Entomologiste, la passion des insectes
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La Bourse aux insectes de Juvisy, près de Paris, rassemblait, le week-end dernier, des centaines de vendeurs et de collectionneurs et des dizaines de milliers de bestioles venues du monde entier, en particulier des tropiques, là où vivent les espèces les plus remarquables.
Nature morte. Des insectes, par milliers, sont épinglés dans des cadres en bois : des papillons, des scarabées, des guêpes... Des insectes en tous genres, de toutes les couleurs et à tous les prix sont exposés dans les allées de la Bourse aux insectes de Juvisy-sur-Orge, au sud de Paris, « la deuxième bourse au monde après celle de Tokyo », assure Patrick Arnaud, son fondateur, il y a 30 ans. Collectionneurs, vendeurs venus d'une quinzaine de pays, et simples curieux s'y sont pressés le week-end dernier.
On s’arrête devant un papillon aux ailes d'un bleu éclatant. « Ça, c’est le morpho, très recherché, parce qu'il est magnifique ! Le bleu des ailes perdure parce que ce n’est pas un pigment, c’est uniquement l’orientation des écailles. Chez les papillons, il y a le bleu et le vert qui ne sont pas des pigments ; c’est un jeu de lumière », explique Patrick Arnaud, lui-même collectionneur.
Insectes tropicaux
À l'image du morpho, originaire d'Amazonie, la plupart des insectes exposés ici viennent des tropiques qui abritent 80% des espèces d'insectes répertoriées dans le monde. On s'arrête aussi devant les titans (Titanus giganteus), les plus gros coléoptères au monde, d'une quinzaine de centimètres de long, impressionnants par la taille et leurs pinces. Pas très loin, on peut aussi admirer le plus gros frelon de la planète, Vespa mandarina japonica – plusieurs reines sont vendues 50 euros pièce.
« Il y a tellement de choses moches à l’heure actuelle que quand les gens peuvent se faire plaisir avec quelque chose, un petit papillon à 3 ou 4 euros, ce n'est pas ça qui va contribuer à diminuer la biodiversité. Là, dans la salle, il y a peut-être 50 000 ou 60 000 insectes ; c’est ce qui disparaît en deux minutes en coupant la forêt brésilienne », répond Patrick Arnaud aux critiques qui peuvent surgir face à ce marché macabre.
Sherlock Holmes chez les insectes
Chimiste de formation, il est devenu entomologiste amateur à la faveur de son service militaire en Guyane, une passion qui l'a poursuivi pendant des décennies, l'entraînant partout dans le monde et en particulier en Amérique du Sud. « C’est un peu Sherlock Holmes, l’entomologie, sourit-il. Vous avez une bête sous les yeux, vous essayez de voir si elle est vraiment nouvelle pour la science ou pas. Je dois avoir 80 espèces que j’ai décrites. On nous dit : « Ah, mais vous tuez les insectes ! » Mais les insectes, malheureusement, pour les étudier, il faut les tuer. On ne peut pas les identifier comme les oiseaux uniquement en regardant le chant ou le plumage avec des jumelles… Chez certaines espèces, on ne voit la différence, très faible, que par ce qu’on appelle le « genitalia », c’est-à-dire le pénis, les organes génitaux. » Donc en les disséquant.
Collectionneur, au service de la science, Patrick Arnaud s'est spécialisé au fil des années sur les bousiers, insectes coprophages. « On enfouit dans le sol des gamelles, avec de l’excrément, Ces bêtes sont inféodées à un certain type d’excrément, puisque ça dépend de la nourriture du mammifère ou autre, ce qui permet d’extrapoler sur la diversité de la faune, et donc sur la diversité de la flore. Dans un endroit donné, en piégeant, on va arriver à avoir 80 à 90% de la représentativité de la faune. » Environ 1,3 million d'espèces d'insectes ont été découvertes dans le monde. On estime qu'il en existe quatre fois plus.
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