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Piller l'État

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On n'imagine pas à quel point un Etat peut être vulnérable, lorsqu'un homme politique se laisse « acheter » par des hommes d'affaires véreux, sachant flairer le politicien avec un potentiel, et même des chances d'accéder à la magistrature suprême ! Un homme (ou une femme) qui, une fois aux affaires, leur renverra l'ascenseur, les laissant piller, pourquoi pas, les entreprises d'État, l'État… Un peu comme les Gupta, en Afrique du Sud, sous Jacob Zuma.

L’Afrique du Sud semble perplexe, face à la coïncidence entre l’arrestation, en début de semaine à Dubaï, de deux frères Gupta impliqués dans le pillage de l’Etat sous Jacob Zuma, et la suspension de la Médiatrice de la République, en charge de la lutte contre la corruption, par le président Ramaphosa, qu’elle poursuit. Comment expliquer que les mandats de tous les successeurs de Mandela soient entachés par de tels scandales ?

Mandela avait voulu, à la fin de l’apartheid, l’émergence d’une élite économique noire. Des fortunes ont alors vu le jour, qui s’apparentent aux oligarques, en Russie. Madiba demandait implicitement aux leaders de l’ANC de choisir entre faire partie de la direction politique du pays et s’enrichir. Syndicaliste avisé, Ramaphosa avait alors préféré aller faire fortune, et n’est revenu à la vie politique active que plus tard. Zuma, lui, voulait et le pouvoir et l’argent. C’est ce qui l’a si souvent conduit aux fréquentations peu recommandables, qu’il traîne comme autant de boulets. Pour couvrir ses arrières, il tentera, en vain, de positionner son ex-épouse, pour lui succéder. Puis il a nommé cette médiatrice, qui n’a cessé de le protéger.

Il faudra, certes, éclaircir l’affaire des cambrioleurs de la ferme de Ramaphosa. Mais, l’affaire Gupta est autrement plus grave. Et, pour être juste, Thabo Mbeki n’était pas corrompu. Il avait juste tenté, maladroitement, d’empêcher Zuma, qu’il considérait comme corrompu, de s’asseoir dans un fauteuil sanctifié par Mandela, et que lui-même avait valablement occupé. C’est ce qui lui a valu d’être contraint à la démission, mais l’histoire lui a largement donné raison, depuis.

Mandela n’a-t-il pas involontairement introduit le virus de l’avidité dans le pays ?

Nullement ! Un leader, si éclairé soit-il, ne peut prévoir comment peuvent être perverties dans le futur, les orientations qu’il donne. Au lendemain des indépendances, Félix Houphouët-Boigny aussi avait voulu que l’élite politique qui l’entourait s’enrichisse, pour générer une bourgeoisie nationale, à laquelle il demandait de faire ruisseler vers les communautés dont elle était issue ce qu’elle engrangeait de sa proximité avec le pouvoir. Il n’empêche que, recevant les rapports sur la fortune astronomique d’un patron des Douanes, le « Vieux », avec ce calme qui le caractérisait, s’exclamera : « C’est à moi qu’incombe la faute ! Je l’ai laissé trop longtemps à ce poste ! ».

Pour sévir contre ces abus scandaleux, le « Vieux » s’appuie alors sur un ingénieur français, directeur des Grands Travaux. Sans être au gouvernement, Antoine Césaréo, dans les années 1980, était redouté des ministres et de tous.

Mais Césaréo commençait à prendre trop d’importance. Aussi, le jour de la réception des clés de la basilique de Yamoussoukro, dont il supervisait la construction, il est subitement congédié par Houphouët-Boigny. Très vite, le « Vieux » réalise qu’il lui faut quelqu’un d’autre, pour tempérer la gloutonnerie ambiante. Il charge alors un certain Alassane Dramane Ouattara, gouverneur de la BCEAO, de coordonner l’action gouvernementale. Celui-ci avait l’avantage d’être peu connu des Ivoiriens, pour avoir fait ses études à l’étranger, et n’avoir jamais travaillé au pays. Il le nomme finalement Premier ministre. La suite, on la connaît…

Ce que l’on voit aujourd’hui sur le continent n’est-il donc que la suite de ce qui prévalait sous Houphouët-Boigny ?

On dira : la finesse, en moins. Aujourd’hui, tout commerçant véreux, qui a su miser sur un homme politique plus ou moins vulnérable, qu’il finance durant son parcours ou dans sa conquête du pouvoir, se sent le droit de s’engraisser sur le dos du peuple, une fois son « poulain » aux affaires. Margoulins, hommes de paille et autres Gupta surgissent alors, pour non seulement s’enrichir, mais aussi piller l’Etat et peser sur ses décisions majeures. Souvent, avec la complicité de quelques hauts fonctionnaires cupides.

