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Le disco

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Avant, on écoutait du funk, et ça ressemblait à ça :

Extrait : The staples singers - I'll take you there

Cette chanson, c'est "I'll take you there", du groupe The staple singers. Quand on l'entend, on se balance sur les instruments venus tour à tour s'entrelacer et apporter leur contribution à l'ensemble. Y a pas vraiment de suite d'accords, pas de structure couplet / refrain avec chacun sa mélodie… On est guidés le long du morceau par la batterie, un clavier, quelques cuivres pour ponctuer et une ligne de basse entêtante.

Le disco se différencie du funk avec difficulté, mais je suis pas là pour faire des assonances. C'est vrai que le disco va largement reprendre les caractéristiques principales du funk. Et en premier lieu, ses lignes de basses proéminentes et syncopées. Syncopées, ça veut dire qu'au lieu de marquer un rythme régulier et prévisible, les notes de la basse seront jouées parfois plus tôt que ce qu'on attend, parfois plus tard. Ce qui va donner une sensation immédiatement groovy à la chanson, celle qui vous donne envie de danser. Mais LA caractéristique qui va séparer radicalement le funk du disco, c'est le jeu de la grosse caisse de la batterie. Plutôt discrète dans le funk, souvent mécaniquement étouffée, elle va être à l'opposé omniprésente dans le disco. La base du disco, c'est de frapper la grosse caisse sur. chaque. temps. On a appelé ça le "four on the floor", four pour les quatre temps de la mesure où la caisse sera frappée, et "on the floor" parce que c'est au sol que cette caisse repose. Si on cherche à entendre la ligne de basse syncopée venue du funk et le son lourd de la grosse caisse sur chaque temps dans une chanson disco, on n'aura pas besoin d'aller fouiller bien loin :

Extrait : The bee gees - Stayin' alive

C'est évidemment le démarrage de Stayin' alive des Bee gees, qui nous offre une ligne de basse bien claire et la batterie la plus disco possible pour le film culte Saturday night fever. Le film est sorti en 1977, et il a définitivement assis le disco comme style de musique majeur de ces années-là. Les deux années précédentes ont vu le genre monter en puissance, le film a consacré son caractère populaire, et les deux années suivantes seront celles de la réplication à outrance jusqu'à l'indigestion à l'aube des années 80. Pour ce qui est des autres instruments, le disco a fait feu de tout bois. Et aussi de tout cuivre. Et de toutes cordes. Globalement, le disco s'est servi de l'orchestre complet pour donner une grande variété sonore à une musique avant tout rythmique. Il a par exemple continué d'utiliser le clavier, pour jouer des riffs complémentaires à la basse. On note aussi les cuivres, aussi restés des autres musiques noires américaines qui l'ont précédé. Ils peuvent ponctuer les phrases des chanteurs et des chanteuses, comme dans Act like you know, de Fat Larry's band :

Extrait: Fat Larry's band - Act like you know

Le plus grand tabou du disco, c'est peut-être la guitare, pourtant l'instrument phare de la musique déjà. Elle ne sera pas utilisée pour jouer des mélodies, mais uniquement en accompagnement rythmique, comme d'autres instruments. Les mélodies de la guitare, à l'époque, c'est pour le rock. Peut-être parfois pour compenser, la section de cordes, frottées cette fois, sera largement appelée dans le disco. Si, comme le cuivre, elles sont capables de donner un sursaut vif ou de répondre aux voix, elles peuvent aussi amener une harmonie en soutien à une chanson disco. On les entend dans ce rôle dans la chanson Can't get enough of your love, de Barry White, un titre des débuts, pas encore tout à fait identifiés en tant que tels, du disco :

