Artwork

Contenu fourni par France Médias Monde. Tout le contenu du podcast, y compris les épisodes, les graphiques et les descriptions de podcast, est téléchargé et fourni directement par France Médias Monde ou son partenaire de plateforme de podcast. Si vous pensez que quelqu'un utilise votre œuvre protégée sans votre autorisation, vous pouvez suivre le processus décrit ici https://fr.player.fm/legal.
Player FM - Application Podcast
Mettez-vous hors ligne avec l'application Player FM !

À Madagascar, Angélique Razafindrazoary se bat pour défendre «sa» forêt de Vohibola

2:24
 
Partager
 

Manage episode 442129252 series 3250145
Contenu fourni par France Médias Monde. Tout le contenu du podcast, y compris les épisodes, les graphiques et les descriptions de podcast, est téléchargé et fourni directement par France Médias Monde ou son partenaire de plateforme de podcast. Si vous pensez que quelqu'un utilise votre œuvre protégée sans votre autorisation, vous pouvez suivre le processus décrit ici https://fr.player.fm/legal.

2 000 hectares de forêt primaire, refuge d’une flore et d’une faune unique, sont en danger d'extinction sur la côte est de Madagascar, aux abords du canal des Pangalanes. En cinquante ans, ce territoire a perdu l’essentiel de son couvert forestier, les arbres y sont extrêmement convoités. Cette forêt, appelée Vohibola, ne doit sa survie qu’à une femme : Angélique Razafindrazoary, qui, depuis huit ans, se bat au péril de sa vie contre des trafiquants.

De notre correspondante à Madagascar,

Des sentiers sableux entourés d'essences d’arbres endémiques et, soudain, un « carnage », comme le nomme Angélique Razafindrazoary. Ce sont des centaines de débris de bois aux couleurs chatoyantes qui jonchent le sol. « C’est vraiment très dur, se désole la défenseuse de la forêt, ce sont des copeaux de bois qui ont été coupés par les braconniers. » Au sol, il y a du nanto, un bois rouge, et aussi du bois jaune, qui appartient à la famille de l'acajou. « Ils ne prennent que le cœur, poursuit Angélique Razafindrazoary, c’est triste quand même, il n’y a pas grand-chose... Deux centimètres, c’est tout. » Et de conclure : « Je ne comprends pas pourquoi ce n’est toujours pas protégé… »

Nanto, intsia, ébène, tous ces bois précieux ou semi-précieux sont taillés et débités directement dans la forêt puis transportés de nuit, malgré l’interdiction de naviguer, sur des barques à fond plat par les canaux qui serpentent au milieu de la forêt. Quelques heures plus tard, ils sont revendus à Tamatave, la grande ville côtière, comme bois de construction ou sous forme de charbon.

À lire aussiMadagascar en passe de récupérer une cargaison de bois de rose de haute valeur, après 10 ans de procédure pour trafic

Des défenseurs de la forêt harcelés, piégés et menacés de mort

Face à ces coupes répétées dans Vohibola, Angélique a créé l’association communautaire Razan'ny Vohibola en 2016, avec les Tangalamena, les sages des villages, des environs, afin de protéger la forêt. L’association emploie une dizaine d’agents de patrouille. Mais le système a ses limites.

« On n’ose pas aller sans [Angélique] dans la forêt, parce que si on y va seuls, on nous tue, dénonce Justin, l'un des agents de patrouille. Personne n’a peur de nous. Ils nous courent après avec une machette et nous, on n’a pas d’arme. Madame Angélique non plus n’est pas armée, mais les trafiquants ont peur d’elle et ils s’enfuient. »

Pourtant, malgré son aura, la protectrice de la forêt n’est pas épargnée par les menaces de mort ni les arrestations qui rythment sa vie depuis bientôt une décennie. « Les gardes à vue, on ne les compte même plus, c’est récurrent. C’est notre quotidien. Le souci, c’est qu’il y a vraiment une minorité qui est protégée, au niveau du tribunal. On est tous menacés de mort en permanence. Mes agents ont été tabassés plusieurs fois… » Comme Justin, qui raconte comment plusieurs de ses collègues ont été rudement blessés, par les coups, mais aussi par les pièges qui leur sont tendus régulièrement : « Les braconniers plantent des pics, des espèces de bouts de bois qui dépassent à peine du sol, décrit-il, ils l’enduisent de poison et s’il nous arrive de mettre notre pied dessus, on ne peut plus marcher pendant plusieurs mois tellement la pointe a transpercé notre voute plantaire… »

Angélique Razafindrazoary vient d’être sélectionnée pour représenter les lanceurs d’alerte environnementaux par Front Line Defenders, la fondation pour la protection des défenseurs des droits humains. Elle prendra la parole fin octobre prochain à Dublin pour présenter son combat et le contexte peu favorable aux lanceurs d’alerte à Madagascar.

À lire aussi«On a voulu me tuer»: à Madagascar, comment défendre les militants de l'environnement

Une forêt qui a perdu la moitié de sa superficie en 50 ans

Tout à coup, en plein enregistrement du reportage, Angélique entend des coups de hache. Elle chuchote, c'est un braconnier en train de couper du bois, elle va essayer de l'intercepter.

