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#68 - Qui gouverne ? Notre liberté en question - FLORE VASSEUR

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Snowden, Swartz… Que nous disent les lanceurs d’alerte sur l’information, la liberté, la démocratie ?

Flore Vasseur est auteure, journaliste, réalisatrice et productrice de documentaires. Depuis 20 ans elle s’intéresse en particulier à une question : qui gouverne ? Qui décide de la marche du monde, de l’information qui nous est rendue visible, des algorithmes qui conditionnent nos pensées et nos actes, de ce qui se fait ou non ?

Elle a écrit un livre sur la vie d’Aaron Swartz, le jeune prodige d’internet écrasé par la machine judiciaire américaine, elle a rencontré Edward Snowden et en fait un film ; elle s’intéresse à tous ceux qui dénoncent, à ceux qui s’engagent pour faire bouger les lignes et mettre en lumière les dysfonctionnements de nos sociétés.

Nous parlons ensemble du système médiatique et politique, d’information, de notre goût du confort qui se substitue à notre désir de liberté, mais aussi de joie, de liens, et de ceux qui décident malgré tout de continuer de croire au changement et d’incarner une autre manière d’être au monde.


ITW enregistrée le 4 mars 2021


De quoi parle-t-on ?


01:00 – Qui est Flore Vasseur ?

- Son parcours professionnel : autrice, réalisatrice et productrice,

- Cheffe d’entreprise à NYC, elle dit avoir été ‘programmée pour être dans l’entreprise’ jusqu’à une bifurcation à l’âge de 27 ans au moment du 11/09 où elle commence à douter de ce qu’elle était et de ce qu’on nous disait sur la marche du monde.

- Depuis elle s’est mise à tenter de comprendre pourquoi ‘on nous a envoyé des bombes’, elle s’est alors mise à l’écriture avec une question fondamentale : Qui gouverne ? Quelles sont les forces en présence et qui tient nos chaînes ?

- Puis écriture d’articles, réalisation de documentaires et production de documentaires avec un désir de ‘maîtriser son outil de travail’.


06:00- Quelle analyse du système médiatique actuel dans nos démocraties ?

- La problématique : la consommation de l’information. « A partir du moment où l’information est devenue une marchandise et gratuite, on a tout perdu. »

- Si c’est gratuit c’est que tu es le produit, principe appliqué à tous les pans de la société.

- Les journalistes se retrouvent face à un travail mono-tâche, il n’y a plus d’enquêtes, plus d’analyses longues.

- « Je connaît très peu de journalistes heureux. »

- On choisit ce métier par idéal et on se retrouve assez vite soumis à la loi du marché.

- « Je ne dirais pas que c’est un complot, mais le résultat d’un système économique dont on est tous responsables. »

- La résultante une info calibrée par les algorithmes, neutre, une soupe informationnelle outrancière et addictive.

09:00- Qu’est-ce que ça changé cette façon de consommer l’information ?

- « Pour les rédactions, ce qui est devenu important n’est plus sa valeur informative mais sa rapidité. »

- « Le sens est devenu celui d’être le 1er »

- « L’information n’est plus un bien commun protégé mais est devenue un consommable comme les autres à publier le plus rapidement et avec le plus de sensationnalisme possible. »

10:30 – Le cas d’Aaron Swartz : en quoi son histoire est symptomatique de la manière dont fonctionne le système et du rapport entre pouvoir et information ?

- Fondateur du réseau Reddit et membre de « Creative Commons ». Il s’est battu pour que l’information soit libre, a été écrasé par le système judiciaire US sous Obama, et s’est suicidé à l’âge de 26 ans.

- Flore Vasseur a écrit un livre sur Aaron Swartz

- Elle le décrit grand idéaliste, génie visionnaire à la croisée de la technologie et de la spiritualité

- Il apprend à lire seul à 3 ans, découvre internet à 8 ans, il commence à coder seul et dit tout de suite qu’il veut être aider.

