L’Homme qui fixait des vertiges : Busby Berkeley, corps et âme
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Dans les années 30, Broadway et Hollywood se tiraient la bourre pour proposer les comédies musicales les plus endiablées. Un homme fit basculer la donne du côté du cinéma : Busby Berkeley. Les numéros créés par ce chorégraphe ont transformé à jamais le registre, Ses ballets, créations mathématiques combinant prouesses techniques les plus folles et abstractions poétiques ayant durablement imprégné les arts visuels. Des Frères Coën dans The big Lebowski au clip d'"Around the world" par Michel Gondry ou ceux de Beyoncé, de l'ouverture d'Indiana Jones et le temple maudit aux pubs Evian, son empreinte est restée partout, mais que savait-on de lui ?
Si Berkeley filmait ses numéros selon un point de vue zénithal, Pierre-Julien Marest et Séverine Danflous posent, avec L'homme qui fixait les vertiges, un regard en symétrie pour synchroniser les parcours, tout aussi démesurés, d'un créateur et d'une industrie. Divisé en deux parties, ce livre reprend à son compte un art de la géométrie cosmique : aux tableaux mouvants, assemblages de corps composés par Berkley à l'écran, se superpose sur les pages l'enchevêtrement des complexités d'un homme et d'un âge d'or hollywoodien.
Le récit de L'homme qui fixait les vertiges se faisant lui aussi kaléïdoscopique par ses extensions – de minibiographies de danseuses en chroniques des enjeux de pouvoir, chassés-croisés avec la censure, rapport érotomane à la féminité où connexion avec les années Pop'art à venir. Soit près de 500 pages prodigieusement acrobates, balancier entre apesanteur de la folie et rigueur rythmique de métronome ; L'homme qui fixait les vertiges reprenant les enseignements de la caméra de Berkeley qui se faufilait partout pour mieux être en quête de hauteur, se poser en surplomb pour mieux reformuler le monde.
L'homme qui fixait les vertiges (Editions Marest)
300 episodes