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Pandémie : comment gérer un pari perdu ? / Israël : un puzzle électoral / n°186 (28 mars 2021)

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PANDÉMIE : COMMENT GÉRER UN PARI PERDU ?

Le 29 janvier, le président de la République s'est affranchi de la demande d'une grande partie du corps médical qui appelait à un reconfinement national. Le 1er mars, il a demandé aux Français de tenir encore « quatre à six semaines ». Puis les contaminations sont reparties à la hausse : Emmanuel Macron a pris acte de ce que le virus restait le « maître des horloges ». Le 18 mars le Premier ministre a annoncé le confinement de 16 départements, portés à 19 le 25 mars. Au mot de « confinement », l'Élysée préfère l’expression « mesures de freinage supplémentaires » et affirme avoir cherché « la proportionnalité et un juste équilibre », incluant « des choix forts », comme le maintien de l’ouverture des écoles. Le 25 mars, Emmanuel Macron a estimé avoir « eu raison de ne pas reconfiner la France » fin janvier. Malgré les avis des épidémiologistes, le télétravail n’est qu’un sujet d’exhortation. Les nouvelles mesures sont peu compréhensibles et prises en désordre : la liste des commerces fermés est passée de 110.000 à 90.000. Les attestations de déplacement qui semblaient issues d’un skectch de Pierre Dac ne sont plus exigibles que dans de rares situations, tandis qu’un nouveau slogan gouvernemental « dehors en citoyen, dedans avec les miens » moissonne les quolibets et les parodies.

Cette « troisième voie » choisie par le gouvernement fait l’objet de nombreuses critiques. L'opposition parle d’« échec » de la stratégie sanitaire, de « retard » de la politique vaccinale, des « ratés » du pari européen consistant à grouper au niveau de Bruxelles les commandes de vaccins. En la matière le message est passablement brouillé : ainsi le 14 mars, Jean Castex a affirmé qu'« il faut avoir confiance dans le vaccin Astra Zeneca », avant que le président de la République ne décide, vingt-quatre heures après, de suspendre ledit vaccin, tandis que trois jours plus tard l'Agence européenne du médicament donnait son feu vert à la reprise de la campagne. L'augmentation des livraisons attendues des vaccins Pfizer-BioNTech, Moderna et l'arrivée, mi-avril, du vaccin Janssen, de Johnson & Johnson pourraient, selon l’éxécutif compenser les défaillances d’Astra Zeneca. Dans un rapport du 11 mars, les membres du comité scientifique ont toutefois estimé que quand bien même la vaccination se maintiendrait à un rythme soutenu, elle serait « sans doute insuffisant[e] pour éviter une augmentation importante des hospitalisations » face à la menace que font peser les nouveaux variants.

Selon un sondage Elabe, publié le 24 mars, les mesures prises par le gouvernement sont jugées « pas cohérentes » (74%) et « pas efficaces pour lutter contre l’épidémie » (73%). Et contrairement au chef de l’Etat, six Français sur dix pensent que l’exécutif a eu tort de ne pas reconfiner le pays fin janvier.

***

ISRAËL : UN PUZZLE ELECTORAL

Pour la quatrième fois depuis avril 2019, les Israéliens se sont rendus aux urnes, le 23 mars, afin de tenter de dégager une nouvelle fois une majorité au Parlement israélien, la Knesset. La participation de 67,2 %, est la plus faible depuis le retour de Netanyahou au pouvoir, en 2009. Son parti, le Likoud perd 6,sièges et n’en obtient que 30, en en dépit d’une campagne de vaccination réussie (60% de la population a été vaccinée, un record mondial). Le parti séfarade ultra-orthodoxe Shas conserve ses 9 sièges. Le parti radical Yamina, qui veut dire « A droite » en hébreu, est crédité de 7 sièges. Son chef, Naftali Bennett, ancien ministre de la Défense du cabinet de Nétanyahou, promoteur d'un Grand Israël de la Méditerranée au Jourdain, n'a pas dit clairement s'il soutiedrait un gouvernement anti ou pro-Netanyahou, personnalité dont il partage l'idéologie mais critique la gestion. Le Parti national religieux de Bezatel Smotrich absent de la précédente assemblée a obtenu 6 sièges.