- « Il a une vision qui est la sienne mais qui est proche de celle de Teilhard de Chardin qui parle du point oméga. L’internet aurait pu être ça. »

- « Nous les humains, sommes la forme de vie la plus avancée car nous avons développé une conscience de nous-mêmes, la vie se sert de nous pour donner à l’univers une conscience de lui-même grâce à un cortex globalisé dans lequel tout le monde échange des idées et où la connaissance sera libre. Grâce à cette somme de connaissance, la connaissance va s’élever jusqu’à atteindre le point oméga. »

- Un siècle après Teilhard de Chardin, Aaron se met à coder avec cette vision-là d’internet (ce cortex globalisé) avec pour objectif la liberté d’expression, partage de l’information. Internet doit être cet outil à disposition des populations pour s’élever.

- Il rappelle les pères fondateurs du Web à cette vision. Le 11 septembre 2001, il comprend que le Web est récupéré par les gouvernements pour surveiller les populations plutôt que de les émanciper.

- Aaron rentre en combat à partir de là. Il télécharge notamment des publications scientifiques financées par l’argent public pour les rendre libres en particulier aux universités de l’hémisphère sud

- Open Guerilla Manifesto qui dit que c’est le devoir de tout chercheur de publier en libre accès.

- Le FBI le rattrape, il risque 35 ans de prison.

- Il craque car il réalise que le système a choisi de ne pas adhérer à cette vision, l’émancipation des foules par la libération de la connaissance et d’au contraire organiser la médiocrité.


18:55 – Les lanceurs d’alerte : comment on les définit et à quoi ils servent ?

- « Ce ne sont pas des gens qui veulent faire l’histoire mais qui veulent la permettre »

- Ce que les lanceurs d’alerte soulèvent est la question suivante : en quoi telle information permet aux populations d’être plus libres ?

- Ce qui rassemble les lanceurs d’alerte : une idée de justice vissée au corps.

- Un lanceur d’alerte c’est quelqu’un qui assiste à quelque chose de profondément injuste, qui met en péril la dignité humaine, qui l’abîme dans son intégrité.

- Il va se mettre en danger pour que l’information se révèle pour identifier ce que cette révélation permet. L’idée de permettre est fondamentale.

- Un lanceur d’alerte met sa vie en péril au profit des autres, au nom de leur dignité.

22:40 – Comment expliquer le traitement réservé aux lanceurs d’alerte ?

- « Ça fait longtemps que le projet politique a cessé de s’intéresser au bien-être de ses citoyens. Le profit est plus important que la vie. C’est ce que dit le système. »

- « On nous a vendu que la croissance du PIB c’était le bien être, un bien public. »

- « On a tous cédé à l’illusion collective que la croissance économique allait régler tous nos problèmes. On n’a pas voulu voir les implications écologiques. »

- « On est dans la queue de ce système, dans les derniers soubresauts de ce système. »

- « Ceux qui se mettent en travers de la route sont des empêcheurs pour ce système de se déployer : lanceurs d’alerte, journaliste, écrivains. C’est ce que commencent par faire toutes les dictatures, purger. »

- « Pourquoi ? Tout a été attaqué : ce qu’il y a dans nos assiettes, ce qu’on apprend à nos enfants, la façon dont on se projette dans l’avenir. Ce qui nous reste c’est la pensée critique. »

- « Le dernier espace libre ce sont nos idées, elles sont attaquées aujourd’hui par les algorithmes. »

- « Une autre illusion collective : on s’en sortira mieux que le voisin. Le Covid nous rappelle que ce n’est pas possible. Nous sommes tous interdépendants. »

- « Les lanceurs d’alerte sont mis au pilori car ils empêchent le rebond du système. Il faut les diaboliser pour que la médiocrité organisée ne change pas. »


27:50 – Le cas d’Edward Snowden : son message sur l’état de nos démocraties.

- Edward Snowden est l’homme qui a révélé au monde l’arsenal de surveillance déployé par les États-Unis depuis des années s’est retourné contres ses alliés mais aussi sur la population américaine elle-même.

- Il a trouvé une forme d’asile politique en Russie, il y est ‘coincé’.

- Flore Vasseur a interviewé Snowden pour le documentaire ‘Meeting Snowden’ sur le sujet de la faillite démocratique et non sur la technologie.

- Flore Vasseur était accompagnée de Brigitta Jonsdottir (député icelandaise ex proche de Wikileaks) et Larry Lessig (inventeur des Creative Commons et ‘père spirituel’ d’Aaron Swartz).

- L’objectif était de comprendre ce qui reste à faire avec cette démocratie.

