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Péter Magyar, le membre du Fidesz qui défie le Premier ministre hongrois

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En Hongrie, le système Orban remis en cause par l’un des siens. Péter Magyar, ancien cadre du Fidesz, vient de fonder un nouveau mouvement politique, « Debout Hongrois », qu’il souhaite transformer en parti centriste. À 43 ans, à peine sorti sur la scène publique, avec ses révélations sur les coulisses du pouvoir et sa dénonciation de la corruption, il a rapidement séduit une partie de l’électorat.

En quelques semaines, Péter Magyar s’est hissé sur le devant de la scène politique hongroise et ne ménage pas ses critiques envers la classe dirigeante : « Il y a une crise morale, politique et économique en Hongrie. La majorité des Hongrois ont perdu confiance dans l'ensemble de l'élite politique qui dirige le pays depuis 30 ans », a-t-il lancé depuis une scène installée en plein cœur de Budapest, devant une foule imposante, le 15 mars dernier. Le quadragénaire à l’allure sportive, tiré à quatre épingles, a choisi le jour de la fête nationale où les Hongrois commémoraient la rébellion de 1848 contre l’empire des Habsbourg, pour lancer son mouvement.

Avocat, haut fonctionnaire, diplomate, membre du parti de Viktor Orban, le jeune technocrate n’a jamais occupé de fonction politique. « Il est en quelque sorte un outsider de la politique tout en étant également un homme du sérail », note Matyas Kohán, commentateur de la vie politique hongroise. « Il a été diplomate. Il a représenté la Hongrie auprès de l'UE à Bruxelles, puis il a occupé des postes opérationnels et a travaillé dans diverses entreprises d'État, sans jamais avoir joué de rôle politique direct. Au fond, il surfe sur les vagues de désillusion et de mécontentement qui touchent à la fois l'opposition et le camp gouvernemental », explique ce chroniqueur au Mandiner, un site d’informations conservateur qui assume sa proximité avec le gouvernement Orban.

À lire aussiHongrie: issu du Fidesz au pouvoir, Péter Magyar défie Viktor Orban

« Les vrais responsables se cachent derrière les jupes des femmes »

Le public a commencé à entendre parler de Péter Magyar en février, dans la foulée d’un scandale impliquant son ex-épouse, l’ancienne ministre de la Justice Judith Varga. Cette dernière, qui devait mener la campagne des élections européennes du Fidesz, a annoncé son retrait de la vie publique, après la démission de la présidente Katalin Novak, accusée d’avoir discrètement accordé une grâce à un ancien directeur adjoint d'un foyer pour enfants, condamné à plus de trois ans de prison pour avoir couvert les agissements de son supérieur.

Péter Magyar s’insurge alors contre ce qu’il présente comme un lâchage brutal des deux femmes les plus influentes du pays. En signe de protestation, il démissionne de deux entreprises publiques où il occupait des postes de direction et du conseil de surveillance de la banque MBH, une des institutions financières les plus importantes du pays. Il affirme ne plus vouloir faire partie d’un système dans lequel « les vrais responsables se cachent derrière les jupes des femmes ».

Le lendemain, il va plus loin dans la critique du système Orban, sur la chaîne YouTube Partizan, un des rares médias indépendants. Face à l’intervieweur, d’un ton posé, Péter Magyar détaille pendant plus d’une heure et demie la corruption dans les milieux politiques et économiques hongrois. Il raconte les pots-de-vin lors des appels d’offres ou les pressions qu’il a subies lors de son divorce. Il s’en prend particulièrement au très influent membre du cabinet de Viktor Orban Antal Rogán, baptisé par ses détracteurs « ministre de la Propagande », qui contrôle aussi la totalité des services de renseignement du pays.

« En 48 heures, cette interview a été regardée plus de deux millions de fois. C'est presque la moitié du nombre total des électeurs hongrois », souligne Botond Feledy, collaborateur de ce média et chercheur au Centre for Euro-Atlantic Integration and Democracy à Budapest. Il lève alors le voile sur le système en donnant une « image très dure ».

13% d’intentions de vote

Péter Magyar est aujourd’hui l’une des figures les plus en vue en Hongrie. Ses révélations tiennent le pays en haleine. Selon un sondage Index, il est crédité de 13% d’intentions de vote chez les électeurs qui le connaissent. Se définissant comme conservateur de droite qui ne « supporte plus de voir les dirigeants piller et détruire le pays », ses chances de succès auprès des électeurs du Fidezs ne sont pourtant pas garanties, selon Matyas Kohán : « Le Fidesz est suffisamment solide pour qu'il ne soit pas un candidat attractif pour ses électeurs. Mais cela ne signifie en aucun cas qu'il n'aurait pas le pouvoir de mobiliser un grand nombre d'électeurs, peut-être même 500 000 ou 700 000 nouveaux électeurs parmi ceux qui étaient jusque-là passifs. Ses apparitions publiques au cours des deux dernières semaines ont attiré sur lui une attention dont les politiciens de l'opposition ne peuvent que rêver », souligne le journaliste du Mandiner.

