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Les primaires, machines à perdre ? / Déroute à Kaboul: vers une défense européenne ? / n°209 / 5 septembre 2021

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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l’Ecole alsacienne le 5 septembre 2021. Avec Matthias Fekl, Lucile Schmid, Richard Werly et Michaela Wiegel.

LES PRIMAIRES SONT-ELLES DES MACHINES À PERDRE ?

L'automne qui arrive pourrait s’annoncer comme la saison des primairesen vue des présidentielles de 2022. A droite, plusieurs candidats se sont déclarés en leur faveur : Valérie Pécresse, Michel Barnier, Philippe Juvin et Éric Ciotti. Mais Xavier Bertrand s’y oppose. Le 2 septembre, le président des Républicains, Christian Jacob a annoncé que « ce sont les militants qui trancheront lors du congrès le 25 septembre » si des primaires doivent avoir lieu et sous quelle forme. LR va donc procéder à une primaire de la primaire. La primaire d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) est déjà programmée et ses règles fixées. En septembre, elle sera numérique, faute de moyens pour l'organiser physiquement. Certains, au Parti socialiste, commencent à réclamer un processus similaire pour départager les candidats putatifs. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, proposera une modification des statuts lors du congrès des 18 et 19 septembre à Villeurbanne pour réserver la primaire aux militants. La maire de Paris, Anne Hidalgo, en rupture avec les statuts du PS, a déjà fait savoir qu'elle n'était « pas favorable à un système de primaire ». Le 11 juillet, une démarche inédite et ouverte à tous, « La Primaire populaire » a été lancée par une poignée de citoyens engagés. Il s’agit d’un parrainage en ligne visant àfaire émerger une candidature commune à gauche. Sa particularité : les candidats ne choisissent pas de l'être.

A l’origine, le système des primaires n'est pas dans la tradition politique française. Le premier à en avoir introduit l'idée fut Charles Pasqua en 1989, pour départager Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac. Ce n’est que depuis 2012, que le procédé a été fréquemment utilisé, à droite comme à gauche, avec des résultats mitigés : en 2012, il déboucha sur la sélection de François Hollande comme candidat du PS et de ses alliés, puis sur sa victoire finale. En revanche, en 2016 et 2017, les deux vainqueurs des primaires, à droite comme à gauche, François Fillon et Benoît Hamon, ne sont pas parvenus au second tour des présidentielles. Et le vainqueur de 2017 fut le candidat issu d'un gouvernement socialiste mais ayant fait le choix de se soustraire aux primaires de gauche, Emmanuel Macron...

En août, la Fondation pour l'innovation politique a publié une étude des politologues Pascal Perrineau et Laurence Morel estimant que l'élection présidentielle de 2022 sera centrale pour l'avenir des primaires en France. Pour eux, « soit elles sont abandonnées avant d'être totalement entrées dans les mœurs, soit elles perdurent et un retour en arrière sera difficile. »

Selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche publié le 29 août, une majorité de Français se déclare en faveur de l’organisation de primaire : 59 % des personnes interrogées plaident pour l'organisation d'une primaire à gauche, et 58 % à droite.

***

APRÈS LA DÉROUTE ÉTATS-UNIENNE À KABOUL,

Y AURA-T-IL UNE DÉFENSE EUROPÉENNE ?

Le 2 septembre, les ministres de la Défense de l'UE ont évalué les premières conséquences du « fiasco » afghan et ils ont évoqué un nouveau format de projection. Il n'est pas ressorti de décision de leurs échanges à Kranj, en Slovénie, mais, selon les mots d'un diplomate européen, « la maturité collective s'accroît », en vue d'une autonomisation de l'Europe vis-à-vis de l'Otan et des Etats-Unis. Le président du Conseil européen Charles Michel avaitobservé : « l'Europe ne bouge que dans les crises. L'Afghanistan peut la réveiller. Le moment est venu d'être en mesure de la doter d'une force militaire capable de se battre si nécessaire. » Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s’est exprimé dans le même sens, prédisant que « les prochaines crises seront en Irak et au Sahel ». Le concept d'une force dite de « première entrée » de plusieurs milliers de soldats, déjà avancé en mai dernier, a été de nouveau discuté, sans que soient évoqués ni chiffres précis, ni mode de décision d'engagement de ces troupes. Une des questions qui se posent est celle de l'unanimité. Compte tenu des traditions militaires et des sensibilités très différentes à travers le continent, l’on pourrait se diriger vers des coopérations renforcées ad hoc entre quelques Etats membres, en fonction des crises.

