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Coronabonds : le tabou est fêlé / En Chine, beaucoup de soucis / n°142

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Manage episode 262729302 series 2015399
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CORONABONDS : LE TABOU EST FÊLÉ

Le18 mai, la chancelière allemande et le président français ont proposé que la Commission européenne emprunte 500 milliards d'euros sur les marchés. Ces fonds abonderaient le budget européen et seraient distribués aux États, régions et secteurs selon la sévérité des dommages occasionnés par la pandémie. Cet emprunt serait remboursé non pas individuellement par les États, mais par l'Union européenne. Il reste toutefois à préciser les critères d'attribution comme ceux de remboursement. Emmanuel Macron a insisté : il s'agirait de « transferts » aux États, puisque « les clés de répartition pour le remboursement ne seront pas nationales. » Infranchissable jusqu'ici, le tabou de la mutualisation de la dette serait ainsi ébranlé. « Nous devons agir en Européens pour que l'Europe sorte renforcée par cette crise » a avancé Angela Merkel pour justifier le glissement de la position allemande.

Cette initiative représente une petite révolution potentielle pour l'Europe. Pour l'Allemagne, elle matérialise en effet la fin de deux tabous qui ont longtemps empêché une plus forte intégration économique européenne : une mutualisation des dettes et une hausse considérable des transferts c'est-à-dire de la redistribution entre les Vingt-Sept, puisque 500 milliards d'euros représentent trois fois et demie l’actuel budget annuel européen. C'est loin des 1.000 à 1.500 milliards espérés par Paris, mais c'est déjà plus que le plan Marshall américain de l'après-guerre. Désormais, la chancelière est d'accord pour que l’emprunt vienne abonder le budget communautaire et soit remboursé au niveau de l'Union européenne, et non pas en fonction de ce que les uns et les autres auront touché.

Cependant, « un accord entre la France et l'Allemagne ne veut pas dire un accord à Vingt-Sept, a reconnu Emmanuel Macron. Mais il n'y a pas d'accord à Vingt-Sept sans accord franco-allemand », a-t-il ajouté. Rien n'est encore joué, puisque le camp dit des « frugaux » - qui réunit les Pays-Bas, l'Autriche et les pays scandinaves -, refuse encore le principe d'un mécanisme de subvention et souhaite que l'argent soit remboursé par ceux qui en auront bénéficié. Le ton est très différent à Rome et à Madrid, où quelques critiques étaient seulement entendues aux extrêmes de l'échiquier politique. Le Premier ministre portugais Antonio Costa a salué mardi le plan franco-allemand.

Mandatée par les États membres pour proposer un plan de relance, la Commission européenne doit le présenter le 27 mai prochain.

***

EN CHINE, BEAUCOUP DE SOUCIS

La Chine n’a pas pu éviter que l'assemblée annuelle de l'Organisation mondiale de la santé, les 18 et 19 mai, ne débatte de la place à rendre à Taïwan dans l’organisation, ni que l’OMS ne lance une enquête indépendante sur la gestion par l'agence de l'ONU de la crise du Covid-19. Face aux critiques internationales sur le manque de transparence dont son pays a fait preuve, le président chinois, Xi Jinping a parlé de l’avenir en promettant notamment de partager un éventuel vaccin avec le reste du monde et de consacrer, sur deux ans, 2 milliards de dollars à la lutte contre le coronavirus, en particulier dans les pays en voie de développement. Les États-Unis, ont dénoncé un artifice de communication et souligné la « responsabilité particulière de la Chine ». Fortement invité par les États-Unis, la plupart des pays européens et une quinzaine d’autres nations à réintégrer Taïwan comme observateur contre l’avis de Pékin, le directeur général de l'OMS, le docteur Tedros, a botté en touche et renvoyé la question à une prochaine session.

Taïwan est un souci pour la Chine, non seulement à l’OMS, mais également en tant que modèle. La pandémie a en effet donné à Taïwan une occasion unique de briller sur la scène internationale, au grand dam de Pékin. Les habitants de l'île attribuent leur victoire sur la pandémie à ce qui fait leur force : transparence, liberté de la presse et mise à distance de la Chine. Les médias internationaux plébiscitent le « modèle » taïwanais et critiquent le chinois. Ulcéré par l'aura qui entoure actuellement Taïwan, Pékin a accentué sa pression sur l’ancienne Formose. Ses manœuvres militaires à proximité de l'île, dont la fréquence a augmenté depuis l'élection de la nouvelle présidente en janvier, ont continué ces derniers mois. « Le signal envoyé à Taïwan, comme aux Etats-Unis, qui la soutiennent, est clair : "Ne profitez pas de l'épidémie pour avancer vers l'indépendance" », analyse Kharis Templeman, consultant pour l'institut Hoover, de l'université Stanford.

Le sommet de l’OMS s’est déroulé sur fond de poursuite de la pandémie en Chine : Pékin s’inquiète de nouveaux foyers de contamination concentrés depuis le début du mois dans la région du Nord-Est proche de la Russie, où les 600.000 habitants de la ville de Shulan sont en confinement strict chez eux depuis le début de la semaine.

