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Dadis Camara et «son» honneur

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Lorsqu'un ex-putschiste se soucie davantage des égards qu'il estime dus à son rang qu'aux souffrances infligées aux Guinéennes et aux Guinéens.

Un mois après l’ouverture du procès sur les massacres du 28 Septembre 2009, les Guinéens ont eu droit, cette semaine, à quelques bouts de vérité, de la part de l’aide de camp du capitaine Dadis Camara, à l’époque. Cette brèche dans la stratégie de dénégation convenue par les accusés n’indique-t-elle pas que ce procès va peut-être enfin s’engager vers un peu plus de sincérité ?

Jusque-là, les accusés narguaient les victimes avec leurs non réponses. Et « Toumba » Diakité s’est un peu oublié, en effet. Mais, il semble avoir déjà repris ses esprits. Comme si tous étaient persuadés qu’à force de se taire en chœur, ils finiraient par convaincre la cour de se ranger à leur logique, pour conclure qu’il n’y a eu, finalement, rien de très grave, ce jour-là, dans le stade et tout autour. Et pourtant ! 157 morts, des centaines de blessés, sans compter ces femmes traquées, violentées et violées en nombre. La justice est une nécessité. Il reste à espérer qu’elle se donnera le temps de ne pas bâcler ce procès. Ce serait un tel désastre, pour la Guinée, si tout cela devait ne consister qu’à calmer les victimes, pour réhabiliter quelque accusé à ne pas mécontenter, sous prétexte qu’il pèserait d’un poids ethnique, politique ou autre.

Dadis Camara a prévenu qu’il était là pour laver son honneur. Il doit donc, lui aussi, désirer la vérité…

Mais, au-delà du verdict de cette cour, il y a, ce que l’on appelle la responsabilité. En politique, cela s’assume. C’est le chemin de l’honneur. Les faits, ici, c’est d’abord le contexte et l’objet de ce rassemblement. À la mort du président Lansana Conté, en décembre 2008, Dadis Camara s’est emparé du pouvoir. Un coup d’État contre un mort. Tout heureux d’avoir ainsi vaincu sans péril, il s’exhibe quotidiennement dans le clinquant de sa condition inespérée de nouveau roi. L’opinion africaine s’amusait alors de ce qu’elle décrivait comme « le Dadis Show ». Pas vraiment fiers du sort si cruel qui s’acharnait ainsi sur leur pays, les Guinéens étaient dans leurs petits souliers.

Mais, lorsque Dadis a laissé entendre qu’il pourrait bien se porter candidat à la présidence de la République, opposition, société civile, citoyens ordinaires se sont levés pour contrarier son projet. Ils se donnent rendez-vous le 28 septembre, date anniversaire du fameux « non » de Sékou Touré au général de Gaulle.

Pour éviter toute surprise, ils avaient choisi un lieu clos, au lieu des artères de Conakry. Mais, ils ne risquaient pas moins de compromettre les visées du capitaine. On a donc envoyé des soldats sans scrupules les traquer dans le stade. Et cette responsabilité, personne n’a le courage de l’endosser.

Mépriser de la sorte les morts, les femmes et les blessés, tout en exigeant d’être traité comme un ancien chef d’État n'inspire pas le respect.

Après tout, n’est-il pas tout de même un ancien chef d’État ?

Vous voyez à quel point il a fallu que la notion même de chef d’État soit dévoyée, dans cette Afrique, pour que chaque personne qui s’empare du pouvoir, revendique, avec autant d’aplomb, un traitement d’ancien chef d’État, surtout là où les Guinéens attendent juste un peu d’égard pour toute la violence subie, pour leurs morts, leurs mères, sœurs ou épouses violées ?

En plus, ces héros manquaient terriblement de courage. Car, lorsqu’il a été suggéré que ce massacre pouvait être assimilé à un crime contre l’humanité, Dadis a cherché à l’imputer à son aide de camp. Comme l'empereur romain qui, sentant la foule romaine fondre sur son palais, demande à Tigellin, son bourreau à tout faire, d’aller avouer au peuple que c’est lui qui a mis le feu à Rome. Dadis se faisant insistant, « Toumba » Diakité a tenté de lui brûler la cervelle. Il a manifestement eu plus de chance que ses compatriotes tombés ce funeste 28 septembre.

