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Biden en Europe : changement et continuité / La France au Sahel : partir revenir / n°198 / 20 juin 2021

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BIDEN EN EUROPE : CHANGEMENT ET CONTINUITÉ

« L’Amérique est de retour à la table », a déclaré le président américain le 13 juin, à l'issue du G7 organisé au Royaume-Uni. Le premier voyage à l’étranger de Joe Biden l’a conduit d’abord au sommet des pays industrialisés du G7 du 11 au 13 juin, en Cornouailles, puis à Bruxelles pour un sommet de l'OTAN, avant de rencontrer les dirigeants de l'Union européenne. Enfin, il a eu un tête à tête avec Vladimir Poutine à Genève, le 16 juin. Dans une tribune publiée le 6 juin par le Washington Post, le président Biden a expliqué qu'ilvenait en Europe pour « Rassembler les démocraties du monde autour de l'Amérique. » Toutefois, signe de l'intérêt tout relatif porté par l'administration Biden à l'Europe, les ambassadeurs américains auprès de l'Union européenne etde l'Otan, en France, au Royaume-Uni ou en Allemagne n'ont toujours pas été nommés.

Les trois priorités affichées de Biden sont le climat, le Covid, et la Chine. Il a insisté sur la nécessité pour les États-Unis de travailler dans ces domaines avec des pays qui « partagent nos valeurs et notre vision de l'avenir - d'autres démocraties ». Critiqué pour son approche de la vaccination America first et pour son refus, pendant des mois, d'exporter le moindre flacon, Biden a annoncé en Cornouailles le don par les Etats-Unis de 500 millions de doses aux pays pauvres.

A Bruxelles, le président américain a pris le contre-pied de Trump, en qualifiant l'Otan d'« Alliance la plus réussie de l'histoire du monde », et a affirmé « l'engagement inébranlable des États-Unis à l'égard de l'article 5 », cette disposition qui garantit que les alliés viendront en aide aux États membres en cas d'agression. Biden veut aussi étendre la vigilance de l'Otan à des menaces plus modernes, comme les cyberattaques contre les infrastructures, qui se multiplient ces dernières années. Washington a décidé de faire de l'attribution des cyberattaques un des piliers de sa politique d'endiguement envers la Russie et de la Chine. Ce choix se traduit par la désignation de plus en plus directe des auteurs présumés des attaques contre les intérêts des Etats-Unis, comme dans le cas de l'affaire SolarWinds, révélée fin 2020, que le président Biden a officiellement attribuée, mi-avril, à la Russie. Le communiqué final du sommet proclame que « les ambitions déclarées de la Chine et son comportement affirmé représentent des défis systémiques pour l'ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l'importance pour la sécurité de l'Alliance ». Après l'élection de Joe Biden, son administration avait fait passer au quartier général de l'OTAN un message selon lequel l'Alliance devrait mettre sur le même pied les menaces chinoise et russe.

Avant de rencontrer Vladimir Poutine à Genève, Joe Biden a répété : « Nous ne cherchons pas le conflit avec la Russie. Nous voulons une relation stable et prévisible ». Les présidents américain et russe sont convenus de lancer des consultations sur la cybersécurité et la limitation des armements nucléaires, ainsi que du retour de leurs ambassadeurs respectifs à Moscou et à Washington.

