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10. Le poison du Cralax

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Randt et Axelle se retrouvent en pleine nuit devant la petite boutique du taxidermiste, dans les bas-fonds de la ville de Foniak. Ils poussent la porte et entrent lentement. L’endroit semble vide et les têtes de cadavres d’animaux empaillés donnent une allure de cimetière à ciel ouvert à l’échoppe. Aussitôt, une cage s’abat sur eux et empêche tout mouvement.

Le marchand sort de derrière son comptoir.

  • Vous revoici ! Ah je vous ai bien eus…je savais que vous reviendriez, vous me prenez pour un débutant ? J’en ai vu d’autres, croyez-le ! Je n’ai pas oublié votre air intriguant ! Vous vouliez me voler, n’est-ce pas ? C’est raté ! Maintenant il faut que je trouve ce que je vais faire de vous, mais vous ne sortirez pas d’ici vivants !

Il dirige une arme vers eux et tire, mais la fille détourne le projectile d’un coup de lance. Pendant ce temps, Randt a versé sur un barreau de la cage le contenu d’une petite bouteille qu’il a sortie de sa ceinture. Le marchand l’aperçoit et tire une seconde fois. Mais le liquide a été d’une étonnante rapidité : la cage a déjà fondu sous l’effet de l’élixir et les deux intrus sont libres. Le marchand comprend qu’il vient de perdre son avantage et prend la fuite par la porte derrière lui. Mais une douleur dans le dos vient l’interrompre. Il s’écroule. Axelle retire sa lame du cadavre.

  • C’est par ici ! Dit-elle.
  • Oui, c’est bien ce que je pressens. Attention…

Ils entrent dans l’arrière-boutique. Randt se place au milieu de la pièce et prend une petite boîte de son sac. Il s’assied sur le sol et la pose devant lui. Axelle reste en retrait et l’observe. Il ouvre la boîte en murmurant quelques mots. Une sorte de libellule en sort soudain et virevolte devant lui. Elle monte jusqu’au plafond, qu’elle parcourt avant de disparaitre par une faille minuscule. L’homme se lève alors, saute sur un établi, agrippe un marteau et frappe plusieurs fois le plafond à l’endroit désigné par la libellule. Des morceaux de plâtre s’effondrent et révèlent une cachette d’où chutent plusieurs objets. La libellule poursuit l’un des objets et tente d’y entrer désespérément, sans succès.

Cet objet qui gît à présent sur le carreau est une sorte d’urne carrée en métal. Randt saisit l’insecte de sa main, devenue inutile, et la broie. Il place la pierre noire à côté de l’urne et revêt des gants lisses, presque transparents. Il ressent une angoisse rare. Il lance un regard à Axelle, signifiant que le moment tant attendu est arrivé. Il ouvre l’urne et en sort une petite flasque remplie à moitié. Axelle n’a pas bougé, son cœur bat à tout rompre. Il verse avec précaution le contenu de la flasque sur la pierre. Une réaction chimique a lieu instantanément. C’est un poison provenant du crâne du Cralax. Il se répand sur la pierre noire, aberration née des forces inconnues de la terre.

Randt invite Axelle à le rejoindre, le regard aussi effrayé qu’excité par ce qu’ils s’apprêtent à accomplir. Une fumée blanche jaillit de la pierre au fur et à mesure que le poison la pénètre. Elle se propage dans l’air, atteint les voyageurs et entre dans leurs narines. Ils se regardent, comme pour se lancer mutuellement un dernier défi. Ils prennent une profonde respiration et laissent la fumée s’engouffrer dans leurs poumons.

