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Afrique : la France n’est plus ce qu’elle était / Une stratégie pour la biodiversité ? / n°196 / 6 juin 2021

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AFRIQUE : LA FRANCE N’EST PLUS CE QU’ELLE ÉTAIT.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le président français s'efforce de remanier la stratégie, les relations et l'intervention de la France en Afrique. Pour sortir du fameux « pré carré », il s’est tourné vers l'Afrique anglophone. Après sa visite en mars 2019 en Afrique de l'Est (au Kenya et en Éthiopie), Emmanuel Macron s’est rendu cette année au Rwanda et en Afrique du Sud. Il a créé un Conseil présidentiel africain, dans lequel on retrouve des chefs d'entreprise et les intellectuels africains les plus en rupture avec la Françafrique. Il s'est tourné vers les diasporas et s'est adressé en novembre 2017 à Ouagadougou à la jeunesse africaine. Il a annoncé qu'il entendait restituer « le patrimoine africain » détenu par la France, une demande très ancienne des États d'Afrique. Il a dévoilé, avec le président ivoirien Alassane Ouattara, une réforme du franc CFA, pour changer notamment le nom de cette monnaie africaine dont l'acronyme « Colonies françaises d'Afrique » n'a jamais varié. L'Élysée s'est attaché à renouer avec le Rwanda, autre abcès de la Françafrique en reprenant à son compte les conclusions du rapport Duclerc qui conclut à une lourde responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis, qui fit 800 000 victimes en 1994 tout en écartant la complicité Enfin, le président a tenté de fermer un autre chapitre délicat en autorisant la justice burkinabè à consulter les archives liées à l'assassinat de Thomas Sankara, perpétré en 1987 et dont la France est accusée d'avoir été complice.

L’Élysée a organisé un mini-sommet sur la dette, car, selon le Fonds monétaire international, l'Afrique sub-saharienne aura besoin d'ici à 2023 de 890 milliards de dollars de financements extérieurs, soit 55% du PIB de la région. L'Afrique est devenue le terrain privilégié des luttes d'influence, et pas seulement de la part de la Chine : la Russie, la Turquie, l'Inde ou l'Iran chassent sur les terres africaines, où la France autrefois hégémonique peine à conserver ses « parts de marché ». A Montpellier, en octobre, un millier d’entrepreneurs, d'intellectuels, d'activistes ou de sportifs, devraient participer à un dépoussiérage de l'image de la France, et endiguer le sentiment antifrançais.

La vieille relation française à l'Afrique n'est pas pour autant terminée, comme vient de l'illustrer le soutien apporté par Paris à Mahamat Idriss Déby, au Tchad, devenu président d'un Conseil militaire de transition après la mort brutale de son père, Idriss Déby, survenue le 19 avril. Toutefois, après le nouveau coup d’Etat au Mali, le 24 mai, Emmanuel Macron a déclaré, « nous n'avons pas vocation à rester éternellement » dans le pays en évoquant l'avenir de l'opération « Barkhane » où sont déployés plus de 5 000 soldats français depuis 2014.

***

UNE STRATÉGIE POUR LA BIODIVERSITÉ ?

Dans un rapport publié en 2019, les experts de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques réunissant les représentants de 110 pays – sur les 132 que compte ce « Giec de la biodiversité », a révélé qu’un million d’espèces sont en danger d’extinction sur la planète. Le Fonds mondial pour la nature, le WWF, qui depuis 1998 publie tous les deux ans le Rapport Planète Vivante mesurant l'état de la biodiversité mondiale, a constaté qu’en 50 ans, nous avons perdu 68 % du nombre de vertébrés sauvages dans le monde. Les trois quarts des systèmes terrestres et les deux tiers des systèmes marins sont dégradés. En 2010, la communauté internationale adoptait à Nagoya, au Japon, 20 objectifs, dits d'Aichi, pour préserver la biodiversité d'ici 2020. Malgré des progrès, les Nations unies ont constaté, en septembre 2020, l'échec de la décennie d'Aichi, aucun des objectifs n'ayant été totalement atteint. Les prochaines ambitions mondiales doivent être approuvées lors de la COP15 prévue en octobre à Kunming, en Chine. Une coalition d'États plaide pour adopter le principe d'une protection de 30 % de la surface terrestre d'ici à 2030.

