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Les expérimentations mojo de France Info au JT de France 2, avec Julien Pain

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La crise du coronavirus et son flot de fausses informations ont rendu d’utilité publique les formats de “débunkage” de fake news. Et c’est ainsi que, le 1er avril, France 2 a mis pour la première fois à l’affiche de son 20 heures le module “vrai ou fake” venu de FranceInfoTV et du numérique. Julien Pain, son rédacteur en chef, et toute son équipe ont fait entrer leurs codes visuels inspirés des youtubeurs et leurs méthodes issues du “mojo” (journalisme mobile) dans la grande messe du JT.

L’équipe de Julien Pain a en effet l’habitude de partir avec des smartphones pour couvrir les manifestations, de bidouiller quand il le faut pour tester de nouveaux formats et a pu s’adapter en 24 heures aux conditions inédites de télétravail imposées par le confinement. Et quand il s’est agi de contribuer aux besoins de France télévisions pour couvrir cette crise, “Vrai ou fake” s’est imposé tout naturellement.

Que restera-t-il de cette expérience après la crise ? Le style de narration et la réalisation très Youtube ne transformeront pas le 20 heures du jour au lendemain. Le télétravail ne deviendra pas non plus la règle pour la machine télévisuel et ses exigences de qualité d’image et de son très élevées. Mais, espère Julien Pain, cette accélération de l’innovation lui permettra de pouvoir mieux diffuser et partager son travail dans le paquebot public et de tester plus régulièrement de nouvelles idées en mode agile.

-----

Pour aller plus loin

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L'essentiel de l'épisode

Se concentrer sur la lutte contre les intox

[00:05:23] Au moment du confinement, je me suis dit en quoi je peux être utile? Qu'est ce qu'est ce que l'équipe peut faire le mieux et sur laquelle elle peut être efficace le plus rapidement? Il y avait un vrai développement des intox au moment de ce début du confinement, on voyait bien qu'il y avait tout et n'importe quoi qui était raconté sur les réseaux sociaux. En tant que journaliste du service public, j'ai senti qu'on avait un rôle à jouer important parce qu'on s'est aperçu concrètement que les intox tuent au sens propre du terme. Ce n'est plus une allégorie. Concrètement, les fausses informations qu'on reçoit sur les réseaux sociaux en ce moment, peuvent nous mener à l'hôpital. Je me suis dit c'est sûrement là que je pouvais être le plus efficace avec mon équipe en ce moment. Donc, du coup, j'ai réorienté le travail de toute l'équipe sur cette lutte contre les infox.

Du mojo au 20 heures

[00:06:30] Un jour, on était au boulot. On n'avait absolument jamais été en télétravail. France Télévisions n'est pas habituée au télétravail. La télé, c'est pas vraiment quelque chose qui se fait en télétravail. Et du jour au lendemain, littéralement, on a monté ce petit projet qui est devenu plus gros de lutte contre les intox en télétravail.

[00:07:30] Au départ, on n'avait même pas d'ordinateur du bureau. C'est notre ordinateur perso, on a installé les logiciels qui nous permettent de faire des interviews, etc. Ensuite on s’est dit, il faut qu'on fabrique des sujets. La meilleure façon de filmer, c'est de le faire avec kits “mojo”.

[00:09:14] En gros, c'est l'idée, c'est que le matériel que vous avez tous à la maison c'est le même que j'utilise quasiment moi pour tourner des sujets qui passent en ce moment au 20 heures.

[00:09:35] La chance qu'on a à nous, finalement, c'est que ça fait des années qu'on travaille avec ce genre de matériel. Moi, je travaille souvent avec des caméras classiques mais il y a plein de moments où on avait déjà expérimenté de travailler chacun avec des kits mojo, par exemple dans les manifs. Nous, on trouve que c'est plus pratique de filmer avec des iphones parce qu'on est plus discret, parce que on peut se faufiler, parce qu'on peut aller prendre des sonores en se rapprochant plus des gens. Et on intimide moins les gens qu'avec une grosse caméra.