- Le message d’Edward Snowden : la loi du marché dont on est tous complices.

33:40 – Comment Snowden réagit à l’apathie des populations devant le confort technologique ?

- La grande phrase de Snowden est : « On préfère le confort à l’humanité »

- « Tant que c’est pratique et confortable finalement ça me va et c’est comme ça que le système vous tient. »

- Le côté pratique l’emporte sur l’utilitaire. Ça veut dire qu’on vous manipule

- L’effet « Tant que je n’ai rien à me reprocher. » alors que pour être libre il faut pouvoir avoir des endroits sûrs dans lesquels on peut déployer sa pensée.

- Cumul d’illusions : J’ai tous les droits, après moi le déluge et personne ne viendra me chercher moi.

37:30 – Qu’est ce qui se joue pour nous citoyens ? Qui gouverne ?

- « Une bataille de tous les jours : aujourd’hui j’ai un smartphone, j’ai craqué, j’ai gagné en confort et j’ai perdu autre chose. »

- « C’est un arbitrage permanent entre le confort et la liberté. Il est d’autant plus insidieux qu’il est indolore. On est récompensé à lâcher sa liberté »

- « Pourtant on perd en capacité cognitive (exemple de Google Maps et notre capacité a nous orientes seuls), capacité qu’on ne récupèrera pas. »

- « On perd notre capacité à élaborer notre propre pensée. »

- Au profit de qui ? « C’est l’économie de l’attention (Social Dilemma) avec l’objectif de maximiser notre temps en ligne pour récupérer le maximum d’informations sur nous. »

- « Tant que le business est au-dessus de tout ce qui nous dirige, alors la question du confort l’emportera sur toute autre considération à effet lointain et indolore. »

41:19 –Que faire en tant que simple citoyen ? Quels sont les leviers pour sortir de cette situation ?

Des gestes pratiques :

- « Si vous êtes fou d’info, il faut se poser la question de pourquoi. L’info c’est une drogue. C’est de la dopamine sécrétée. »

- « Si vous n’arrivez pas à décrocher. Toujours triangulariser les informations avec 3 sources différentes. »

- « Protéger vos conversations. Oubliez Gmail et allez sur Proton »

- « Encouragez les médias payants comme Mediapart, les valorisez. »

- « La presse n’est pas libre car elle est financée par la publicité donc quand on paye l’information on met dehors les annonceurs et on garantit que les journalistes fonctionnent sans censure. »

- « Qui gouverne aujourd’hui ? La peur. Aujourd’hui on en a le meilleur exemple avec la Covid, la presse en fait des feuilletons. »

- « Quand du business est fait sur un sujet, il faut déclencher les warnings. Je suis en train d’être pris au piège d’une manipulation. »

- « Faites-vous des désintox d’infobésité. Créez des moments sans infos, c’est une question d’hygiène personnelle. »

- « Lisez des écrivains qui racontent une autre version de l’histoire. Des gens qui protègent leur indépendance et leur pensée libre. Comprenez que c’est précieux. »

De manière plus générale :

- « On doit réfléchir à moins faire et plus être. »

- « Être c’est la question de la relation à l’autre. On est privé aujourd’hui soi-disant de liens avec les autres. Mais ça veut dire quoi être en lien ? Est-ce que ce n’est pas justement dans ce moment où nous sommes coupés des autres que l’on ne peut pas se poser la question de la valeur de chacune de nos relations ? »

- « N’est-ce pas le moment d’un grand nettoyage, de se demande qui on est, ce que l’on fait de nos journées ? »

- « C’est le moment de décrocher des applis et d’aller sonner chez le voisin, de faire des choses mais en ultra proximité. »

- « Nous sommes en pleine crise psychique. On ne résoudra pas la crise climatique si nous même nous n’avons pas une hygiène intérieure différente. »

- « L’infobésité par exemple il faut qu’on l’adresse mais ce n’est pas seulement en la dénonçant car là on remet une pièce dans le jukebox. »

- « Plutôt aller voir les alternatives et qui construit des choses magiques. »

- « Pour le moment la peur fait plus vendre que l’espoir. »

49:37 – Comment les jeunes générations vivent l’époque ?

- Film de Flore Vasseur en court de finalisation « Bigger than us ».

