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Pedro Sánchez, l’équilibriste de la politique espagnole

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L’année 2023 en Europe a été marqué notamment par la capacité de Pedro Sánchez, le chef du gouvernement espagnol, à résister à tous les vents contraires. Lui qui avait convoqué des élections anticipées, alors que les sondages plaçaient les conservateurs du Parti populaire en tête, a réussi à retourner la situation en sa faveur. Certes, son parti, le PSOE, n’est arrivé qu’en deuxième position lors de ces élections, mais c’est bien lui qui a été en mesure de rassembler suffisamment de soutiens pour rester au pouvoir avec un gouvernement de coalition. Un gouvernement fortement critiqué puisque parmi les faveurs accordées pour bénéficier du soutien des indépendantistes catalans, Pedro Sánchez, s’est notamment engagé à mettre en place une loi d’amnistie.

Il n’a que cinquante et un ans, un âge encore jeune en politique, et il vient d’être investi pour la troisième fois comme président du gouvernement espagnol. Le socialiste Pedro Sánchez pourrait donc bien laisser sa trace dans les livres d’histoire comme étant soit le président qui a sauvegardé, voire amplifié les politiques sociales, ou soit un homme politique prêt à tout pour conserver le pouvoir. Un trait de caractère qu’il assume, détaille Maria Elisa Alonso, politologue, enseignante et chercheuse à l’Université de Lorraine.

« Il vient de sortir un livre il y a une semaine, mais même dans le livre qu'il avait publié il y a un an, il se vante justement qu'il survit en fait. Donc, peut-être l'histoire se rappellera de lui comme quelqu'un qui est prêt à tout pour rester au pouvoir. D'ailleurs, c'est un reproche de l'opposition qui le prennent à négocier avec les Catalans et même les Basques pour rester au pouvoir. »

Un fin connaisseur des rouages politiques

Il faut rappeler que Pedro Sánchez était donné perdant avant les élections du 23 juillet et après une débâcle électorale historique pour le Parti socialiste lors des élections régionales et municipales. D’ailleurs, les conservateurs du Parti populaire pensaient la victoire acquise. Mais Pedro Sánchez, comme le rappelle Maria Elisa Alonso, est un animal politique :« Il connaît très bien les ficelles de la vie politique, des enjeux et des équilibres, dans son propre parti d'ailleurs, et même entre les parties qui forment le Parlement espagnol. Il utilise tout. Il maîtrise parfaitement les temps de négociation. »

À lire aussiEspagne: le Premier ministre rencontre le chef de l’opposition dans un climat de rare tension

Si Pedro Sánchez maîtrise si bien les arcanes de la politique espagnole, c’est tout simplement parce qu’il n’a pas eu d’autre choix, détaille Benoît Pellistrandi, historien et grand spécialiste de l’Espagne, auteur notamment du livre Les fractures de l’Espagne.

« Pedro Sánchez est un leader politique assez exceptionnel parce qu'il ne faut pas oublier qu’en 2016, le Parti socialiste le destitue, qu'il reprend son bâton de militant et qu'il va gagner les primaires contre l'appareil du parti. C'est quand même un mort-vivant. Enfin, il est ressuscité, ce qui lui a d'ailleurs donné le sentiment d'une baraka exceptionnelle. C'est lui qui, en juin 2018, a compris que la motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy pouvait fonctionner. C'est la seule fois dans l'histoire de la démocratie espagnole qu'on a eu cette motion de censure. Et Pedro Sánchez, qui avait été choisi par les hiérarques du parti en 2014, était vu dans un premier temps comme quelqu'un qui serait facilement manipulable. Or, il a révélé des capacités extraordinaires et c'est lui qui a pris le contrôle du Parti socialiste. »

Un mandat qui s’annonce compliqué

Pedro Sánchez a finalement réussi à conserver le pouvoir grâce au jeu des alliances, mais est-ce que ce gouvernement très hétéroclite est à même de tenir ? C’est toute la question, car les indépendantistes catalans vont chercher à profiter de leur position de faiseur de roi pour tenter d’obtenir plus de concessions, tout comme les Basques. C’est une mandature très compliquée qui s’annonce, mais qui, selon Benoît Pellistrandi, devrait aller à son terme.

« Pedro Sánchez, en réalité, a devant lui trois ans de présidence. Le mandat est de quatre ans. Pourquoi je dis trois ans ? Parce que, imaginons qu'il n'arrive pas à faire passer le budget parce que les indépendantistes, tout d'un coup, montent leurs exigences. Il peut toujours prolonger pendant deux années consécutives le budget de l'année précédente et je crois que l'une des raisons de la crispation de l'opposition du Parti populaire, c'est qu'elle a bien compris que même si les alliances que Pedro Sánchez sont baroques, contradictoires, largement contraires à tout ce qui avait été dit pendant la campagne électorale, ça permet à Pedro Sánchez de tenir le gouvernement central. »

À lire aussiPedro Sanchez reconduit à la tête d'une Espagne divisée

Adulé ou détesté, Pedro Sánchez ne laisse en tout cas personne indifférent en Espagne. Un président du gouvernement qui sait parfaitement comment mener sa barque et qui pourrait bien rester dans les mémoires plutôt comme étant « le socialiste qui retombe toujours sur ses pieds », comme le titrait il y a quelques mois le grand Financial Times.

