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Mexique: au passage des trains, les «Patronas» nourrissent les migrants au vol
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Pour des millions de personnes qui souhaitent une vie meilleure et poursuivent le rêve américain, le Mexique est un lieu de passage. Le président élu Donald Trump fait de la lutte contre la migration son leitmotiv et, à quelques semaines de son arrivée à Maison Blanche, l’incertitude est importante quant aux mesures qu’il pourrait prendre pour compliquer davantage le passage des migrants. Côté mexicain, sur ces routes migratoires, certaines font ce qu’elles peuvent pour leur venir en aide.
De notre envoyée spéciale dans l'État de Veracruz,
Sur une voie unique entourée de végétation tropicale, dans l’État de Veracruz, au sud du Mexique, un train de marchandises, surnommé par les migrants « la Bestia » (la bête), tant il s’agit d’une épreuve pour les personnes qui montent dessus, passe obligatoirement par un village situé en zone rurale. C'est dans ce village que vivent les « Patronas ».
Les « Patronas », ce sont un groupe de femmes qui habitent le long de cette voie ferroviaire qui traverse le pays. Et lorsque le train passe par le village, chargé de wagons-citernes, lancé à environ une trentaine de km/h, les « Patronas » envoient de la nourriture qu'elles ont cuisinée aux migrants.
Accrochés aux attelages, cinq ou six jeunes hommes se suspendent pour attraper les sacs tendus. Ce type de train laisse peu d’espace aux migrants, mais ils sont parfois des centaines lorsqu’il s’agit de conteneurs, raconte une des « Patronas », Itabiane Avendaño, en rangeant tous les sacs qu’elle n’a pas eus le temps de donner.
Toute la journée, les « Patronas » guettent le passage des trains. « On ne peut pas prévoir le nombre de trains. On ne sait jamais à quel moment il va passer, explique Itabiane Avendaño. Donc on doit toujours être préparées quand on l’entend arriver, pour sortir sur les rails avec des sacs de nourriture. Ça peut compter beaucoup pour eux, dans leur parcours. »
Les « Patronas » regroupent une dizaine de volontaires qui se relaient pour cuisiner ce qu’on leur donne, du riz, des légumes, des sandwichs, préparés depuis de très nombreuses années par Julia Ramirez. « Je viens toute la journée, je travaille avec beaucoup d’amour, confie-t-elle. Tant que Dieu me donnera la santé, je continuerai à aider. »
À lire aussiLe Mexique, victime de la politique migratoire des États-Unis
Le « train de la mort »
Omar, à 27 ans, s’est engagé il y a quatre mois comme volontaire auprès des « Patronas ». Un mois plus tôt, un Vénézuélien de 21 ans est mort écrasé. « Certains parlent aussi "du train de la mort", témoigne Omar, nous en avons été témoins malheureusement. Il est tombé du train. On n’a rien pu faire pour le sauver. »
Le long des rails, à quelques dizaines de mètres des maisons, les femmes ont installé une petite croix blanche. « C’est arrivé juste là, pointe-t-il. C’est une petite preuve de foi. Quelque chose pour dire qu’il est encore là et que le rêve qu’il portait n’est pas mort. Cette personne, je ne lui ai pourtant jamais parlé, mais je n’oublierai jamais son visage. »
Un petit refuge destiné à accueillir les tombés du train ou ceux qui vont à pied est vide ce jour-là. En colère, Norma Vazquez explique que depuis des mois, les migrants sont traqués par les autorités mexicaines et se dépêchent d’aller vers le nord avec la Bestia. « Ils ne peuvent pas prendre un bus, car il y a toujours un risque que la police migratoire les attrape et les renvoie vers le sud. Donc, beaucoup ont peur, s'indigne-t-elle. Donc, la seule manière qu’ils ont de voyager est le train. »
Depuis déjà 30 ans qu’elle jette des repas sur le train, elle a vu défiler les politiques migratoires, tant au Mexique qu’aux États-Unis. Et la situation a toujours empiré. « Ils menacent toujours de militariser les frontières, de construire des murs, etc. La migration continuera. Le migrant le plus pauvre continuera à payer les conséquences de ce désastre. »
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Pour des millions de personnes qui souhaitent une vie meilleure et poursuivent le rêve américain, le Mexique est un lieu de passage. Le président élu Donald Trump fait de la lutte contre la migration son leitmotiv et, à quelques semaines de son arrivée à Maison Blanche, l’incertitude est importante quant aux mesures qu’il pourrait prendre pour compliquer davantage le passage des migrants. Côté mexicain, sur ces routes migratoires, certaines font ce qu’elles peuvent pour leur venir en aide.