L’effet de la fumée se répand dans leurs corps. Elle pénètre le sang, le cœur, chaque membre. Ils hurlent de douleur, s’effondrent à terre, pleurent des larmes de sang, ressentent une brûlure dans leurs crânes comme si chaque neurone implosait sous l’effet de la substance gazeuse. Ils luttent pour se maintenir en vie, sentent leurs bras se disloquer, leurs jambes se rompre, leurs os s’effriter et se reconstituer puis se briser de plus belle. Il semble que leur vie sera désormais constituée d’une alternance de morts et de résurrections dans une douleur continue. Ils repensent au chemin parcouru, les secrets de l’alchimie, les armes et les sortilèges, les pays, les rois assassinés et les âmes volées, les armées combattues et les pistes vaines. Puis la douleur se fait plus sourde. Elle commence à disparaître mais aucun ne trouve la force pour tenter d’ouvrir les yeux. Seul le repos apparaît comme le remède à cette épreuve. Alors qu’ils commencent à s’apaiser et laisser le sommeil les gagner, ils ressentent une profonde douleur au cœur. Une voix leur parvient au même moment :

  • Salopard, prends ça !

Le soldats transperce le vieil homme et la fille de plusieurs coups de lance. Dans leur délire, ils n’ont pas entendu la brigade entrer dans la boutique, découvrir le marchand sans vie et se précipiter sur eux, les armes à la main. Le vieil homme et la fille baignent maintenant dans leurs sangs qui s’écoulent et se mêlent sur le sol poussiéreux.

Les soldats traînent les cadavres hors de l’atelier du taxidermiste, laissant derrière eux une trainée rougeâtre. Ils frappent du pied les corps inertes des deux assassins. « Ces deux-là n’ont eu que ce qu’ils méritent, qu’ils pourrissent en enfer ! ». Ils les placent sur une voiture jusqu’au cimetière et jettent leurs corps dans la fosse. « Attends, j’y aurais bien pris ses bottes à la gosse…il y avait peut-être de l’or aussi ? », dit l’un d’entre eux. Mais les corps gisent maintenant au milieu d’autres cadavres en décomposition. Personne n’aura le courage d’y descendre. Peut-être quelque charognard, mû par la faim, pour arracher un morceau de viande encore chaude ? [Musique : Dans la fosse]

Dans l’arrière-boutique, la pierre noire a totalement disparu, dévorée par la seule substance capable de l’affecter, le poison du Cralax. A part le sang qui sèche dans la poussière et les débris de plâtre, il n’y a plus aucune trace du passage des deux voyageurs.

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Le marchand sort de derrière son comptoir.

  • Vous revoici ! Ah je vous ai bien eus…je savais que vous reviendriez, vous me prenez pour un débutant ? J’en ai vu d’autres, croyez-le ! Je n’ai pas oublié votre air intriguant ! Vous vouliez me voler, n’est-ce pas ? C’est raté ! Maintenant il faut que je trouve ce que je vais faire de vous, mais vous ne sortirez pas d’ici vivants !

Il dirige une arme vers eux et tire, mais la fille détourne le projectile d’un coup de lance. Pendant ce temps, Randt a versé sur un barreau de la cage le contenu d’une petite bouteille qu’il a sortie de sa ceinture. Le marchand l’aperçoit et tire une seconde fois. Mais le liquide a été d’une étonnante rapidité : la cage a déjà fondu sous l’effet de l’élixir et les deux intrus sont libres. Le marchand comprend qu’il vient de perdre son avantage et prend la fuite par la porte derrière lui. Mais une douleur dans le dos vient l’interrompre. Il s’écroule. Axelle retire sa lame du cadavre.

  • C’est par ici ! Dit-elle.
  • Oui, c’est bien ce que je pressens. Attention…

Ils entrent dans l’arrière-boutique. Randt se place au milieu de la pièce et prend une petite boîte de son sac. Il s’assied sur le sol et la pose devant lui. Axelle reste en retrait et l’observe. Il ouvre la boîte en murmurant quelques mots. Une sorte de libellule en sort soudain et virevolte devant lui. Elle monte jusqu’au plafond, qu’elle parcourt avant de disparaitre par une faille minuscule. L’homme se lève alors, saute sur un établi, agrippe un marteau et frappe plusieurs fois le plafond à l’endroit désigné par la libellule. Des morceaux de plâtre s’effondrent et révèlent une cachette d’où chutent plusieurs objets. La libellule poursuit l’un des objets et tente d’y entrer désespérément, sans succès.

