Artwork

Contenu fourni par France Médias Monde. Tout le contenu du podcast, y compris les épisodes, les graphiques et les descriptions de podcast, est téléchargé et fourni directement par France Médias Monde ou son partenaire de plateforme de podcast. Si vous pensez que quelqu'un utilise votre œuvre protégée sans votre autorisation, vous pouvez suivre le processus décrit ici https://fr.player.fm/legal.
Player FM - Application Podcast
Mettez-vous hors ligne avec l'application Player FM !

Gaza: «les États-Unis démontrent leur incapacité et leur manque de volonté à transformer la situation»

7:53
 
Partager
 

Manage episode 440949773 series 1132781
Contenu fourni par France Médias Monde. Tout le contenu du podcast, y compris les épisodes, les graphiques et les descriptions de podcast, est téléchargé et fourni directement par France Médias Monde ou son partenaire de plateforme de podcast. Si vous pensez que quelqu'un utilise votre œuvre protégée sans votre autorisation, vous pouvez suivre le processus décrit ici https://fr.player.fm/legal.

C’est toujours la consternation après la vague d'explosions mardi 17 et mercredi 18 septembre de bipeurs et de talkies-walkies, piégés par Israël pour viser des membres du Hezbollah. L'ONU et Washington ont mis en garde contre une « escalade » après cette attaque sans précédent qui a encore ravivé les craintes d'un embrasement du Proche-Orient. Les libanais s’interrogent sur l'impuissance des États-Unis à influencer la stratégie israélienne pour avancer vers au moins un apaisement. Entretien avec Philip Golub, professeur de relations internationales à l’université américaine de Paris.

RFI : Le Hezbollah a lancé des dizaines de roquettes vers le nord d'Israël. Le mouvement libanais dit avoir visé trois sites militaires, sa première réaction après la série d'explosions simultanées de bipers mardi et de talkies-walkies le lendemain. Ces attaques, imputées à l'État d'Israël, ont fait 37 morts et 3 000 blessés, essentiellement parmi les membres du Hezbollah. Le chef du mouvement a reconnu jeudi que son organisation avait reçu un coup sévère, mais a aussi promis de riposter. Ainsi, la tension ne retombe pas, loin de là, et le grand allié américain d'Israël s'est contenté de répéter qu'il n'était pas au courant de cette opération absolument inédite. Est-ce que ça vous semble possible que les services américains n'aient pas eu connaissance de tout cela ?

Oui, tout à fait. Depuis le début de la guerre à Gaza, les dirigeants israéliens maintiennent à la fois des contacts étroits avec les États-Unis et les services américains, mais en même temps organisent leurs opérations de façon autonome. Il me parait tout à fait possible que les États-Unis n'aient pas été au courant de l'opération. En tout cas, pas en temps réel.

Aujourd'hui, la tension augmente encore, avec le risque de déplacer le conflit de Gaza vers le nord d'Israël. Les tirs étaient déjà quasiment quotidiens, la tension s'accentue encore. Le secrétaire d'État américain est en ce moment à Paris, pour une réunion qui est consacrée justement au Proche-Orient, lui qui a déjà effectué de nombreuses visites dans la région sans aucun résultat. Est-ce que c'est par manque de volonté politique ou par manque de leviers ?

Les deux explications sont appropriées. Au tout début de la guerre de Gaza, le jour après le 7 octobre, le président américain Joe Biden a publiquement enjoint son allié israélien à ne pas commettre les mêmes erreurs que les États-Unis après le 11 septembre 2001 et de ne pas réagir avec de la rage, mais avec de la raison. Donc, de ne pas étendre la guerre au Liban. Car, peu après le jour qui a suivi l'attaque du 7 octobre, il y a eu des voix influentes au sein de l'administration du gouvernement Netanyahu pour étendre la guerre tout de suite en direction du Liban et contre le Hezbollah en particulier.