Le premier One Planet Summit consacré à la biodiversité, organisé par la France en janvier dernier, a lancé une série de rendez-vous visant à aboutir, à la fin de l'année, à l'adoption d'une nouvelle feuille de route mondiale pour la protection des écosystèmes lors de la 15e Conférence des parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique. Ce sommet a été notamment l'occasion d'affirmer les liens entre les trois crises majeures que sont le dérèglement climatique, l'érosion de la biodiversité et la pandémie de Covid-19. La convergence entre le climat et la biodiversité s'est aussi exprimée sur les financements, par le biais d'un appel à ce que 30 % des investissements en faveur du climat soient aussi bénéfiques à la protection de la nature d'ici à 2030.

Le 31 mai, le Muséum national d'histoire naturelle, l'Office français de la biodiversité et la Ligue pour la protection des oiseaux ont dressé le bilan de trente ans de suivi des oiseaux communs en France. Près de 40% des espèces étudiées sont en déclin et les scientifiques alertent particulièrement sur « une hécatombe » dans le milieu agricole. Durant ces trois décennies, les populations d'oiseaux des milieux agricoles ont chuté de 29,5 %, et celles des oiseaux vivant en milieu urbain ont diminué de 27,6 %. Le Président du Muséum national d'histoire naturelle, paléontologue et biologiste marin, Bruno David qui vient de publier « A l'Aube de la sixième extinction, comment habiter la Terre » estime que « les prédictions convergent pour suggérer qu'un point de basculement, à partir duquel on ne pourra plus revenir en arrière, pourrait être atteint entre 2025 et 2045 ». En cause, la fragmentation et la bétonisation des territoires, les pollutions diverses, notamment les pesticides, la surexploitation des ressources, le déplacement d'espèces potentiellement invasives, le changement climatique... »

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le président français s'efforce de remanier la stratégie, les relations et l'intervention de la France en Afrique. Pour sortir du fameux « pré carré », il s’est tourné vers l'Afrique anglophone. Après sa visite en mars 2019 en Afrique de l'Est (au Kenya et en Éthiopie), Emmanuel Macron s’est rendu cette année au Rwanda et en Afrique du Sud. Il a créé un Conseil présidentiel africain, dans lequel on retrouve des chefs d'entreprise et les intellectuels africains les plus en rupture avec la Françafrique. Il s'est tourné vers les diasporas et s'est adressé en novembre 2017 à Ouagadougou à la jeunesse africaine. Il a annoncé qu'il entendait restituer « le patrimoine africain » détenu par la France, une demande très ancienne des États d'Afrique. Il a dévoilé, avec le président ivoirien Alassane Ouattara, une réforme du franc CFA, pour changer notamment le nom de cette monnaie africaine dont l'acronyme « Colonies françaises d'Afrique » n'a jamais varié. L'Élysée s'est attaché à renouer avec le Rwanda, autre abcès de la Françafrique en reprenant à son compte les conclusions du rapport Duclerc qui conclut à une lourde responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis, qui fit 800 000 victimes en 1994 tout en écartant la complicité Enfin, le président a tenté de fermer un autre chapitre délicat en autorisant la justice burkinabè à consulter les archives liées à l'assassinat de Thomas Sankara, perpétré en 1987 et dont la France est accusée d'avoir été complice.

L’Élysée a organisé un mini-sommet sur la dette, car, selon le Fonds monétaire international, l'Afrique sub-saharienne aura besoin d'ici à 2023 de 890 milliards de dollars de financements extérieurs, soit 55% du PIB de la région. L'Afrique est devenue le terrain privilégié des luttes d'influence, et pas seulement de la part de la Chine : la Russie, la Turquie, l'Inde ou l'Iran chassent sur les terres africaines, où la France autrefois hégémonique peine à conserver ses « parts de marché ». A Montpellier, en octobre, un millier d’entrepreneurs, d'intellectuels, d'activistes ou de sportifs, devraient participer à un dépoussiérage de l'image de la France, et endiguer le sentiment antifrançais.

