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Allemagne: 35 ans après la chute du mur, trois générations confient leurs sentiments et leurs doutes
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Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin, qui divisait la ville durant 28 ans, s'effondrait. La RDA communiste, à l'agonie, allait rapidement se démocratiser. L'histoire s'accélérait et débouchait, en octobre 1990, sur la réunification de l'Allemagne. Cet anniversaire sera célébré ce 9 novembre à Berlin avec de nombreuses festivités. Mais 35 ans après, l'ancienne division du pays laisse toujours des traces. Trois Allemands de l’ex-RDA, de trois générations, livrent leurs sentiments.
Présumé allemand, le titre des mémoires de Vincent von Wroblewsky, reflète la complexe identité de l'octogénaire, né en 1939 en France où ses parents, des communistes allemands anti-nazis, avaient trouvé refuge.
En 1950, sa mère, veuve, rentre dans son pays et choisit par conviction l'Allemagne de l'Est, qui vient d'être créée. Son fils y fait plus tard carrière comme philosophe et traducteur. Il est durant 20 ans membre du Parti communiste : « J'ai été très content que la RDA, avec ses restrictions de toutes les libertés, soit éliminée. Mais je regrette la façon dont ça s'est fait et je regrette les occasions manquées. Dans une union, ce qui serait raisonnable, c'est que chacun apporte ce qu'il a de bon ,et pas qu'un impose tout ce qu'il a à l'autre, auquel il ne reste plus rien de ce qu'il avait. »
Ceux de l'Est considérés comme des citoyens de seconde zone
Trente-cinq ans plus tard, beaucoup d'Allemands de l'Est se considèrent toujours comme des citoyens de seconde zone. Ils soulignent la large domination des élites de l'Ouest, aujourd'hui encore, dans tous les domaines comme, les salaires et les patrimoines encore inférieurs. La brutale transformation, avec un chômage massif dans les années 1990, a laissé des traces.
Pourtant, la situation est aujourd'hui bien meilleure et les frustrations ne sont pas confirmées par les statistiques positives. Des frustrations et une identité Est qui se transmettent de génération en génération, même chez les plus jeunes.
Theresia Crone, 22 ans, ne partage pas ce sentiment. Sa mère, hostile au régime est-allemand, lui a transmis d'autres valeurs. Mais arrivée à l'Ouest, la jeune femme a été choquée de l'image de l'Est : « La première fois, quand j'ai dit à quelqu'un, que j'avais grandi là-bas, la personne a répondu : "Ah vraiment, tu viens de l'Est ? Ta famille est de l'extrême droite." Il y a 10 ans, ce n'était pas un sujet. »
La jeune femme s'est d'abord engagée au sein du mouvement pour l'environnement Fridays for Future. Aujourd'hui, elle dénonce sur TikTok le danger de l'extrême droite et est victime d'attaques permanentes.
Inquiétude face à la montée de l'extrême droite
Un danger que dénonce Marko Martin. L'écrivain quinquagénaire, issu d'une famille d'opposants à la RDA, a quitté son pays d'origine quelques mois avant la chute du mur. Pour lui, les mentalités autoritaires d'autrefois expliquent les résultats électoraux d'aujourd'hui à l'Est :
« Presque une majorité vote soit pour une partie extrême droite, soit pour une partie vers (des formations) autoritaires crypto-staliniennes. Et les deux parties ont beaucoup de choses en commun, par exemple l'orientation intereuropéenne, le chauvinisme national. »
Invité par le président de la République Frank-Walter Steinmeier le 7 novembre, Marko Martin a prononcé un discours critique et dérangeant. Il se demandait si le symbole de liberté que représentait la chute du mur de Berlin, et la période qu'elle a ouverte en Allemagne et ailleurs, n'était pas qu'une parenthèse en train de se refermer.
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Présumé allemand, le titre des mémoires de Vincent von Wroblewsky, reflète la complexe identité de l'octogénaire, né en 1939 en France où ses parents, des communistes allemands anti-nazis, avaient trouvé refuge.
En 1950, sa mère, veuve, rentre dans son pays et choisit par conviction l'Allemagne de l'Est, qui vient d'être créée. Son fils y fait plus tard carrière comme philosophe et traducteur. Il est durant 20 ans membre du Parti communiste : « J'ai été très content que la RDA, avec ses restrictions de toutes les libertés, soit éliminée. Mais je regrette la façon dont ça s'est fait et je regrette les occasions manquées. Dans une union, ce qui serait raisonnable, c'est que chacun apporte ce qu'il a de bon ,et pas qu'un impose tout ce qu'il a à l'autre, auquel il ne reste plus rien de ce qu'il avait. »
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Trente-cinq ans plus tard, beaucoup d'Allemands de l'Est se considèrent toujours comme des citoyens de seconde zone. Ils soulignent la large domination des élites de l'Ouest, aujourd'hui encore, dans tous les domaines comme, les salaires et les patrimoines encore inférieurs. La brutale transformation, avec un chômage massif dans les années 1990, a laissé des traces.
Pourtant, la situation est aujourd'hui bien meilleure et les frustrations ne sont pas confirmées par les statistiques positives. Des frustrations et une identité Est qui se transmettent de génération en génération, même chez les plus jeunes.
Theresia Crone, 22 ans, ne partage pas ce sentiment. Sa mère, hostile au régime est-allemand, lui a transmis d'autres valeurs. Mais arrivée à l'Ouest, la jeune femme a été choquée de l'image de l'Est : « La première fois, quand j'ai dit à quelqu'un, que j'avais grandi là-bas, la personne a répondu : "Ah vraiment, tu viens de l'Est ? Ta famille est de l'extrême droite." Il y a 10 ans, ce n'était pas un sujet. »
La jeune femme s'est d'abord engagée au sein du mouvement pour l'environnement Fridays for Future. Aujourd'hui, elle dénonce sur TikTok le danger de l'extrême droite et est victime d'attaques permanentes.
Inquiétude face à la montée de l'extrême droite
Un danger que dénonce Marko Martin. L'écrivain quinquagénaire, issu d'une famille d'opposants à la RDA, a quitté son pays d'origine quelques mois avant la chute du mur. Pour lui, les mentalités autoritaires d'autrefois expliquent les résultats électoraux d'aujourd'hui à l'Est :
« Presque une majorité vote soit pour une partie extrême droite, soit pour une partie vers (des formations) autoritaires crypto-staliniennes. Et les deux parties ont beaucoup de choses en commun, par exemple l'orientation intereuropéenne, le chauvinisme national. »
Invité par le président de la République Frank-Walter Steinmeier le 7 novembre, Marko Martin a prononcé un discours critique et dérangeant. Il se demandait si le symbole de liberté que représentait la chute du mur de Berlin, et la période qu'elle a ouverte en Allemagne et ailleurs, n'était pas qu'une parenthèse en train de se refermer.
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