Rencontre entre Chine et Japon: deux rivaux géostratégiques en quête de dialogue
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Un évènement diplomatique majeur s’est déroulé cette semaine à Pékin. Les ministres des Affaires étrangères chinois Wang Yi et japonais Takeshi Iwaya se sont rencontrés mercredi 25 décembre. Les représentants de la deuxième et de la troisième économie mondiale, deux partenaires commerciaux clés, ont décidé d’aplanir leurs divergences et de renforcer le dialogue au nom de la stabilité régionale. Cela après des années de tensions et rivalités. Plusieurs mesures ont été annoncées, laissant entrevoir une possible détente dans les relations sino-japonaises.
Parmi les annonces concrètes, le Japon a annoncé assouplir ses règles de visas pour les ressortissants chinois. À partir du printemps prochain, les visas à entrées multiples destinés aux touristes chinois à haut revenu seront prolongés et valables désormais 10 ans. Autre nouveauté, les détenteurs de visas de groupe pourront rester au Japon jusqu’à 30 jours au lieu de 15 actuellement. Cette mesure intervient après la décision en novembre de Pékin d’autoriser les Japonais à entrer en Chine sans visa pour une période de 30 jours, exemption valable jusqu’à la fin 2025.
Tokyo espère ainsi stimuler sa croissance et sa consommation intérieure, et battre son dernier record de 33 millions de visiteurs, en majorité des Chinois.
Tokyo accepte que Pékin participe à la surveillance des eaux de Fukushima
Le deuxième signe positif concerne le commerce, crucial pour le Japon puisque la Chine est sa plus grande partenaire commerciale.
À ce titre, Takeshi Iwaya a annoncé des avancées concernant la reprise des importations chinoises de produits de la mer en provenance du Japon. Il y a un an et demi, la Chine avait imposé une interdiction totale des importations des fruits de mer Japonais, après le rejet dans le Pacifique des eaux usées traitées par la centrale nucléaire de Fukushima.
Pékin avait alors posé des conditions à Tokyo : l’autoriser à effectuer ses propres échantillonnages et contrôles et à prendre part au mécanisme de surveillance international. Cette condition a été acceptée. La levée de l’interdiction devrait intervenir dans la première moitié de cette année. Le dialogue économique devrait se poursuivre l’an prochain, avec notamment la relance des négociations sur la reprise des importations de bœuf et de riz japonais.
Activités militaires chinoises inquiétantes, volonté d’avancer
Ces avancées montrent que les deux voisins cherchent à stabiliser leurs relations compliquées, après une année marquée par des activités militaires chinoises qui inquiètent Tokyo.
Wang Yi et Takeshi Iwaya, dont c’était le premier voyage en Chine depuis sa prise de fonction en octobre, ont évoqué des discussions « très franches » et de « grande envergure », afin « d’avancer ensemble » pour la « paix et la prospérité » régionale et mondiale. Derrière ces termes très diplomatiques, Iwaya n’a évidemment pas fait l’impasse sur la situation en mer de Chine orientale, et notamment autour des îles Senkaku/Diaoyu, des îlots inhabités administrés par le Japon et revendiqués par Pékin.
En août, l’armée de l’air chinoise a pour la première fois effectué une incursion dans l’espace aérien japonais, puis la Chine a lancé en septembre un missile balistique intercontinental dans l’océan Pacifique. Sans compter ses exercices maritimes record au large de Taïwan, qui ont alarmé le Japon. Les deux pays rivaux ne cessent d’ailleurs ces dernières années d’augmenter leurs dépenses militaires.
Cette rencontre sino-japonaise démontre malgré tout une volonté de rapprochement et de coopération, dans un environnement sécuritaire dégradé. Les deux parties se préparent déjà une visite du chef de la diplomatie chinoise Wang Yi au Japon, qui devrait être suivie dès que possible l’an prochain par celle du Premier ministre chinois Li Qiang.
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