Lignes de Vie

Miam!

J’arrête.

Ce n’est pas une guerre.

Les textes que je vois ici et là, ont raison.

Ce n’est pas une guerre.

Malgré ce que je ressens.

Ce n’est pas une guerre.

Cette épidémie.

Il y a peut-être des effets proches. Il y aura des morts.

Une mobilisation extra-ordinaire des soignant-e-s. Une économie au ralenti. Des paniques et de la peur.

Une rupture dans la normalité.

Mais il ne s’agit pas d’être humains qui s’entretuent à dessein car leurs idées ou leurs intérêts sont fondamentalement inconciliables.

S’il y a une lutte, elle est contre nous. Contre soi.

S’empêcher de sortir.

Revoir sa notion d’importance.

Eviter de se transformer en bus à virus.

Arrêt maison médicale.

Arrêt gare.

Arrêt supermarché.

Arrêt mairie.

Attention, à cet arrêt, la descente s’effectue à gauche.

Arrêt cimetière.

Terminus tout le monde descend.

Ce n’est pas une guerre, c’est une rupture de normalité car la ligne H, de la destiné Humaine à croisé la ligne V, d’une entité Virale. Arrêt Pangolin.

Et pour une fois, pour une première et probablement pas dernière fois, au croisement entre notre route et celle d’une autre forme de vie, c’est nous qui avons le feu rouge.

Ironie de l’histoire, ils faut être microscopique désormais pour être de taille à nous faire nous arrêter.

D’habitude, on passe comme ça, on fonce, on grille, on écrase, on ratiboise, sous les roues de notre Hummer de compétition. Et tant pis, si dans le choc, quelques humains tombent et finissent sous les roues. Le Hummer, c’est le véhicule de la ligne H.

Mais là, feu rouge.

On arrête tout, on réfléchit.

An zéro, An 1, An 2-0-2-0.

An 1, An 2020.

Et alors que la massive Ligne H est à l’arrêt, on se rend compte que les autres n’attendaient que ça pour pouvoir circuler.

Ligne D, Arrêt du Port de Cagliari. Les dauphins reviennent à bord.

Ligne d’O, Arret Eaux Claires à Venise. Plouf, plouf !

Ligne R, Particules fines, Oxyde d’azote, tout le monde descend.

Qui aurait cru qu’une pneumopathie aiderait à mieux respirer.

Ce n’est pas une guerre.

C’est un feu rouge, un cessez-le-feu, pied sur le frein pour certains, sur l’accélérateur pour d’autres.

Un temps où il faut revoir notre ligne de vie, notre ligne de cœur, nos lignes téléphoniques.

Ce n’est pas une guerre.

C’est une occasion. Pénible, mais une occasion.

A vous de voir la ligne que vous suivez.

Et celle que vous suivrez quand on ne sera plus à l’arrêt.