La Chine doit se batte sur un troisième front : celui de Hong Kong toujours en rébellion contre Pékin. La Chine entend rendre effectives des dispositions interdisant « la trahison, la sécession, la sédition » et la « subversion » dans le territoire semi-autonome. Des appels à des rassemblements contre ce projet ont commencé à émerger sur les réseaux sociaux à Hong Kong.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Le18 mai, la chancelière allemande et le président français ont proposé que la Commission européenne emprunte 500 milliards d'euros sur les marchés. Ces fonds abonderaient le budget européen et seraient distribués aux États, régions et secteurs selon la sévérité des dommages occasionnés par la pandémie. Cet emprunt serait remboursé non pas individuellement par les États, mais par l'Union européenne. Il reste toutefois à préciser les critères d'attribution comme ceux de remboursement. Emmanuel Macron a insisté : il s'agirait de « transferts » aux États, puisque « les clés de répartition pour le remboursement ne seront pas nationales. » Infranchissable jusqu'ici, le tabou de la mutualisation de la dette serait ainsi ébranlé. « Nous devons agir en Européens pour que l'Europe sorte renforcée par cette crise » a avancé Angela Merkel pour justifier le glissement de la position allemande.

Cette initiative représente une petite révolution potentielle pour l'Europe. Pour l'Allemagne, elle matérialise en effet la fin de deux tabous qui ont longtemps empêché une plus forte intégration économique européenne : une mutualisation des dettes et une hausse considérable des transferts c'est-à-dire de la redistribution entre les Vingt-Sept, puisque 500 milliards d'euros représentent trois fois et demie l’actuel budget annuel européen. C'est loin des 1.000 à 1.500 milliards espérés par Paris, mais c'est déjà plus que le plan Marshall américain de l'après-guerre. Désormais, la chancelière est d'accord pour que l’emprunt vienne abonder le budget communautaire et soit remboursé au niveau de l'Union européenne, et non pas en fonction de ce que les uns et les autres auront touché.

Cependant, « un accord entre la France et l'Allemagne ne veut pas dire un accord à Vingt-Sept, a reconnu Emmanuel Macron. Mais il n'y a pas d'accord à Vingt-Sept sans accord franco-allemand », a-t-il ajouté. Rien n'est encore joué, puisque le camp dit des « frugaux » - qui réunit les Pays-Bas, l'Autriche et les pays scandinaves -, refuse encore le principe d'un mécanisme de subvention et souhaite que l'argent soit remboursé par ceux qui en auront bénéficié. Le ton est très différent à Rome et à Madrid, où quelques critiques étaient seulement entendues aux extrêmes de l'échiquier politique. Le Premier ministre portugais Antonio Costa a salué mardi le plan franco-allemand.

Mandatée par les États membres pour proposer un plan de relance, la Commission européenne doit le présenter le 27 mai prochain.

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EN CHINE, BEAUCOUP DE SOUCIS

La Chine n’a pas pu éviter que l'assemblée annuelle de l'Organisation mondiale de la santé, les 18 et 19 mai, ne débatte de la place à rendre à Taïwan dans l’organisation, ni que l’OMS ne lance une enquête indépendante sur la gestion par l'agence de l'ONU de la crise du Covid-19. Face aux critiques internationales sur le manque de transparence dont son pays a fait preuve, le président chinois, Xi Jinping a parlé de l’avenir en promettant notamment de partager un éventuel vaccin avec le reste du monde et de consacrer, sur deux ans, 2 milliards de dollars à la lutte contre le coronavirus, en particulier dans les pays en voie de développement. Les États-Unis, ont dénoncé un artifice de communication et souligné la « responsabilité particulière de la Chine ». Fortement invité par les États-Unis, la plupart des pays européens et une quinzaine d’autres nations à réintégrer Taïwan comme observateur contre l’avis de Pékin, le directeur général de l'OMS, le docteur Tedros, a botté en touche et renvoyé la question à une prochaine session.

Taïwan est un souci pour la Chine, non seulement à l’OMS, mais également en tant que modèle. La pandémie a en effet donné à Taïwan une occasion unique de briller sur la scène internationale, au grand dam de Pékin. Les habitants de l'île attribuent leur victoire sur la pandémie à ce qui fait leur force : transparence, liberté de la presse et mise à distance de la Chine. Les médias internationaux plébiscitent le « modèle » taïwanais et critiquent le chinois. Ulcéré par l'aura qui entoure actuellement Taïwan, Pékin a accentué sa pression sur l’ancienne Formose. Ses manœuvres militaires à proximité de l'île, dont la fréquence a augmenté depuis l'élection de la nouvelle présidente en janvier, ont continué ces derniers mois. « Le signal envoyé à Taïwan, comme aux Etats-Unis, qui la soutiennent, est clair : "Ne profitez pas de l'épidémie pour avancer vers l'indépendance" », analyse Kharis Templeman, consultant pour l'institut Hoover, de l'université Stanford.

Le sommet de l’OMS s’est déroulé sur fond de poursuite de la pandémie en Chine : Pékin s’inquiète de nouveaux foyers de contamination concentrés depuis le début du mois dans la région du Nord-Est proche de la Russie, où les 600.000 habitants de la ville de Shulan sont en confinement strict chez eux depuis le début de la semaine.

La Chine doit se batte sur un troisième front : celui de Hong Kong toujours en rébellion contre Pékin. La Chine entend rendre effectives des dispositions interdisant « la trahison, la sécession, la sédition » et la « subversion » dans le territoire semi-autonome. Des appels à des rassemblements contre ce projet ont commencé à émerger sur les réseaux sociaux à Hong Kong.

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