De notre envoyée spéciale dans l'État de Veracruz,
Sur une voie unique entourée de végétation tropicale, dans l’État de Veracruz, au sud du Mexique, un train de marchandises, surnommé par les migrants « la Bestia » (la bête), tant il s’agit d’une épreuve pour les personnes qui montent dessus, passe obligatoirement par un village situé en zone rurale. C'est dans ce village que vivent les « Patronas ».
Les « Patronas », ce sont un groupe de femmes qui habitent le long de cette voie ferroviaire qui traverse le pays. Et lorsque le train passe par le village, chargé de wagons-citernes, lancé à environ une trentaine de km/h, les « Patronas » envoient de la nourriture qu'elles ont cuisinée aux migrants.
Accrochés aux attelages, cinq ou six jeunes hommes se suspendent pour attraper les sacs tendus. Ce type de train laisse peu d’espace aux migrants, mais ils sont parfois des centaines lorsqu’il s’agit de conteneurs, raconte une des « Patronas », Itabiane Avendaño, en rangeant tous les sacs qu’elle n’a pas eus le temps de donner.
Toute la journée, les « Patronas » guettent le passage des trains. « On ne peut pas prévoir le nombre de trains. On ne sait jamais à quel moment il va passer, explique Itabiane Avendaño. Donc on doit toujours être préparées quand on l’entend arriver, pour sortir sur les rails avec des sacs de nourriture. Ça peut compter beaucoup pour eux, dans leur parcours. »
Les « Patronas » regroupent une dizaine de volontaires qui se relaient pour cuisiner ce qu’on leur donne, du riz, des légumes, des sandwichs, préparés depuis de très nombreuses années par Julia Ramirez. « Je viens toute la journée, je travaille avec beaucoup d’amour, confie-t-elle. Tant que Dieu me donnera la santé, je continuerai à aider. »
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Le « train de la mort »
Omar, à 27 ans, s’est engagé il y a quatre mois comme volontaire auprès des « Patronas ». Un mois plus tôt, un Vénézuélien de 21 ans est mort écrasé. « Certains parlent aussi "du train de la mort", témoigne Omar, nous en avons été témoins malheureusement. Il est tombé du train. On n’a rien pu faire pour le sauver. »
Le long des rails, à quelques dizaines de mètres des maisons, les femmes ont installé une petite croix blanche. « C’est arrivé juste là, pointe-t-il. C’est une petite preuve de foi. Quelque chose pour dire qu’il est encore là et que le rêve qu’il portait n’est pas mort. Cette personne, je ne lui ai pourtant jamais parlé, mais je n’oublierai jamais son visage. »
Un petit refuge destiné à accueillir les tombés du train ou ceux qui vont à pied est vide ce jour-là. En colère, Norma Vazquez explique que depuis des mois, les migrants sont traqués par les autorités mexicaines et se dépêchent d’aller vers le nord avec la Bestia. « Ils ne peuvent pas prendre un bus, car il y a toujours un risque que la police migratoire les attrape et les renvoie vers le sud. Donc, beaucoup ont peur, s'indigne-t-elle. Donc, la seule manière qu’ils ont de voyager est le train. »
Depuis déjà 30 ans qu’elle jette des repas sur le train, elle a vu défiler les politiques migratoires, tant au Mexique qu’aux États-Unis. Et la situation a toujours empiré. « Ils menacent toujours de militariser les frontières, de construire des murs, etc. La migration continuera. Le migrant le plus pauvre continuera à payer les conséquences de ce désastre. »
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