Cet objet qui gît à présent sur le carreau est une sorte d’urne carrée en métal. Randt saisit l’insecte de sa main, devenue inutile, et la broie. Il place la pierre noire à côté de l’urne et revêt des gants lisses, presque transparents. Il ressent une angoisse rare. Il lance un regard à Axelle, signifiant que le moment tant attendu est arrivé. Il ouvre l’urne et en sort une petite flasque remplie à moitié. Axelle n’a pas bougé, son cœur bat à tout rompre. Il verse avec précaution le contenu de la flasque sur la pierre. Une réaction chimique a lieu instantanément. C’est un poison provenant du crâne du Cralax. Il se répand sur la pierre noire, aberration née des forces inconnues de la terre.

Randt invite Axelle à le rejoindre, le regard aussi effrayé qu’excité par ce qu’ils s’apprêtent à accomplir. Une fumée blanche jaillit de la pierre au fur et à mesure que le poison la pénètre. Elle se propage dans l’air, atteint les voyageurs et entre dans leurs narines. Ils se regardent, comme pour se lancer mutuellement un dernier défi. Ils prennent une profonde respiration et laissent la fumée s’engouffrer dans leurs poumons.

L’effet de la fumée se répand dans leurs corps. Elle pénètre le sang, le cœur, chaque membre. Ils hurlent de douleur, s’effondrent à terre, pleurent des larmes de sang, ressentent une brûlure dans leurs crânes comme si chaque neurone implosait sous l’effet de la substance gazeuse. Ils luttent pour se maintenir en vie, sentent leurs bras se disloquer, leurs jambes se rompre, leurs os s’effriter et se reconstituer puis se briser de plus belle. Il semble que leur vie sera désormais constituée d’une alternance de morts et de résurrections dans une douleur continue. Ils repensent au chemin parcouru, les secrets de l’alchimie, les armes et les sortilèges, les pays, les rois assassinés et les âmes volées, les armées combattues et les pistes vaines. Puis la douleur se fait plus sourde. Elle commence à disparaître mais aucun ne trouve la force pour tenter d’ouvrir les yeux. Seul le repos apparaît comme le remède à cette épreuve. Alors qu’ils commencent à s’apaiser et laisser le sommeil les gagner, ils ressentent une profonde douleur au cœur. Une voix leur parvient au même moment :

  • Salopard, prends ça !

Le soldats transperce le vieil homme et la fille de plusieurs coups de lance. Dans leur délire, ils n’ont pas entendu la brigade entrer dans la boutique, découvrir le marchand sans vie et se précipiter sur eux, les armes à la main. Le vieil homme et la fille baignent maintenant dans leurs sangs qui s’écoulent et se mêlent sur le sol poussiéreux.

Les soldats traînent les cadavres hors de l’atelier du taxidermiste, laissant derrière eux une trainée rougeâtre. Ils frappent du pied les corps inertes des deux assassins. « Ces deux-là n’ont eu que ce qu’ils méritent, qu’ils pourrissent en enfer ! ». Ils les placent sur une voiture jusqu’au cimetière et jettent leurs corps dans la fosse. « Attends, j’y aurais bien pris ses bottes à la gosse…il y avait peut-être de l’or aussi ? », dit l’un d’entre eux. Mais les corps gisent maintenant au milieu d’autres cadavres en décomposition. Personne n’aura le courage d’y descendre. Peut-être quelque charognard, mû par la faim, pour arracher un morceau de viande encore chaude ? [Musique : Dans la fosse]

Dans l’arrière-boutique, la pierre noire a totalement disparu, dévorée par la seule substance capable de l’affecter, le poison du Cralax. A part le sang qui sèche dans la poussière et les débris de plâtre, il n’y a plus aucune trace du passage des deux voyageurs.

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