Thierry Breton, commissaire au Marché intérieur, également en charge de la Défense et de l'Espace, estime que « l'Europe de la défense doit rentrer dans l'âge adulte » pour faire basculer le continent de « l'Europe marché » vers « l'Europe puissance ». Il propose de définir une doctrine européenne de sécurité et de défense pour établir les motifs d'intervention, un cadre institutionnel renouvelé qui inclurait un Conseil de sécurité européen et une force européenne de projection, qui impliquerait « un centre de commandement européen intégré ».

Toutefois, les expériences passées ont montré que les meilleures idées ont du mal à se concrétiser. Les leaders européens avaient décidé, en 1999 à Helsinki, la création d'une force terrestre de 50.000 à 60.000 soldats qui n'a jamais vu le jour. Un système commun de groupements tactiques, composés chacun de 1.500 militaires, a été mis en place en 2007 pour répondre aux crises mais ils ne sont encore jamais intervenus car les gouvernements de l'UE n'ont pas pu se mettre d'accord sur la manière et le moment de les déployer. En 2018, les vingt-sept ont donné leur feu vert à une Initiative européenne d'intervention ainsi qu'à une implication croissante de l'Europe au Sahel et à la création d'un Fonds européen de défense doté de 8 milliards d'euros. Mais un certain nombre de pays, notamment en Europe orientale, craignent que l'édification d'une défense européenne ne se fasse au détriment de la relation avec le protecteur américain - et donc de leur sécurité.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l’Ecole alsacienne le 5 septembre 2021. Avec Matthias Fekl, Lucile Schmid, Richard Werly et Michaela Wiegel.

LES PRIMAIRES SONT-ELLES DES MACHINES À PERDRE ?

L'automne qui arrive pourrait s’annoncer comme la saison des primairesen vue des présidentielles de 2022. A droite, plusieurs candidats se sont déclarés en leur faveur : Valérie Pécresse, Michel Barnier, Philippe Juvin et Éric Ciotti. Mais Xavier Bertrand s’y oppose. Le 2 septembre, le président des Républicains, Christian Jacob a annoncé que « ce sont les militants qui trancheront lors du congrès le 25 septembre » si des primaires doivent avoir lieu et sous quelle forme. LR va donc procéder à une primaire de la primaire. La primaire d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) est déjà programmée et ses règles fixées. En septembre, elle sera numérique, faute de moyens pour l'organiser physiquement. Certains, au Parti socialiste, commencent à réclamer un processus similaire pour départager les candidats putatifs. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, proposera une modification des statuts lors du congrès des 18 et 19 septembre à Villeurbanne pour réserver la primaire aux militants. La maire de Paris, Anne Hidalgo, en rupture avec les statuts du PS, a déjà fait savoir qu'elle n'était « pas favorable à un système de primaire ». Le 11 juillet, une démarche inédite et ouverte à tous, « La Primaire populaire » a été lancée par une poignée de citoyens engagés. Il s’agit d’un parrainage en ligne visant àfaire émerger une candidature commune à gauche. Sa particularité : les candidats ne choisissent pas de l'être.

