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Joseph R. Biden et le leadership américain / L’islamo-gauchisme est-il un néo-conformisme ? / n°182 (28 février 2021)

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JOSEPH R. BIDEN ET LE LEADERSHIP AMÉRICAIN

« L'Amérique est de retour », a lancé Joe Biden lors de son premier discours de politique étrangère, mais un retour non pas comme leader planétaire, mais à la tête d'une « alliance des démocraties » priée de regagner « du muscle » face aux offensives de « l'autoritarisme ». Le 19 février, face à ses alliés européens, lors de la visioconférence de Munich sur la sécurité, le président des États-Unis, a décrit le monde comme un champ de rivalité entre le modèle des démocraties et les ambitions croissantes de la Chine et la volonté de la Russie d'affaiblir notre démocratie ». La Chine constitue le défi le plus important pourWashington, celui d'une compétition non seulement sur les valeurs, mais aussi en matière d'innovation, d'intelligence artificielle ou de cyberespace. Le président américain entend embarquer dans cette confrontation les alliés traditionnels de son pays, à commencer par les Européens, et il réuniraprochainement un sommet des démocraties. Si la Russie n’occupe que laseconde place des préoccupations de Joe Biden, elle représente selon lui l'épreuve la plus immédiate : « Poutine veut miner le lien transatlantique car il sait qu'il est plus facile d'intimider un État seul qu'une communauté ».

Au Moyen-Orient, fin du soutien à la coalition saoudienne au Yémen, retour à l'accord de 2015 pour limiter la capacité de l'Iran à développer une arme nucléaire, si Téhéran accepte de renoncer à ses activités d'enrichissement d'uranium, sanctions contre les militaires birmans, Joe Biden croit au « leadership moral » des États-Unis sur la scène internationale, et annoncel'accueil dès l'an prochain de 125.000 réfugiés huit fois plus que cette année.

Le 46e président des États-Unis voudrait que l'Amérique regagne auprès de l'Europe « sa position de leadership fiable ». Il souhaite que les États-Unis renouent avec un rôle plus traditionnel à l’intérieur de l'Otan, même si les demandes de contributions accrues à l'effort commun adressées par sonprédécesseur aux partenaires européens restent à l’ordre du jour. Joe Biden a confirmé qu'il allait « suspendre » le retrait partiel des troupes américaines d'Allemagne, le temps d'un « réexamen global du déploiement » des forces armées à l'étranger.

***

L’ISLAMO-GAUCHISME EST-IL UN NÉO-CONFORMISME ?

Le 14 février, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal a déclaré qu’elle allait demander une enquête au CNRS sur l'imprégnation de l'université par l'« islamo-gauchisme », afin de distinguer « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l'opinion ». Le 16 février, devant l’Assemblée nationale, elle a confirmé son intention, déclenchant la « stupeur » de la Conférence des Présidents d'Universités qui a réclamé « des clarifications urgentes ». Le 17 février, le CNRS a publié un communiqué précisant que « l'islamo-gauchisme » « ne correspond à aucune réalité scientifique ». Fin octobre, dans une tribune dans Libération, le philosophe Pierre-André Taguieff était revenu sur ce mot, qu'il a forgé au début des années 2000, alors que débutait la seconde intifada. Il s’agit selon lui d’une « une alliance militante de fait entre des milieux d'extrême gauche se réclamant du marxisme et des mouvances islamistes de diverses orientations (Frères musulmans, salafistes, djihadistes) ».

Pour Jean-Michel Blanquer, l’« islamo-gauchisme » est un « fait social indubitable » qu'il faut « regarder en face ». Fin octobre, après l'assassinat de Samuel Paty, le professeur de collège décapité après avoir montré en classe des caricatures de Mahomet, le ministre de l’Éducation avait déjà pointé « l'islamo-gauchisme » dans les facs, dénonçant « une vision du monde qui converge avec les intérêts des islamistes », alors que des universitaires avaient signé un « appel des 100 » qui critiquait le déni de l'islamisme dans les universités.

600 chercheurs et universitaires ont demandé la démission de Frédérique Vidal qui s’est défendue en arguant du « ressenti de nos concitoyens » et d'« un certain nombre de faits », comme « l'empêchement, dans certains établissements, d'une représentation des Suppliantes d'Eschyle, ou de la lecture d'un texte de Charb ». Un sondage Odoxa Blackbone consulting 66% des Français approuvent les propos de la ministre.