Extrait : Barry White - Can't get enough of your love

Si le disco peut utiliser autant d'instruments, c'est parce que c'est une musique de studio. On ne pense pas les chansons pour être jouées sur scène avec tous les instrumentistes ! En fait, on n'a même pas besoin de les avoir tous en même temps en studio, vu que l'enregistrement se fait des pistes séparées au nombre qui devient de plus en plus grand dans les années 70. Le rendu dense donné par tous ces instruments se retrouve aussi dans le chant du disco, où les voix semblent démultipliées, notamment grâce à l'effet électronique de la réverbération. On l'entend clairement dans la voix de Casey, le chanteur de KC and the sunshine band, lorsqu'il chante Shake your booty :

Extrait : KC and the sunshines - Shake your booty

Secoue secoue secoue, secoue secoue secoue, secoue ton fessier, nous chante KC. La disco n'est pas réputée pour ses paroles d'engagement politique, mais plutôt pour l'incitation qu'elles donnent à danser et à faire la fête. Pourtant l'histoire du disco est éminemment politique, puisque le style est né dans des lieux de fêtes privatisés pour éviter à des minorités d'être agressées si elles allaient dans des fêtes ouvertes au public. Les homosexuels, les noirs et les latinos notamment ont été les premiers à se déhancher librement sur des musiques qui leur permettaient d'oublier des États-Unis très rigoristes à l'époque. Les disc-jockey étaient responsables de faire danser les participants toute la nuit, et pour cela, ils trouvaient que les chansons de 3 minutes pressées sur les disques étaient trop courtes. Ils ont fini par faire presser des chansons dont les sections instrumentales notamment étaient allongées sur des disques de 30 centimètres, jusque là réservés au pressage d'albums. Ça a donné des chansons de 8 minutes et plus qu'on a appelé les "maxi". Ces extensions de chansons disco influenceront les débuts de la house music, mais ceci est une autre histoire. Parmi les pères de la musique de discothèque électronique, Giorgio Moroder a composé en 1975 une chanson disco de 16 minutes dont on n'écoutera en conclusion qu'un déjà bel extrait pour que vous sentiez la progression lente : c'est Love to love you baby, dont la voix appartient à Donna Summer.

Extrait : Donna Summer - Love to love you baby

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Le disco

Punk musette

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Avant, on écoutait du funk, et ça ressemblait à ça :

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Cette chanson, c'est "I'll take you there", du groupe The staple singers. Quand on l'entend, on se balance sur les instruments venus tour à tour s'entrelacer et apporter leur contribution à l'ensemble. Y a pas vraiment de suite d'accords, pas de structure couplet / refrain avec chacun sa mélodie… On est guidés le long du morceau par la batterie, un clavier, quelques cuivres pour ponctuer et une ligne de basse entêtante.

Le disco se différencie du funk avec difficulté, mais je suis pas là pour faire des assonances. C'est vrai que le disco va largement reprendre les caractéristiques principales du funk. Et en premier lieu, ses lignes de basses proéminentes et syncopées. Syncopées, ça veut dire qu'au lieu de marquer un rythme régulier et prévisible, les notes de la basse seront jouées parfois plus tôt que ce qu'on attend, parfois plus tard. Ce qui va donner une sensation immédiatement groovy à la chanson, celle qui vous donne envie de danser. Mais LA caractéristique qui va séparer radicalement le funk du disco, c'est le jeu de la grosse caisse de la batterie. Plutôt discrète dans le funk, souvent mécaniquement étouffée, elle va être à l'opposé omniprésente dans le disco. La base du disco, c'est de frapper la grosse caisse sur. chaque. temps. On a appelé ça le "four on the floor", four pour les quatre temps de la mesure où la caisse sera frappée, et "on the floor" parce que c'est au sol que cette caisse repose. Si on cherche à entendre la ligne de basse syncopée venue du funk et le son lourd de la grosse caisse sur chaque temps dans une chanson disco, on n'aura pas besoin d'aller fouiller bien loin :