Les États-Unis, depuis un an, démontrent à la fois une incapacité et un manque de volonté à transformer la situation sur le terrain, ils n'ont pas utilisé le seul levier à leur disposition pour changer la politique israélienne et mener à des négociations et la libération des otages. À savoir un embargo sur les armes ou une limitation très stricte de l'envoi d'armes en direction d'Israël. Et ce, pour des raisons qui ont trait à la fois à l'engagement personnel du président actuel des États-Unis envers Israël, mais aussi au soutien politique très puissant dont dispose le gouvernement Netanyahu parmi les forces de la droite républicaine aux États-Unis.

Donc, il y a des raisons de politique intérieure et des raisons d'engagement personnel du président qui expliquent le manque de volonté et le manque de moyens, de leviers. Parce que, si la volonté n'est pas là, le levier n'est pas là.

À lire aussiExplosions au Liban: le Hezbollah admet avoir reçu «un coup sans précédent» et promet une riposte «terrible»

Il faut rappeler que le contexte est particulier aux États-Unis, le mandat de Joe Biden touche à sa fin. Dans le Wall Street Journal, des responsables américains reconnaissent, après avoir expliqué le contraire pendant des semaines et des semaines, qu'il ne sera pas possible de parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza avant la fin de ce mandat. C'est un aveu d'échec pour le président américain sortant ?

Je pense que oui. Cela souligne le fait que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est en train d'instrumentaliser cette situation de la transition en cours à Washington pour pouvoir agir avec une grande impunité par rapport à l'allié américain. Dans les semaines à venir, je pense que l'on verra une intensification des combats et possiblement une expansion régionale de la guerre.

Donc le fait que les États-Unis soient en campagne en ce moment pour la présidentielle du 5 novembre, cela a une incidence forte selon vous sur cette situation, sur cette impasse ?

C'est une incidence dans la mesure où Netanyahu pense qu'il allait couder plus franche, les mains plus libres actuellement qu'avant, même s'il avait déjà avant les mains relativement libres par rapport au grand allié américain. Mais là, étant donné le fait que le président actuel est en instance de départ et que l'élection n'a pas eu lieu, Netanyahu et son administration semblent estimer qu'ils ont une fenêtre d'opportunité pour faire ce qu'ils n'ont pas pu faire au lendemain du 7 octobre au Liban vis-à-vis du Hezbollah.

Est-ce que c'est vraiment le cas ? Est-ce que l'administration israélienne a effectivement davantage de marge de manœuvre en ce moment, pendant la campagne électorale aux États-Unis ?

Par rapport aux États-Unis, oui. Par rapport à la situation globale, stratégique d'Israël, peut-être pas. L'armée israélienne, les forces de défense israéliennes sont, d'après tous les rapports que l'on peut lire, en état de fatigue importante. Les réservistes, en particulier, ont été sur-utilisés dans la bande de Gaza. La situation politique intérieure en Israël ne s'est pas améliorée. Les divisions sont de plus en plus profondes au sein d'Israël et c'est probablement l'une des raisons – ce n'est pas la seule raison, mais une des raisons – qui expliquerait que Netanyahu veuille étendre le front de la guerre pour ne pas se confronter la situation politique intérieure israélienne. Au moment où la guerre sera terminée, la confrontation sera sans doute très grave pour lui.

Du côté des États-Unis, a priori, si Donald Trump remporte la présidentielle, il n'y aura pas de changement de ligne. Qu'est-ce qui pourrait se passer si kamala Harris devenait présidente des États-Unis ?

On est là dans le domaine des suppositions plutôt que des réalités. Nous ne savons pas exactement. D'après les déclarations liminaires de Kamala Harris au cours des dernières semaines et des derniers mois, je pense qu'il y aura une réorientation limitée de la politique américaine vis-à-vis du conflit à Gaza, mais aussi du Moyen-Orient en général. Les conseillers les plus influents de Kamala Harris en politique internationale – je pense à Philip Gordon, en particulier – sont des réalistes en politique internationale qui ont une optique sur le conflit moyen-oriental qui serait plus alignée, par exemple, sur celle de Barack Obama, et donc plus équilibrée que celle d'aujourd'hui et des administrations précédentes.