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Il n’a que cinquante et un ans, un âge encore jeune en politique, et il vient d’être investi pour la troisième fois comme président du gouvernement espagnol. Le socialiste Pedro Sánchez pourrait donc bien laisser sa trace dans les livres d’histoire comme étant soit le président qui a sauvegardé, voire amplifié les politiques sociales, ou soit un homme politique prêt à tout pour conserver le pouvoir. Un trait de caractère qu’il assume, détaille Maria Elisa Alonso, politologue, enseignante et chercheuse à l’Université de Lorraine.

« Il vient de sortir un livre il y a une semaine, mais même dans le livre qu'il avait publié il y a un an, il se vante justement qu'il survit en fait. Donc, peut-être l'histoire se rappellera de lui comme quelqu'un qui est prêt à tout pour rester au pouvoir. D'ailleurs, c'est un reproche de l'opposition qui le prennent à négocier avec les Catalans et même les Basques pour rester au pouvoir. »

Un fin connaisseur des rouages politiques

Il faut rappeler que Pedro Sánchez était donné perdant avant les élections du 23 juillet et après une débâcle électorale historique pour le Parti socialiste lors des élections régionales et municipales. D’ailleurs, les conservateurs du Parti populaire pensaient la victoire acquise. Mais Pedro Sánchez, comme le rappelle Maria Elisa Alonso, est un animal politique :« Il connaît très bien les ficelles de la vie politique, des enjeux et des équilibres, dans son propre parti d'ailleurs, et même entre les parties qui forment le Parlement espagnol. Il utilise tout. Il maîtrise parfaitement les temps de négociation. »

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Si Pedro Sánchez maîtrise si bien les arcanes de la politique espagnole, c’est tout simplement parce qu’il n’a pas eu d’autre choix, détaille Benoît Pellistrandi, historien et grand spécialiste de l’Espagne, auteur notamment du livre Les fractures de l’Espagne.

« Pedro Sánchez est un leader politique assez exceptionnel parce qu'il ne faut pas oublier qu’en 2016, le Parti socialiste le destitue, qu'il reprend son bâton de militant et qu'il va gagner les primaires contre l'appareil du parti. C'est quand même un mort-vivant. Enfin, il est ressuscité, ce qui lui a d'ailleurs donné le sentiment d'une baraka exceptionnelle. C'est lui qui, en juin 2018, a compris que la motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy pouvait fonctionner. C'est la seule fois dans l'histoire de la démocratie espagnole qu'on a eu cette motion de censure. Et Pedro Sánchez, qui avait été choisi par les hiérarques du parti en 2014, était vu dans un premier temps comme quelqu'un qui serait facilement manipulable. Or, il a révélé des capacités extraordinaires et c'est lui qui a pris le contrôle du Parti socialiste. »

Un mandat qui s’annonce compliqué

Pedro Sánchez a finalement réussi à conserver le pouvoir grâce au jeu des alliances, mais est-ce que ce gouvernement très hétéroclite est à même de tenir ? C’est toute la question, car les indépendantistes catalans vont chercher à profiter de leur position de faiseur de roi pour tenter d’obtenir plus de concessions, tout comme les Basques. C’est une mandature très compliquée qui s’annonce, mais qui, selon Benoît Pellistrandi, devrait aller à son terme.

« Pedro Sánchez, en réalité, a devant lui trois ans de présidence. Le mandat est de quatre ans. Pourquoi je dis trois ans ? Parce que, imaginons qu'il n'arrive pas à faire passer le budget parce que les indépendantistes, tout d'un coup, montent leurs exigences. Il peut toujours prolonger pendant deux années consécutives le budget de l'année précédente et je crois que l'une des raisons de la crispation de l'opposition du Parti populaire, c'est qu'elle a bien compris que même si les alliances que Pedro Sánchez sont baroques, contradictoires, largement contraires à tout ce qui avait été dit pendant la campagne électorale, ça permet à Pedro Sánchez de tenir le gouvernement central. »

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Adulé ou détesté, Pedro Sánchez ne laisse en tout cas personne indifférent en Espagne. Un président du gouvernement qui sait parfaitement comment mener sa barque et qui pourrait bien rester dans les mémoires plutôt comme étant « le socialiste qui retombe toujours sur ses pieds », comme le titrait il y a quelques mois le grand Financial Times.

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