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Sommet de Porto : où en est l’Europe sociale ? / Au Tigré, un génocide à bas bruit / n°194 / 23 mai 2021

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SOMMET DE PORTO : OÙ EN EST L’EUROPE SOCIALE ?

Les 7 et 8 mai, les chefs d'État et de gouvernement européens, se sont réunis à Porto, au Portugal, pour un sommet social de l'Union, aux côtés de représentants des institutions européennes, de partenaires sociaux, de membres de la société civile et de rmandataires d'organisations internationales. Les 27 États membres ont adopté une déclaration en treize points. Elle affirme leur détermination à mettre en œuvre le « socle européen des droits sociaux » adopté par les institutions à Göteborg en 2017, dont l'importance a été renforcée par la crise liée à la pandémie. Cette déclaration qui tient compte des « différentes situations nationales » contient des engagements généraux et non chiffrés en matière d'emploi, d'éducation, de formation, de réduction de la pauvreté et des écarts de salaire hommes-femmes ou encore de droits des travailleurs, notamment dans le nouveau domaine des plateformes numériques. Il ne s’agit que d’orientations car la compétence sociale reste aux États membres et l'Union européenne ne peut jouer qu'un rôle d'appui. Toutefois, les 27 État membres ont endossé à Porto le plan d’action présenté par la Commission européenne le 4 mars dernier qui trace la voie à suivre en Europe dans le domaine social, en fixant notamment trois nouveaux objectifs à atteindre d'ici à 2030 : un taux d'emploi de 78 % (au lieu de 73 % en 2019) ; 60 % de la main-d’œuvre adulte bénéficiant d'une formation chaque année (au lieu de 40 % en 2019) ; sortir 15 millions d'Européens de la pauvreté, dont 5 millions d'enfants. Afin de veiller à ce que les 27 États membres y parviennent, chacun à son rythme, les objectifs chiffrés vont être intégrés à la surveillance des budgets nationaux au même titre que la dette, les déficits, et les nouveaux critères climatiques dans le cadre du cycle de coordination des politiques économiques, budgétaires, sociales et du travail baptisé « semestre européen ».

Si les traités ne permettent pas, par exemple, de fixer un salaire minimum européen, les discussions ont porté sur la définition de critères communs pour établir dans chaque pays un niveau minimal de rémunération, afin d'éviter de trop grandes disparités. Aujourd’hui, le salaire minimum en Bulgarie plafonne à 332,30 euros contre 2.201,93 euros brut au Luxembourg. L'inégalité salariale entre les hommes et les femmes en Europe est de 14,1 % en moyenne, mais ce chiffre masque de grands écarts entre les pays : au Luxembourg, l'égalité est pratiquement atteinte (1,3 % en 2019), les écarts les plus forts sont constatés en Autriche (19,9 %), en Allemagne (19,2) et en République tchèque (18,9 %). La France se situe dans la moyenne (14,1 %).

Les pays latins, dont la France, sont systématiquement demandeurs de mesures sociales à l'échelle européenne, tandis l’Allemagne et les pays nordiques, attachés à leur modèle, et ceux de l'Est, soucieux de garder leur compétitivité, sont nettement moins enthousiastes.

***

AU TIGRÉ, UN GÉNOCIDE A BAS BRUIT

Depuis le 4 novembre, l’Éthiopie est de nouveau le théâtre d’un conflit armé opposant le pouvoir central fédéral d’Addis-Abeba aux forces séparatistes du Front de libération des peuples du Tigré. Depuis l'arrivée au pouvoir, en 2018, du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, les dirigeants tigréens se plaignent d'avoir été progressivement écartés à l’occasion de procès pour corruption ou de remaniements de l'appareil sécuritaire. En septembre, le Tigré a organisé ses propres élections, défiant le gouvernement, qui avait reporté tous les scrutins en raison du Covid-19. Addis-Abeba considère désormais illégal le gouvernement régional du Tigré, qui à son tour ne reconnaît pas de légitimité au Premier ministre.