A l’origine, le système des primaires n'est pas dans la tradition politique française. Le premier à en avoir introduit l'idée fut Charles Pasqua en 1989, pour départager Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac. Ce n’est que depuis 2012, que le procédé a été fréquemment utilisé, à droite comme à gauche, avec des résultats mitigés : en 2012, il déboucha sur la sélection de François Hollande comme candidat du PS et de ses alliés, puis sur sa victoire finale. En revanche, en 2016 et 2017, les deux vainqueurs des primaires, à droite comme à gauche, François Fillon et Benoît Hamon, ne sont pas parvenus au second tour des présidentielles. Et le vainqueur de 2017 fut le candidat issu d'un gouvernement socialiste mais ayant fait le choix de se soustraire aux primaires de gauche, Emmanuel Macron...

En août, la Fondation pour l'innovation politique a publié une étude des politologues Pascal Perrineau et Laurence Morel estimant que l'élection présidentielle de 2022 sera centrale pour l'avenir des primaires en France. Pour eux, « soit elles sont abandonnées avant d'être totalement entrées dans les mœurs, soit elles perdurent et un retour en arrière sera difficile. »

Selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche publié le 29 août, une majorité de Français se déclare en faveur de l’organisation de primaire : 59 % des personnes interrogées plaident pour l'organisation d'une primaire à gauche, et 58 % à droite.

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APRÈS LA DÉROUTE ÉTATS-UNIENNE À KABOUL,

Y AURA-T-IL UNE DÉFENSE EUROPÉENNE ?

Le 2 septembre, les ministres de la Défense de l'UE ont évalué les premières conséquences du « fiasco » afghan et ils ont évoqué un nouveau format de projection. Il n'est pas ressorti de décision de leurs échanges à Kranj, en Slovénie, mais, selon les mots d'un diplomate européen, « la maturité collective s'accroît », en vue d'une autonomisation de l'Europe vis-à-vis de l'Otan et des Etats-Unis. Le président du Conseil européen Charles Michel avaitobservé : « l'Europe ne bouge que dans les crises. L'Afghanistan peut la réveiller. Le moment est venu d'être en mesure de la doter d'une force militaire capable de se battre si nécessaire. » Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s’est exprimé dans le même sens, prédisant que « les prochaines crises seront en Irak et au Sahel ». Le concept d'une force dite de « première entrée » de plusieurs milliers de soldats, déjà avancé en mai dernier, a été de nouveau discuté, sans que soient évoqués ni chiffres précis, ni mode de décision d'engagement de ces troupes. Une des questions qui se posent est celle de l'unanimité. Compte tenu des traditions militaires et des sensibilités très différentes à travers le continent, l’on pourrait se diriger vers des coopérations renforcées ad hoc entre quelques Etats membres, en fonction des crises.

Thierry Breton, commissaire au Marché intérieur, également en charge de la Défense et de l'Espace, estime que « l'Europe de la défense doit rentrer dans l'âge adulte » pour faire basculer le continent de « l'Europe marché » vers « l'Europe puissance ». Il propose de définir une doctrine européenne de sécurité et de défense pour établir les motifs d'intervention, un cadre institutionnel renouvelé qui inclurait un Conseil de sécurité européen et une force européenne de projection, qui impliquerait « un centre de commandement européen intégré ».

Toutefois, les expériences passées ont montré que les meilleures idées ont du mal à se concrétiser. Les leaders européens avaient décidé, en 1999 à Helsinki, la création d'une force terrestre de 50.000 à 60.000 soldats qui n'a jamais vu le jour. Un système commun de groupements tactiques, composés chacun de 1.500 militaires, a été mis en place en 2007 pour répondre aux crises mais ils ne sont encore jamais intervenus car les gouvernements de l'UE n'ont pas pu se mettre d'accord sur la manière et le moment de les déployer. En 2018, les vingt-sept ont donné leur feu vert à une Initiative européenne d'intervention ainsi qu'à une implication croissante de l'Europe au Sahel et à la création d'un Fonds européen de défense doté de 8 milliards d'euros. Mais un certain nombre de pays, notamment en Europe orientale, craignent que l'édification d'une défense européenne ne se fasse au détriment de la relation avec le protecteur américain - et donc de leur sécurité.

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