***

LA FRANCE AU SAHEL : PARTIR REVENIR

Plus de huit ans après l'intervention militaire française au Mali qui avait permis en 2012 de sauver sa capitale Bamako des groupes armés djihadistes et deux semaines après la survenue d'un nouveau coup d'État dans ce pays, le président Macron a annoncé, le 10 juin, « la fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure » et la transformation profonde de la présence française au Sahel. Sans s'engager sur un calendrier ou une réduction chiffrée des effectifs, le chef de l’État a décidé d'un retrait progressif des forces françaises. « Le rôle de la France n'est pas de se substituer à perpétuité aux États », du Sahel, a-t-il expliqué en refusant de voir l'armée française « sécuriser des zones » auparavant contrôlées par les terroristes sans réengagement des États, essentiellement du Mali. Toutefois, Emmanuel Macron n'a pas annoncé un départ définitif et complet du Sahel. Le plan de sortie se veut progressif. Aujourd’hui, Paris déploie quelque 5.100 soldats sur onze bases militaires dont six au Mali - les autres étant au Tchad, au Niger et au Burkina-Faso en soutien aux armées des États du Sahel qui peinent à les combattre seules les djihadistes du groupe État islamique et Al-Qaïda. Après le second coup d'État au Mali en mai, la France a gelé cette mission d'accompagnement et veut désormais se concentrer sur la lutte ciblée contre les djihadistes. La future présence française au Mali devrait s'organiser autour de deux axes. Un premier pilier poursuivra la coopération avec les partenaires locaux. La mission de formation de l'Union européenne au Mali en sera l'axe central. L'autre pilier se concentrera sur la lutte antiterroriste. Elle sera structurée autour de la force Takuba. Lancée en juillet 2020, elle compte 600 militaires des forces spéciales, dont 300 Français et 300 Européens. Ses missions consistent à former et accompagner au combat les armées locales. L'armée française demeurera « la colonne vertébrale » de Takuba, a assuré Emmanuel Macron en évoquant « plusieurs centaines de soldats ». Barkhane est l'opération française la plus longue et la plus coûteuse - environ 800 millions d'euros par an - depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le 13 juin, rejetant tout lien avec la décision de clore l’opération Barkhane, le chef d'état-major des armées depuis juillet 2017, le général François Lecointre a annoncé qu'il quitterait ses fonctions le 21 juillet. « Il n'est pas bon qu'un chef d'état-major des armées puisse être exactement aligné sur un mandat présidentiel, a-t-il insisté. Il faut à tout prix préserver les armées d'un risque de soupçon sur leur absolue neutralité politique. » Une décision qu’il dit avoir pris fin 2020, avant les tribunes de militaires dans Valeurs Actuelles et l’annonce de la fin de Barkhane. Le successeur de François Lecointre sera l'actuel chef d'état-major de l'armée de terre, le général d'armée Thierry Burkhard. À court terme, le nouveau chef d’état-major des armées va devoir gérer la fin de l’opération Barkhane et la transformation de l’intervention militaire française au Sahel.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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BIDEN EN EUROPE : CHANGEMENT ET CONTINUITÉ

« L’Amérique est de retour à la table », a déclaré le président américain le 13 juin, à l'issue du G7 organisé au Royaume-Uni. Le premier voyage à l’étranger de Joe Biden l’a conduit d’abord au sommet des pays industrialisés du G7 du 11 au 13 juin, en Cornouailles, puis à Bruxelles pour un sommet de l'OTAN, avant de rencontrer les dirigeants de l'Union européenne. Enfin, il a eu un tête à tête avec Vladimir Poutine à Genève, le 16 juin. Dans une tribune publiée le 6 juin par le Washington Post, le président Biden a expliqué qu'ilvenait en Europe pour « Rassembler les démocraties du monde autour de l'Amérique. » Toutefois, signe de l'intérêt tout relatif porté par l'administration Biden à l'Europe, les ambassadeurs américains auprès de l'Union européenne etde l'Otan, en France, au Royaume-Uni ou en Allemagne n'ont toujours pas été nommés.

Les trois priorités affichées de Biden sont le climat, le Covid, et la Chine. Il a insisté sur la nécessité pour les États-Unis de travailler dans ces domaines avec des pays qui « partagent nos valeurs et notre vision de l'avenir - d'autres démocraties ». Critiqué pour son approche de la vaccination America first et pour son refus, pendant des mois, d'exporter le moindre flacon, Biden a annoncé en Cornouailles le don par les Etats-Unis de 500 millions de doses aux pays pauvres.

