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Allemagne-France: retour sur le massacre d'Oradour-Sur-Glane
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En 2013, des enquêteurs allemands se sont rendus à Oradour-sur-Glane, le village situé dans le département de la Haute-Vienne, où l’un des pires massacres contre des civils était commis par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Une visite très surprenante. Notre correspondant en Allemagne, Pascal Thibaut, explique.
Première diffusion le 6 février 2013.
Pascal Thibaut : Il ne s'agit pas évidemment de prouver l'existence ou non de ce massacre. C'est bien sûr hors de cause. La raison de ce déplacement au début de l'année 2013, c'est le fait qu'en 2010, des historiens ont retrouvé dans les archives de la Stasi, l'ex police politique est-allemande, des documents prouvant l'implication de six personnes, de six anciens soldats allemands encore en vie. D'où une enquête ouverte par le parquet de Dortmund, spécialisé dans la poursuite des crimes de guerre nazis, des crimes de guerre qui, en Allemagne, contrairement à la France après 30 ans, ne sont pas prescrits.
RFI : Oradour-sur-Glane est, depuis la destruction du village en 1944, un mémorial, c'est-à-dire que les ruines ont été laissées en l'état. Qu'est-ce qu'une enquête sur place, en 2013, peut apporter ?
Effectivement, on peut peut être se poser la question au premier abord. Alors, ce qu'explique les enquêteurs allemands, c'est qu'on peut vérifier la véracité ou non d'un certain nombre de témoignages dans le mémorial constitué par l'ancien village pour vérifier si une personne disant qu'elle se trouvait à tel ou tel endroit, si cette personne a pu voir tel ou tel aspect du massacre, et donc si son témoignage est vérifié ou non. Et puis, les enquêteurs, lors de leur déplacement, se sont également rendus dans des archives françaises pour consulter des documents liés à ce massacre.
Est-ce que cela va aboutir à quelque chose ? En un autre mot, est-ce qu'il va y avoir un procès contre les octogénaires encore en vie qui sont suspecté d'avoir participé au massacre ?
Alors c'est loin d'être sûr. D'abord parce que trois des six hommes encore en vie ne sont plus en état, en raison de leur état de santé, d'être jugés. Il reste donc trois personnes pour lesquelles la justice allemande doit réunir suffisamment de preuves pour pouvoir ouvrir un procès. Si c'est le cas, ça pourrait encore être cette année, mais encore une fois, tout cela reste encore très ouvert. Pour rappel, un procès avait eu lieu en 1953 devant un tribunal militaire de Bordeaux avec 21 personnes présentes dont quatorze Alsaciens et sept Allemands. La plupart des personnes avaient ensuite été amnistiés, les Allemands condamnés par contumace, donc en l'absence, qui se trouvait donc sur le sol allemand, n'avaient pas été extradés par leur pays.
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En 2013, des enquêteurs allemands se sont rendus à Oradour-sur-Glane, le village situé dans le département de la Haute-Vienne, où l’un des pires massacres contre des civils était commis par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Une visite très surprenante. Notre correspondant en Allemagne, Pascal Thibaut, explique.
Première diffusion le 6 février 2013.
Pascal Thibaut : Il ne s'agit pas évidemment de prouver l'existence ou non de ce massacre. C'est bien sûr hors de cause. La raison de ce déplacement au début de l'année 2013, c'est le fait qu'en 2010, des historiens ont retrouvé dans les archives de la Stasi, l'ex police politique est-allemande, des documents prouvant l'implication de six personnes, de six anciens soldats allemands encore en vie. D'où une enquête ouverte par le parquet de Dortmund, spécialisé dans la poursuite des crimes de guerre nazis, des crimes de guerre qui, en Allemagne, contrairement à la France après 30 ans, ne sont pas prescrits.
RFI : Oradour-sur-Glane est, depuis la destruction du village en 1944, un mémorial, c'est-à-dire que les ruines ont été laissées en l'état. Qu'est-ce qu'une enquête sur place, en 2013, peut apporter ?
Effectivement, on peut peut être se poser la question au premier abord. Alors, ce qu'explique les enquêteurs allemands, c'est qu'on peut vérifier la véracité ou non d'un certain nombre de témoignages dans le mémorial constitué par l'ancien village pour vérifier si une personne disant qu'elle se trouvait à tel ou tel endroit, si cette personne a pu voir tel ou tel aspect du massacre, et donc si son témoignage est vérifié ou non. Et puis, les enquêteurs, lors de leur déplacement, se sont également rendus dans des archives françaises pour consulter des documents liés à ce massacre.
Est-ce que cela va aboutir à quelque chose ? En un autre mot, est-ce qu'il va y avoir un procès contre les octogénaires encore en vie qui sont suspecté d'avoir participé au massacre ?
Alors c'est loin d'être sûr. D'abord parce que trois des six hommes encore en vie ne sont plus en état, en raison de leur état de santé, d'être jugés. Il reste donc trois personnes pour lesquelles la justice allemande doit réunir suffisamment de preuves pour pouvoir ouvrir un procès. Si c'est le cas, ça pourrait encore être cette année, mais encore une fois, tout cela reste encore très ouvert. Pour rappel, un procès avait eu lieu en 1953 devant un tribunal militaire de Bordeaux avec 21 personnes présentes dont quatorze Alsaciens et sept Allemands. La plupart des personnes avaient ensuite été amnistiés, les Allemands condamnés par contumace, donc en l'absence, qui se trouvait donc sur le sol allemand, n'avaient pas été extradés par leur pays.
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