À lire aussiDiscours du chef du Hezbollah: l'inquiétude d'une escalade partagée entre Libanais et Israéliens

  continue reading

129 episodes

Artwork
iconPartager
 
Manage episode 440949773 series 1132781
Contenu fourni par France Médias Monde. Tout le contenu du podcast, y compris les épisodes, les graphiques et les descriptions de podcast, est téléchargé et fourni directement par France Médias Monde ou son partenaire de plateforme de podcast. Si vous pensez que quelqu'un utilise votre œuvre protégée sans votre autorisation, vous pouvez suivre le processus décrit ici https://fr.player.fm/legal.

C’est toujours la consternation après la vague d'explosions mardi 17 et mercredi 18 septembre de bipeurs et de talkies-walkies, piégés par Israël pour viser des membres du Hezbollah. L'ONU et Washington ont mis en garde contre une « escalade » après cette attaque sans précédent qui a encore ravivé les craintes d'un embrasement du Proche-Orient. Les libanais s’interrogent sur l'impuissance des États-Unis à influencer la stratégie israélienne pour avancer vers au moins un apaisement. Entretien avec Philip Golub, professeur de relations internationales à l’université américaine de Paris.

RFI : Le Hezbollah a lancé des dizaines de roquettes vers le nord d'Israël. Le mouvement libanais dit avoir visé trois sites militaires, sa première réaction après la série d'explosions simultanées de bipers mardi et de talkies-walkies le lendemain. Ces attaques, imputées à l'État d'Israël, ont fait 37 morts et 3 000 blessés, essentiellement parmi les membres du Hezbollah. Le chef du mouvement a reconnu jeudi que son organisation avait reçu un coup sévère, mais a aussi promis de riposter. Ainsi, la tension ne retombe pas, loin de là, et le grand allié américain d'Israël s'est contenté de répéter qu'il n'était pas au courant de cette opération absolument inédite. Est-ce que ça vous semble possible que les services américains n'aient pas eu connaissance de tout cela ?

Oui, tout à fait. Depuis le début de la guerre à Gaza, les dirigeants israéliens maintiennent à la fois des contacts étroits avec les États-Unis et les services américains, mais en même temps organisent leurs opérations de façon autonome. Il me parait tout à fait possible que les États-Unis n'aient pas été au courant de l'opération. En tout cas, pas en temps réel.

Aujourd'hui, la tension augmente encore, avec le risque de déplacer le conflit de Gaza vers le nord d'Israël. Les tirs étaient déjà quasiment quotidiens, la tension s'accentue encore. Le secrétaire d'État américain est en ce moment à Paris, pour une réunion qui est consacrée justement au Proche-Orient, lui qui a déjà effectué de nombreuses visites dans la région sans aucun résultat. Est-ce que c'est par manque de volonté politique ou par manque de leviers ?

Les deux explications sont appropriées. Au tout début de la guerre de Gaza, le jour après le 7 octobre, le président américain Joe Biden a publiquement enjoint son allié israélien à ne pas commettre les mêmes erreurs que les États-Unis après le 11 septembre 2001 et de ne pas réagir avec de la rage, mais avec de la raison. Donc, de ne pas étendre la guerre au Liban. Car, peu après le jour qui a suivi l'attaque du 7 octobre, il y a eu des voix influentes au sein de l'administration du gouvernement Netanyahu pour étendre la guerre tout de suite en direction du Liban et contre le Hezbollah en particulier.

Les États-Unis, depuis un an, démontrent à la fois une incapacité et un manque de volonté à transformer la situation sur le terrain, ils n'ont pas utilisé le seul levier à leur disposition pour changer la politique israélienne et mener à des négociations et la libération des otages. À savoir un embargo sur les armes ou une limitation très stricte de l'envoi d'armes en direction d'Israël. Et ce, pour des raisons qui ont trait à la fois à l'engagement personnel du président actuel des États-Unis envers Israël, mais aussi au soutien politique très puissant dont dispose le gouvernement Netanyahu parmi les forces de la droite républicaine aux États-Unis.

