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Le saké, intégré au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, rêve de lendemains meilleurs
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Au Japon, les réveillons sont particulièrement festifs et arrosés en cette année 2024 grâce à l'Unesco, qui vient d'intégrer le processus traditionnel de fabrication du saké, l'alcool de riz, à sa liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Cette décision consacre une tradition qui remonte à l'ère impériale Muromachi – entre le XIVe et le XVIe siècle – et s'est transmise de générations en générations. Cette reconnaissance internationale est une bouée d'oxygène pour un secteur qui peine. Dans un pays où plus de 40% des moins de 30 ans ne boivent jamais d'alcool ou très rarement, on ne compte plus désormais que 700 petits producteurs de saké, cinq fois moins que dans les années 60.
« Kanpaîîî !! » (« Santé !! » en japonais). Dans les bars à saké du centre-ville de Tokyo, la décision de l'Unesco d'intégrer le saké au patrimoine culturel immatériel de l'humanité met tout le monde en joie : « Cette consécration internationale est une si belle reconnaissance pour nos petits producteurs. Ça va les motiver comme jamais », souligne cet homme. « Le monde entier va découvrir nos si bons produits du terroir. C'est vraiment super », avance une Japonaise. « Je viens de Kôchi, une région réputée pour son saké. Cela me ferait trop plaisir s'il avait aussi du succès à l'étranger. Moi, en tout cas, pour sûr, je ne compte pas m'en priver », lâche-t-elle.
« Moi, je suis originaire d'Okinawa, l'archipel tropical situé à 2 000 kilomètres d'ici. Quand j'ai le mal du pays, il suffit d'une coupe de notre saké local, l'awamori, pour avoir l'impression d'être de retour là-bas », confie une monsieur originaire de cette île au climat tropical.
« Il n'y a pas un saké, en fait, il y en a des dizaines. Chacun a sa particularité et un goût singulier en fonction de la région dont il provient et du type de riz utilisé. Cette diversité est absolument passionnante », précise cette femme.
Le saké tarde à conquérir les jeunes Japonais
Shuso Imada dirige l'association regroupant les producteurs de saké. Il se frotte les mains : « En 2013, la tradition culinaire nippone a été inscrite dans la liste du patrimoine immatériel de l'humanité. Cette consécration a eu un effet spectaculaire. Aujourd'hui, à l'étranger, on dénombre trois fois plus de restaurants japonais qu'il y a dix ans, et depuis, les exportations de saké ont quadruplé. On peut donc vraiment dire que, tout comme notre patrimoine gastronomique, cette boisson a conquis le monde entier. Et ce nouveau coup de pouce de l'Unesco va sans doute encore accélérer cette tendance. »
Pour autant, malgré ce succès à l'international, l'industrie du saké va mal : « Les Japonais en consomment quatre fois moins qu'il y a 50 ans, notamment parce que nos jeunes ne s'intéressent plus au saké. Pour eux, c'est un produit suranné, destiné surtout aux personnes âgées. Et puis, ce qu'ils adorent, ce sont les boissons légèrement alcoolisées. Or, le saké est assez fort, précise Shuso Imada. Malgré cette belle initiative de l'Unesco, l'avenir s'annonce assez sombre. Pour changer les choses, en fait, il faudrait un sursaut civique des Japonais eux-mêmes : une immense vague de fierté envers leur alcool national, qui est devenu si populaire à l'étranger. »
Les professionnels du secteur demandent au gouvernement de mener des campagnes de promotion du saké, mais les autorités marchent sur des œufs. Il y a deux ans, affolé par la chute des recettes fiscales provenant des ventes d'alcool, le ministère des Finances avait lancé « Saké Viva », une campagne tonitruante qui avait tourné court, en raison d'un tollé d'anthologie de la part des addictologues notamment, car elle incitait les jeunes à s'enivrer davantage.
À lire aussiUnesco: le «Nouvel an chinois» inscrit sur la liste du patrimoine culturel de l'humanité
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« Kanpaîîî !! » (« Santé !! » en japonais). Dans les bars à saké du centre-ville de Tokyo, la décision de l'Unesco d'intégrer le saké au patrimoine culturel immatériel de l'humanité met tout le monde en joie : « Cette consécration internationale est une si belle reconnaissance pour nos petits producteurs. Ça va les motiver comme jamais », souligne cet homme. « Le monde entier va découvrir nos si bons produits du terroir. C'est vraiment super », avance une Japonaise. « Je viens de Kôchi, une région réputée pour son saké. Cela me ferait trop plaisir s'il avait aussi du succès à l'étranger. Moi, en tout cas, pour sûr, je ne compte pas m'en priver », lâche-t-elle.
« Moi, je suis originaire d'Okinawa, l'archipel tropical situé à 2 000 kilomètres d'ici. Quand j'ai le mal du pays, il suffit d'une coupe de notre saké local, l'awamori, pour avoir l'impression d'être de retour là-bas », confie une monsieur originaire de cette île au climat tropical.
« Il n'y a pas un saké, en fait, il y en a des dizaines. Chacun a sa particularité et un goût singulier en fonction de la région dont il provient et du type de riz utilisé. Cette diversité est absolument passionnante », précise cette femme.
Le saké tarde à conquérir les jeunes Japonais
Shuso Imada dirige l'association regroupant les producteurs de saké. Il se frotte les mains : « En 2013, la tradition culinaire nippone a été inscrite dans la liste du patrimoine immatériel de l'humanité. Cette consécration a eu un effet spectaculaire. Aujourd'hui, à l'étranger, on dénombre trois fois plus de restaurants japonais qu'il y a dix ans, et depuis, les exportations de saké ont quadruplé. On peut donc vraiment dire que, tout comme notre patrimoine gastronomique, cette boisson a conquis le monde entier. Et ce nouveau coup de pouce de l'Unesco va sans doute encore accélérer cette tendance. »
Pour autant, malgré ce succès à l'international, l'industrie du saké va mal : « Les Japonais en consomment quatre fois moins qu'il y a 50 ans, notamment parce que nos jeunes ne s'intéressent plus au saké. Pour eux, c'est un produit suranné, destiné surtout aux personnes âgées. Et puis, ce qu'ils adorent, ce sont les boissons légèrement alcoolisées. Or, le saké est assez fort, précise Shuso Imada. Malgré cette belle initiative de l'Unesco, l'avenir s'annonce assez sombre. Pour changer les choses, en fait, il faudrait un sursaut civique des Japonais eux-mêmes : une immense vague de fierté envers leur alcool national, qui est devenu si populaire à l'étranger. »
Les professionnels du secteur demandent au gouvernement de mener des campagnes de promotion du saké, mais les autorités marchent sur des œufs. Il y a deux ans, affolé par la chute des recettes fiscales provenant des ventes d'alcool, le ministère des Finances avait lancé « Saké Viva », une campagne tonitruante qui avait tourné court, en raison d'un tollé d'anthologie de la part des addictologues notamment, car elle incitait les jeunes à s'enivrer davantage.
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