- « Le rôle de chacun c’est de permettre, c’est même plus de faire. Permettre à la vie de continuer, aux autres de se déployer, à la vie de grandir. »

- « L’idée c’est de faire avec, et non plus contre »

- A la base du documentaire c’était un reportage sur une jeune fille, Melati, de 16 ans à Bali qui était en train de faire interdire les sacs plastiques sur son île.

- « Je pensais que ce serait un épiphénomène mais dans les mots de cette jeune fille, j’ai entendu toute la sagesse d’un Snowden »

- « Je me suis rendue compte qu’il y avait plein de jeunes qui réparaient ce que notre les générations précédentes avaient dévasté. »

- « Le docu porte sur les jeunes activistes sur différents sujets, l’environnement comme la crise migratoire, les conséquences d’un monde qui a suivi le profit à la vie. »

- « 80 % de la jeunesse habite hors des pays riches. Si vous voulez regarder ce qui se passe, il faut aller regarder ailleurs. Peut-être que les pays dits en voie de développement sont en avance de phase parce que précisément leurs sociétés se sont déjà effondrées. »

- « Cherchons en nous-mêmes nos raisons d’exister. »

- « Ces jeunes nous disent ce que c’est que vivre aujourd’hui. Magnifiques de dignité, de vitalité et d’envie de vivre. »

- « Ça vient transcender tous nos sujets très ethno-centrés. »

- « La question du moment est : quelles sont les raisons d’espérer ? Qu’est-ce que je peux être ? Où sont les leviers d’action ? »

- « Ce qu’ils nous disent tous c’est de l’engagement pour les autres en ultra proximité. »

- « Les histoires de changer le monde, c’était les années 80, c’était le monde d’avant. Là il faut sortir sa boîte à outils pour le réparer. »

- « Ils ont une audace, ils sont malins, ils sont joyeux parce qu’ils sont dans la vie. »

- « Tout engoncés qu’on soit dans ce que nous dicte l’algo, on a quitté la vie. La question de la connexion au monde passe profondément par la relation à l’autre et ce dans son environnement immédiat. »

- « La question centrale aujourd’hui est celle de la joie. Un truc est sûr, ça ne passera pas par la techno. Ça ne s’appelle pas la joie, ça s’appelle la drogue. »



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Flore Vasseur est auteure, journaliste, réalisatrice et productrice de documentaires. Depuis 20 ans elle s’intéresse en particulier à une question : qui gouverne ? Qui décide de la marche du monde, de l’information qui nous est rendue visible, des algorithmes qui conditionnent nos pensées et nos actes, de ce qui se fait ou non ?

Elle a écrit un livre sur la vie d’Aaron Swartz, le jeune prodige d’internet écrasé par la machine judiciaire américaine, elle a rencontré Edward Snowden et en fait un film ; elle s’intéresse à tous ceux qui dénoncent, à ceux qui s’engagent pour faire bouger les lignes et mettre en lumière les dysfonctionnements de nos sociétés.

Nous parlons ensemble du système médiatique et politique, d’information, de notre goût du confort qui se substitue à notre désir de liberté, mais aussi de joie, de liens, et de ceux qui décident malgré tout de continuer de croire au changement et d’incarner une autre manière d’être au monde.


ITW enregistrée le 4 mars 2021


De quoi parle-t-on ?


01:00 – Qui est Flore Vasseur ?

- Son parcours professionnel : autrice, réalisatrice et productrice,

- Cheffe d’entreprise à NYC, elle dit avoir été ‘programmée pour être dans l’entreprise’ jusqu’à une bifurcation à l’âge de 27 ans au moment du 11/09 où elle commence à douter de ce qu’elle était et de ce qu’on nous disait sur la marche du monde.

- Depuis elle s’est mise à tenter de comprendre pourquoi ‘on nous a envoyé des bombes’, elle s’est alors mise à l’écriture avec une question fondamentale : Qui gouverne ? Quelles sont les forces en présence et qui tient nos chaînes ?

- Puis écriture d’articles, réalisation de documentaires et production de documentaires avec un désir de ‘maîtriser son outil de travail’.


06:00- Quelle analyse du système médiatique actuel dans nos démocraties ?

