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Marie-Eve Nadeau : « Demain, la danse sublimera nos colères »

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À Montréal, cette documentariste québécoise prône la non-violence à travers la fable authentique du coati tenu en laisse, héros griffu d’une historiette de l’écrivaine Clarice Lispector.

De tempérament chapardeur et effronté, pour ne pas dire agressif, le coati est un mammifère arboricole pas très éloigné du raton-laveur, au pelage marron-gris. Cette bestiole des forêts d’Amérique du Sud, qui se déplace en bandes à majorité féminine, possède une petite trompe mobile ainsi qu’une longue queue zébrée d’anneaux. C’est avec un coati que Jamel Debbouze doit négocier sa sortie de prison sur la piste du Marsupilami. Manu Larcenet et Gaudelette firent d’un coati jaune-poussin baptisé Pedro, coincé dans un zoo, le héros-titre de trois albums de BD chez Fluide Glacial. Et c’est encore un coati qui interpella, le 11 septembre 1971, l’écrivaine brésilienne Clarice Lispector, dans sa chronique hebdomadaire au Jornal do Brasil – reproduite au sein du recueil La découverte du monde (éditions Des Femmes).

« Je suis pour l’animal et je prends le parti des victimes du méchant amour. » Ce jour-là, Clarice aperçoit dans la rue un chien tenu en laisse par un homme « hautain ». Or, il ne s’agit pas d’un toutou, mais d’un coati « qui se prend pour un chien », au flair comme à la démarche, qui ne sait plus « qui il est » et se demande franchement pourquoi de vrais chiens aboient avec rage après lui – schizophrénique attitude qui n’est effectuée, précise-t-elle, que « par amour et gratitude pour l’homme ».

Mais que ferait le coati s’il tombait trompe-à-trompe avec l’un de ses congénères, réalisant soudain sa méprise ? « Je sais bien qu’il aurait le droit de massacrer l’homme », coupable d’avoir « adultérer son essence », écrit Lispector, qui l’encourage pourtant à « pardonner » puis « abandonner » son bête maître.

Cette fable authentique doit nous servir de leçon. C’est le vœu, formulé sous les premières neiges de Montréal, par la Québécoise Marie-Eve Nadeau, 38 ans. Formée en danse classique, ex-mannequin, cette monteuse de cinéma (La Peur, de Damien Odoul) et autrice de documentaires (sujets : les trappeurs, les enfants de sourds), prolonge aujourd’hui le récit de l’animal déboussolé. Et imagine Clarice Lispector au chef-lieu des coatis, pour les convaincre de désensorceler leur camarade… en dansant, « leurs longs museaux pointés vers le ciel, oscillant de droite à gauche, comme autant de pendules d’hypnotiseur ». Peaufinant actuellement son second roman situé en Haïti, Marie-Eve Nadeau conclut d’une pirouette : « Dans un monde idéal, la danse serait la seule et unique voie de médiation, qui sublimerait les excès en créant des formes nouvelles. »

Pour voir son documentaire Enfants de sourds (2013), c’est ici : https://vimeo.com/116243280

Image : Sur la piste du Marsupilami, d’Alain Chabat (2012).

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De tempérament chapardeur et effronté, pour ne pas dire agressif, le coati est un mammifère arboricole pas très éloigné du raton-laveur, au pelage marron-gris. Cette bestiole des forêts d’Amérique du Sud, qui se déplace en bandes à majorité féminine, possède une petite trompe mobile ainsi qu’une longue queue zébrée d’anneaux. C’est avec un coati que Jamel Debbouze doit négocier sa sortie de prison sur la piste du Marsupilami. Manu Larcenet et Gaudelette firent d’un coati jaune-poussin baptisé Pedro, coincé dans un zoo, le héros-titre de trois albums de BD chez Fluide Glacial. Et c’est encore un coati qui interpella, le 11 septembre 1971, l’écrivaine brésilienne Clarice Lispector, dans sa chronique hebdomadaire au Jornal do Brasil – reproduite au sein du recueil La découverte du monde (éditions Des Femmes).

« Je suis pour l’animal et je prends le parti des victimes du méchant amour. » Ce jour-là, Clarice aperçoit dans la rue un chien tenu en laisse par un homme « hautain ». Or, il ne s’agit pas d’un toutou, mais d’un coati « qui se prend pour un chien », au flair comme à la démarche, qui ne sait plus « qui il est » et se demande franchement pourquoi de vrais chiens aboient avec rage après lui – schizophrénique attitude qui n’est effectuée, précise-t-elle, que « par amour et gratitude pour l’homme ».

Mais que ferait le coati s’il tombait trompe-à-trompe avec l’un de ses congénères, réalisant soudain sa méprise ? « Je sais bien qu’il aurait le droit de massacrer l’homme », coupable d’avoir « adultérer son essence », écrit Lispector, qui l’encourage pourtant à « pardonner » puis « abandonner » son bête maître.

Cette fable authentique doit nous servir de leçon. C’est le vœu, formulé sous les premières neiges de Montréal, par la Québécoise Marie-Eve Nadeau, 38 ans. Formée en danse classique, ex-mannequin, cette monteuse de cinéma (La Peur, de Damien Odoul) et autrice de documentaires (sujets : les trappeurs, les enfants de sourds), prolonge aujourd’hui le récit de l’animal déboussolé. Et imagine Clarice Lispector au chef-lieu des coatis, pour les convaincre de désensorceler leur camarade… en dansant, « leurs longs museaux pointés vers le ciel, oscillant de droite à gauche, comme autant de pendules d’hypnotiseur ». Peaufinant actuellement son second roman situé en Haïti, Marie-Eve Nadeau conclut d’une pirouette : « Dans un monde idéal, la danse serait la seule et unique voie de médiation, qui sublimerait les excès en créant des formes nouvelles. »

Pour voir son documentaire Enfants de sourds (2013), c’est ici : https://vimeo.com/116243280

Image : Sur la piste du Marsupilami, d’Alain Chabat (2012).

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