La vieille relation française à l'Afrique n'est pas pour autant terminée, comme vient de l'illustrer le soutien apporté par Paris à Mahamat Idriss Déby, au Tchad, devenu président d'un Conseil militaire de transition après la mort brutale de son père, Idriss Déby, survenue le 19 avril. Toutefois, après le nouveau coup d’Etat au Mali, le 24 mai, Emmanuel Macron a déclaré, « nous n'avons pas vocation à rester éternellement » dans le pays en évoquant l'avenir de l'opération « Barkhane » où sont déployés plus de 5 000 soldats français depuis 2014.

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UNE STRATÉGIE POUR LA BIODIVERSITÉ ?

Dans un rapport publié en 2019, les experts de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques réunissant les représentants de 110 pays – sur les 132 que compte ce « Giec de la biodiversité », a révélé qu’un million d’espèces sont en danger d’extinction sur la planète. Le Fonds mondial pour la nature, le WWF, qui depuis 1998 publie tous les deux ans le Rapport Planète Vivante mesurant l'état de la biodiversité mondiale, a constaté qu’en 50 ans, nous avons perdu 68 % du nombre de vertébrés sauvages dans le monde. Les trois quarts des systèmes terrestres et les deux tiers des systèmes marins sont dégradés. En 2010, la communauté internationale adoptait à Nagoya, au Japon, 20 objectifs, dits d'Aichi, pour préserver la biodiversité d'ici 2020. Malgré des progrès, les Nations unies ont constaté, en septembre 2020, l'échec de la décennie d'Aichi, aucun des objectifs n'ayant été totalement atteint. Les prochaines ambitions mondiales doivent être approuvées lors de la COP15 prévue en octobre à Kunming, en Chine. Une coalition d'États plaide pour adopter le principe d'une protection de 30 % de la surface terrestre d'ici à 2030.

Le premier One Planet Summit consacré à la biodiversité, organisé par la France en janvier dernier, a lancé une série de rendez-vous visant à aboutir, à la fin de l'année, à l'adoption d'une nouvelle feuille de route mondiale pour la protection des écosystèmes lors de la 15e Conférence des parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique. Ce sommet a été notamment l'occasion d'affirmer les liens entre les trois crises majeures que sont le dérèglement climatique, l'érosion de la biodiversité et la pandémie de Covid-19. La convergence entre le climat et la biodiversité s'est aussi exprimée sur les financements, par le biais d'un appel à ce que 30 % des investissements en faveur du climat soient aussi bénéfiques à la protection de la nature d'ici à 2030.

Le 31 mai, le Muséum national d'histoire naturelle, l'Office français de la biodiversité et la Ligue pour la protection des oiseaux ont dressé le bilan de trente ans de suivi des oiseaux communs en France. Près de 40% des espèces étudiées sont en déclin et les scientifiques alertent particulièrement sur « une hécatombe » dans le milieu agricole. Durant ces trois décennies, les populations d'oiseaux des milieux agricoles ont chuté de 29,5 %, et celles des oiseaux vivant en milieu urbain ont diminué de 27,6 %. Le Président du Muséum national d'histoire naturelle, paléontologue et biologiste marin, Bruno David qui vient de publier « A l'Aube de la sixième extinction, comment habiter la Terre » estime que « les prédictions convergent pour suggérer qu'un point de basculement, à partir duquel on ne pourra plus revenir en arrière, pourrait être atteint entre 2025 et 2045 ». En cause, la fragmentation et la bétonisation des territoires, les pollutions diverses, notamment les pesticides, la surexploitation des ressources, le déplacement d'espèces potentiellement invasives, le changement climatique... »

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