- La problématique : la consommation de l’information. « A partir du moment où l’information est devenue une marchandise et gratuite, on a tout perdu. »

- Si c’est gratuit c’est que tu es le produit, principe appliqué à tous les pans de la société.

- Les journalistes se retrouvent face à un travail mono-tâche, il n’y a plus d’enquêtes, plus d’analyses longues.

- « Je connaît très peu de journalistes heureux. »

- On choisit ce métier par idéal et on se retrouve assez vite soumis à la loi du marché.

- « Je ne dirais pas que c’est un complot, mais le résultat d’un système économique dont on est tous responsables. »

- La résultante une info calibrée par les algorithmes, neutre, une soupe informationnelle outrancière et addictive.

09:00- Qu’est-ce que ça changé cette façon de consommer l’information ?

- « Pour les rédactions, ce qui est devenu important n’est plus sa valeur informative mais sa rapidité. »

- « Le sens est devenu celui d’être le 1er »

- « L’information n’est plus un bien commun protégé mais est devenue un consommable comme les autres à publier le plus rapidement et avec le plus de sensationnalisme possible. »

10:30 – Le cas d’Aaron Swartz : en quoi son histoire est symptomatique de la manière dont fonctionne le système et du rapport entre pouvoir et information ?

- Fondateur du réseau Reddit et membre de « Creative Commons ». Il s’est battu pour que l’information soit libre, a été écrasé par le système judiciaire US sous Obama, et s’est suicidé à l’âge de 26 ans.

- Flore Vasseur a écrit un livre sur Aaron Swartz

- Elle le décrit grand idéaliste, génie visionnaire à la croisée de la technologie et de la spiritualité

- Il apprend à lire seul à 3 ans, découvre internet à 8 ans, il commence à coder seul et dit tout de suite qu’il veut être aider.

- « Il a une vision qui est la sienne mais qui est proche de celle de Teilhard de Chardin qui parle du point oméga. L’internet aurait pu être ça. »

- « Nous les humains, sommes la forme de vie la plus avancée car nous avons développé une conscience de nous-mêmes, la vie se sert de nous pour donner à l’univers une conscience de lui-même grâce à un cortex globalisé dans lequel tout le monde échange des idées et où la connaissance sera libre. Grâce à cette somme de connaissance, la connaissance va s’élever jusqu’à atteindre le point oméga. »

- Un siècle après Teilhard de Chardin, Aaron se met à coder avec cette vision-là d’internet (ce cortex globalisé) avec pour objectif la liberté d’expression, partage de l’information. Internet doit être cet outil à disposition des populations pour s’élever.

- Il rappelle les pères fondateurs du Web à cette vision. Le 11 septembre 2001, il comprend que le Web est récupéré par les gouvernements pour surveiller les populations plutôt que de les émanciper.

- Aaron rentre en combat à partir de là. Il télécharge notamment des publications scientifiques financées par l’argent public pour les rendre libres en particulier aux universités de l’hémisphère sud

- Open Guerilla Manifesto qui dit que c’est le devoir de tout chercheur de publier en libre accès.

- Le FBI le rattrape, il risque 35 ans de prison.

- Il craque car il réalise que le système a choisi de ne pas adhérer à cette vision, l’émancipation des foules par la libération de la connaissance et d’au contraire organiser la médiocrité.


18:55 – Les lanceurs d’alerte : comment on les définit et à quoi ils servent ?

- « Ce ne sont pas des gens qui veulent faire l’histoire mais qui veulent la permettre »

- Ce que les lanceurs d’alerte soulèvent est la question suivante : en quoi telle information permet aux populations d’être plus libres ?

- Ce qui rassemble les lanceurs d’alerte : une idée de justice vissée au corps.

- Un lanceur d’alerte c’est quelqu’un qui assiste à quelque chose de profondément injuste, qui met en péril la dignité humaine, qui l’abîme dans son intégrité.

- Il va se mettre en danger pour que l’information se révèle pour identifier ce que cette révélation permet. L’idée de permettre est fondamentale.

- Un lanceur d’alerte met sa vie en péril au profit des autres, au nom de leur dignité.

22:40 – Comment expliquer le traitement réservé aux lanceurs d’alerte ?

