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Jeanne Beltane : « Demain, tous à poil ! »

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Survivante des attentats du Bataclan, cette autrice lyonnaise rêve d’une « mise à nu » collective, seule conséquence heureuse du réchauffement climatique, qui signerait la fin des agressions sexuelles et des pollutions de l’industrie de la mode.

« J’ai rampé sous le parquet amovible à un mètre du sol, sous le bar. Je me suis faufilée dans les bouts de verre, jusqu’à un petit coin avec un angle en béton, en me disant qu’en cas d’écroulement cela tiendrait mieux. Là, je me suis sentie en sécurité, j’ai retrouvé petit à petit mon sang-froid. Les tireurs étaient dans la salle. Il y avait moins de tirs, il y avait très peu de bruit, à part les téléphones qui sonnaient sans cesse. » Le 13 novembre 2015, Jeanne Beltane se rend au Bataclan avec une amie pour pogoter sans vergogne sur les Eagles of Death Metal ; hélas, l’horreur du terrorisme fait irruption dans sa vie. « En racontant pour la vingtième fois les faits, je me suis effondrée. Le cinquième jour, mon corps me lâche, il n’est que douleur. Je marche courbée comme une vieille. (…) Culpabilité, toujours. Culpabilité de ne pas être forte, de ne pas aller de l’avant. (…) Quelqu’un a fait péter un ballon. Je n’arrivais plus à me calmer. J’ai pleuré, pleuré. Je crois qu’il faut que je boive moins. (…) Pourquoi ai-je donné la vie dans un monde si sale ? »

Cinq ans plus tard, cette autrice lyonnaise vient de consigner son expérience dans un premier livre bref et poignant, Une forêt, accompagné des photographies de Manon Bornaz. Auto-édité, doté d’une maquette élégante, l’ouvrage dévoile le trauma lié à l’attentat, mais également l’introspection consécutive à deux décès (sa grand-mère, son père) et une naissance (sa fille) qui encadrent le drame. L’écriture est clinique, bouleversée, semblable à celle d’un journal intime, marquée par des lectures de Philippe Lançon, Tristan Garcia ou Valérie Manteau. Les images, superbes, montrent souvent Jeanne débarrassée de ses oripeaux sociaux, sans vêtements, par fragments, en pleine forêt, loin de la violence des villes. Une mise à nue très courageuse, à double titre.

Et c’est ce qu’elle espère pour l’ensemble de la société. En 2060, « merci le réchauffement climatique », nous vivrons toutes et tous le cul à l’air. Cette transparence collective signerait selon elle la fin progressive de nos intimités déballées en ligne, des agressions sexuelles et des pollutions de l’industrie de la mode, en retrouvant « le plaisir des corps imparfaits, non photoshopés, sans filtres Instagram » et un pied d’égalité avec les animaux. De quoi retourner en forêt, fissa-fessa.


Pour se procurer Une forêt, c’est ici : https://uneforet.fr/

Image : Toni Erdmann, de Maren Ade (2016).

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« J’ai rampé sous le parquet amovible à un mètre du sol, sous le bar. Je me suis faufilée dans les bouts de verre, jusqu’à un petit coin avec un angle en béton, en me disant qu’en cas d’écroulement cela tiendrait mieux. Là, je me suis sentie en sécurité, j’ai retrouvé petit à petit mon sang-froid. Les tireurs étaient dans la salle. Il y avait moins de tirs, il y avait très peu de bruit, à part les téléphones qui sonnaient sans cesse. » Le 13 novembre 2015, Jeanne Beltane se rend au Bataclan avec une amie pour pogoter sans vergogne sur les Eagles of Death Metal ; hélas, l’horreur du terrorisme fait irruption dans sa vie. « En racontant pour la vingtième fois les faits, je me suis effondrée. Le cinquième jour, mon corps me lâche, il n’est que douleur. Je marche courbée comme une vieille. (…) Culpabilité, toujours. Culpabilité de ne pas être forte, de ne pas aller de l’avant. (…) Quelqu’un a fait péter un ballon. Je n’arrivais plus à me calmer. J’ai pleuré, pleuré. Je crois qu’il faut que je boive moins. (…) Pourquoi ai-je donné la vie dans un monde si sale ? »

Cinq ans plus tard, cette autrice lyonnaise vient de consigner son expérience dans un premier livre bref et poignant, Une forêt, accompagné des photographies de Manon Bornaz. Auto-édité, doté d’une maquette élégante, l’ouvrage dévoile le trauma lié à l’attentat, mais également l’introspection consécutive à deux décès (sa grand-mère, son père) et une naissance (sa fille) qui encadrent le drame. L’écriture est clinique, bouleversée, semblable à celle d’un journal intime, marquée par des lectures de Philippe Lançon, Tristan Garcia ou Valérie Manteau. Les images, superbes, montrent souvent Jeanne débarrassée de ses oripeaux sociaux, sans vêtements, par fragments, en pleine forêt, loin de la violence des villes. Une mise à nue très courageuse, à double titre.

Et c’est ce qu’elle espère pour l’ensemble de la société. En 2060, « merci le réchauffement climatique », nous vivrons toutes et tous le cul à l’air. Cette transparence collective signerait selon elle la fin progressive de nos intimités déballées en ligne, des agressions sexuelles et des pollutions de l’industrie de la mode, en retrouvant « le plaisir des corps imparfaits, non photoshopés, sans filtres Instagram » et un pied d’égalité avec les animaux. De quoi retourner en forêt, fissa-fessa.


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Image : Toni Erdmann, de Maren Ade (2016).

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