Donc, nous ça fait des années qu'on travaille avec ce type de matériel et finalement, ça a été une chance dans ce moment où il a fallu se redéployer très rapidement parce que non seulement non seulement moi, mais toute l'équipe, était capable d’utiliser ce kit téléphone, etc. Je pense que ça aurait pris beaucoup de temps pour une équipe classique de France Télé. Pour nous, c'était relativement naturel.

[00:10:25] On a commencé uniquement avec notre matos à nous, je tournais avec mon téléphone à moi et je montais avec mon ordinateur à moi. Là, on est en train de se professionnaliser un peu, c'est à dire qu'on est en train de récupérer du matos maison pour avoir des outils un peu plus performants pour faire une meilleure image, pour monter de façon un peu plus pointue.

[00:11:20] Quand qu'on commence à passer au 20 heures. On attend quand même une qualité technique un peu meilleure. Donc là, on s'est équipé avec un micro qui nous permet même d'être assez loin de la caméra et même en m’éloignant en s'éloignant du smartphone, j'arrive quand même à avoir une qualité correcte.

Et puis après, sur la fabrication, au départ on montait tout seul sur iMovie; maintenant, on fait des bout à bout sur iMovie et ensuite on les envoie au bureau, pour faire rajouter une couche graphique qu’on ne pouvait pas faire. On aime bien, en plus, avoir du texte qui s'affiche, avoir de l'infographie un peu un peu chiadé, qui vient supporter le propos parce que comme on fait du fact checking on a des choses assez précises à expliquer et l'infographie est utile. Et ça, évidemment, on n'est pas infographiste, on ne peut pas faire tous les métiers tout seul.

[00:13:15] C'est une période de crise et une période de transformation violente, et moi, personnellement, c'est quelque chose qui m'intéresse. Parce que dans les moments de transformations importantes, il faut imaginer des nouveaux process très rapidement. Il faut changer son logiciel très rapidement. Moi, c'est quelque chose que j'ai toujours aimé.

C'est une période dynamique pour moi d'un point de vue de travail parce que j'ai pu faire évoluer très rapidement des process, sachant que France TV, c'est une grosse maison qui évolue très lentement. Et là, ça m'a donné l'opportunité de faire bouger la maison quelque part beaucoup plus que n'aurais pu le faire.

Ça fait quatre ans que je suis à France TV. J'avais très peu fait évoluer France TV puisque je suis un petit rouage, mais là, en quelques semaines, on a quasiment tous les jours ou tous les deux jours, un sujet entièrement filmé à la maison avec un téléphone qui passe au 20 heures de France 2. Donc, la révolution, elle est énorme.

Alors, je ne suis pas idiot. J'imagine bien qu'à la fin du confinement, le 20 heures, avec sa machine beaucoup plus sophistiquée, va se remettre en place et qu'on aura sûrement moins besoin des kits mojo et heureusement. Mais en même temps, je pense que ça laissera une trace. Je pense qu'on est sur une voie d'innovation qui est intéressante.

15 ans d’agilité

[00:16:28] Cela fait 15 ans que je bricole, c'est-à-dire que j'ai toujours été un artisan et un bricoleur dans la télé. Je n'ai jamais fait les choses de façon traditionnelle parce que je n'ai pas de formation télé classique. Quand tout se passe bien, les bricoleurs comme moi, on a peut être moins besoin parce que tout roule, parce qu'il faut savoir gérer des grosses machines. Par contre, dans les moments où il faut aller très vite, on sent qu'il y a un besoin de changement. Et là, le travail que tu as fait depuis 15 ans d'être capable de bricoler et surtout d'avoir formé une équipe, c'est très utile.

[00:17:37] Je vois comment les youtubeurs font, je vois comment les mecs font sur Facebook, du coup ça reste dans mon périmètre et le jour où j'ai besoin de dégainer une idée pour la télé, je vais aller la chercher dans d'autres univers. Je crois que la force de l'équipe qu'on a, c'est qu'on est capable d'aller chercher des idées ailleurs, pas seulement dans notre univers.