Le 24 février, dans Le Monde, un collectif de 130 universitaires a demandé que l'enquête réclamée par Frédérique Vidal ne soit pas confiée au CNRS, mais à une instance indépendante du ministère : le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur, qui a vocation à apprécier la qualité des travaux et des formations, de manière à informer les organismes et les universités en vue des prises de décision. Le collectif universitaire reconnait qu’« il y a bel et bien un problème dans l'enceinte universitaire, mais ce n'est pas tant celui de l'« islamo-gauchisme » que celui, plus généralement, du dévoiement militant de l'enseignement et de la recherche. »

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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« L'Amérique est de retour », a lancé Joe Biden lors de son premier discours de politique étrangère, mais un retour non pas comme leader planétaire, mais à la tête d'une « alliance des démocraties » priée de regagner « du muscle » face aux offensives de « l'autoritarisme ». Le 19 février, face à ses alliés européens, lors de la visioconférence de Munich sur la sécurité, le président des États-Unis, a décrit le monde comme un champ de rivalité entre le modèle des démocraties et les ambitions croissantes de la Chine et la volonté de la Russie d'affaiblir notre démocratie ». La Chine constitue le défi le plus important pourWashington, celui d'une compétition non seulement sur les valeurs, mais aussi en matière d'innovation, d'intelligence artificielle ou de cyberespace. Le président américain entend embarquer dans cette confrontation les alliés traditionnels de son pays, à commencer par les Européens, et il réuniraprochainement un sommet des démocraties. Si la Russie n’occupe que laseconde place des préoccupations de Joe Biden, elle représente selon lui l'épreuve la plus immédiate : « Poutine veut miner le lien transatlantique car il sait qu'il est plus facile d'intimider un État seul qu'une communauté ».

Au Moyen-Orient, fin du soutien à la coalition saoudienne au Yémen, retour à l'accord de 2015 pour limiter la capacité de l'Iran à développer une arme nucléaire, si Téhéran accepte de renoncer à ses activités d'enrichissement d'uranium, sanctions contre les militaires birmans, Joe Biden croit au « leadership moral » des États-Unis sur la scène internationale, et annoncel'accueil dès l'an prochain de 125.000 réfugiés huit fois plus que cette année.

Le 46e président des États-Unis voudrait que l'Amérique regagne auprès de l'Europe « sa position de leadership fiable ». Il souhaite que les États-Unis renouent avec un rôle plus traditionnel à l’intérieur de l'Otan, même si les demandes de contributions accrues à l'effort commun adressées par sonprédécesseur aux partenaires européens restent à l’ordre du jour. Joe Biden a confirmé qu'il allait « suspendre » le retrait partiel des troupes américaines d'Allemagne, le temps d'un « réexamen global du déploiement » des forces armées à l'étranger.

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L’ISLAMO-GAUCHISME EST-IL UN NÉO-CONFORMISME ?

Le 14 février, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal a déclaré qu’elle allait demander une enquête au CNRS sur l'imprégnation de l'université par l'« islamo-gauchisme », afin de distinguer « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l'opinion ». Le 16 février, devant l’Assemblée nationale, elle a confirmé son intention, déclenchant la « stupeur » de la Conférence des Présidents d'Universités qui a réclamé « des clarifications urgentes ». Le 17 février, le CNRS a publié un communiqué précisant que « l'islamo-gauchisme » « ne correspond à aucune réalité scientifique ». Fin octobre, dans une tribune dans Libération, le philosophe Pierre-André Taguieff était revenu sur ce mot, qu'il a forgé au début des années 2000, alors que débutait la seconde intifada. Il s’agit selon lui d’une « une alliance militante de fait entre des milieux d'extrême gauche se réclamant du marxisme et des mouvances islamistes de diverses orientations (Frères musulmans, salafistes, djihadistes) ».

Pour Jean-Michel Blanquer, l’« islamo-gauchisme » est un « fait social indubitable » qu'il faut « regarder en face ». Fin octobre, après l'assassinat de Samuel Paty, le professeur de collège décapité après avoir montré en classe des caricatures de Mahomet, le ministre de l’Éducation avait déjà pointé « l'islamo-gauchisme » dans les facs, dénonçant « une vision du monde qui converge avec les intérêts des islamistes », alors que des universitaires avaient signé un « appel des 100 » qui critiquait le déni de l'islamisme dans les universités.

600 chercheurs et universitaires ont demandé la démission de Frédérique Vidal qui s’est défendue en arguant du « ressenti de nos concitoyens » et d'« un certain nombre de faits », comme « l'empêchement, dans certains établissements, d'une représentation des Suppliantes d'Eschyle, ou de la lecture d'un texte de Charb ». Un sondage Odoxa Blackbone consulting 66% des Français approuvent les propos de la ministre.

Le 24 février, dans Le Monde, un collectif de 130 universitaires a demandé que l'enquête réclamée par Frédérique Vidal ne soit pas confiée au CNRS, mais à une instance indépendante du ministère : le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur, qui a vocation à apprécier la qualité des travaux et des formations, de manière à informer les organismes et les universités en vue des prises de décision. Le collectif universitaire reconnait qu’« il y a bel et bien un problème dans l'enceinte universitaire, mais ce n'est pas tant celui de l'« islamo-gauchisme » que celui, plus généralement, du dévoiement militant de l'enseignement et de la recherche. »

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