Péter Magyar va-t-il réussir, en tant qu’ancien membre du Fidesz, à attirer les électeurs conservateurs déçus par le gouvernement ? « C’est la grande question pour son avenir politique », estime Botond Feledy, qui note que pour l’instant, les sondages indiquent qu’il ne parvient pas à ravir plus de 2% des voix des électeurs du parti de Viktor Orban. La plupart de ses soutiens sont des électeurs de gauche. « Des sondages internes menés par certains partis politiques montrent que l'écrasante majorité de ses partisans actuels n'ont pas voté pour le Fidesz, lors des dernières élections législatives », note Matyas Kohán. Sa nouvelle formation politique serait donc a priori plus gênante pour l'opposition que pour le parti du pouvoir. « Si sa présence sur la scène politique contribue à fragmenter un peu plus l’opposition, ça ne sera pas une révolution, mais s’il réussit à attirer les déçus du Fidesz, ce sera autre chose », pronostique le chercheur, qui souligne que « ça ne semble pas encore le cas ».

Parmi les points de son programme : le rétablissement du ministère de l'Éducation, supprimé par le gouvernement actuel, le retour à l'indépendance de l'audiovisuel et l'adhésion de la Hongrie au parquet européen chargé de contrôler l'utilisation des fonds européens. Contrairement au Premier ministre Viktor Orban, il a appelé à un dialogue constructif avec Bruxelles.

Avec sa notoriété grandissante et ses révélations sur le système, les attaques personnelles se multiplient. Il est aujourd’hui cité dans une affaire de violences domestiques révélée dans la presse d’opposition. S’il ne parvenait pas à le gérer, cet épisode « pourrait très bien amener à la fin de sa carrière politique », pronostique Matyas Kohán. Manipulation politique ou faits avérés ? Quoi qu’il en soit, il va devoir apprendre à gérer les attaques personnelles, ce que n’est pas encore le cas, note Botond Feledy qui constate qu’il n’a pas su garder son calme face à un journaliste d’opposition qui souhaitait le questionner sur cette affaire de violences domestiques. « Il a toutes les qualités requises pour lancer un mouvement », affirme le chercheur. « Reste à apprendre à répondre aux attaques personnelles d’une façon plus diplomatique. »

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En quelques semaines, Péter Magyar s’est hissé sur le devant de la scène politique hongroise et ne ménage pas ses critiques envers la classe dirigeante : « Il y a une crise morale, politique et économique en Hongrie. La majorité des Hongrois ont perdu confiance dans l'ensemble de l'élite politique qui dirige le pays depuis 30 ans », a-t-il lancé depuis une scène installée en plein cœur de Budapest, devant une foule imposante, le 15 mars dernier. Le quadragénaire à l’allure sportive, tiré à quatre épingles, a choisi le jour de la fête nationale où les Hongrois commémoraient la rébellion de 1848 contre l’empire des Habsbourg, pour lancer son mouvement.

Avocat, haut fonctionnaire, diplomate, membre du parti de Viktor Orban, le jeune technocrate n’a jamais occupé de fonction politique. « Il est en quelque sorte un outsider de la politique tout en étant également un homme du sérail », note Matyas Kohán, commentateur de la vie politique hongroise. « Il a été diplomate. Il a représenté la Hongrie auprès de l'UE à Bruxelles, puis il a occupé des postes opérationnels et a travaillé dans diverses entreprises d'État, sans jamais avoir joué de rôle politique direct. Au fond, il surfe sur les vagues de désillusion et de mécontentement qui touchent à la fois l'opposition et le camp gouvernemental », explique ce chroniqueur au Mandiner, un site d’informations conservateur qui assume sa proximité avec le gouvernement Orban.

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« Les vrais responsables se cachent derrière les jupes des femmes »

Le public a commencé à entendre parler de Péter Magyar en février, dans la foulée d’un scandale impliquant son ex-épouse, l’ancienne ministre de la Justice Judith Varga. Cette dernière, qui devait mener la campagne des élections européennes du Fidesz, a annoncé son retrait de la vie publique, après la démission de la présidente Katalin Novak, accusée d’avoir discrètement accordé une grâce à un ancien directeur adjoint d'un foyer pour enfants, condamné à plus de trois ans de prison pour avoir couvert les agissements de son supérieur.

