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Crise Bénin-Niger: «Avoir accepté de recevoir d'anciens présidents béninois est déjà de bon augure»

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Va-t-on vers un apaisement entre le Niger et le Bénin ? Depuis bientôt cinq mois, le Niger refuse de rouvrir sa frontière avec le Bénin. Mais la semaine dernière, deux anciens chefs d'État du Bénin ont été accueillis au Niger par le chef du régime militaire, le général Tiani. Et aujourd'hui, on apprend qu'une délégation du Niger pourrait être bientôt reçue au Bénin par le président Talon. Le juriste Théodore Holo a été ministre béninois des Affaires étrangères. Il a présidé aussi la Cour constitutionnelle de Cotonou. En ligne du Bénin, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Comment expliquez-vous que le Niger ait accepté de rouvrir sa frontière avec le Nigeria et pas avec le Bénin ?

Théodore Holo : Il y a de très bonnes relations entre les populations de part et d'autre des frontières au nord du Nigeria et au sud du Niger. Des anciens présidents du Nigeria sont allés aussi en médiation parce qu’ils ont dissuadé le président Bola Tinubu de mettre en œuvre la décision d'intervenir militairement au Niger. Cela a amené les dirigeants du Niger à penser que le Nigeria n'était pas leur ennemi et ne pouvait pas s'opposer aux Nigériens. Mais le Bénin est le maillon faible de la chaîne. Et il y a une sanction directe qui est le fait que le port de Cotonou rapporte également au Bénin beaucoup de ressources, à peu près 20 à 30% de ses ressources, grâce au transit des produits à destination du Niger. Je crois que nous sommes plus faibles que le Nigeria et on a voulu nous tirer davantage les oreilles. C'est comme ça qu'il faudrait le comprendre parce qu’il n’y a pas de raison, une fois que le Bénin a décidé d'ouvrir les frontières, que le Niger n'en fasse pas autant. Le Niger a évoqué des problèmes de sécurité, de présence de bases militaires qui constitueraient une menace pour la sécurité des nouveaux dirigeants de ce pays-frère.

Oui, pour justifier cette frontière toujours fermée avec le Bénin, le Premier ministre du Niger a accusé le Bénin d'abriter « des bases militaires où l'on entraîne des terroristes qui doivent venir déstabiliser le Niger » …

Je crois que cet argument, à mon avis, n'est pas fondé. En tout cas, je n'ai pas d’éléments concrets pour soutenir le point de vue du Premier ministre du Niger. C'est peut-être un argument pour justifier le maintien de la fermeture des frontières.

Alors, vu la frontière fermée entre le Niger et le Bénin, une partie du trafic de marchandises en provenance ou à destination du Niger ne passe plus par le Bénin, mais par le Togo. Est-ce que, dès le mois d'août dernier, ce pays, le Togo, n'a pas adopté une attitude différente des autres pays de la Cédéao à l'égard du régime putschiste du Niger ?

Le Togo n'a pas la même adhésion aux valeurs de la Cédéao. Je voudrais rappeler que le Togo fait partie des pays qui refusent la limitation du nombre de mandats des présidents de la République, souhaité par un projet de protocole au niveau de la Cédéao. [NDLR : depuis la révision constitutionnelle de 2019, ce n’est plus le cas]. Je voudrais rappeler que la Cédéao, en son temps, en 2005, avait également essayé de s'opposer à l'arrivée au pouvoir du président Faure Gnassingbé, ministre des Travaux publics, à la tête de l'État, alors qu'il était prévu dans la Constitution que ce soit le président de l'Assemblée nationale qui doive lui succéder.

Fambaré Natchaba…

Natchaba, qui était président de l'Assemblée nationale. Donc il y a cette frustration, certainement, qui explique cette attitude de complaisance vis-à-vis du Niger de la part du Togo.

Est-ce que, derrière ce bras de fer actuel entre le Bénin et le Niger, il n'y a pas un autre bras de fer plus ancien historiquement entre le Bénin et le Togo ?

Vous savez quenous avons toujours des difficultés avec le Togo, puisque vous savez qu’une ancienne ministre de la Justice, garde des sceaux du Bénin, Reckya Madougou, qui fut conseiller spécial du président Faure, est actuellement en détention pour avoir voulu être candidate à l'élection présidentielle.

Au Bénin…

Au Bénin, où elle a été condamnée pour terrorisme par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Et les interventions des présidents togolais, sénégalais, même ivoirien n'y ont rien fait. Il y a peut-être également cette frustration qui peut justifier ce coup que joue le Togo au Bénin, certainement.

La semaine dernière, deux anciens présidents béninois, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, ont été reçus à Niamey par le général Tiani, le numéro un du régime militaire nigérien. Cela est-il de bon augure à votre avis ?

Qu'il ait accepté de recevoir d’anciens présidents de la République est déjà de bon augure. Que les anciens présidents de la République, à la différence de ce qu’ont fait les anciens présidents du Nigeria, n’aient pas exigé le retour au pouvoir de Bazoum, cela permet à mon avis de discuter, d'écouter les arguments des uns et des autres et de voir les concessions nécessaires qu'il est possible de faire pour retrouver la quiétude entre les deux États, puisque nous sommes condamnés à vivre ensemble. Et je crois que les anciens présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo ont rendu compte au président Talon des résultats de leur mission, et je crois savoir qu’il y aura une arrivée certainement d'une délégation du Niger, pour qu’au moins les voies de la négociation soient ouvertes et que les concessions nécessaires puissent être faites afin que les choses redeviennent normales.

