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En Irlande, l'État au cœur d'une enquête pour torture

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Le comité des Nations unies contre la torture a ouvert le mois dernier une enquête visant l'État irlandais. C'est la conséquence d'une plainte déposée par une septuagénaire, née d'une mère célibataire à la fin des années 1940 et élevée au sein d'institutions catholiques. Séparée de sa mère, Elizabeth Coppin a travaillé jusqu'à ses 19 ans dans des laveries et elle estime que le traitement qu’elle a subi équivaut à des actes de torture, cautionnés par l’État. Elle réclame aujourd'hui la reconnaissance par Dublin de ces agissements, non isolés.

Elizabeth Coppin est née en 1949 d’une mère célibataire, à l’ouest de l’Irlande. À l’époque en Irlande, les « femmes faillies », comme on les appelait, ayant eu des relations sexuelles hors mariage, accouchaient dans des asiles, gérés par des religieuses. À l’âge de 2 ans, Elizabeth est envoyée dans un pensionnat, lui aussi sous l’autorité d’une congrégation de nonnes. Elle y reste jusqu’à ses 12 ans. Là, elle est déscolarisée et employée dans l’une des dix « blanchisseries Madeleine » du pays, à Cork puis à Waterford. Elle est « libérée » peu avant ses 20 ans et devient institutrice en Angleterre.

Des « institutions » aux pratiques de tortionnaires

Elles ont fleuri en Irlande à la fin du XVIIIe siècle. À l’origine, c’était une manière d’héberger et de faire travailler les anciennes prostituées. Et puis, à l’indépendance en 1922, l’Irlande a développé une tradition d’« institutions », des endroits où l’on isolait les gens différents, personnes handicapées, mères célibataires… Les blanchisseries ont donc intégré ce modèle. La dernière a fermé en 1996. On estime que pendant ces soixante-dix ans, plus de 10 000 femmes y ont été enfermées contre leur gré. Elizabeth Coppin et d’autres survivantes font état de travail forcé non rémunéré, de violences physiques, psychologiques, de privation de nourriture… Certaines y sont restées jusqu’à leur mort et enterrées dans des fosses communes ou des tombes collectives.

Des excuses jugées insuffisantes

En 2013, le Premier ministre Enda Kenny a formulé des excuses officielles pour « le mal fait à ces femmes et la stigmatisation qu’elles ont subie par la suite ». Un fonds de compensation a été mis en place, Elizabeth Coppin d’ailleurs a reçu plusieurs milliers d’euros « pour le temps passé dans ces institutions ». Mais les congrégations n’ont jamais été formellement poursuivis et l’État n’a jamais vraiment admis son rôle, alors qu’environ un quart des « pensionnaires » étaient envoyées par l’administration irlandaise.

Vers une reconnaissance officielle ?

Elizabeth Coppin demande une reconnaissance officielle. Ensuite, que tout soit fait pour compenser, sans parler d’argent. Par exemple, l’accès au dossier médical : Elizabeth ne sait pas si elle a reçu des vaccins quand elle était enfant, si sa mère était atteinte d’une maladie génétique qu’elle pourrait avoir transmis à ses propres enfants… Selon elle, « c’est comme si l’État continuait de nous agresser ». L’examen du dossier par le comité contre la torture ne fait que commencer évidemment… Mais selon l’avocate spécialiste des droits humains Maeve O’Rourke, cela pourrait avoir d’importantes répercussions sur la responsabilité de l’Etat, le fait qu’il rende des comptes. Et même si les faits datent d’avant la ratification par l’Irlande de la convention contre la torture, ce sont l’inaction judiciaire et l’insuffisance du processus de réparation qui pourraient ici être considérés comme des actes de torture.

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Elizabeth Coppin est née en 1949 d’une mère célibataire, à l’ouest de l’Irlande. À l’époque en Irlande, les « femmes faillies », comme on les appelait, ayant eu des relations sexuelles hors mariage, accouchaient dans des asiles, gérés par des religieuses. À l’âge de 2 ans, Elizabeth est envoyée dans un pensionnat, lui aussi sous l’autorité d’une congrégation de nonnes. Elle y reste jusqu’à ses 12 ans. Là, elle est déscolarisée et employée dans l’une des dix « blanchisseries Madeleine » du pays, à Cork puis à Waterford. Elle est « libérée » peu avant ses 20 ans et devient institutrice en Angleterre.

Des « institutions » aux pratiques de tortionnaires

Elles ont fleuri en Irlande à la fin du XVIIIe siècle. À l’origine, c’était une manière d’héberger et de faire travailler les anciennes prostituées. Et puis, à l’indépendance en 1922, l’Irlande a développé une tradition d’« institutions », des endroits où l’on isolait les gens différents, personnes handicapées, mères célibataires… Les blanchisseries ont donc intégré ce modèle. La dernière a fermé en 1996. On estime que pendant ces soixante-dix ans, plus de 10 000 femmes y ont été enfermées contre leur gré. Elizabeth Coppin et d’autres survivantes font état de travail forcé non rémunéré, de violences physiques, psychologiques, de privation de nourriture… Certaines y sont restées jusqu’à leur mort et enterrées dans des fosses communes ou des tombes collectives.

Des excuses jugées insuffisantes

En 2013, le Premier ministre Enda Kenny a formulé des excuses officielles pour « le mal fait à ces femmes et la stigmatisation qu’elles ont subie par la suite ». Un fonds de compensation a été mis en place, Elizabeth Coppin d’ailleurs a reçu plusieurs milliers d’euros « pour le temps passé dans ces institutions ». Mais les congrégations n’ont jamais été formellement poursuivis et l’État n’a jamais vraiment admis son rôle, alors qu’environ un quart des « pensionnaires » étaient envoyées par l’administration irlandaise.

Vers une reconnaissance officielle ?

Elizabeth Coppin demande une reconnaissance officielle. Ensuite, que tout soit fait pour compenser, sans parler d’argent. Par exemple, l’accès au dossier médical : Elizabeth ne sait pas si elle a reçu des vaccins quand elle était enfant, si sa mère était atteinte d’une maladie génétique qu’elle pourrait avoir transmis à ses propres enfants… Selon elle, « c’est comme si l’État continuait de nous agresser ». L’examen du dossier par le comité contre la torture ne fait que commencer évidemment… Mais selon l’avocate spécialiste des droits humains Maeve O’Rourke, cela pourrait avoir d’importantes répercussions sur la responsabilité de l’Etat, le fait qu’il rende des comptes. Et même si les faits datent d’avant la ratification par l’Irlande de la convention contre la torture, ce sont l’inaction judiciaire et l’insuffisance du processus de réparation qui pourraient ici être considérés comme des actes de torture.

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