L'ami du prince Andrew qui met Londres dans l'embarras et Pékin en colère
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Il est devenu une véritable épine dans le pied de la royauté britannique : les fréquentations douteuses du prince Andrew font les titres de la presse outre-Manche. Déjà mis au ban de la famille royale à la suite d’une accusation d’agression sur mineur et pour sa proximité avec le criminel sexuel Jeffrey Epstein, le duc de York est à nouveau au centre des critiques : cette fois à cause de son amitié avec un homme d’affaires soupçonné d’être un espion chinois. Le scandale met Londres dans l’embarras et Pékin en colère.
Le supposé agent « H6 » a dévoilé lui-même son identité : il s’appelle Tengbo Yang. Patron de cinq entreprises au Royaume-Uni, il cherchait des investisseurs chinois au nom du prince Andrew et aurait profité de son amitié avec le duc de York pour l’espionner au profit de Pékin.
Des photos montrent Tengbo Yang aux côtés du petit frère du roi Charles III, mais aussi en bonne compagnie de l’ex-Premier ministre David Cameron. Sur un autre cliché, publié par la BBC, l’homme d’affaires chinois pose à Pékin devant le Palais du Peuple, lors d’une réunion du parti communiste, badge officiel clipsé sur la pochette de son costume. En exploitant son téléphone, les autorités britanniques ont constaté des liens étroits entre Tengbo Yang et le Front Uni, cette branche nébuleuse du parti communiste, qui mène des opérations d’influence et de propagande à l’étranger. Une accusation « totalement fausse », selon l’intéressé, qui estime être la « victime » d’un « changement de climat politique ». Pékin qualifie d’« absurde » les soupçons qui pèsent sur son ressortissant.
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La Chine : une menace pour la sécurité nationale ?
Ce nouveau scandale ravive le débat au Royaume-Uni autour de l’influence chinoise. Faut-il désigner la Chine comme une « menace » pour la sécurité nationale ? « Oui », dit le député conservateur Sir Iain Duncan Smith. Selon cet élu, sanctionné par Pékin pour ses positions critiques, Tengbo Yang est loin d’être un « loup solitaire ». Des milliers d’agents auraient déjà infiltré les institutions britanniques. Une autre Chinoise fait d’ailleurs parler d’elle : l’avocate Christine Lee. Elle vient de perdre son procès contre l’agence de renseignement intérieur britannique MI5, qu’elle poursuivait pour discrimination. Christine Lee aurait offert près de 600.000 euros à un ancien député, alors qu’il dirigeait un groupe parlementaire chargé de promouvoir les relations sino-britanniques, dissout aujourd’hui.
Une nouvelle loi pour protéger le Royaume-Uni contre les ingérences étrangères
Afin de protéger le Royaume-Uni contre ces ingérences, une nouvelle loi, votée en 2023, mais maintes fois retardée, devrait entrer en vigueur à l’été prochain. Chaque individu, chaque organisation devra alors déclarer ses activités politiques en faveur d’un pays étranger, ce qui risque d’énerver davantage Pékin. Pendant ce temps, l’ex-ami du prince, Tengbo Yang, reste, lui, interdit d’entrer au Royaume-Uni.
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Le nouveau gouvernement travailliste se serait bien passé de cette énième affaire, d’autant que le Premier ministre Keir Starmer est en pleine opération de charme pour réchauffer les relations commerciales avec la Chine, alors que les dossiers épineux s’accumulent. Un vrai dilemme, estime la BBC. En mars dernier, Londres avait accusé la Chine de « cyber-malveillance », à la suite de piratages de listes électorales. Autres sujets qui fâchent : la chape de plomb imposée par la Chine dans l’ex-colonie britannique de Hong Kong, tout comme la répression de la minorité musulmane des Ouïghours. Dernier bras de fer en date : Pékin compte ouvrir une ambassade monumentale sur le site historique du Royal Mint Court à Londres. Les riverains n’en veulent pas – justement par peur de devenir la cible d’une surveillance chinoise.
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