- « Ça fait longtemps que le projet politique a cessé de s’intéresser au bien-être de ses citoyens. Le profit est plus important que la vie. C’est ce que dit le système. »

- « On nous a vendu que la croissance du PIB c’était le bien être, un bien public. »

- « On a tous cédé à l’illusion collective que la croissance économique allait régler tous nos problèmes. On n’a pas voulu voir les implications écologiques. »

- « On est dans la queue de ce système, dans les derniers soubresauts de ce système. »

- « Ceux qui se mettent en travers de la route sont des empêcheurs pour ce système de se déployer : lanceurs d’alerte, journaliste, écrivains. C’est ce que commencent par faire toutes les dictatures, purger. »

- « Pourquoi ? Tout a été attaqué : ce qu’il y a dans nos assiettes, ce qu’on apprend à nos enfants, la façon dont on se projette dans l’avenir. Ce qui nous reste c’est la pensée critique. »

- « Le dernier espace libre ce sont nos idées, elles sont attaquées aujourd’hui par les algorithmes. »

- « Une autre illusion collective : on s’en sortira mieux que le voisin. Le Covid nous rappelle que ce n’est pas possible. Nous sommes tous interdépendants. »

- « Les lanceurs d’alerte sont mis au pilori car ils empêchent le rebond du système. Il faut les diaboliser pour que la médiocrité organisée ne change pas. »


27:50 – Le cas d’Edward Snowden : son message sur l’état de nos démocraties.

- Edward Snowden est l’homme qui a révélé au monde l’arsenal de surveillance déployé par les États-Unis depuis des années s’est retourné contres ses alliés mais aussi sur la population américaine elle-même.

- Il a trouvé une forme d’asile politique en Russie, il y est ‘coincé’.

- Flore Vasseur a interviewé Snowden pour le documentaire ‘Meeting Snowden’ sur le sujet de la faillite démocratique et non sur la technologie.

- Flore Vasseur était accompagnée de Brigitta Jonsdottir (député icelandaise ex proche de Wikileaks) et Larry Lessig (inventeur des Creative Commons et ‘père spirituel’ d’Aaron Swartz).

- L’objectif était de comprendre ce qui reste à faire avec cette démocratie.

- Le message d’Edward Snowden : la loi du marché dont on est tous complices.

33:40 – Comment Snowden réagit à l’apathie des populations devant le confort technologique ?

- La grande phrase de Snowden est : « On préfère le confort à l’humanité »

- « Tant que c’est pratique et confortable finalement ça me va et c’est comme ça que le système vous tient. »

- Le côté pratique l’emporte sur l’utilitaire. Ça veut dire qu’on vous manipule

- L’effet « Tant que je n’ai rien à me reprocher. » alors que pour être libre il faut pouvoir avoir des endroits sûrs dans lesquels on peut déployer sa pensée.

- Cumul d’illusions : J’ai tous les droits, après moi le déluge et personne ne viendra me chercher moi.

37:30 – Qu’est ce qui se joue pour nous citoyens ? Qui gouverne ?

- « Une bataille de tous les jours : aujourd’hui j’ai un smartphone, j’ai craqué, j’ai gagné en confort et j’ai perdu autre chose. »

- « C’est un arbitrage permanent entre le confort et la liberté. Il est d’autant plus insidieux qu’il est indolore. On est récompensé à lâcher sa liberté »

- « Pourtant on perd en capacité cognitive (exemple de Google Maps et notre capacité a nous orientes seuls), capacité qu’on ne récupèrera pas. »

- « On perd notre capacité à élaborer notre propre pensée. »

- Au profit de qui ? « C’est l’économie de l’attention (Social Dilemma) avec l’objectif de maximiser notre temps en ligne pour récupérer le maximum d’informations sur nous. »

- « Tant que le business est au-dessus de tout ce qui nous dirige, alors la question du confort l’emportera sur toute autre considération à effet lointain et indolore. »

41:19 –Que faire en tant que simple citoyen ? Quels sont les leviers pour sortir de cette situation ?

