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L'ours polaire, témoin direct du réchauffement climatique

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Alors que la COP16, la conférence mondiale sur la biodiversité, se tient à Cali en Colombie, gros plan sur le plus grand prédateur d’Arctique, menacé par la fonte des glaces. (Rediffusion du 3 mars 2024)

Il est le roi de la banquise. Mais son royaume, l’Arctique, est en train de fondre. La survie de l’ours polaire pourrait à terme être menacée, puisque son milieu naturel est en train de disparaître « à une vitesse importante : 90 000 kilomètres carrés par an » (l’équivalent de la surface d’un pays comme la Jordanie), rappelle le biologiste Christian Kempf, l’un des grands spécialistes de l’ours blanc, qu’il observe et côtoie depuis 50 ans.

Tout en haut de la chaîne alimentaire, l’ours polaire est le plus grand carnivore terrestre, grand nageur et grand voyageur solitaire. « Il est extraordinaire, s’enthousiasme Christian Kempf. Il est obligé de vivre dans un climat extrêmement froid. En pleine nuit polaire, en ce moment, il fait régulièrement -40 degrés Celsius, ou -50. Et avec l’effet refroidissant du vent, le ressenti est de -70, c’est énorme ! C’est aussi un environnement qui change tout le temps. Contrairement aux autres grands prédateurs, lions ou tigres, l’ours polaire ne peut pas marquer son territoire. Parce que la banquise bouge tout le temps. » L’Arctique est en effet un océan, contrairement à l’Antarctique, qui est un continent de terre.

Graisse de phoque

Outre ses capacités de résistance au froid, Ursus maritimus est doté d’un odorat exceptionnel, qui lui permet de repérer ses proies à plusieurs kilomètres. « Il a un odorat environ 60 fois meilleur que celui de l’homme, précise Christian Kempf. Il se met toujours un peu en hauteur, parce que dès qu’il y a un obstacle, les odeurs remontent. Et l’ours, sur un iceberg, il dort, il n’a l’air de rien, mais faites-moi confiance, quand une odeur de phoque lui passe dans les narines, il réagit tout de suite ! »

Le phoque représente 95 % de l’alimentation de l’ours polaire. Le phoque lui fournit la graisse nécessaire pour se protéger du froid. Un ours blanc mâle adulte peut peser jusqu’à 600 kilos, et la graisse constitue la moitié de son poids. Mais quand la banquise disparait, c’est son terrain de chasse qui rétrécit, les phoques se font plus rares...

La chasse, danger immédiat

Mais l’ours blanc se distingue aussi par ses importantes capacités d’adaptation, qui lui ont permis, dans le passé, de « surmonter trois périodes de réchauffement climatique ». Et pour la nourriture, il peut aussi s’adapter.

« Il y a notamment les cadavres de baleines, qui viennent s’échouer le long des côtes de l’Arctique. Il y a aussi les morses. Parfois, on le voit même, je l’ai vu à plusieurs reprises, brouter de l’herbe, ou manger des algues, raconte Christian Kempf. C’est un pur carnivore, mais quand il n’a pas de phoques, il prend autre chose ! »

Il y a environ 20 000 ours polaires sur la planète, un chiffre relativement stable. Outre le réchauffement climatique, le péril vient de la pollution, qui peut les rendre stériles — 8 % des ours blancs du Canada ne peuvent pas se reproduire. Mais ce qui menace directement aujourd’hui les ours blancs, c’est la chasse. « Il y a une chose qu’on peut faire demain, ou après-demain : un moratoire sur la chasse, suggère Christian Kempf. À la place de tuer 1 200 ours par an, pour l’exportation de la peau, pour les griffes, les dents, qui intéressent le marché asiatique, si on ne tuait que 500 individus, on aurait assez rapidement, en l’espace de 15 ans, 30 000 ours. »

À lire aussiUn groupe d’ours polaires découvert au Groenland pourrait survivre à la disparition de la banquise

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Il est le roi de la banquise. Mais son royaume, l’Arctique, est en train de fondre. La survie de l’ours polaire pourrait à terme être menacée, puisque son milieu naturel est en train de disparaître « à une vitesse importante : 90 000 kilomètres carrés par an » (l’équivalent de la surface d’un pays comme la Jordanie), rappelle le biologiste Christian Kempf, l’un des grands spécialistes de l’ours blanc, qu’il observe et côtoie depuis 50 ans.

Tout en haut de la chaîne alimentaire, l’ours polaire est le plus grand carnivore terrestre, grand nageur et grand voyageur solitaire. « Il est extraordinaire, s’enthousiasme Christian Kempf. Il est obligé de vivre dans un climat extrêmement froid. En pleine nuit polaire, en ce moment, il fait régulièrement -40 degrés Celsius, ou -50. Et avec l’effet refroidissant du vent, le ressenti est de -70, c’est énorme ! C’est aussi un environnement qui change tout le temps. Contrairement aux autres grands prédateurs, lions ou tigres, l’ours polaire ne peut pas marquer son territoire. Parce que la banquise bouge tout le temps. » L’Arctique est en effet un océan, contrairement à l’Antarctique, qui est un continent de terre.

Graisse de phoque

Outre ses capacités de résistance au froid, Ursus maritimus est doté d’un odorat exceptionnel, qui lui permet de repérer ses proies à plusieurs kilomètres. « Il a un odorat environ 60 fois meilleur que celui de l’homme, précise Christian Kempf. Il se met toujours un peu en hauteur, parce que dès qu’il y a un obstacle, les odeurs remontent. Et l’ours, sur un iceberg, il dort, il n’a l’air de rien, mais faites-moi confiance, quand une odeur de phoque lui passe dans les narines, il réagit tout de suite ! »

Le phoque représente 95 % de l’alimentation de l’ours polaire. Le phoque lui fournit la graisse nécessaire pour se protéger du froid. Un ours blanc mâle adulte peut peser jusqu’à 600 kilos, et la graisse constitue la moitié de son poids. Mais quand la banquise disparait, c’est son terrain de chasse qui rétrécit, les phoques se font plus rares...

La chasse, danger immédiat

Mais l’ours blanc se distingue aussi par ses importantes capacités d’adaptation, qui lui ont permis, dans le passé, de « surmonter trois périodes de réchauffement climatique ». Et pour la nourriture, il peut aussi s’adapter.

« Il y a notamment les cadavres de baleines, qui viennent s’échouer le long des côtes de l’Arctique. Il y a aussi les morses. Parfois, on le voit même, je l’ai vu à plusieurs reprises, brouter de l’herbe, ou manger des algues, raconte Christian Kempf. C’est un pur carnivore, mais quand il n’a pas de phoques, il prend autre chose ! »

Il y a environ 20 000 ours polaires sur la planète, un chiffre relativement stable. Outre le réchauffement climatique, le péril vient de la pollution, qui peut les rendre stériles — 8 % des ours blancs du Canada ne peuvent pas se reproduire. Mais ce qui menace directement aujourd’hui les ours blancs, c’est la chasse. « Il y a une chose qu’on peut faire demain, ou après-demain : un moratoire sur la chasse, suggère Christian Kempf. À la place de tuer 1 200 ours par an, pour l’exportation de la peau, pour les griffes, les dents, qui intéressent le marché asiatique, si on ne tuait que 500 individus, on aurait assez rapidement, en l’espace de 15 ans, 30 000 ours. »

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