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À la Une: virage autoritaire au Mali

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Suspension des activités politiques des partis et des associations, dissolution de plusieurs associations dont l’influente l’Association des élèves et étudiants, ex-rebelles bâillonnés, presse mise au pas… La junte au pouvoir à Bamako aurait l’intention d’étouffer toute voix contestataire qu’elle ne s’y prendrait pas autrement, et ce, au moment où s’ouvre un énième dialogue inter-malien pour refonder le pays.

Sur le site Maliweb, le politologue Sekouba Fofana s’interroge : « comment le gouvernement peut-il souhaiter régulièrement discuter avec la classe politique à travers par exemple la réactivation du cadre de concertation entre le ministère de l’Administration territoriale et les partis politiques et décider brusquement de suspendre les activités de ces interlocuteurs privilégiés de la gestion du pays ? On se perd en conjectures et l’on finit par conclure que les autorités veulent simplement remettre en cause les acquis de la démocratie. Ce qui ne semble pas acceptable pour une bonne partie des forces vives du pays […]. Les réactions sont plus que vives, s’indigne encore Sekouba Fofana, pour dénoncer ce que certains appellent une "confiscation du pouvoir" et ce refus d’envisager la fin de la Transition, qui passe par la tenue d’élections crédibles et transparentes dans un délai assez court. Ce qui conduit et le pouvoir et la classe politique vers une tension dont le pays n’a point besoin. »

Vers un monologue du pouvoir ?

Le journal L’Alternance est tout aussi dubitatif : « comment pourrait-on espérer la réussite d’un dialogue sans la participation des ex-rebelles et sans celle des partis politiques les plus significatifs du pays ? À coup sûr, nous allons assister à un monologue entre partisans du régime pour adopter à la fin du forum des résolutions et des recommandations, parmi lesquelles la prolongation de la transition et certainement la dissolution des partis politiques, après la suspension de toutes leurs activités […]. La transition qui avait au départ suscité un grand espoir semble devenir le problème, pointe encore L’Alternance, car au lieu de rassembler les maliens autour des objectifs communs, elle divise et opte désormais pour la méthode forte comme du temps des régimes dictatoriaux. »

Le site Malijet fait entendre une autre voix, celle d’un spécialiste russe des relations internationales. Il s’agit d’Ivan Lochkarev, chercheur à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou. D’après lui, « la suspension des activités des partis politiques au Mali va réduire la tension artificielle autour de la transition. Cette interdiction, poursuit-il, reflète la nécessité pour le gouvernement de transition de démanteler les partis et organisations politiques anciens liés à l’extérieur. »

En effet, précise le chercheur russe, « un grand nombre d’hommes politiques et de fonctionnaires maliens ont étudié en France, ont reçu des bourses et des stages d’organisations françaises et ont œuvré au renforcement des relations avec Paris. Et la chose la plus importante pour le Mali aujourd’hui n’est pas la politicaillerie ni les appels formels à la démocratie, mais la lutte contre le terrorisme international. »

Les étudiants muselés

Enfin, Jeune Afrique revient longuement sur la dissolution de l’Association des élèves et étudiants maliens, l’AEEM, survenue en mars dernier. « Une décision qui, sous couvert de lutte contre la violence en milieu universitaire, révèle la volonté de démanteler un "État dans l’État" menaçant le pouvoir », estime le site panafricain. « "Les autorités veulent nous faire taire, car elles connaissent notre passé politique et notre capacité à mobiliser", affirme un membre du comité de crise de l’AEEM, qui préfère garder l’anonymat. "Ces héritiers de Moussa Traoré nous craignent, poursuit-il, comme toutes les voix contestataires. Notre dissolution et celle des autres organisations est une abolition de la démocratie". »

En effet, relève Jeune Afrique, « en quatre mois, l’AEEM est la quatrième organisation à avoir été dissoute par le pouvoir, après la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko, Kaoural Renouveau et l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance. Cette "série d’actions gouvernementales visant à réprimer la liberté d’association" et "réduire l’espace civique", selon l’ONG Human Rights Watch, a (donc) culminé mercredi [10 mars], avec la publication d’un décret suspendant toutes les activités politiques des partis et des associations. Un virage autoritaire, conclut Jeune Afrique, dont l’abolition de l’AEEM est l’exemple le plus symptomatique, par la place que cette organisation a occupée dans la lutte démocratique au Mali, depuis sa création, il y a 33 ans. »