Alors que le parti laïc et centriste Yesh Atid (« Il y a un futur ») de YaïrLapid, se place comme le deuxième parti de l’assemblée avec 17 sièges, l’autre parti centriste, le parti « Bleu-Blanc » de Benny Gantz, avec qui Netanyahou était arrivé au coude-à-coude lors des trois derniers scrutins, est crédité de seulement 8 sièges. Annoncés sur le déclin, les petits partis de centre gauche ou de gauche ont connu un sursaut : les sociaux-démocrates du Parti travailliste ont 7 sièges et les partisans du camp de la paix du Meretz progressent avec 6 sièges. Toutes les hypoth èses sont formulées quant aux 10 députés arabes, même si jusqu'ici aucune formation arabe n'a jamais fait partie d'un gouvernement israélien. Le parti Raam, proche des Frères musulmans a obtenu 4 députés, la liste arabe unifiée 6. La communauté arabe d'Israël représente 20 % de la population. La question palestinienne a été absente de la campagne électorale.

L’instabilité politique est due au système électoral israélien : le scrutin proportionnel de liste, avec un seuil d'éligibilité à seulement 3,25 %, qui provoque un émiettement du paysage politique. Pour obtenir un siège, il suffit de rassembler 50 000 votes. La prime revient donc à celui qui sera parvenu à nouer des coalitions avec des formations moyennes, voire des micro-mouvements, même si celles-ci ne durent pas plus d'une mandature. Depuis la création de l’État d’Israël, en 1948, aucun parti n’a jamais remporté la majorité absolue, soit 61 sièges des 120 que compte la Knesset.

Accusé dans trois affaires de corruption présumée, Benyamin Netanyahouse retrouvera devant les juges le 5 avril prochain.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Le 29 janvier, le président de la République s'est affranchi de la demande d'une grande partie du corps médical qui appelait à un reconfinement national. Le 1er mars, il a demandé aux Français de tenir encore « quatre à six semaines ». Puis les contaminations sont reparties à la hausse : Emmanuel Macron a pris acte de ce que le virus restait le « maître des horloges ». Le 18 mars le Premier ministre a annoncé le confinement de 16 départements, portés à 19 le 25 mars. Au mot de « confinement », l'Élysée préfère l’expression « mesures de freinage supplémentaires » et affirme avoir cherché « la proportionnalité et un juste équilibre », incluant « des choix forts », comme le maintien de l’ouverture des écoles. Le 25 mars, Emmanuel Macron a estimé avoir « eu raison de ne pas reconfiner la France » fin janvier. Malgré les avis des épidémiologistes, le télétravail n’est qu’un sujet d’exhortation. Les nouvelles mesures sont peu compréhensibles et prises en désordre : la liste des commerces fermés est passée de 110.000 à 90.000. Les attestations de déplacement qui semblaient issues d’un skectch de Pierre Dac ne sont plus exigibles que dans de rares situations, tandis qu’un nouveau slogan gouvernemental « dehors en citoyen, dedans avec les miens » moissonne les quolibets et les parodies.

