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M. Fall Ould Bah: «La Mauritanie vit sans attaque terroriste depuis 2011, c’est un point positif pour le président»

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En Mauritanie, sept candidats sont en lice pour la présidentielle de samedi prochain. Parmi eux, le président sortant, Mohamed Ould Ghazouani, au pouvoir depuis cinq ans. Quels sont les points forts et les points faibles de son bilan ? Quelles sont les chances de ses adversaires ? Y a-t-il un effet PASTEF à Nouakchott ? Éclairage avec l'anthropologue mauritanien Mohammed Fall Ould Bah qui dirige le CEROS, le Centre d'Études et de Recherches sur l'Ouest Saharien. En ligne de Nouakchott, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Mohammed Fall Ould Bah, depuis 2011, il n'y a eu aucune attaque terroriste sur le territoire mauritanien. Est-ce que cette donnée va compter dans le choix des électeurs le 29 juin ?

Mohammed Fall Ould Bah : On sait que, depuis 2011, il n'y a pas eu d'attaque, de véritable attaque terroriste et que ça c'est important par rapport à tous les pays de la région et ça, c'est incontestable, que c'est un acquis. La Mauritanie vit depuis 2011 sans la menace permanente d'actions terroristes.

Et ça, c'est un point positif pour le président sortant ?

C'est incontestablement un point positif, même s’il y en a qui pensent qu'effectivement il n’y est pour rien, mais il y en a qui pensent que, même quand il était à l'état-major, même du temps du président Aziz, le général Ghazouani, qui était chef d’état-major, a eu à gérer ce dossier. Donc, il y est pour quelque chose dans cette situation.

À l'heure actuelle, un tiers des quelque 5 millions de Mauritaniens continuent de vivre sous le seuil de pauvreté. Est-ce que cette situation peut profiter à l'opposition ou pas ?

Il est incontestable que la pauvreté perdure. Des fonds qui sont mobilisés autour d'opérations, ça prend du temps, et tout le monde vous dira en Mauritanie, ça n'arrive pas toujours vers les destinataires, vers les pauvres.

À cause de la corruption ?

À cause de la corruption, absolument !

Est-ce que le pouvoir a fait quelque chose pour les retraites ou pour l'assurance maladie ?

À ma connaissance, il y a eu une augmentation des pensions de retraite, il y a eu un effort qui a été fait au niveau de l'assurance maladie.

Parmi les adversaires du président sortant, il y a le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, qui est arrivé deuxième en 2019 avec plus de 18% des voix. Quelles sont ses chances cette année ?

À en juger par les meetings qui passent à la télévision chaque soir, effectivement, la compétition semble être essentiellement entre le président Ghazouani et le président Biram. Ça ne veut pas du tout dire que les autres sont absents et ça ne veut pas du tout dire que des surprises ne peuvent pas venir. Il est extrêmement difficile aujourd'hui, en l'absence de sondages, en l'absence de véritables appréciations statistiques de la situation, il est extrêmement complexe d'évaluer les chances des uns ou des autres.

Autre candidat de l'opposition, Ahmadi Hould Sidi Al Mokhtar du parti islamiste Tawassoul. Il se trouve que ce parti a beaucoup de députés à l'Assemblée nationale. Est-ce que cela ne peut pas l'aider dans sa campagne ?

Je pense que le parti Tawassoul bénéficie d'énormément de préjugés positifs. C'est l'islam, c'est la modération, c'est l'égalité, c'est la justice. Ce qui est sûr, c'est que, dans l'esprit des Mauritaniens, le parti Tawassoul qui est présent sur le terrain, présent en termes d'action sociale en particulier, c’est-à-dire en termes de service de santé, en termes de services sociaux et en termes de culture islamique en général, ça reste important en Mauritanie. Ceci étant, en l'état actuel des choses, effectivement, il est difficile de préjuger de ce que seront les scores.

Autre candidat, l'avocat El Id Mohameden Mbarek, qui porte les couleurs du Frud et qui se veut le candidat de la jeunesse, est-ce qu'il peut bénéficier de l'effet du Pastef dans le pays voisin, le Sénégal ?

Écoutez, je pense que l'effet Pastef , il n’est oublié par personne en réalité, même si la plupart des gens essaient d'en minimiser les faits sur la Mauritanie, même si beaucoup de gens sont là pour dire : « Attention, la Mauritanie, ce n'est pas le Sénégal, la situation de la démocratie en Mauritanie est très loin d'avoir la maturité de celle du Sénégal, et cetera, et cetera. » Ceci étant, il y a énormément de points qui rapprochent effectivement les deux expériences. D'abord, maître El Id vient effectivement d'une zone qui n'est pas très loin du Sénégal, une zone frontalière avec le Sénégal. Je pense que l'effet Pastef ne sera pas totalement absent des élections mauritaniennes et je pense que l'effet Pastef sera partagé entre Maître El Id et le professeur Outouma Soumaré. Je pense que tous les deux, chacun sur certains points de vue, représentent un peu l'effet Pastef.

Depuis 1989, il y a un passif humanitaire en Mauritanie, c'est-à-dire des disparitions et des expulsions de nombreux Mauritaniens noirs. Est-ce que cela compte aujourd'hui dans la campagne électorale ?

Je pense que ça compte évidemment. Ça compte et c'est extrêmement important. Le Président Ghazouani a une proposition à ce niveau. Tous les candidats ont des propositions au niveau du passif humanitaire et ont, en tout cas, la volonté de purger ce passif humanitaire. Maintenant, comment traiter ce passif-là, l'identification des victimes, l'identification des abus et donc, comment faire une évaluation réelle de ce passif humanitaire ? J'ai écouté un tout petit peu les avis de plusieurs candidats sur cette question. Je pense que la volonté y est. Maintenant, des propositions concrètes de résolution, d'apurement de ce passif, ça je ne pense pas qu'il y ait eu une définition des modalités pratiques et surtout consensuelles de solutions de ce problème-là.