Extrait : The bee gees - Stayin' alive

C'est évidemment le démarrage de Stayin' alive des Bee gees, qui nous offre une ligne de basse bien claire et la batterie la plus disco possible pour le film culte Saturday night fever. Le film est sorti en 1977, et il a définitivement assis le disco comme style de musique majeur de ces années-là. Les deux années précédentes ont vu le genre monter en puissance, le film a consacré son caractère populaire, et les deux années suivantes seront celles de la réplication à outrance jusqu'à l'indigestion à l'aube des années 80. Pour ce qui est des autres instruments, le disco a fait feu de tout bois. Et aussi de tout cuivre. Et de toutes cordes. Globalement, le disco s'est servi de l'orchestre complet pour donner une grande variété sonore à une musique avant tout rythmique. Il a par exemple continué d'utiliser le clavier, pour jouer des riffs complémentaires à la basse. On note aussi les cuivres, aussi restés des autres musiques noires américaines qui l'ont précédé. Ils peuvent ponctuer les phrases des chanteurs et des chanteuses, comme dans Act like you know, de Fat Larry's band :

Extrait: Fat Larry's band - Act like you know

Le plus grand tabou du disco, c'est peut-être la guitare, pourtant l'instrument phare de la musique déjà. Elle ne sera pas utilisée pour jouer des mélodies, mais uniquement en accompagnement rythmique, comme d'autres instruments. Les mélodies de la guitare, à l'époque, c'est pour le rock. Peut-être parfois pour compenser, la section de cordes, frottées cette fois, sera largement appelée dans le disco. Si, comme le cuivre, elles sont capables de donner un sursaut vif ou de répondre aux voix, elles peuvent aussi amener une harmonie en soutien à une chanson disco. On les entend dans ce rôle dans la chanson Can't get enough of your love, de Barry White, un titre des débuts, pas encore tout à fait identifiés en tant que tels, du disco :

Extrait : Barry White - Can't get enough of your love

Si le disco peut utiliser autant d'instruments, c'est parce que c'est une musique de studio. On ne pense pas les chansons pour être jouées sur scène avec tous les instrumentistes ! En fait, on n'a même pas besoin de les avoir tous en même temps en studio, vu que l'enregistrement se fait des pistes séparées au nombre qui devient de plus en plus grand dans les années 70. Le rendu dense donné par tous ces instruments se retrouve aussi dans le chant du disco, où les voix semblent démultipliées, notamment grâce à l'effet électronique de la réverbération. On l'entend clairement dans la voix de Casey, le chanteur de KC and the sunshine band, lorsqu'il chante Shake your booty :

Extrait : KC and the sunshines - Shake your booty

Secoue secoue secoue, secoue secoue secoue, secoue ton fessier, nous chante KC. La disco n'est pas réputée pour ses paroles d'engagement politique, mais plutôt pour l'incitation qu'elles donnent à danser et à faire la fête. Pourtant l'histoire du disco est éminemment politique, puisque le style est né dans des lieux de fêtes privatisés pour éviter à des minorités d'être agressées si elles allaient dans des fêtes ouvertes au public. Les homosexuels, les noirs et les latinos notamment ont été les premiers à se déhancher librement sur des musiques qui leur permettaient d'oublier des États-Unis très rigoristes à l'époque. Les disc-jockey étaient responsables de faire danser les participants toute la nuit, et pour cela, ils trouvaient que les chansons de 3 minutes pressées sur les disques étaient trop courtes. Ils ont fini par faire presser des chansons dont les sections instrumentales notamment étaient allongées sur des disques de 30 centimètres, jusque là réservés au pressage d'albums. Ça a donné des chansons de 8 minutes et plus qu'on a appelé les "maxi". Ces extensions de chansons disco influenceront les débuts de la house music, mais ceci est une autre histoire. Parmi les pères de la musique de discothèque électronique, Giorgio Moroder a composé en 1975 une chanson disco de 16 minutes dont on n'écoutera en conclusion qu'un déjà bel extrait pour que vous sentiez la progression lente : c'est Love to love you baby, dont la voix appartient à Donna Summer.

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