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BOJO reprend sa parole / Sauvages ? / n°158 (13 septembre 2020)

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BOJO REPREND SA PAROLE

Mardi 8 septembre, a débuté à Londres le huitième round de négociations sur l'accord commercial post-Brexit entre les équipes de Michel Barnier, côté bruxellois, et de David Frost, côté britannique. Si le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, près de quatre ans après un référendum marquant la fin de presque cinquante ans d'appartenance à l'Union européenne, il reste régi par la réglementation européenne jusqu'à la fin de l'année. Les négociations sur l’accord de libre-échange butent toujours sur les deux mêmes sujets : la pêche, car les pêcheurs britanniques souhaitent interdire à leurs homologues européens de venir puiser dans leur zone territoriale, et les conditions de concurrence équitable (normes sociales, environnementales, aides d'État).

Dimanche 6 septembre, le Financial Times a annoncé que Londres envisageait d'adopter une nouvelle loi rendant caducs plusieurs aspects essentiels de l'accord de sortie de l'Union européenne signé voilà moins d'un an et entérinant la sortie du pays de l'UE. Un texte dans lequel figuraient la facture de divorce, les les droits des citoyens européens au Royaume-Uni et des citoyens britanniques dans l'UE, ainsi que des dispositions pour éviter le retour d'une frontière dure entre l'Irlande du Nord et la république d'Irlande. Interrogé lundi par les députés sur les révisions que le gouvernement comptait introduire mercredi, le secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord, Brandon Lewis, a reconnuque « cela viole le droit international d'une manière très spécifique et limitée ».

Le Premier ministre britannique a prévenu, pour sa part, qu'il était prêt à assumer un « no deal » si aucun accord commercial n'était trouvé avec l'UE d'ici au 15 octobre. S’il jouit d'une majorité de 80 voix à la Chambre des communes, Boris Johnson a perdu 26 points dans les sondages depuis le début de la pandémie (39% d'opinions favorables contre 54% de défavorables, selon le sondage YouGov publié début septembre). L'opinion publique britannique est par ailleurs loin d'être favorable au « no deal ». Selon un sondage Yougov publié lundi, seulement un quart des Britanniques pense qu'il s'agirait d'un « bon résultat. La moitié estime au contraire qu'une telle issue serait « mauvaise » voire « très mauvaise » pour le pays. Le Royaume-Uni exporte 47 % de ses produits vers l'UE, laquelle n'exporte que 8% des siens outre-Manche. Le gouvernement britannique a calculé qu'un Brexit sans accord réduirait le PIB de 7,6 % à horizon de quinze ans, alors qu'un accord de libre-échange permettrait de limiter la casse à 4,9 %.

Une nouvelle session de négociations est prévue le 28 septembre, avant un Conseil européen les 15 et 16 octobre qui devrait entériner, ou pas, un accord.

***

SAUVAGES ?

Alors que de nombreux épisodes d'agressions, notamment contre des élus,ou de casse ont occupé l'actualité au cours de l'été, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a déclaré le 24 juillet : « Il faut stopper l'ensauvagement d'une certaine partie de la société. » Le 1er septembre, le ministre de la Justice, ÉricDupond-Moretti a estimé que « l'ensauvagement, est un mot qui (...) développe le sentiment d'insécurité ». Or « pire que l'insécurité, il y a le sentiment d'insécurité » qui est « de l'ordre du fantasme » et est nourri par « les difficultés économiques » et « certains médias ». Le même jour, le Premier ministre Jean Castex appeler à « fermer le ban » en précisant que « le vrai sujet, en revanche, c'est bien celui de mobiliser face à la montée des violences et de l'insécurité. Mercredi Le Président Macron a demandé à ses ministres de « ne pas créer de polémiques ». Le locataire de l’Elysée parle, lui, de « banalisation de la violence ». Un sondage Ifop paru le 7 septembre montre que 70 % des Français trouvent l'emploi du terme « ensauvagement » justifié.

Si ces dernières années, on constate une hausse des violences envers les personnes, à l’intérieur de cette catégorie, certains faits connaissent une augmentation tandis que d'autres diminuent. Le nombre des violences sexuelles a nettement augmenté selon les statistiques du ministère de l'Intérieur (+ 11 % en 2017, + 19 % en 2018 et + 12 % en 2019), sans doute à cause de la « libération » de la parole qui conduit les victimes à dénoncer plus fréquemment les faits. S'agissant des autres violences, l'évolution est plus contrastée : le nombre de vols avec violences constatés recule (-5 % en 2017, - 7 % en 2018 et - 2 % en 2019), tandis que le nombre de coups et blessures volontaires augmente (+ 4 % en 2017, + 8 % en 2018 et encore + 8 % en 2019) ; pour ces derniers, la hausse est surtout due à l'augmentation du nombre de violences intrafamiliales (+ 14 % en 2019).

Dans Slate, l’avocat pénaliste Philippe-Henry Honegger parle « d’effet de loupe » dûs à des médias et des réseaux sociaux devenus amplificateurs artificiels d’une violence en réalité en baisse » Il en appelle au concept de pensée domestiquée, que Lévi-Strauss opposait à la pensée sauvage, pensée domestiquée qui se caractérise par sa capacité en partant d’observations générales à en déduire des règles à partir desquelles elle interprétera chaque événement comme faisant partie d’un tout, et non à extrapoler chaque événement isolé pour établir une nouvelle loi ».