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RFI : Mohammed Fall Ould Bah, depuis 2011, il n'y a eu aucune attaque terroriste sur le territoire mauritanien. Est-ce que cette donnée va compter dans le choix des électeurs le 29 juin ?

Mohammed Fall Ould Bah : On sait que, depuis 2011, il n'y a pas eu d'attaque, de véritable attaque terroriste et que ça c'est important par rapport à tous les pays de la région et ça, c'est incontestable, que c'est un acquis. La Mauritanie vit depuis 2011 sans la menace permanente d'actions terroristes.

Et ça, c'est un point positif pour le président sortant ?

C'est incontestablement un point positif, même s’il y en a qui pensent qu'effectivement il n’y est pour rien, mais il y en a qui pensent que, même quand il était à l'état-major, même du temps du président Aziz, le général Ghazouani, qui était chef d’état-major, a eu à gérer ce dossier. Donc, il y est pour quelque chose dans cette situation.

À l'heure actuelle, un tiers des quelque 5 millions de Mauritaniens continuent de vivre sous le seuil de pauvreté. Est-ce que cette situation peut profiter à l'opposition ou pas ?

Il est incontestable que la pauvreté perdure. Des fonds qui sont mobilisés autour d'opérations, ça prend du temps, et tout le monde vous dira en Mauritanie, ça n'arrive pas toujours vers les destinataires, vers les pauvres.

À cause de la corruption ?

À cause de la corruption, absolument !

Est-ce que le pouvoir a fait quelque chose pour les retraites ou pour l'assurance maladie ?

À ma connaissance, il y a eu une augmentation des pensions de retraite, il y a eu un effort qui a été fait au niveau de l'assurance maladie.

Parmi les adversaires du président sortant, il y a le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, qui est arrivé deuxième en 2019 avec plus de 18% des voix. Quelles sont ses chances cette année ?

À en juger par les meetings qui passent à la télévision chaque soir, effectivement, la compétition semble être essentiellement entre le président Ghazouani et le président Biram. Ça ne veut pas du tout dire que les autres sont absents et ça ne veut pas du tout dire que des surprises ne peuvent pas venir. Il est extrêmement difficile aujourd'hui, en l'absence de sondages, en l'absence de véritables appréciations statistiques de la situation, il est extrêmement complexe d'évaluer les chances des uns ou des autres.

Autre candidat de l'opposition, Ahmadi Hould Sidi Al Mokhtar du parti islamiste Tawassoul. Il se trouve que ce parti a beaucoup de députés à l'Assemblée nationale. Est-ce que cela ne peut pas l'aider dans sa campagne ?

Je pense que le parti Tawassoul bénéficie d'énormément de préjugés positifs. C'est l'islam, c'est la modération, c'est l'égalité, c'est la justice. Ce qui est sûr, c'est que, dans l'esprit des Mauritaniens, le parti Tawassoul qui est présent sur le terrain, présent en termes d'action sociale en particulier, c’est-à-dire en termes de service de santé, en termes de services sociaux et en termes de culture islamique en général, ça reste important en Mauritanie. Ceci étant, en l'état actuel des choses, effectivement, il est difficile de préjuger de ce que seront les scores.

Autre candidat, l'avocat El Id Mohameden Mbarek, qui porte les couleurs du Frud et qui se veut le candidat de la jeunesse, est-ce qu'il peut bénéficier de l'effet du Pastef dans le pays voisin, le Sénégal ?

Écoutez, je pense que l'effet Pastef , il n’est oublié par personne en réalité, même si la plupart des gens essaient d'en minimiser les faits sur la Mauritanie, même si beaucoup de gens sont là pour dire : « Attention, la Mauritanie, ce n'est pas le Sénégal, la situation de la démocratie en Mauritanie est très loin d'avoir la maturité de celle du Sénégal, et cetera, et cetera. » Ceci étant, il y a énormément de points qui rapprochent effectivement les deux expériences. D'abord, maître El Id vient effectivement d'une zone qui n'est pas très loin du Sénégal, une zone frontalière avec le Sénégal. Je pense que l'effet Pastef ne sera pas totalement absent des élections mauritaniennes et je pense que l'effet Pastef sera partagé entre Maître El Id et le professeur Outouma Soumaré. Je pense que tous les deux, chacun sur certains points de vue, représentent un peu l'effet Pastef.

Depuis 1989, il y a un passif humanitaire en Mauritanie, c'est-à-dire des disparitions et des expulsions de nombreux Mauritaniens noirs. Est-ce que cela compte aujourd'hui dans la campagne électorale ?

Je pense que ça compte évidemment. Ça compte et c'est extrêmement important. Le Président Ghazouani a une proposition à ce niveau. Tous les candidats ont des propositions au niveau du passif humanitaire et ont, en tout cas, la volonté de purger ce passif humanitaire. Maintenant, comment traiter ce passif-là, l'identification des victimes, l'identification des abus et donc, comment faire une évaluation réelle de ce passif humanitaire ? J'ai écouté un tout petit peu les avis de plusieurs candidats sur cette question. Je pense que la volonté y est. Maintenant, des propositions concrètes de résolution, d'apurement de ce passif, ça je ne pense pas qu'il y ait eu une définition des modalités pratiques et surtout consensuelles de solutions de ce problème-là.

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