Les Nations unies craignent l'imminence d'une catastrophe humanitaire dans cette région qui compte 6 millions d'habitants. Plus de 60.000 Tigréens ont déjà rejoint les camps de réfugiés de l'autre côté de la frontière, au Soudan. Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a interdit l'accès au Tigré aux journalistes et à la plupart des organisations humanitaires. Les rares échos qui parviennent de la province témoignent d'exécutions sommaires, de massacres de civils, de bombardements indiscriminés, de viols collectifs ainsi que de pillages à grande échelle. En décembre, la Commission européenne a suspendu le versement de quelque 90 millions d'euros d'aide budgétaire à l'Ethiopie, faute pour Addis Abeba de garantir un accès humanitaire sans restrictions au Tigré. Le 4 mars, la haut-commissaire de l'ONU aux droits humains, Michelle Bachelet, a annoncé que son bureau avait pu confirmer dans la région une série de violations graves qui pourraient constituer des « crimes de guerre et des crimes contre l'humanité », perpétrés notamment par des troupes érythréennes.

Le Tigré est l'un des dix États de la Fédération d'Éthiopie. Il s'étend sur une superficie de l'ordre de 50.000 km2, soit 4,5 % du territoire éthiopien. Il partage des frontières avec l'Érythrée et la République du Soudan du Sud. Avec 108 millions d'habitants (dont 60 % âgés de moins de 25 ans), l’Ethiopie est le pays le plus peuplé du continent après le Nigeria. Les Oromos y représentent 35 % de la population, les Amharas, sur lesquels s'appuie le Premier ministre Abiy Ahmed 28 %, et les Tigréens ne sont qu'un peu plus de 6 %. L’Ethiopie est aussi le pays qui a connu la croissance économique la plus élevée, près de 10 % par an depuis une décennie. En 2019, Abiy Ahmed, s'était vu attribuer le prix Nobel de la paix, pour avoir mis fin au conflit avec l'Erythrée.

Dans un rapport publié le 2 avril, l’International Crisis Group estimait que le conflit était dans une « impasse » et risquait de s'éterniser. S’il n'est pas rapidement stoppé, met en garde l’organisme de prévention des conflits, il sera « dévastateur », tant pour le pays que pour le reste de la Corne de l'Afrique.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Les 7 et 8 mai, les chefs d'État et de gouvernement européens, se sont réunis à Porto, au Portugal, pour un sommet social de l'Union, aux côtés de représentants des institutions européennes, de partenaires sociaux, de membres de la société civile et de rmandataires d'organisations internationales. Les 27 États membres ont adopté une déclaration en treize points. Elle affirme leur détermination à mettre en œuvre le « socle européen des droits sociaux » adopté par les institutions à Göteborg en 2017, dont l'importance a été renforcée par la crise liée à la pandémie. Cette déclaration qui tient compte des « différentes situations nationales » contient des engagements généraux et non chiffrés en matière d'emploi, d'éducation, de formation, de réduction de la pauvreté et des écarts de salaire hommes-femmes ou encore de droits des travailleurs, notamment dans le nouveau domaine des plateformes numériques. Il ne s’agit que d’orientations car la compétence sociale reste aux États membres et l'Union européenne ne peut jouer qu'un rôle d'appui. Toutefois, les 27 État membres ont endossé à Porto le plan d’action présenté par la Commission européenne le 4 mars dernier qui trace la voie à suivre en Europe dans le domaine social, en fixant notamment trois nouveaux objectifs à atteindre d'ici à 2030 : un taux d'emploi de 78 % (au lieu de 73 % en 2019) ; 60 % de la main-d’œuvre adulte bénéficiant d'une formation chaque année (au lieu de 40 % en 2019) ; sortir 15 millions d'Européens de la pauvreté, dont 5 millions d'enfants. Afin de veiller à ce que les 27 États membres y parviennent, chacun à son rythme, les objectifs chiffrés vont être intégrés à la surveillance des budgets nationaux au même titre que la dette, les déficits, et les nouveaux critères climatiques dans le cadre du cycle de coordination des politiques économiques, budgétaires, sociales et du travail baptisé « semestre européen ».