Donc, il y a des raisons de politique intérieure et des raisons d'engagement personnel du président qui expliquent le manque de volonté et le manque de moyens, de leviers. Parce que, si la volonté n'est pas là, le levier n'est pas là.

À lire aussiExplosions au Liban: le Hezbollah admet avoir reçu «un coup sans précédent» et promet une riposte «terrible»

Il faut rappeler que le contexte est particulier aux États-Unis, le mandat de Joe Biden touche à sa fin. Dans le Wall Street Journal, des responsables américains reconnaissent, après avoir expliqué le contraire pendant des semaines et des semaines, qu'il ne sera pas possible de parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza avant la fin de ce mandat. C'est un aveu d'échec pour le président américain sortant ?

Je pense que oui. Cela souligne le fait que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est en train d'instrumentaliser cette situation de la transition en cours à Washington pour pouvoir agir avec une grande impunité par rapport à l'allié américain. Dans les semaines à venir, je pense que l'on verra une intensification des combats et possiblement une expansion régionale de la guerre.

Donc le fait que les États-Unis soient en campagne en ce moment pour la présidentielle du 5 novembre, cela a une incidence forte selon vous sur cette situation, sur cette impasse ?

C'est une incidence dans la mesure où Netanyahu pense qu'il allait couder plus franche, les mains plus libres actuellement qu'avant, même s'il avait déjà avant les mains relativement libres par rapport au grand allié américain. Mais là, étant donné le fait que le président actuel est en instance de départ et que l'élection n'a pas eu lieu, Netanyahu et son administration semblent estimer qu'ils ont une fenêtre d'opportunité pour faire ce qu'ils n'ont pas pu faire au lendemain du 7 octobre au Liban vis-à-vis du Hezbollah.

Est-ce que c'est vraiment le cas ? Est-ce que l'administration israélienne a effectivement davantage de marge de manœuvre en ce moment, pendant la campagne électorale aux États-Unis ?

Par rapport aux États-Unis, oui. Par rapport à la situation globale, stratégique d'Israël, peut-être pas. L'armée israélienne, les forces de défense israéliennes sont, d'après tous les rapports que l'on peut lire, en état de fatigue importante. Les réservistes, en particulier, ont été sur-utilisés dans la bande de Gaza. La situation politique intérieure en Israël ne s'est pas améliorée. Les divisions sont de plus en plus profondes au sein d'Israël et c'est probablement l'une des raisons – ce n'est pas la seule raison, mais une des raisons – qui expliquerait que Netanyahu veuille étendre le front de la guerre pour ne pas se confronter la situation politique intérieure israélienne. Au moment où la guerre sera terminée, la confrontation sera sans doute très grave pour lui.

Du côté des États-Unis, a priori, si Donald Trump remporte la présidentielle, il n'y aura pas de changement de ligne. Qu'est-ce qui pourrait se passer si kamala Harris devenait présidente des États-Unis ?

On est là dans le domaine des suppositions plutôt que des réalités. Nous ne savons pas exactement. D'après les déclarations liminaires de Kamala Harris au cours des dernières semaines et des derniers mois, je pense qu'il y aura une réorientation limitée de la politique américaine vis-à-vis du conflit à Gaza, mais aussi du Moyen-Orient en général. Les conseillers les plus influents de Kamala Harris en politique internationale – je pense à Philip Gordon, en particulier – sont des réalistes en politique internationale qui ont une optique sur le conflit moyen-oriental qui serait plus alignée, par exemple, sur celle de Barack Obama, et donc plus équilibrée que celle d'aujourd'hui et des administrations précédentes.

À lire aussiDiscours du chef du Hezbollah: l'inquiétude d'une escalade partagée entre Libanais et Israéliens

  continue reading

129 episodes

Tous les épisodes

×
 
Loading …

Bienvenue sur Lecteur FM!

Lecteur FM recherche sur Internet des podcasts de haute qualité que vous pourrez apprécier dès maintenant. C'est la meilleure application de podcast et fonctionne sur Android, iPhone et le Web. Inscrivez-vous pour synchroniser les abonnements sur tous les appareils.

 

Guide de référence rapide