Ce jour-là, le malfaiteur aura réussi à fuir avant de croiser la Combattante. Celle qui ne se tait pas et ne s’avoue jamais vaincue veut croire qu’elle arrivera à faire classer « sa » forêt primaire en aire protégée en 2025, ce qui représenterait une reconnaissance mondiale de la valeur de Vohibola et du travail accompli. Et ce qui serait également une manière d’obtenir plus de fonds pour conserver une forêt qui a perdu la moitié de sa superficie ces 50 dernières années. Tout un espoir.

  continue reading

81 episodes

Artwork
iconPartager
 
Manage episode 442129252 series 3250145
Contenu fourni par France Médias Monde. Tout le contenu du podcast, y compris les épisodes, les graphiques et les descriptions de podcast, est téléchargé et fourni directement par France Médias Monde ou son partenaire de plateforme de podcast. Si vous pensez que quelqu'un utilise votre œuvre protégée sans votre autorisation, vous pouvez suivre le processus décrit ici https://fr.player.fm/legal.

2 000 hectares de forêt primaire, refuge d’une flore et d’une faune unique, sont en danger d'extinction sur la côte est de Madagascar, aux abords du canal des Pangalanes. En cinquante ans, ce territoire a perdu l’essentiel de son couvert forestier, les arbres y sont extrêmement convoités. Cette forêt, appelée Vohibola, ne doit sa survie qu’à une femme : Angélique Razafindrazoary, qui, depuis huit ans, se bat au péril de sa vie contre des trafiquants.

De notre correspondante à Madagascar,

Des sentiers sableux entourés d'essences d’arbres endémiques et, soudain, un « carnage », comme le nomme Angélique Razafindrazoary. Ce sont des centaines de débris de bois aux couleurs chatoyantes qui jonchent le sol. « C’est vraiment très dur, se désole la défenseuse de la forêt, ce sont des copeaux de bois qui ont été coupés par les braconniers. » Au sol, il y a du nanto, un bois rouge, et aussi du bois jaune, qui appartient à la famille de l'acajou. « Ils ne prennent que le cœur, poursuit Angélique Razafindrazoary, c’est triste quand même, il n’y a pas grand-chose... Deux centimètres, c’est tout. » Et de conclure : « Je ne comprends pas pourquoi ce n’est toujours pas protégé… »

Nanto, intsia, ébène, tous ces bois précieux ou semi-précieux sont taillés et débités directement dans la forêt puis transportés de nuit, malgré l’interdiction de naviguer, sur des barques à fond plat par les canaux qui serpentent au milieu de la forêt. Quelques heures plus tard, ils sont revendus à Tamatave, la grande ville côtière, comme bois de construction ou sous forme de charbon.

À lire aussiMadagascar en passe de récupérer une cargaison de bois de rose de haute valeur, après 10 ans de procédure pour trafic

Des défenseurs de la forêt harcelés, piégés et menacés de mort

Face à ces coupes répétées dans Vohibola, Angélique a créé l’association communautaire Razan'ny Vohibola en 2016, avec les Tangalamena, les sages des villages, des environs, afin de protéger la forêt. L’association emploie une dizaine d’agents de patrouille. Mais le système a ses limites.

« On n’ose pas aller sans [Angélique] dans la forêt, parce que si on y va seuls, on nous tue, dénonce Justin, l'un des agents de patrouille. Personne n’a peur de nous. Ils nous courent après avec une machette et nous, on n’a pas d’arme. Madame Angélique non plus n’est pas armée, mais les trafiquants ont peur d’elle et ils s’enfuient. »

Pourtant, malgré son aura, la protectrice de la forêt n’est pas épargnée par les menaces de mort ni les arrestations qui rythment sa vie depuis bientôt une décennie. « Les gardes à vue, on ne les compte même plus, c’est récurrent. C’est notre quotidien. Le souci, c’est qu’il y a vraiment une minorité qui est protégée, au niveau du tribunal. On est tous menacés de mort en permanence. Mes agents ont été tabassés plusieurs fois… » Comme Justin, qui raconte comment plusieurs de ses collègues ont été rudement blessés, par les coups, mais aussi par les pièges qui leur sont tendus régulièrement : « Les braconniers plantent des pics, des espèces de bouts de bois qui dépassent à peine du sol, décrit-il, ils l’enduisent de poison et s’il nous arrive de mettre notre pied dessus, on ne peut plus marcher pendant plusieurs mois tellement la pointe a transpercé notre voute plantaire… »

Angélique Razafindrazoary vient d’être sélectionnée pour représenter les lanceurs d’alerte environnementaux par Front Line Defenders, la fondation pour la protection des défenseurs des droits humains. Elle prendra la parole fin octobre prochain à Dublin pour présenter son combat et le contexte peu favorable aux lanceurs d’alerte à Madagascar.

À lire aussi«On a voulu me tuer»: à Madagascar, comment défendre les militants de l'environnement

Une forêt qui a perdu la moitié de sa superficie en 50 ans

Tout à coup, en plein enregistrement du reportage, Angélique entend des coups de hache. Elle chuchote, c'est un braconnier en train de couper du bois, elle va essayer de l'intercepter.

Ce jour-là, le malfaiteur aura réussi à fuir avant de croiser la Combattante. Celle qui ne se tait pas et ne s’avoue jamais vaincue veut croire qu’elle arrivera à faire classer « sa » forêt primaire en aire protégée en 2025, ce qui représenterait une reconnaissance mondiale de la valeur de Vohibola et du travail accompli. Et ce qui serait également une manière d’obtenir plus de fonds pour conserver une forêt qui a perdu la moitié de sa superficie ces 50 dernières années. Tout un espoir.

  continue reading

81 episodes

Tous les épisodes

×
 
Loading …

Bienvenue sur Lecteur FM!

Lecteur FM recherche sur Internet des podcasts de haute qualité que vous pourrez apprécier dès maintenant. C'est la meilleure application de podcast et fonctionne sur Android, iPhone et le Web. Inscrivez-vous pour synchroniser les abonnements sur tous les appareils.

 

Guide de référence rapide