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Des généraux de division / Le Tchad perd son fort Déby / n°192 / 9 mai 2021

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DES GÉNÉRAUX DE DIVISION

Dans une tribune dans Valeurs Actuelles, le 21 avril, une vingtaine d’officiers généraux de réserve sur les plus de 5.000 que compte la deuxième section, une centaine de hauts gradés et plus d'un millier d'autres militaires ont conjecturé : « Si rien n'est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l'intervention de nos camarades d'active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles ». Les signataires redoutent une « guerre civile » et s'alarment de la menace que feraient planer sur la France « l'islamisme, les hordes de banlieue » et « un certain antiracisme ». Leur tribune a recueilli plus de 10.000 signatures sur un total de 210 .000 militaires d’actives, hors gendarmerie. En 2019, une enquête de l'Ifop sur le vote dans les bureaux proches des casernes avait révélé des scores particulièrement élevés pour le Rassemblement national.

Le 23 avril, Marine Le Pen a répondu, dans Valeurs actuelles, qu'elle partageait leurs analyses et les a invités à rejoindre le Rassemblement national. La gauche a affiché sa consternation devant ce qu’elle considère être un appel à l'insurrection à peine voilé. Après un silence de plusieurs jours, la ministre des Armées, Florence Parly a condamné le 25 avril la tribune, jugeant que « Les armées ne sont pas là pour faire campagne mais pour défendre la France ».

Dans les colonnes de Valeurs actuelles, cette tribune succède à l'« appel à l'insurrection » lancé le 17 avril par l'ex-secrétaire d'État Philippe de Villiers dont le frère, le général Pierre de Villiers, veut « réparer la France » autour de la notion d'autorité. D’après une étude Ifop publiée fin 2020, 20 % des Français seraient prêts à voter pour cet ancien chef d’État-Major des armées aux élections présidentielles de 2022...

Une semaine après sa publication dans Valeurs Actuelles, un sondage Harris Interactive / LCI indiquait que 58% des Français déclaraient soutenir les militaires signataires. A droite, cette tribune entrâine 71 % de sympathisants LR et 86 % de ceux du Rassemblement national. Une très forte majorité de Français partage la vision exprimée par les anciens militaires sur « la société française en train de se déliter » (73%) ou « une forme d’antiracisme qui produit une haine entre les communautés » (74%). Le sondage montre qu’un Français sur deux (49 %) pense que « l’Armée devrait intervenir sans qu’on lui en donne l’ordre afin de garantir l’ordre et la sécurité en France. »

Le ministère et l’état-major des armées ont décidé de punir les signataires. Une volonté que ne partagent pas les Français selon le sondage Harris/Ifop : seuls 36 % y sont favorables pour les militaires d’active et 26 % pour ceux à la retraite.

***

LE TCHAD PERD SON FORT DÉBY

Au président Idriss Déby, mort à 68 ans dont 30 à la tête du Tchad a succédé un conseil militaire de transition composé de 15 généraux présidé par le général Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président et chef de la Garde présidentielle, qui a promis des élections « libres et démocratiques » à l'issue d'une « période de transition » de dix-huit mois.

Les années Déby ont été marquées par la violence d'État : crimes de masse dans le sud du pays dans les années 90, assassinats politiques, disparitions d'opposants et de journalistes, élections truquées, détournement des ressources pétrolières par le clan au pouvoir. L'armée d'Idriss Déby, dont la plupart des hauts gradés sont issus de sa communauté, les Zaghawas, est réputée pour être une des meilleures de la région. Elle tenait la frontière avec la Libye, luttant contre les groupes islamistes qui y ont pris leurs quartiers et contre les incursions des mouvements rebelles tchadiens. Ses hommes contenaient aussi la poussée de Boko Haram dans la zone du lac Tchad. Cet appareil militaire tchadien a édifié au détriment du développement du pays, qui avec ses 15 millions d'habitants est aujourd'hui 187e sur 189 de l’indice de développement humain de l’ONU qui prend en compte le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation des enfants.

Idriss Déby était aussi la pierre angulaire du G5 Sahel, la force conjointe composée par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad pour lutter, auprès des Français de la force Barkhane, contre les groupes djihadistes dans la bande sahélo-saharienne. Signe de la proximité entre Paris et N’Djamena, Emmanuel Macron a été le seul président occidental présent aux funérailles le 23 avril de l'ancien autocrate à N'Djamena.

