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«On a du mal à s'insérer»: faute d'intégration, les immigrants francophones quittent le Canada
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Le Canada accueille plus de 400 000 personnes chaque année, dont la majorité fait l’objet d’une longue sélection. Une étude du Conference Board, un organisme qui s’intéresse aux politiques publiques, montre qu’une proportion importante de ces immigrants repartent au bout de quelques années. Une réalité particulièrement prononcée chez les francophones, dont jusqu’à un tiers quitteraient le pays.
Avec notre correspondante au Québec
Installés dans la ville de Québec depuis 4 ans, Aurélie et son conjoint rentrent en France avant la fin de l’année avec leur bébé pour se rapprocher de leur famille. Parmi les raisons du retour, la jeune femme, rencontrée dans un café, évoque aussi l’augmentation du coût de la vie, dans sa patrie d’adoption. « Je note le montant de nos achats d’épicerie. Ca a vraiment beaucoup augmenté depuis qu'on est là. Tout coute très cher. Le loyer aussi a augmenté et est cher, à moins de se retrouver en sous-sol ou en demi sous-sol. Quand on vient de la France, on se dit qu'on aura un meilleur salaire donc un meilleur niveau de vie. En l'occurrence, comme le cout de la vie est plus élevé, on n'a pas le même niveau de vie. C'est un système très capitaliste ici. J’ai l’impression de toujours mettre la main à la carte », estime-t-elle.
À lire aussiCanada: l'immigration, au cœur des tensions avec le Québec
Sur les réseaux sociaux, plusieurs discutent également de la tendance du Québec et du Canada à se vanter un peu trop du caractère accueillant du pays. Autour d’un thé, Alexandra parle des difficiles liens d’amitié avec les Québécois. La Française songe à repartir avec sa famille, faute de se sentir intégrée au bout de 8 ans. « Ils sont très gentils.. Ça ne va pas aller plus loin. On ne nous fait pas sentir qu’on est chez nous comme québécois. On sera toujours des Français, on se sent seul parfois. On a du mal à s'insérer, s'intégrer dans la culture québécoise et faire toujours des efforts, à la longue ça fatigue », témoigne-t-elle.
Les efforts dont parle la mère de famille concerne aussi ceux déployés pour se conformer aux exigences des employeurs. Dans son bureau au 5è étage de l’Université Laval, la géographe Adèle Garnier énumère les obstacles professionnels qu’affrontent les immigrants, même après plusieurs années au Canada. « Une des barrières, c'est la reconnaissance des compétences. Imaginons que vous êtes psychologue, avocate ou ingénieure, ça demande beaucoup d'efforts au Canada de rester. Les démarches à faire pour être medecin par exemple c'est difficile. Les gens vont aller chercher ailleurs », analyse l'experte.
À lire aussiLe Canada procède à un tour de vis sur ses règles en matière d'immigration
Les statistiques montrent que les personnes davantage qualifiées ont tendance à quitter le Canada. Un signal d’alarme selon la chercheuse qui invite les autorités à déployer plus de moyens pour les retenir et leur faire une place.
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Le Canada accueille plus de 400 000 personnes chaque année, dont la majorité fait l’objet d’une longue sélection. Une étude du Conference Board, un organisme qui s’intéresse aux politiques publiques, montre qu’une proportion importante de ces immigrants repartent au bout de quelques années. Une réalité particulièrement prononcée chez les francophones, dont jusqu’à un tiers quitteraient le pays.
Avec notre correspondante au Québec
Installés dans la ville de Québec depuis 4 ans, Aurélie et son conjoint rentrent en France avant la fin de l’année avec leur bébé pour se rapprocher de leur famille. Parmi les raisons du retour, la jeune femme, rencontrée dans un café, évoque aussi l’augmentation du coût de la vie, dans sa patrie d’adoption. « Je note le montant de nos achats d’épicerie. Ca a vraiment beaucoup augmenté depuis qu'on est là. Tout coute très cher. Le loyer aussi a augmenté et est cher, à moins de se retrouver en sous-sol ou en demi sous-sol. Quand on vient de la France, on se dit qu'on aura un meilleur salaire donc un meilleur niveau de vie. En l'occurrence, comme le cout de la vie est plus élevé, on n'a pas le même niveau de vie. C'est un système très capitaliste ici. J’ai l’impression de toujours mettre la main à la carte », estime-t-elle.
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