Si les traités ne permettent pas, par exemple, de fixer un salaire minimum européen, les discussions ont porté sur la définition de critères communs pour établir dans chaque pays un niveau minimal de rémunération, afin d'éviter de trop grandes disparités. Aujourd’hui, le salaire minimum en Bulgarie plafonne à 332,30 euros contre 2.201,93 euros brut au Luxembourg. L'inégalité salariale entre les hommes et les femmes en Europe est de 14,1 % en moyenne, mais ce chiffre masque de grands écarts entre les pays : au Luxembourg, l'égalité est pratiquement atteinte (1,3 % en 2019), les écarts les plus forts sont constatés en Autriche (19,9 %), en Allemagne (19,2) et en République tchèque (18,9 %). La France se situe dans la moyenne (14,1 %).

Les pays latins, dont la France, sont systématiquement demandeurs de mesures sociales à l'échelle européenne, tandis l’Allemagne et les pays nordiques, attachés à leur modèle, et ceux de l'Est, soucieux de garder leur compétitivité, sont nettement moins enthousiastes.

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AU TIGRÉ, UN GÉNOCIDE A BAS BRUIT

Depuis le 4 novembre, l’Éthiopie est de nouveau le théâtre d’un conflit armé opposant le pouvoir central fédéral d’Addis-Abeba aux forces séparatistes du Front de libération des peuples du Tigré. Depuis l'arrivée au pouvoir, en 2018, du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, les dirigeants tigréens se plaignent d'avoir été progressivement écartés à l’occasion de procès pour corruption ou de remaniements de l'appareil sécuritaire. En septembre, le Tigré a organisé ses propres élections, défiant le gouvernement, qui avait reporté tous les scrutins en raison du Covid-19. Addis-Abeba considère désormais illégal le gouvernement régional du Tigré, qui à son tour ne reconnaît pas de légitimité au Premier ministre.

Les Nations unies craignent l'imminence d'une catastrophe humanitaire dans cette région qui compte 6 millions d'habitants. Plus de 60.000 Tigréens ont déjà rejoint les camps de réfugiés de l'autre côté de la frontière, au Soudan. Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a interdit l'accès au Tigré aux journalistes et à la plupart des organisations humanitaires. Les rares échos qui parviennent de la province témoignent d'exécutions sommaires, de massacres de civils, de bombardements indiscriminés, de viols collectifs ainsi que de pillages à grande échelle. En décembre, la Commission européenne a suspendu le versement de quelque 90 millions d'euros d'aide budgétaire à l'Ethiopie, faute pour Addis Abeba de garantir un accès humanitaire sans restrictions au Tigré. Le 4 mars, la haut-commissaire de l'ONU aux droits humains, Michelle Bachelet, a annoncé que son bureau avait pu confirmer dans la région une série de violations graves qui pourraient constituer des « crimes de guerre et des crimes contre l'humanité », perpétrés notamment par des troupes érythréennes.

Le Tigré est l'un des dix États de la Fédération d'Éthiopie. Il s'étend sur une superficie de l'ordre de 50.000 km2, soit 4,5 % du territoire éthiopien. Il partage des frontières avec l'Érythrée et la République du Soudan du Sud. Avec 108 millions d'habitants (dont 60 % âgés de moins de 25 ans), l’Ethiopie est le pays le plus peuplé du continent après le Nigeria. Les Oromos y représentent 35 % de la population, les Amharas, sur lesquels s'appuie le Premier ministre Abiy Ahmed 28 %, et les Tigréens ne sont qu'un peu plus de 6 %. L’Ethiopie est aussi le pays qui a connu la croissance économique la plus élevée, près de 10 % par an depuis une décennie. En 2019, Abiy Ahmed, s'était vu attribuer le prix Nobel de la paix, pour avoir mis fin au conflit avec l'Erythrée.

Dans un rapport publié le 2 avril, l’International Crisis Group estimait que le conflit était dans une « impasse » et risquait de s'éterniser. S’il n'est pas rapidement stoppé, met en garde l’organisme de prévention des conflits, il sera « dévastateur », tant pour le pays que pour le reste de la Corne de l'Afrique.

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