UN PARFAIT INCONNU X COMPANION
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Quand y'en a plus, y'en a encore. À peine une semaine après la sortie de Better Man, le biopic musical remet une pièce dans le jukebox avec Un parfait inconnu, consacré cette fois-ci à Bob Dylan. Il faut dire que celui qu'on a surnommé le Rimbaud du rock est une belle matière à histoire, entre son importance dans la musique américaine, sa part de caméléon, passé des guitares acoustiques du folk à celles électriques du rock ou une mythologie que cet électron particulièrement libre s'est lui-même crée. Elle avait déjà donné lieu à une première évocation avec I'm Not There, fascinant film aux airs de portrait chinois que lui avait consacré Todd Haynes. Un parfait inconnu est bien plus rectiligne, voire trop. Ça a l'avantage d'éviter les habituelles lourdeurs psychologiques qui tambourinent et bourrinent les biopics. Mais aussi l'inconvénient d’intéresser essentiellement un public qui connaîtrait déjà le barde folk. Un parfait inconnu se limite donc souvent à une parfaite reconstitution du New York des années 60 ou a un déroulé des amours tumultueuses, virant à un ennui poli. Il est heureusement évacué lors de séquences musicales, saisissantes quand Timothée Chalamet interprète en son-direct des chansons, dont la magnificence s'impose. Le fan-club de l'acteur devra pourtant s'incliner devant une autre prestation, celle d'Edward Norton, encore plus impeccable en Pete Seeger, mentor de Dylan et autre figure phare de la folk américaine, sombrée elle dans l'oubli, au point d'en avoir fait le malheureux inconnu de cette histoire.
Si Un parfait inconnu laissera ses spectateurs sans secrets sur les jeunes années de Dylan, Companion doit lui garder les siens pour pouvoir être pleinement apprécié. Difficile donc de révéler les multiples retournements d'un étonnant film, déguisant le temps d'un week-end à la campagne l'ère #MeToo et ses dénonciations du patriarcat sous les traits d'une rom-com acidulée. Tout juste peut-on révéler qu'il tient à la fois d'un héritage de certains romans d'anticipation satirique des années 70 tout en confirmant la passionnante gamme de films féministes n'ayant pas peur de pousser une gueulante, apparue ces dernières années. Jusque-là, de Don't Worry Baby à Blink Twice, bides immérités, elle était passée trop inaperçue en dépit de réelles qualités d'écriture et d'ambitions de mise en scène. En poussant le bouchon un peu plus loin comme en s'annonçant littéralement comme un nécessaire reboot social du cinéma hollywoodien grand public, Companion, film aussi malin que ludique, pourrait bien lui offrir enfin une visibilité essentielle.
Un parfait inconnu / Companion. En salles le 29 janvier.
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