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Mardi 8 septembre, a débuté à Londres le huitième round de négociations sur l'accord commercial post-Brexit entre les équipes de Michel Barnier, côté bruxellois, et de David Frost, côté britannique. Si le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, près de quatre ans après un référendum marquant la fin de presque cinquante ans d'appartenance à l'Union européenne, il reste régi par la réglementation européenne jusqu'à la fin de l'année. Les négociations sur l’accord de libre-échange butent toujours sur les deux mêmes sujets : la pêche, car les pêcheurs britanniques souhaitent interdire à leurs homologues européens de venir puiser dans leur zone territoriale, et les conditions de concurrence équitable (normes sociales, environnementales, aides d'État).

Dimanche 6 septembre, le Financial Times a annoncé que Londres envisageait d'adopter une nouvelle loi rendant caducs plusieurs aspects essentiels de l'accord de sortie de l'Union européenne signé voilà moins d'un an et entérinant la sortie du pays de l'UE. Un texte dans lequel figuraient la facture de divorce, les les droits des citoyens européens au Royaume-Uni et des citoyens britanniques dans l'UE, ainsi que des dispositions pour éviter le retour d'une frontière dure entre l'Irlande du Nord et la république d'Irlande. Interrogé lundi par les députés sur les révisions que le gouvernement comptait introduire mercredi, le secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord, Brandon Lewis, a reconnuque « cela viole le droit international d'une manière très spécifique et limitée ».

Le Premier ministre britannique a prévenu, pour sa part, qu'il était prêt à assumer un « no deal » si aucun accord commercial n'était trouvé avec l'UE d'ici au 15 octobre. S’il jouit d'une majorité de 80 voix à la Chambre des communes, Boris Johnson a perdu 26 points dans les sondages depuis le début de la pandémie (39% d'opinions favorables contre 54% de défavorables, selon le sondage YouGov publié début septembre). L'opinion publique britannique est par ailleurs loin d'être favorable au « no deal ». Selon un sondage Yougov publié lundi, seulement un quart des Britanniques pense qu'il s'agirait d'un « bon résultat. La moitié estime au contraire qu'une telle issue serait « mauvaise » voire « très mauvaise » pour le pays. Le Royaume-Uni exporte 47 % de ses produits vers l'UE, laquelle n'exporte que 8% des siens outre-Manche. Le gouvernement britannique a calculé qu'un Brexit sans accord réduirait le PIB de 7,6 % à horizon de quinze ans, alors qu'un accord de libre-échange permettrait de limiter la casse à 4,9 %.

Une nouvelle session de négociations est prévue le 28 septembre, avant un Conseil européen les 15 et 16 octobre qui devrait entériner, ou pas, un accord.

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SAUVAGES ?

Alors que de nombreux épisodes d'agressions, notamment contre des élus,ou de casse ont occupé l'actualité au cours de l'été, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a déclaré le 24 juillet : « Il faut stopper l'ensauvagement d'une certaine partie de la société. » Le 1er septembre, le ministre de la Justice, ÉricDupond-Moretti a estimé que « l'ensauvagement, est un mot qui (...) développe le sentiment d'insécurité ». Or « pire que l'insécurité, il y a le sentiment d'insécurité » qui est « de l'ordre du fantasme » et est nourri par « les difficultés économiques » et « certains médias ». Le même jour, le Premier ministre Jean Castex appeler à « fermer le ban » en précisant que « le vrai sujet, en revanche, c'est bien celui de mobiliser face à la montée des violences et de l'insécurité. Mercredi Le Président Macron a demandé à ses ministres de « ne pas créer de polémiques ». Le locataire de l’Elysée parle, lui, de « banalisation de la violence ». Un sondage Ifop paru le 7 septembre montre que 70 % des Français trouvent l'emploi du terme « ensauvagement » justifié.

Si ces dernières années, on constate une hausse des violences envers les personnes, à l’intérieur de cette catégorie, certains faits connaissent une augmentation tandis que d'autres diminuent. Le nombre des violences sexuelles a nettement augmenté selon les statistiques du ministère de l'Intérieur (+ 11 % en 2017, + 19 % en 2018 et + 12 % en 2019), sans doute à cause de la « libération » de la parole qui conduit les victimes à dénoncer plus fréquemment les faits. S'agissant des autres violences, l'évolution est plus contrastée : le nombre de vols avec violences constatés recule (-5 % en 2017, - 7 % en 2018 et - 2 % en 2019), tandis que le nombre de coups et blessures volontaires augmente (+ 4 % en 2017, + 8 % en 2018 et encore + 8 % en 2019) ; pour ces derniers, la hausse est surtout due à l'augmentation du nombre de violences intrafamiliales (+ 14 % en 2019).

Dans Slate, l’avocat pénaliste Philippe-Henry Honegger parle « d’effet de loupe » dûs à des médias et des réseaux sociaux devenus amplificateurs artificiels d’une violence en réalité en baisse » Il en appelle au concept de pensée domestiquée, que Lévi-Strauss opposait à la pensée sauvage, pensée domestiquée qui se caractérise par sa capacité en partant d’observations générales à en déduire des règles à partir desquelles elle interprétera chaque événement comme faisant partie d’un tout, et non à extrapoler chaque événement isolé pour établir une nouvelle loi ».

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