Le Pacifique Sud, l’autoroute des cartels de la drogue
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Les îles du Pacifique sont devenues ces dernières années une plaque-tournante pour les narcotrafiquants. Les saisies records témoignent d’un phénomène en expansion. Victimes de leur positionnement géographique, sans ressources et insuffisamment équipées, ces petites nations insulaires paient aujourd’hui un lourd tribut avec une hausse de la criminalité et de l’addiction. Le phénomène n’est pas nouveau, cela fait au moins dix ans que les Samoa, Fidji ou Tonga sont utilisées comme des points de transits par les cartels. Mais de récents rapports font état d’une augmentation préoccupante du narcotrafic.
En observant la carte du monde, on comprend tout de suite pourquoi les îles du Pacifique sont un itinéraire prisé des narcotrafiquants. Elles se trouvent à mi-chemin des routes océaniques reliant l’Amérique à l’Asie. La drogue est donc acheminée depuis les États-Unis, le Mexique, la Colombie, l’Équateur ou le Panama, via ces archipels isolés pour approvisionner les marchés australiens et néozélandais. Il s’agit surtout de cocaïne. Dans l’autre sens, d’Est en Ouest, c’est de la méthamphétamine ou des opioïdes produits dans les laboratoires d’Asie du Sud-Est qui sont acheminés via les îles Palaos ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour le marché américain. Concernant les trafiquants, on retrouve évidemment les cartels d’Amérique latine, comme Sinaloa au Mexique, ou les triades asiatiques comme le 14K, l’une des plus puissantes mafias de Hong Kong et bien sûr des milliers d’autres gangs et de petites mains qui font fructifier ce trafic estimé à un milliard de dollars.
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S’agissant du mode opératoire, c’est bien connu, les trafiquants ont toujours une longueur d’avance. Les cargaisons transportées à bord de yachts, ou dans les coques des voiliers, sont soit déchargées dans les ports insulaires très peu contrôlés, avant d’être réexpédiées vers les marchés lucratifs, soient sont attachées à des bouées en pleine mer avant d’être récupérées par les réseaux de contrebande. L’an dernier, la police néozélandaise avait mis la main sur 3 tonnes de cocaïne qui étaient attachées à un point de transit flottant qui partait à la dérive.
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Des autorités insulaires dépassées
Le principal problème des autorités, c’est l’immensité du territoire à contrôler, le manque de personnels dans les ports et de moyens technologiques aussi pour surveiller toutes les embarcations, navires de croisière, cargos, bateaux de plaisance qui accostent sur les milliers d’îles et îlots. L’archipel des Tonga par exemple, c'est 176 îles, dont la plupart sont inhabitées, le contrôle est juste impossible.
Alors que la consommation de drogue était quasiment inexistante il y a encore quelques années, les données de l’ONU et des polices insulaires sont très inquiétantes. Au Tonga, on parle d’épidémie. La consommation de drogue de synthèse, moins chère que la cocaïne et très addictive, explose. Face à la hausse des crimes, blanchiment d’argent et prostitution en tête, le système judiciaire croule sous les dossiers. Même chose aux Fidji où l’on parle de « crise nationale » en lien à la drogue, consommée par toutes les tranches d’âge, y compris par des enfants.
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