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L’Afrique du Sud semble perplexe, face à la coïncidence entre l’arrestation, en début de semaine à Dubaï, de deux frères Gupta impliqués dans le pillage de l’Etat sous Jacob Zuma, et la suspension de la Médiatrice de la République, en charge de la lutte contre la corruption, par le président Ramaphosa, qu’elle poursuit. Comment expliquer que les mandats de tous les successeurs de Mandela soient entachés par de tels scandales ?

Mandela avait voulu, à la fin de l’apartheid, l’émergence d’une élite économique noire. Des fortunes ont alors vu le jour, qui s’apparentent aux oligarques, en Russie. Madiba demandait implicitement aux leaders de l’ANC de choisir entre faire partie de la direction politique du pays et s’enrichir. Syndicaliste avisé, Ramaphosa avait alors préféré aller faire fortune, et n’est revenu à la vie politique active que plus tard. Zuma, lui, voulait et le pouvoir et l’argent. C’est ce qui l’a si souvent conduit aux fréquentations peu recommandables, qu’il traîne comme autant de boulets. Pour couvrir ses arrières, il tentera, en vain, de positionner son ex-épouse, pour lui succéder. Puis il a nommé cette médiatrice, qui n’a cessé de le protéger.

Il faudra, certes, éclaircir l’affaire des cambrioleurs de la ferme de Ramaphosa. Mais, l’affaire Gupta est autrement plus grave. Et, pour être juste, Thabo Mbeki n’était pas corrompu. Il avait juste tenté, maladroitement, d’empêcher Zuma, qu’il considérait comme corrompu, de s’asseoir dans un fauteuil sanctifié par Mandela, et que lui-même avait valablement occupé. C’est ce qui lui a valu d’être contraint à la démission, mais l’histoire lui a largement donné raison, depuis.

Mandela n’a-t-il pas involontairement introduit le virus de l’avidité dans le pays ?

Nullement ! Un leader, si éclairé soit-il, ne peut prévoir comment peuvent être perverties dans le futur, les orientations qu’il donne. Au lendemain des indépendances, Félix Houphouët-Boigny aussi avait voulu que l’élite politique qui l’entourait s’enrichisse, pour générer une bourgeoisie nationale, à laquelle il demandait de faire ruisseler vers les communautés dont elle était issue ce qu’elle engrangeait de sa proximité avec le pouvoir. Il n’empêche que, recevant les rapports sur la fortune astronomique d’un patron des Douanes, le « Vieux », avec ce calme qui le caractérisait, s’exclamera : « C’est à moi qu’incombe la faute ! Je l’ai laissé trop longtemps à ce poste ! ».

Pour sévir contre ces abus scandaleux, le « Vieux » s’appuie alors sur un ingénieur français, directeur des Grands Travaux. Sans être au gouvernement, Antoine Césaréo, dans les années 1980, était redouté des ministres et de tous.

Mais Césaréo commençait à prendre trop d’importance. Aussi, le jour de la réception des clés de la basilique de Yamoussoukro, dont il supervisait la construction, il est subitement congédié par Houphouët-Boigny. Très vite, le « Vieux » réalise qu’il lui faut quelqu’un d’autre, pour tempérer la gloutonnerie ambiante. Il charge alors un certain Alassane Dramane Ouattara, gouverneur de la BCEAO, de coordonner l’action gouvernementale. Celui-ci avait l’avantage d’être peu connu des Ivoiriens, pour avoir fait ses études à l’étranger, et n’avoir jamais travaillé au pays. Il le nomme finalement Premier ministre. La suite, on la connaît…

Ce que l’on voit aujourd’hui sur le continent n’est-il donc que la suite de ce qui prévalait sous Houphouët-Boigny ?

On dira : la finesse, en moins. Aujourd’hui, tout commerçant véreux, qui a su miser sur un homme politique plus ou moins vulnérable, qu’il finance durant son parcours ou dans sa conquête du pouvoir, se sent le droit de s’engraisser sur le dos du peuple, une fois son « poulain » aux affaires. Margoulins, hommes de paille et autres Gupta surgissent alors, pour non seulement s’enrichir, mais aussi piller l’Etat et peser sur ses décisions majeures. Souvent, avec la complicité de quelques hauts fonctionnaires cupides.

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