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Inde: l’utopie d’Auroville au bord du gouffre face un plan de croissance autoritaire

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En Inde, c’est une ville au nom évocateur, fondée en 1968 par une poignée d’Indiens et de hippies du monde entier. Auroville, près de Pondichéry, est un havre de paix dédié au yoga, à l'écologie et à la spiritualité. Mais le gouvernement a décidé de la faire grandir à coups de bulldozers et de décrets autoritaires. Résultat, cette utopie portée par 4 000 habitants n’est plus que l’ombre d’elle-même.

De notre envoyé spécial à Auroville,

Pas loin du Matrimandir, ce bâtiment symbolique d’Auroville, en Inde, dédié à la méditation en forme de sphère dorée, Lata, une géographe indienne installée à Auroville depuis 2003, nous guide à travers la forêt devant une grande route en construction. « Ici, vous pouvez voir ce qu’ils ont fait, on dirait une carrière ou une mine. Il y avait un lac et une forêt à cet endroit, se désole-t-elle. Et désormais, on dirait que l’on va y construire une ligne de chemin de fer qui ne mène à rien et qui ne sert à rien. Même sur les routes qui ont déjà été construites, on ne voit pas de véhicules ! »

Depuis l’arrivée d’une nouvelle secrétaire à la tête d’Auroville, les chantiers se multiplient dans la nature. Au grand désespoir des habitants, qui prennent cependant le risque de se faire expulser d’Auroville s’ils contestent, voire d’Inde, certains étrangers ayant vu leur visa refusé.

« Ils disent qu’ils n’ont aucune obligation de partager leurs plans avec le public et que ceux qui s’y opposent sont des criminels, dénonce Lata. Et c’est comme ça partout lorsqu’on essaie de poser des questions ou de manifester. On est très loin du projet d’Auroville, celui d’une société basée sur la fraternité, la collaboration et l’unité. »

À lire aussiInde: expulsion de l'un des architectes français de la cité utopique d'Auroville

« Faire emprisonner les Aurovilliens, ratiboiser les forêts, construire des routes qui ne vont nulle part... »

François Gautier est un habitant de la première heure, arrivé en 1969, un an après l’inauguration d’Auroville par une mystique française, proche du philosophe indien Aurobindo. Il conteste ce développement brutal qui ne correspond pas aux aspirations écologiques de la ville.

« Faire emprisonner les Aurovilliens, ratiboiser les forêts, construire des routes qui ne vont nulle part, mentir à tout le monde… Aujourd’hui, on veut mettre 50 000 personnes sur 3 km2, souligne-t-il. Auroville a présenté ce plan au gouvernement indien, qui a mis son tampon. Mais en réalité, Auroville s’est développée organiquement. »

Depuis sa maison aux allures seventies, typique d’Auroville, François Gautier appelle à revenir aux idéaux et à l'énergie fondatrice de cette cité utopique sans égal dans le monde. « À l’époque, c'était un peu comme au Far West ! On trouvait un endroit, on s’installait et une communauté se formait, se rappelle-t-il. Cette forêt que l’on voit aujourd'hui a été plantée par ces pionniers. Beaucoup sont morts ou sont partis. Et donc cet enthousiasme, cette foi, se sont un peu estompés. Mais ça reste quelque chose d’extraordinaire, le résultat de ces terrains arides qui ne valaient rien ! »

Aujourd’hui, beaucoup d’étrangers qui ont dédié leur vie à Auroville partent ou songent à partir face aux menaces et à la dégradation de l’environnement, dans tous les sens du terme. Mais le gouvernement campe sur son plan de croissance et les promoteurs affluent, attirés par des terrains qui ont pris beaucoup de valeur.

À écouter dans Grand reportageAuroville, cette cité utopique aux projets réalistes

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De notre envoyé spécial à Auroville,

Pas loin du Matrimandir, ce bâtiment symbolique d’Auroville, en Inde, dédié à la méditation en forme de sphère dorée, Lata, une géographe indienne installée à Auroville depuis 2003, nous guide à travers la forêt devant une grande route en construction. « Ici, vous pouvez voir ce qu’ils ont fait, on dirait une carrière ou une mine. Il y avait un lac et une forêt à cet endroit, se désole-t-elle. Et désormais, on dirait que l’on va y construire une ligne de chemin de fer qui ne mène à rien et qui ne sert à rien. Même sur les routes qui ont déjà été construites, on ne voit pas de véhicules ! »

Depuis l’arrivée d’une nouvelle secrétaire à la tête d’Auroville, les chantiers se multiplient dans la nature. Au grand désespoir des habitants, qui prennent cependant le risque de se faire expulser d’Auroville s’ils contestent, voire d’Inde, certains étrangers ayant vu leur visa refusé.

« Ils disent qu’ils n’ont aucune obligation de partager leurs plans avec le public et que ceux qui s’y opposent sont des criminels, dénonce Lata. Et c’est comme ça partout lorsqu’on essaie de poser des questions ou de manifester. On est très loin du projet d’Auroville, celui d’une société basée sur la fraternité, la collaboration et l’unité. »

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« Faire emprisonner les Aurovilliens, ratiboiser les forêts, construire des routes qui ne vont nulle part... »

François Gautier est un habitant de la première heure, arrivé en 1969, un an après l’inauguration d’Auroville par une mystique française, proche du philosophe indien Aurobindo. Il conteste ce développement brutal qui ne correspond pas aux aspirations écologiques de la ville.

« Faire emprisonner les Aurovilliens, ratiboiser les forêts, construire des routes qui ne vont nulle part, mentir à tout le monde… Aujourd’hui, on veut mettre 50 000 personnes sur 3 km2, souligne-t-il. Auroville a présenté ce plan au gouvernement indien, qui a mis son tampon. Mais en réalité, Auroville s’est développée organiquement. »

Depuis sa maison aux allures seventies, typique d’Auroville, François Gautier appelle à revenir aux idéaux et à l'énergie fondatrice de cette cité utopique sans égal dans le monde. « À l’époque, c'était un peu comme au Far West ! On trouvait un endroit, on s’installait et une communauté se formait, se rappelle-t-il. Cette forêt que l’on voit aujourd'hui a été plantée par ces pionniers. Beaucoup sont morts ou sont partis. Et donc cet enthousiasme, cette foi, se sont un peu estompés. Mais ça reste quelque chose d’extraordinaire, le résultat de ces terrains arides qui ne valaient rien ! »

Aujourd’hui, beaucoup d’étrangers qui ont dédié leur vie à Auroville partent ou songent à partir face aux menaces et à la dégradation de l’environnement, dans tous les sens du terme. Mais le gouvernement campe sur son plan de croissance et les promoteurs affluent, attirés par des terrains qui ont pris beaucoup de valeur.

À écouter dans Grand reportageAuroville, cette cité utopique aux projets réalistes

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