendais les adultes mettre en doute l’autorité. Tout le monde était content, à Pékin, c’était une grande fête. »

Mais tout bascule dans la nuit du 3 au 4 juin : l’armée ouvre le feu sur les occupants de la place Tiananmen. Des chars écrasent le mouvement pro-démocratie dans le sang. « Avant, pour moi, les étudiants étaient des héros, raconte Luxi, mais les parents nous disaient qu’ils étaient manipulés par des forces étrangères. Je ne comprenais pas, je continuais de poser des questions, mais mes parents ne voulaient plus parler de ça, en disant "ça ne te regarde pas, tu es petite, il faut penser à autre chose". »

La peur au ventre

La dessinatrice, qui vient de publier la bande dessinée Les enfants du rêve chinois, vit en France. Ici, elle peut enfin briser le tabou et rendre hommage aux victimes du massacre. Même si elle l’avoue : c’est avec la peur au ventre. « C’est notamment la peur parce qu’on a toujours nos familles en Chine. Pour moi, c’est surtout ma famille, mes proches. Il y a 10 ans, j’aurais eu moins peur, mais aujourd’hui, j’ai plus peur en fait. »

À écouter aussi : Massacre de Tiananmen du 4 juin 1989: la mémoire verrouillée des Pékinois

Luxi cachera son visage derrière un masque pour ne pas être repérée par des agents chinois. Elle manifestera contre le régime toujours plus répressif de Xi Jinping. Chiang, étudiant à Paris, sera, lui aussi, dans la rue : « La situation est très grave, je travaille dans le cinéma, je suis artiste, et je trouve qu’on a de moins en moins d’espace de liberté en Chine. On ne peut plus s’exprimer, et même des critiques très modérées ne sont plus tolérées. Puis, il y a la répression des Ouïghours, des Tibétains, tout ça est très grave. Voilà pourquoi il faut dire non au gouvernement chinois. »

« On est là pour le principe, pas pour le résultat »

Pendant longtemps, les défenseurs des droits de l’homme et les vétérans du mouvement pro-démocratie étaient bien seuls à commémorer le massacre de Tiananmen. Mais l’interdiction de la traditionnelle veillée aux bougies à Hong Kong en 2020 a changé la donne. Puis, en novembre dernier, il y a eu en Chine les manifestations contre la politique « zéro Covid » et ses restrictions à outrance qui ont donné un coup d’accélérateur à la mobilisation des Chinois de l’étranger : « Il y a toujours eu de petites manifestations ici, se rappelle Chiang. Nous, ça fait déjà trois fois qu’on a organisé un rassemblement. Mais depuis la "Révolution A4" en Chine, celle aux feuilles blanches, des Chinois se mobilisent un peu partout dans le monde. Ça a pris de l’ampleur. »

Les étudiants de Tiananmen ’89 – un exemple à suivre ? Chiang et Luxi l’affirment. La dessinatrice voit dans cette manifestation un devoir moral nécessaire, mais n'est pas dupe quant à son impact réel : « Oui, ça nous inspire, c’est un modèle. Aujourd’hui, on est moins optimiste par rapport à l’époque, c’est pourquoi on n’est pas nombreux, mais on est là pour le principe, pas pour le résultat. » Ce dimanche, ils rendront hommage aux victimes du 4 juin 1989 devant la fontaine Saint-Michel à Paris, avant de participer à une cérémonie organisée par l’association Solidarité Chine.

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