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Allemagne: des visites pédagogiques de l'armée dans les écoles
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En Allemagne, l’invasion de l’Ukraine a mené à une douloureuse remise en question de l’ensemble de l’édifice de la défense nationale. Augmentation des dépenses, refonte de la Bundeswehr… Le chantier est colossal pour le nouveau ministre social-démocrate des Armées, Boris Pistorius. La Bundeswehr compte aujourd’hui 180 000 soldats, mais doit passer à 205 000 hommes et 60 000 réservistes pour couvrir les besoins de la Défense d'ici à 2031. Depuis des décennies, l’armée allemande se rend dans les écoles à des fins pédagogiques, des visites qui font débat dans le pays.
De notre correspondante à Berlin,
Une quarantaine de lycéens de Berlin vient d’assister à un discours de l’Assemblée générale de l’ONU dénonçant le manque de libertés politiques en Russie. Nous ne sommes pas à New York, mais dans un centre de loisirs des environs de la capitale. Et l’orateur n’est pas un représentant des États-Unis, mais l’un des professeurs de nos lycéens.
Les élèves participent dans le cadre de leur cours d’éducation civique à un jeu de rôle sur la politique mondiale organisé par la Bundeswehr, l’armée allemande. La session dure une semaine et fait le tour des enjeux géopolitiques, du terrorisme aux conflits mondiaux, en passant par les trafics de stupéfiants ou les migrations. Comme à l’ONU donc, mais ici, ce sont les élèves qui proposent des solutions.
L'armée dans les écoles
En Allemagne, des officiers sont spécialement formés pour expliquer à la jeunesse le rôle d’une armée parlementaire dans un pays démocratique. Le capitaine Jan Czarnitzki, contrôleur aérien dans l’armée de l’air, est l’un des animateurs du jeu de rôle. « On nous soupçonne souvent de venir dans les écoles pour y faire du recrutement. Mais ce n’est pas du tout ce que nous faisons. De toute façon, nous n’avons pas le droit de le faire. Nous informons sur la politique de sécurité. C’est le point central de notre action, explique-t-il. Bien sûr, il y a toujours des élèves qui s’intéressent à la Bundeswehr, en tant qu’employeur. La seule chose que nous pouvons faire dans ces cas, c’est de les diriger vers le service d’orientation de l’armée. »
Les interventions de la Bundeswehr dans les écoles font débat en Allemagne. « Nous, au GEW, nous voyons ces interventions de façon très critique, car les officiers vont dans les classes pendant les cours, prennent des heures, des enseignants, en général pendant des heures d’éducation civique et politique. Or, nous sommes d’avis que l’éducation politique doit revenir aux enseignants qui sont formés pour ça. Le jeu politique en soi est certainement très bien sur le plan didactique, oui, mais il n’est pas équilibré en ce sens qu’il suit une logique de guerre et de l’escalade de la violence. Assez souvent, ce jeu se termine par un scénario de guerre nucléaire », précise Martina Schmerr, du syndicat des enseignants GEW.
94 officiers de la jeunesse vont d’école en école, à travers le pays. Avec l’invasion de l’Ukraine, la demande a augmenté du côté des établissements scolaires. Les besoins de l’armée en nouvelles recrues aussi. De quoi relancer le débat autour des interventions de l’armée dans les écoles.
À lire aussiAllemagne: débats passionnés et querelles autour du soutien à l'Ukraine
27 episodes
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L'armée dans les écoles
En Allemagne, des officiers sont spécialement formés pour expliquer à la jeunesse le rôle d’une armée parlementaire dans un pays démocratique. Le capitaine Jan Czarnitzki, contrôleur aérien dans l’armée de l’air, est l’un des animateurs du jeu de rôle. « On nous soupçonne souvent de venir dans les écoles pour y faire du recrutement. Mais ce n’est pas du tout ce que nous faisons. De toute façon, nous n’avons pas le droit de le faire. Nous informons sur la politique de sécurité. C’est le point central de notre action, explique-t-il. Bien sûr, il y a toujours des élèves qui s’intéressent à la Bundeswehr, en tant qu’employeur. La seule chose que nous pouvons faire dans ces cas, c’est de les diriger vers le service d’orientation de l’armée. »
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94 officiers de la jeunesse vont d’école en école, à travers le pays. Avec l’invasion de l’Ukraine, la demande a augmenté du côté des établissements scolaires. Les besoins de l’armée en nouvelles recrues aussi. De quoi relancer le débat autour des interventions de l’armée dans les écoles.
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