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RFI : Comment expliquez-vous que le Niger ait accepté de rouvrir sa frontière avec le Nigeria et pas avec le Bénin ?

Théodore Holo : Il y a de très bonnes relations entre les populations de part et d'autre des frontières au nord du Nigeria et au sud du Niger. Des anciens présidents du Nigeria sont allés aussi en médiation parce qu’ils ont dissuadé le président Bola Tinubu de mettre en œuvre la décision d'intervenir militairement au Niger. Cela a amené les dirigeants du Niger à penser que le Nigeria n'était pas leur ennemi et ne pouvait pas s'opposer aux Nigériens. Mais le Bénin est le maillon faible de la chaîne. Et il y a une sanction directe qui est le fait que le port de Cotonou rapporte également au Bénin beaucoup de ressources, à peu près 20 à 30% de ses ressources, grâce au transit des produits à destination du Niger. Je crois que nous sommes plus faibles que le Nigeria et on a voulu nous tirer davantage les oreilles. C'est comme ça qu'il faudrait le comprendre parce qu’il n’y a pas de raison, une fois que le Bénin a décidé d'ouvrir les frontières, que le Niger n'en fasse pas autant. Le Niger a évoqué des problèmes de sécurité, de présence de bases militaires qui constitueraient une menace pour la sécurité des nouveaux dirigeants de ce pays-frère.

Oui, pour justifier cette frontière toujours fermée avec le Bénin, le Premier ministre du Niger a accusé le Bénin d'abriter « des bases militaires où l'on entraîne des terroristes qui doivent venir déstabiliser le Niger » …

Je crois que cet argument, à mon avis, n'est pas fondé. En tout cas, je n'ai pas d’éléments concrets pour soutenir le point de vue du Premier ministre du Niger. C'est peut-être un argument pour justifier le maintien de la fermeture des frontières.

Alors, vu la frontière fermée entre le Niger et le Bénin, une partie du trafic de marchandises en provenance ou à destination du Niger ne passe plus par le Bénin, mais par le Togo. Est-ce que, dès le mois d'août dernier, ce pays, le Togo, n'a pas adopté une attitude différente des autres pays de la Cédéao à l'égard du régime putschiste du Niger ?

Le Togo n'a pas la même adhésion aux valeurs de la Cédéao. Je voudrais rappeler que le Togo fait partie des pays qui refusent la limitation du nombre de mandats des présidents de la République, souhaité par un projet de protocole au niveau de la Cédéao. [NDLR : depuis la révision constitutionnelle de 2019, ce n’est plus le cas]. Je voudrais rappeler que la Cédéao, en son temps, en 2005, avait également essayé de s'opposer à l'arrivée au pouvoir du président Faure Gnassingbé, ministre des Travaux publics, à la tête de l'État, alors qu'il était prévu dans la Constitution que ce soit le président de l'Assemblée nationale qui doive lui succéder.

Fambaré Natchaba…

Natchaba, qui était président de l'Assemblée nationale. Donc il y a cette frustration, certainement, qui explique cette attitude de complaisance vis-à-vis du Niger de la part du Togo.

Est-ce que, derrière ce bras de fer actuel entre le Bénin et le Niger, il n'y a pas un autre bras de fer plus ancien historiquement entre le Bénin et le Togo ?

Vous savez quenous avons toujours des difficultés avec le Togo, puisque vous savez qu’une ancienne ministre de la Justice, garde des sceaux du Bénin, Reckya Madougou, qui fut conseiller spécial du président Faure, est actuellement en détention pour avoir voulu être candidate à l'élection présidentielle.

Au Bénin…

Au Bénin, où elle a été condamnée pour terrorisme par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Et les interventions des présidents togolais, sénégalais, même ivoirien n'y ont rien fait. Il y a peut-être également cette frustration qui peut justifier ce coup que joue le Togo au Bénin, certainement.

La semaine dernière, deux anciens présidents béninois, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, ont été reçus à Niamey par le général Tiani, le numéro un du régime militaire nigérien. Cela est-il de bon augure à votre avis ?

Qu'il ait accepté de recevoir d’anciens présidents de la République est déjà de bon augure. Que les anciens présidents de la République, à la différence de ce qu’ont fait les anciens présidents du Nigeria, n’aient pas exigé le retour au pouvoir de Bazoum, cela permet à mon avis de discuter, d'écouter les arguments des uns et des autres et de voir les concessions nécessaires qu'il est possible de faire pour retrouver la quiétude entre les deux États, puisque nous sommes condamnés à vivre ensemble. Et je crois que les anciens présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo ont rendu compte au président Talon des résultats de leur mission, et je crois savoir qu’il y aura une arrivée certainement d'une délégation du Niger, pour qu’au moins les voies de la négociation soient ouvertes et que les concessions nécessaires puissent être faites afin que les choses redeviennent normales.

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