À lire aussiMali: une frange des étudiants de l'AEEM défie les autorités de transition

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Sur le site Maliweb, le politologue Sekouba Fofana s’interroge : « comment le gouvernement peut-il souhaiter régulièrement discuter avec la classe politique à travers par exemple la réactivation du cadre de concertation entre le ministère de l’Administration territoriale et les partis politiques et décider brusquement de suspendre les activités de ces interlocuteurs privilégiés de la gestion du pays ? On se perd en conjectures et l’on finit par conclure que les autorités veulent simplement remettre en cause les acquis de la démocratie. Ce qui ne semble pas acceptable pour une bonne partie des forces vives du pays […]. Les réactions sont plus que vives, s’indigne encore Sekouba Fofana, pour dénoncer ce que certains appellent une "confiscation du pouvoir" et ce refus d’envisager la fin de la Transition, qui passe par la tenue d’élections crédibles et transparentes dans un délai assez court. Ce qui conduit et le pouvoir et la classe politique vers une tension dont le pays n’a point besoin. »

Vers un monologue du pouvoir ?

Le journal L’Alternance est tout aussi dubitatif : « comment pourrait-on espérer la réussite d’un dialogue sans la participation des ex-rebelles et sans celle des partis politiques les plus significatifs du pays ? À coup sûr, nous allons assister à un monologue entre partisans du régime pour adopter à la fin du forum des résolutions et des recommandations, parmi lesquelles la prolongation de la transition et certainement la dissolution des partis politiques, après la suspension de toutes leurs activités […]. La transition qui avait au départ suscité un grand espoir semble devenir le problème, pointe encore L’Alternance, car au lieu de rassembler les maliens autour des objectifs communs, elle divise et opte désormais pour la méthode forte comme du temps des régimes dictatoriaux. »

Le site Malijet fait entendre une autre voix, celle d’un spécialiste russe des relations internationales. Il s’agit d’Ivan Lochkarev, chercheur à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou. D’après lui, « la suspension des activités des partis politiques au Mali va réduire la tension artificielle autour de la transition. Cette interdiction, poursuit-il, reflète la nécessité pour le gouvernement de transition de démanteler les partis et organisations politiques anciens liés à l’extérieur. »

En effet, précise le chercheur russe, « un grand nombre d’hommes politiques et de fonctionnaires maliens ont étudié en France, ont reçu des bourses et des stages d’organisations françaises et ont œuvré au renforcement des relations avec Paris. Et la chose la plus importante pour le Mali aujourd’hui n’est pas la politicaillerie ni les appels formels à la démocratie, mais la lutte contre le terrorisme international. »

Les étudiants muselés

Enfin, Jeune Afrique revient longuement sur la dissolution de l’Association des élèves et étudiants maliens, l’AEEM, survenue en mars dernier. « Une décision qui, sous couvert de lutte contre la violence en milieu universitaire, révèle la volonté de démanteler un "État dans l’État" menaçant le pouvoir », estime le site panafricain. « "Les autorités veulent nous faire taire, car elles connaissent notre passé politique et notre capacité à mobiliser", affirme un membre du comité de crise de l’AEEM, qui préfère garder l’anonymat. "Ces héritiers de Moussa Traoré nous craignent, poursuit-il, comme toutes les voix contestataires. Notre dissolution et celle des autres organisations est une abolition de la démocratie". »

En effet, relève Jeune Afrique, « en quatre mois, l’AEEM est la quatrième organisation à avoir été dissoute par le pouvoir, après la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko, Kaoural Renouveau et l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance. Cette "série d’actions gouvernementales visant à réprimer la liberté d’association" et "réduire l’espace civique", selon l’ONG Human Rights Watch, a (donc) culminé mercredi [10 mars], avec la publication d’un décret suspendant toutes les activités politiques des partis et des associations. Un virage autoritaire, conclut Jeune Afrique, dont l’abolition de l’AEEM est l’exemple le plus symptomatique, par la place que cette organisation a occupée dans la lutte démocratique au Mali, depuis sa création, il y a 33 ans. »

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