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Benjamin Fogel : « Demain, nous attendrons une heure pour faire le moindre commentaire sur Internet »

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Auteur d’un roman sur le cyberharcèlement et la misogynie « incel », cet écrivain et éditeur parisien rêve de remodeler les réseaux via une éthique de patience et de transparence, pour mieux libérer les paroles et faire circuler les savoirs.


« Mei avait imaginé qu’Internet deviendrait la plus grande place de discussion jamais créée, une université gigantesque où circulerait librement l’information et où se régleraient les problèmes du monde. Adolescente, elle avait pour héros les hackers des années 2000, Aaron Swartz et Edward Snowden en tête. Aujourd’hui, la cacophonie, les sophismes et les guerres de chapelle qui règnent sur Internet la répugnent. Même l’anonymat lui apparaît comme un agent phare de la confusion générale. »


Dans Le silence selon Manon, son second roman publié début avril aux éditions Rivages, Benjamin Fogel décrit, dans un futur très proche, une vague d’attentats misogynes perpétrés par des « raclures » du mouvement incel – contraction de cette expression anglo-saxonne qui désigne les « célibataires involontaires », soit des « personnes incapables de trouver des partenaires amoureux, malgré leur désir de vivre en couple », « persuadés que la libération de la femme est à l’origine de leur célibat forcé », en « haïssant les personnes sentimentalement et sexuellement épanouies ». Fogel aborde la question du cyberharcèlement pratiqué en masse par cette meute de dangereux frustrés, poussant souvent leurs victimes à la dépression et au suicide, en imaginant qu’« à partir de 2022, les attentats misogynes se sont généralisés aux Etats-Unis et au Canada ».


La Manon qui donne son titre au roman est une militante féministe, sourde, fondatrice d’une association d’« Insurgés de l’Espace Sonore », qui constate que « les réseaux sociaux ont ouvert un nouveau monde aux sourds, les mettant sur un pied d’égalité avec les entendants », et songeant parfois à ne vivre « que dans le monde virtuel, cachée derrière son ordinateur ». Lors d’un apéro dans un bar, où son interlocuteur communique avec elle par des messages écrits dans un carnet, ce dernier s’étonne que l’anonymat soit toléré sur Internet « comme s’il s’agissait d’un monde parallèle », en considérant qu’y apparaître sous son propre nom, si cela devenait la norme, « n’empêchera pas de mal se comporter, mais au moins on saura tracer les connards ».


Grimpant à bord de L’Arche de Nova, Benjamin Fogel prolonge ici sa réflexion en rêvant de remodeler les réseaux via une éthique de patience et de transparence, pour mieux libérer les paroles et faire circuler les savoirs. Cofondateur et directeur des éditions Playlist Society (qui publient des essais réjouissants sur Kanye West, les sœurs Wachowski, le studio Ghibli ou Terrence Malick), ce Parisien studieux s’inspire ici du regretté Aaron Swartz (1986-2013), génie de l’informatique et hacktiviste new-yorkais, en lui donnant le nom d’un réseau idéal, le réseau Aaron.


« Pour faire renaître les ambitions originelles d’Internet, il faut ajouter du contrôle : de la modération, des contraintes d’identifications, telles que l’interdiction de posséder plusieurs profils, la nécessité de recourir à des comptes préalablement vérifiés, voire à sa véritable identité, le tout avec toutes les précautions à apporter sur le droit à l’oubli, en pouvant notamment déterminer quand chacune des traces que nous laissons disparaîtra automatiquement. Il faut savoir qui parle et depuis quel bord politique. » Autre piste esquissée par Benjamin Fogel : « Il faut ralentir le flux. Diminuer le bruit. Interdire les réponses spontanées. Faire de l’expression tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler une obligation : si les internautes sont obligés d’attendre une heure pour répondre, cela les poussera à digérer les échanges, à laisser la tension retomber, à travailler leurs réponses, à ne conserver que...

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« Mei avait imaginé qu’Internet deviendrait la plus grande place de discussion jamais créée, une université gigantesque où circulerait librement l’information et où se régleraient les problèmes du monde. Adolescente, elle avait pour héros les hackers des années 2000, Aaron Swartz et Edward Snowden en tête. Aujourd’hui, la cacophonie, les sophismes et les guerres de chapelle qui règnent sur Internet la répugnent. Même l’anonymat lui apparaît comme un agent phare de la confusion générale. »


Dans Le silence selon Manon, son second roman publié début avril aux éditions Rivages, Benjamin Fogel décrit, dans un futur très proche, une vague d’attentats misogynes perpétrés par des « raclures » du mouvement incel – contraction de cette expression anglo-saxonne qui désigne les « célibataires involontaires », soit des « personnes incapables de trouver des partenaires amoureux, malgré leur désir de vivre en couple », « persuadés que la libération de la femme est à l’origine de leur célibat forcé », en « haïssant les personnes sentimentalement et sexuellement épanouies ». Fogel aborde la question du cyberharcèlement pratiqué en masse par cette meute de dangereux frustrés, poussant souvent leurs victimes à la dépression et au suicide, en imaginant qu’« à partir de 2022, les attentats misogynes se sont généralisés aux Etats-Unis et au Canada ».


La Manon qui donne son titre au roman est une militante féministe, sourde, fondatrice d’une association d’« Insurgés de l’Espace Sonore », qui constate que « les réseaux sociaux ont ouvert un nouveau monde aux sourds, les mettant sur un pied d’égalité avec les entendants », et songeant parfois à ne vivre « que dans le monde virtuel, cachée derrière son ordinateur ». Lors d’un apéro dans un bar, où son interlocuteur communique avec elle par des messages écrits dans un carnet, ce dernier s’étonne que l’anonymat soit toléré sur Internet « comme s’il s’agissait d’un monde parallèle », en considérant qu’y apparaître sous son propre nom, si cela devenait la norme, « n’empêchera pas de mal se comporter, mais au moins on saura tracer les connards ».


Grimpant à bord de L’Arche de Nova, Benjamin Fogel prolonge ici sa réflexion en rêvant de remodeler les réseaux via une éthique de patience et de transparence, pour mieux libérer les paroles et faire circuler les savoirs. Cofondateur et directeur des éditions Playlist Society (qui publient des essais réjouissants sur Kanye West, les sœurs Wachowski, le studio Ghibli ou Terrence Malick), ce Parisien studieux s’inspire ici du regretté Aaron Swartz (1986-2013), génie de l’informatique et hacktiviste new-yorkais, en lui donnant le nom d’un réseau idéal, le réseau Aaron.


« Pour faire renaître les ambitions originelles d’Internet, il faut ajouter du contrôle : de la modération, des contraintes d’identifications, telles que l’interdiction de posséder plusieurs profils, la nécessité de recourir à des comptes préalablement vérifiés, voire à sa véritable identité, le tout avec toutes les précautions à apporter sur le droit à l’oubli, en pouvant notamment déterminer quand chacune des traces que nous laissons disparaîtra automatiquement. Il faut savoir qui parle et depuis quel bord politique. » Autre piste esquissée par Benjamin Fogel : « Il faut ralentir le flux. Diminuer le bruit. Interdire les réponses spontanées. Faire de l’expression tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler une obligation : si les internautes sont obligés d’attendre une heure pour répondre, cela les poussera à digérer les échanges, à laisser la tension retomber, à travailler leurs réponses, à ne conserver que...

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