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Un mois après l’ouverture du procès sur les massacres du 28 Septembre 2009, les Guinéens ont eu droit, cette semaine, à quelques bouts de vérité, de la part de l’aide de camp du capitaine Dadis Camara, à l’époque. Cette brèche dans la stratégie de dénégation convenue par les accusés n’indique-t-elle pas que ce procès va peut-être enfin s’engager vers un peu plus de sincérité ?

Jusque-là, les accusés narguaient les victimes avec leurs non réponses. Et « Toumba » Diakité s’est un peu oublié, en effet. Mais, il semble avoir déjà repris ses esprits. Comme si tous étaient persuadés qu’à force de se taire en chœur, ils finiraient par convaincre la cour de se ranger à leur logique, pour conclure qu’il n’y a eu, finalement, rien de très grave, ce jour-là, dans le stade et tout autour. Et pourtant ! 157 morts, des centaines de blessés, sans compter ces femmes traquées, violentées et violées en nombre. La justice est une nécessité. Il reste à espérer qu’elle se donnera le temps de ne pas bâcler ce procès. Ce serait un tel désastre, pour la Guinée, si tout cela devait ne consister qu’à calmer les victimes, pour réhabiliter quelque accusé à ne pas mécontenter, sous prétexte qu’il pèserait d’un poids ethnique, politique ou autre.

Dadis Camara a prévenu qu’il était là pour laver son honneur. Il doit donc, lui aussi, désirer la vérité…

Mais, au-delà du verdict de cette cour, il y a, ce que l’on appelle la responsabilité. En politique, cela s’assume. C’est le chemin de l’honneur. Les faits, ici, c’est d’abord le contexte et l’objet de ce rassemblement. À la mort du président Lansana Conté, en décembre 2008, Dadis Camara s’est emparé du pouvoir. Un coup d’État contre un mort. Tout heureux d’avoir ainsi vaincu sans péril, il s’exhibe quotidiennement dans le clinquant de sa condition inespérée de nouveau roi. L’opinion africaine s’amusait alors de ce qu’elle décrivait comme « le Dadis Show ». Pas vraiment fiers du sort si cruel qui s’acharnait ainsi sur leur pays, les Guinéens étaient dans leurs petits souliers.

Mais, lorsque Dadis a laissé entendre qu’il pourrait bien se porter candidat à la présidence de la République, opposition, société civile, citoyens ordinaires se sont levés pour contrarier son projet. Ils se donnent rendez-vous le 28 septembre, date anniversaire du fameux « non » de Sékou Touré au général de Gaulle.

Pour éviter toute surprise, ils avaient choisi un lieu clos, au lieu des artères de Conakry. Mais, ils ne risquaient pas moins de compromettre les visées du capitaine. On a donc envoyé des soldats sans scrupules les traquer dans le stade. Et cette responsabilité, personne n’a le courage de l’endosser.

Mépriser de la sorte les morts, les femmes et les blessés, tout en exigeant d’être traité comme un ancien chef d’État n'inspire pas le respect.

Après tout, n’est-il pas tout de même un ancien chef d’État ?

Vous voyez à quel point il a fallu que la notion même de chef d’État soit dévoyée, dans cette Afrique, pour que chaque personne qui s’empare du pouvoir, revendique, avec autant d’aplomb, un traitement d’ancien chef d’État, surtout là où les Guinéens attendent juste un peu d’égard pour toute la violence subie, pour leurs morts, leurs mères, sœurs ou épouses violées ?

En plus, ces héros manquaient terriblement de courage. Car, lorsqu’il a été suggéré que ce massacre pouvait être assimilé à un crime contre l’humanité, Dadis a cherché à l’imputer à son aide de camp. Comme l'empereur romain qui, sentant la foule romaine fondre sur son palais, demande à Tigellin, son bourreau à tout faire, d’aller avouer au peuple que c’est lui qui a mis le feu à Rome. Dadis se faisant insistant, « Toumba » Diakité a tenté de lui brûler la cervelle. Il a manifestement eu plus de chance que ses compatriotes tombés ce funeste 28 septembre.

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