Devant la suspension de la Constitution tout comme celle de l'Assemblée nationale dont le président devrait, selon les textes, assumer l'intérim, plusieurs groupes d'opposition ont dénoncé un « coup d'État » et appelé à ne pas reconnaître la « junte militaire ». Le 27 avril, des manifestations ont été durement réprimées dans le pays faisant au moins six morts. Depuis, le général Mahamat Idriss Déby tente de donner des gages d'ouverture. Après avoir promis un dialogue inclusif et affirmé que « le Tchad assumera ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme », il a nommé un Premier ministre civil et un gouvernement de transition. Cependant, la charte de transition annoncée à la hâte après la mort d'Idriss Déby n'a pas été amendée. Elle donne tous les pouvoirs de nomination et de révocation au nouveau chef de la junte, et ne ferme pas la porte à sa candidature à la future élection présidentielle.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Dans une tribune dans Valeurs Actuelles, le 21 avril, une vingtaine d’officiers généraux de réserve sur les plus de 5.000 que compte la deuxième section, une centaine de hauts gradés et plus d'un millier d'autres militaires ont conjecturé : « Si rien n'est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l'intervention de nos camarades d'active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles ». Les signataires redoutent une « guerre civile » et s'alarment de la menace que feraient planer sur la France « l'islamisme, les hordes de banlieue » et « un certain antiracisme ». Leur tribune a recueilli plus de 10.000 signatures sur un total de 210 .000 militaires d’actives, hors gendarmerie. En 2019, une enquête de l'Ifop sur le vote dans les bureaux proches des casernes avait révélé des scores particulièrement élevés pour le Rassemblement national.

Le 23 avril, Marine Le Pen a répondu, dans Valeurs actuelles, qu'elle partageait leurs analyses et les a invités à rejoindre le Rassemblement national. La gauche a affiché sa consternation devant ce qu’elle considère être un appel à l'insurrection à peine voilé. Après un silence de plusieurs jours, la ministre des Armées, Florence Parly a condamné le 25 avril la tribune, jugeant que « Les armées ne sont pas là pour faire campagne mais pour défendre la France ».

Dans les colonnes de Valeurs actuelles, cette tribune succède à l'« appel à l'insurrection » lancé le 17 avril par l'ex-secrétaire d'État Philippe de Villiers dont le frère, le général Pierre de Villiers, veut « réparer la France » autour de la notion d'autorité. D’après une étude Ifop publiée fin 2020, 20 % des Français seraient prêts à voter pour cet ancien chef d’État-Major des armées aux élections présidentielles de 2022...

Une semaine après sa publication dans Valeurs Actuelles, un sondage Harris Interactive / LCI indiquait que 58% des Français déclaraient soutenir les militaires signataires. A droite, cette tribune entrâine 71 % de sympathisants LR et 86 % de ceux du Rassemblement national. Une très forte majorité de Français partage la vision exprimée par les anciens militaires sur « la société française en train de se déliter » (73%) ou « une forme d’antiracisme qui produit une haine entre les communautés » (74%). Le sondage montre qu’un Français sur deux (49 %) pense que « l’Armée devrait intervenir sans qu’on lui en donne l’ordre afin de garantir l’ordre et la sécurité en France. »

Le ministère et l’état-major des armées ont décidé de punir les signataires. Une volonté que ne partagent pas les Français selon le sondage Harris/Ifop : seuls 36 % y sont favorables pour les militaires d’active et 26 % pour ceux à la retraite.

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LE TCHAD PERD SON FORT DÉBY

Au président Idriss Déby, mort à 68 ans dont 30 à la tête du Tchad a succédé un conseil militaire de transition composé de 15 généraux présidé par le général Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président et chef de la Garde présidentielle, qui a promis des élections « libres et démocratiques » à l'issue d'une « période de transition » de dix-huit mois.

Les années Déby ont été marquées par la violence d'État : crimes de masse dans le sud du pays dans les années 90, assassinats politiques, disparitions d'opposants et de journalistes, élections truquées, détournement des ressources pétrolières par le clan au pouvoir. L'armée d'Idriss Déby, dont la plupart des hauts gradés sont issus de sa communauté, les Zaghawas, est réputée pour être une des meilleures de la région. Elle tenait la frontière avec la Libye, luttant contre les groupes islamistes qui y ont pris leurs quartiers et contre les incursions des mouvements rebelles tchadiens. Ses hommes contenaient aussi la poussée de Boko Haram dans la zone du lac Tchad. Cet appareil militaire tchadien a édifié au détriment du développement du pays, qui avec ses 15 millions d'habitants est aujourd'hui 187e sur 189 de l’indice de développement humain de l’ONU qui prend en compte le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation des enfants.

Idriss Déby était aussi la pierre angulaire du G5 Sahel, la force conjointe composée par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad pour lutter, auprès des Français de la force Barkhane, contre les groupes djihadistes dans la bande sahélo-saharienne. Signe de la proximité entre Paris et N’Djamena, Emmanuel Macron a été le seul président occidental présent aux funérailles le 23 avril de l'ancien autocrate à N'Djamena.

Devant la suspension de la Constitution tout comme celle de l'Assemblée nationale dont le président devrait, selon les textes, assumer l'intérim, plusieurs groupes d'opposition ont dénoncé un « coup d'État » et appelé à ne pas reconnaître la « junte militaire ». Le 27 avril, des manifestations ont été durement réprimées dans le pays faisant au moins six morts. Depuis, le général Mahamat Idriss Déby tente de donner des gages d'ouverture. Après avoir promis un dialogue inclusif et affirmé que « le Tchad assumera ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme », il a nommé un Premier ministre civil et un gouvernement de transition. Cependant, la charte de transition annoncée à la hâte après la mort d'Idriss Déby n'a pas été amendée. Elle donne tous les pouvoirs de nomination et de révocation au nouveau chef de la junte, et ne ferme pas la porte à sa candidature à la future élection présidentielle.

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