Cette « troisième voie » choisie par le gouvernement fait l’objet de nombreuses critiques. L'opposition parle d’« échec » de la stratégie sanitaire, de « retard » de la politique vaccinale, des « ratés » du pari européen consistant à grouper au niveau de Bruxelles les commandes de vaccins. En la matière le message est passablement brouillé : ainsi le 14 mars, Jean Castex a affirmé qu'« il faut avoir confiance dans le vaccin Astra Zeneca », avant que le président de la République ne décide, vingt-quatre heures après, de suspendre ledit vaccin, tandis que trois jours plus tard l'Agence européenne du médicament donnait son feu vert à la reprise de la campagne. L'augmentation des livraisons attendues des vaccins Pfizer-BioNTech, Moderna et l'arrivée, mi-avril, du vaccin Janssen, de Johnson & Johnson pourraient, selon l’éxécutif compenser les défaillances d’Astra Zeneca. Dans un rapport du 11 mars, les membres du comité scientifique ont toutefois estimé que quand bien même la vaccination se maintiendrait à un rythme soutenu, elle serait « sans doute insuffisant[e] pour éviter une augmentation importante des hospitalisations » face à la menace que font peser les nouveaux variants.

Selon un sondage Elabe, publié le 24 mars, les mesures prises par le gouvernement sont jugées « pas cohérentes » (74%) et « pas efficaces pour lutter contre l’épidémie » (73%). Et contrairement au chef de l’Etat, six Français sur dix pensent que l’exécutif a eu tort de ne pas reconfiner le pays fin janvier.

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ISRAËL : UN PUZZLE ELECTORAL

Pour la quatrième fois depuis avril 2019, les Israéliens se sont rendus aux urnes, le 23 mars, afin de tenter de dégager une nouvelle fois une majorité au Parlement israélien, la Knesset. La participation de 67,2 %, est la plus faible depuis le retour de Netanyahou au pouvoir, en 2009. Son parti, le Likoud perd 6,sièges et n’en obtient que 30, en en dépit d’une campagne de vaccination réussie (60% de la population a été vaccinée, un record mondial). Le parti séfarade ultra-orthodoxe Shas conserve ses 9 sièges. Le parti radical Yamina, qui veut dire « A droite » en hébreu, est crédité de 7 sièges. Son chef, Naftali Bennett, ancien ministre de la Défense du cabinet de Nétanyahou, promoteur d'un Grand Israël de la Méditerranée au Jourdain, n'a pas dit clairement s'il soutiedrait un gouvernement anti ou pro-Netanyahou, personnalité dont il partage l'idéologie mais critique la gestion. Le Parti national religieux de Bezatel Smotrich absent de la précédente assemblée a obtenu 6 sièges.

Alors que le parti laïc et centriste Yesh Atid (« Il y a un futur ») de YaïrLapid, se place comme le deuxième parti de l’assemblée avec 17 sièges, l’autre parti centriste, le parti « Bleu-Blanc » de Benny Gantz, avec qui Netanyahou était arrivé au coude-à-coude lors des trois derniers scrutins, est crédité de seulement 8 sièges. Annoncés sur le déclin, les petits partis de centre gauche ou de gauche ont connu un sursaut : les sociaux-démocrates du Parti travailliste ont 7 sièges et les partisans du camp de la paix du Meretz progressent avec 6 sièges. Toutes les hypoth èses sont formulées quant aux 10 députés arabes, même si jusqu'ici aucune formation arabe n'a jamais fait partie d'un gouvernement israélien. Le parti Raam, proche des Frères musulmans a obtenu 4 députés, la liste arabe unifiée 6. La communauté arabe d'Israël représente 20 % de la population. La question palestinienne a été absente de la campagne électorale.

L’instabilité politique est due au système électoral israélien : le scrutin proportionnel de liste, avec un seuil d'éligibilité à seulement 3,25 %, qui provoque un émiettement du paysage politique. Pour obtenir un siège, il suffit de rassembler 50 000 votes. La prime revient donc à celui qui sera parvenu à nouer des coalitions avec des formations moyennes, voire des micro-mouvements, même si celles-ci ne durent pas plus d'une mandature. Depuis la création de l’État d’Israël, en 1948, aucun parti n’a jamais remporté la majorité absolue, soit 61 sièges des 120 que compte la Knesset.

Accusé dans trois affaires de corruption présumée, Benyamin Netanyahouse retrouvera devant les juges le 5 avril prochain.

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