Péter Magyar s’insurge alors contre ce qu’il présente comme un lâchage brutal des deux femmes les plus influentes du pays. En signe de protestation, il démissionne de deux entreprises publiques où il occupait des postes de direction et du conseil de surveillance de la banque MBH, une des institutions financières les plus importantes du pays. Il affirme ne plus vouloir faire partie d’un système dans lequel « les vrais responsables se cachent derrière les jupes des femmes ».

Le lendemain, il va plus loin dans la critique du système Orban, sur la chaîne YouTube Partizan, un des rares médias indépendants. Face à l’intervieweur, d’un ton posé, Péter Magyar détaille pendant plus d’une heure et demie la corruption dans les milieux politiques et économiques hongrois. Il raconte les pots-de-vin lors des appels d’offres ou les pressions qu’il a subies lors de son divorce. Il s’en prend particulièrement au très influent membre du cabinet de Viktor Orban Antal Rogán, baptisé par ses détracteurs « ministre de la Propagande », qui contrôle aussi la totalité des services de renseignement du pays.

« En 48 heures, cette interview a été regardée plus de deux millions de fois. C'est presque la moitié du nombre total des électeurs hongrois », souligne Botond Feledy, collaborateur de ce média et chercheur au Centre for Euro-Atlantic Integration and Democracy à Budapest. Il lève alors le voile sur le système en donnant une « image très dure ».

13% d’intentions de vote

Péter Magyar est aujourd’hui l’une des figures les plus en vue en Hongrie. Ses révélations tiennent le pays en haleine. Selon un sondage Index, il est crédité de 13% d’intentions de vote chez les électeurs qui le connaissent. Se définissant comme conservateur de droite qui ne « supporte plus de voir les dirigeants piller et détruire le pays », ses chances de succès auprès des électeurs du Fidezs ne sont pourtant pas garanties, selon Matyas Kohán : « Le Fidesz est suffisamment solide pour qu'il ne soit pas un candidat attractif pour ses électeurs. Mais cela ne signifie en aucun cas qu'il n'aurait pas le pouvoir de mobiliser un grand nombre d'électeurs, peut-être même 500 000 ou 700 000 nouveaux électeurs parmi ceux qui étaient jusque-là passifs. Ses apparitions publiques au cours des deux dernières semaines ont attiré sur lui une attention dont les politiciens de l'opposition ne peuvent que rêver », souligne le journaliste du Mandiner.

Péter Magyar va-t-il réussir, en tant qu’ancien membre du Fidesz, à attirer les électeurs conservateurs déçus par le gouvernement ? « C’est la grande question pour son avenir politique », estime Botond Feledy, qui note que pour l’instant, les sondages indiquent qu’il ne parvient pas à ravir plus de 2% des voix des électeurs du parti de Viktor Orban. La plupart de ses soutiens sont des électeurs de gauche. « Des sondages internes menés par certains partis politiques montrent que l'écrasante majorité de ses partisans actuels n'ont pas voté pour le Fidesz, lors des dernières élections législatives », note Matyas Kohán. Sa nouvelle formation politique serait donc a priori plus gênante pour l'opposition que pour le parti du pouvoir. « Si sa présence sur la scène politique contribue à fragmenter un peu plus l’opposition, ça ne sera pas une révolution, mais s’il réussit à attirer les déçus du Fidesz, ce sera autre chose », pronostique le chercheur, qui souligne que « ça ne semble pas encore le cas ».

Parmi les points de son programme : le rétablissement du ministère de l'Éducation, supprimé par le gouvernement actuel, le retour à l'indépendance de l'audiovisuel et l'adhésion de la Hongrie au parquet européen chargé de contrôler l'utilisation des fonds européens. Contrairement au Premier ministre Viktor Orban, il a appelé à un dialogue constructif avec Bruxelles.

Avec sa notoriété grandissante et ses révélations sur le système, les attaques personnelles se multiplient. Il est aujourd’hui cité dans une affaire de violences domestiques révélée dans la presse d’opposition. S’il ne parvenait pas à le gérer, cet épisode « pourrait très bien amener à la fin de sa carrière politique », pronostique Matyas Kohán. Manipulation politique ou faits avérés ? Quoi qu’il en soit, il va devoir apprendre à gérer les attaques personnelles, ce que n’est pas encore le cas, note Botond Feledy qui constate qu’il n’a pas su garder son calme face à un journaliste d’opposition qui souhaitait le questionner sur cette affaire de violences domestiques. « Il a toutes les qualités requises pour lancer un mouvement », affirme le chercheur. « Reste à apprendre à répondre aux attaques personnelles d’une façon plus diplomatique. »

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