Des gestes pratiques :

- « Si vous êtes fou d’info, il faut se poser la question de pourquoi. L’info c’est une drogue. C’est de la dopamine sécrétée. »

- « Si vous n’arrivez pas à décrocher. Toujours triangulariser les informations avec 3 sources différentes. »

- « Protéger vos conversations. Oubliez Gmail et allez sur Proton »

- « Encouragez les médias payants comme Mediapart, les valorisez. »

- « La presse n’est pas libre car elle est financée par la publicité donc quand on paye l’information on met dehors les annonceurs et on garantit que les journalistes fonctionnent sans censure. »

- « Qui gouverne aujourd’hui ? La peur. Aujourd’hui on en a le meilleur exemple avec la Covid, la presse en fait des feuilletons. »

- « Quand du business est fait sur un sujet, il faut déclencher les warnings. Je suis en train d’être pris au piège d’une manipulation. »

- « Faites-vous des désintox d’infobésité. Créez des moments sans infos, c’est une question d’hygiène personnelle. »

- « Lisez des écrivains qui racontent une autre version de l’histoire. Des gens qui protègent leur indépendance et leur pensée libre. Comprenez que c’est précieux. »

De manière plus générale :

- « On doit réfléchir à moins faire et plus être. »

- « Être c’est la question de la relation à l’autre. On est privé aujourd’hui soi-disant de liens avec les autres. Mais ça veut dire quoi être en lien ? Est-ce que ce n’est pas justement dans ce moment où nous sommes coupés des autres que l’on ne peut pas se poser la question de la valeur de chacune de nos relations ? »

- « N’est-ce pas le moment d’un grand nettoyage, de se demande qui on est, ce que l’on fait de nos journées ? »

- « C’est le moment de décrocher des applis et d’aller sonner chez le voisin, de faire des choses mais en ultra proximité. »

- « Nous sommes en pleine crise psychique. On ne résoudra pas la crise climatique si nous même nous n’avons pas une hygiène intérieure différente. »

- « L’infobésité par exemple il faut qu’on l’adresse mais ce n’est pas seulement en la dénonçant car là on remet une pièce dans le jukebox. »

- « Plutôt aller voir les alternatives et qui construit des choses magiques. »

- « Pour le moment la peur fait plus vendre que l’espoir. »

49:37 – Comment les jeunes générations vivent l’époque ?

- Film de Flore Vasseur en court de finalisation « Bigger than us ».

- « Le rôle de chacun c’est de permettre, c’est même plus de faire. Permettre à la vie de continuer, aux autres de se déployer, à la vie de grandir. »

- « L’idée c’est de faire avec, et non plus contre »

- A la base du documentaire c’était un reportage sur une jeune fille, Melati, de 16 ans à Bali qui était en train de faire interdire les sacs plastiques sur son île.

- « Je pensais que ce serait un épiphénomène mais dans les mots de cette jeune fille, j’ai entendu toute la sagesse d’un Snowden »

- « Je me suis rendue compte qu’il y avait plein de jeunes qui réparaient ce que notre les générations précédentes avaient dévasté. »

- « Le docu porte sur les jeunes activistes sur différents sujets, l’environnement comme la crise migratoire, les conséquences d’un monde qui a suivi le profit à la vie. »

- « 80 % de la jeunesse habite hors des pays riches. Si vous voulez regarder ce qui se passe, il faut aller regarder ailleurs. Peut-être que les pays dits en voie de développement sont en avance de phase parce que précisément leurs sociétés se sont déjà effondrées. »

- « Cherchons en nous-mêmes nos raisons d’exister. »

- « Ces jeunes nous disent ce que c’est que vivre aujourd’hui. Magnifiques de dignité, de vitalité et d’envie de vivre. »

- « Ça vient transcender tous nos sujets très ethno-centrés. »

- « La question du moment est : quelles sont les raisons d’espérer ? Qu’est-ce que je peux être ? Où sont les leviers d’action ? »

- « Ce qu’ils nous disent tous c’est de l’engagement pour les autres en ultra proximité. »

- « Les histoires de changer le monde, c’était les années 80, c’était le monde d’avant. Là il faut sortir sa boîte à outils pour le réparer. »

- « Ils ont une audace, ils sont malins, ils sont joyeux parce qu’ils sont dans la vie. »

- « Tout engoncés qu’on soit dans ce que nous dicte l’algo, on a quitté la vie. La question de la connexion au monde passe profondément par la relation à l’autre et ce dans son environnement immédiat. »

- « La question centrale aujourd’hui est celle de la joie. Un truc est sûr, ça ne passera pas par la techno. Ça ne s’appelle pas la joie, ça s’appelle la drogue. »



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