A Bruxelles, le président américain a pris le contre-pied de Trump, en qualifiant l'Otan d'« Alliance la plus réussie de l'histoire du monde », et a affirmé « l'engagement inébranlable des États-Unis à l'égard de l'article 5 », cette disposition qui garantit que les alliés viendront en aide aux États membres en cas d'agression. Biden veut aussi étendre la vigilance de l'Otan à des menaces plus modernes, comme les cyberattaques contre les infrastructures, qui se multiplient ces dernières années. Washington a décidé de faire de l'attribution des cyberattaques un des piliers de sa politique d'endiguement envers la Russie et de la Chine. Ce choix se traduit par la désignation de plus en plus directe des auteurs présumés des attaques contre les intérêts des Etats-Unis, comme dans le cas de l'affaire SolarWinds, révélée fin 2020, que le président Biden a officiellement attribuée, mi-avril, à la Russie. Le communiqué final du sommet proclame que « les ambitions déclarées de la Chine et son comportement affirmé représentent des défis systémiques pour l'ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l'importance pour la sécurité de l'Alliance ». Après l'élection de Joe Biden, son administration avait fait passer au quartier général de l'OTAN un message selon lequel l'Alliance devrait mettre sur le même pied les menaces chinoise et russe.

Avant de rencontrer Vladimir Poutine à Genève, Joe Biden a répété : « Nous ne cherchons pas le conflit avec la Russie. Nous voulons une relation stable et prévisible ». Les présidents américain et russe sont convenus de lancer des consultations sur la cybersécurité et la limitation des armements nucléaires, ainsi que du retour de leurs ambassadeurs respectifs à Moscou et à Washington.

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LA FRANCE AU SAHEL : PARTIR REVENIR

Plus de huit ans après l'intervention militaire française au Mali qui avait permis en 2012 de sauver sa capitale Bamako des groupes armés djihadistes et deux semaines après la survenue d'un nouveau coup d'État dans ce pays, le président Macron a annoncé, le 10 juin, « la fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure » et la transformation profonde de la présence française au Sahel. Sans s'engager sur un calendrier ou une réduction chiffrée des effectifs, le chef de l’État a décidé d'un retrait progressif des forces françaises. « Le rôle de la France n'est pas de se substituer à perpétuité aux États », du Sahel, a-t-il expliqué en refusant de voir l'armée française « sécuriser des zones » auparavant contrôlées par les terroristes sans réengagement des États, essentiellement du Mali. Toutefois, Emmanuel Macron n'a pas annoncé un départ définitif et complet du Sahel. Le plan de sortie se veut progressif. Aujourd’hui, Paris déploie quelque 5.100 soldats sur onze bases militaires dont six au Mali - les autres étant au Tchad, au Niger et au Burkina-Faso en soutien aux armées des États du Sahel qui peinent à les combattre seules les djihadistes du groupe État islamique et Al-Qaïda. Après le second coup d'État au Mali en mai, la France a gelé cette mission d'accompagnement et veut désormais se concentrer sur la lutte ciblée contre les djihadistes. La future présence française au Mali devrait s'organiser autour de deux axes. Un premier pilier poursuivra la coopération avec les partenaires locaux. La mission de formation de l'Union européenne au Mali en sera l'axe central. L'autre pilier se concentrera sur la lutte antiterroriste. Elle sera structurée autour de la force Takuba. Lancée en juillet 2020, elle compte 600 militaires des forces spéciales, dont 300 Français et 300 Européens. Ses missions consistent à former et accompagner au combat les armées locales. L'armée française demeurera « la colonne vertébrale » de Takuba, a assuré Emmanuel Macron en évoquant « plusieurs centaines de soldats ». Barkhane est l'opération française la plus longue et la plus coûteuse - environ 800 millions d'euros par an - depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le 13 juin, rejetant tout lien avec la décision de clore l’opération Barkhane, le chef d'état-major des armées depuis juillet 2017, le général François Lecointre a annoncé qu'il quitterait ses fonctions le 21 juillet. « Il n'est pas bon qu'un chef d'état-major des armées puisse être exactement aligné sur un mandat présidentiel, a-t-il insisté. Il faut à tout prix préserver les armées d'un risque de soupçon sur leur absolue neutralité politique. » Une décision qu’il dit avoir pris fin 2020, avant les tribunes de militaires dans Valeurs Actuelles et l’annonce de la fin de Barkhane. Le successeur de François Lecointre sera l'actuel chef d'état-major de l'armée de terre, le général d'armée Thierry Burkhard. À court terme, le nouveau chef d’état-major des armées va devoir gérer la fin de l’opération Barkhane et la transformation de l’intervention militaire française au Sahel.

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