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Retour des réfugiés en Centrafrique [1/3]: le souvenir du départ, «j’ai vu une femme enterrer son bébé mort de faim»

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En Centrafrique, les populations qui avaient fui l’ouest et le nord-ouest du pays au plus fort de la crise rentrent progressivement. Entre 2013-2017, plus de 600 000 Centrafricains avaient été contraints de quitter leurs villes et villages pour se mettre à l’abri des violences. Dans ce premier volet, des réfugiés se souviennent de leur départ, de ce qu'ils ont enduré et vu durant leur voyage vers le Cameroun.

De notre envoyé spécial à Baoro,

Alors qu’il menace de pleuvoir, Amania écrase des feuilles de manioc dans un pilon. Tout en préparant le repas du soir, bébé attaché au dos, elle se souvient de cette année 2015 où elle a fui la ville de Baoro pour le Cameroun. « Notre village a été attaqué aux environs de 4h du matin. Des hommes armés ont brûlé des maisons, tués nos bétails et plusieurs habitants. J’ai juste le temps de prendre mon fils et de fuir. Dans la brousse, nous mangions des tubercules, des feuilles et des racines sauvages. J’ai parcouru 1 000 km pendant plusieurs semaines avant d’arriver au Cameroun. »

Dans ce quartier destiné aux réfugiés revenus chez eux, chacun essaie de reconstruire sa vie en oubliant les traumatismes du passé. À perte de vue, on voit une succession de cases en bâches et en bambous.

« C’est ça l’enfer »

Appuyée sur deux béquilles, Soraya se lève en titubant pour nous accueillir dans le salon de sa maison en argile. Âgée d’une quarantaine d’années, elle a été touchée par plusieurs projectiles de grenade dans sa concession en 2014. Son corps est couvert de petites blessures cicatrisées. « Mon mari a aussi été touché au ventre. Il a succombé en chemin et nous l’avons enterré au pied d’un arbre dans la brousse. On ne pourra jamais retrouver sa tombe provisoire pour couper le deuil. J’ai été transportée à tour de rôle par mes trois fils jusqu’au Cameroun. C’est ça l’enfer. »

Pendant que Soraya s’exprime, Alima sa voisine manifeste le désir de parler. Elle fait s’allonger son garçon de neuf ans sur une natte et raconte. « En fuyant cette guerre, j’ai vu une femme enterrer son bébé mort de faim au pied d’un palmier. Quelques heures après son passage, des bêtes sauvages ont dévoré le corps. Nous avions beaucoup souffert. Mais maintenant, il est temps de reconstruire notre pays. »

À lire aussiRCA: le HCR étudie les possibilités de retour des centaines de milliers de réfugiés et déplacés

Préparer le retour au pays

Entre 2013 et 2017, pendant la crise, plusieurs milliers de Centrafricains ont trouvé la mort. On a aussi enregistré la destruction de villages, de champs, de maisons d’habitations et de greniers. Aujourd’hui, tout est à refaire, selon Olivier Fafa, représentant du HCR.

« Nous sommes en train de préparer le retour de 300 000 personnes originaires du sud-ouest du pays. Nous avons planifié de les faire entrer au pays sur une période de cinq ans jusqu’en 2028. Pour que cela soit durable, nous avons prévu un certain nombre d’activités de réintégration dans les zones de retour, c’est-à-dire, reconstruire des écoles, des maisons, augmenter les capacités d’accueil des centres de santé existants, créer les forages, mais aussi donner vie à ces retournés à travers la création d’emploi ».

Entre 2017 et 2024, plus de 36 000 réfugiés ont déjà été rapatriés sur la base du volontariat.

À lire aussiCentrafrique: «Il y a une réduction du nombre des personnes en besoins humanitaires», selon un représentant de l’ONU

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De notre envoyé spécial à Baoro,

Alors qu’il menace de pleuvoir, Amania écrase des feuilles de manioc dans un pilon. Tout en préparant le repas du soir, bébé attaché au dos, elle se souvient de cette année 2015 où elle a fui la ville de Baoro pour le Cameroun. « Notre village a été attaqué aux environs de 4h du matin. Des hommes armés ont brûlé des maisons, tués nos bétails et plusieurs habitants. J’ai juste le temps de prendre mon fils et de fuir. Dans la brousse, nous mangions des tubercules, des feuilles et des racines sauvages. J’ai parcouru 1 000 km pendant plusieurs semaines avant d’arriver au Cameroun. »

Dans ce quartier destiné aux réfugiés revenus chez eux, chacun essaie de reconstruire sa vie en oubliant les traumatismes du passé. À perte de vue, on voit une succession de cases en bâches et en bambous.

« C’est ça l’enfer »

Appuyée sur deux béquilles, Soraya se lève en titubant pour nous accueillir dans le salon de sa maison en argile. Âgée d’une quarantaine d’années, elle a été touchée par plusieurs projectiles de grenade dans sa concession en 2014. Son corps est couvert de petites blessures cicatrisées. « Mon mari a aussi été touché au ventre. Il a succombé en chemin et nous l’avons enterré au pied d’un arbre dans la brousse. On ne pourra jamais retrouver sa tombe provisoire pour couper le deuil. J’ai été transportée à tour de rôle par mes trois fils jusqu’au Cameroun. C’est ça l’enfer. »

Pendant que Soraya s’exprime, Alima sa voisine manifeste le désir de parler. Elle fait s’allonger son garçon de neuf ans sur une natte et raconte. « En fuyant cette guerre, j’ai vu une femme enterrer son bébé mort de faim au pied d’un palmier. Quelques heures après son passage, des bêtes sauvages ont dévoré le corps. Nous avions beaucoup souffert. Mais maintenant, il est temps de reconstruire notre pays. »

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Préparer le retour au pays

Entre 2013 et 2017, pendant la crise, plusieurs milliers de Centrafricains ont trouvé la mort. On a aussi enregistré la destruction de villages, de champs, de maisons d’habitations et de greniers. Aujourd’hui, tout est à refaire, selon Olivier Fafa, représentant du HCR.

« Nous sommes en train de préparer le retour de 300 000 personnes originaires du sud-ouest du pays. Nous avons planifié de les faire entrer au pays sur une période de cinq ans jusqu’en 2028. Pour que cela soit durable, nous avons prévu un certain nombre d’activités de réintégration dans les zones de retour, c’est-à-dire, reconstruire des écoles, des maisons, augmenter les capacités d’accueil des centres de santé existants, créer les forages, mais aussi donner vie à ces retournés à travers la création d’emploi ».

Entre 2017 et 2024, plus de 36 000 réfugiés ont déjà été rapatriés sur la base du volontariat.

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