[00:17:59] Nos sujets que tu vois au 20 heures, c'est des “face cam”, donc des gens qui parlent face à la caméra et qui expliquent des choses en alternant très vite avec du in, de la vidéo qui vient rentrer, ensuite des infographies, et c'est monté en ce qu'on appelle le “jump cut”, c'est-à-dire qu'on ne cherche pas à faire de plans d'illustration. L’inspiration c’est Youtube.

[00:19:04]

L’équipe, c'est tous des journalistes. Par contre, moi, je ne peux pas avoir quelqu'un dans l'équipe qui a une aversion pour la technique. Si quelqu'un me dit : moi, je suis uniquement rédacteur, donc le techos, c'est le mec à côté qui prend le son ou qui filme, et moi je ne touche qu'à l'éditorial parce que je suis un journaliste, cette personne ne m’intéresse pas.

On peut être excellent dans l'éditorial et en même temps toucher un peu à tout; ça ne va pas rendre moins bon éditorialement d’être capable de se servir d'un smartphone.

Les Observateurs sur France 24

[00:22:50]

J’ai commencé comme ça le fact checking: j’avais des images, mais je ne pouvais pas les passer à l’antenne tant que je les avais pas vérifiées. Moi, j'ai attaqué le fact checking d'un point de vue très pratique. Il fallait que je vérifie pour pouvoir passer à l'antenne et donc effectivement, en ce moment, où on est en confinement et on voit passer toutes ces images qui circulent sur les réseaux sociaux, moi c'est dans mon ADN de les prendre, de les récupérer et de me dire qu'est ce que je peux en faire, comment je les utilise, etc.

Et après ?

[00:25:55] Je pense que c'est une graine, elle est plantée. Moi, j'étais une graine qui était hors sol, c'était les tomates hors sol bio de Bretagne. Maintenant, c'est fini. Cette graine est plantée parce que le 20 heures nous a fait rentrer dans le sol. Alors forcément dans un premier temps, on va vivre en recul. On a pris une place pendant le confinement qui était importante parce que quelque part, on n'avait pas le choix. Là, il y aura un recul après la sortie du confinement, c'est sûr. Mais la graine, elle est là et je pense que ça va faire réfléchir des gens.

[00:27:31] Moi, ce que je voudrais, qu'on imagine les formats différemment, c'est-à-dire que pour l'instant, un 20 heures mais aussi une chaîne info, fonctionne avec 3 ou 4 formats. Par exemple, si je prends FranceInfo, on a le sujet télé classique avec un sonore, avec des images d'illustration, avec commentaire sur images et ensuite on a un intervenant en plateau qui fait une chronique, une chronique, c'est toujours la même chose. Et nous, à France Info, on a inventé un nouveau format : un “hub” avec quelqu'un qui se retrouve face à un grand écran et il va pouvoir le toucher parce que c'est un écran tactile.

Là, on est en train de montrer que on peut créer beaucoup plus rapidement des formats qui s'adaptent à ce que les gens voient déjà sur les réseaux auxquels ils sont habitués et qui permettent de se différencier des autres. Et ces formats, il ne faut pas les faire évoluer une fois tous les 5 ans. Il faut toute l'année tester des choses. Moi, je pense qu'il faut expérimenter des choses et ne pas avoir peur de casser les codes pendant l'année.

[00:29:04] Si on doit résumer, je pense qu'il faut qu'on prenne un peu plus de risques parce qu'il y a moyen de faire des paris qui fonctionnent.

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L’équipe de Julien Pain a en effet l’habitude de partir avec des smartphones pour couvrir les manifestations, de bidouiller quand il le faut pour tester de nouveaux formats et a pu s’adapter en 24 heures aux conditions inédites de télétravail imposées par le confinement. Et quand il s’est agi de contribuer aux besoins de France télévisions pour couvrir cette crise, “Vrai ou fake” s’est imposé tout naturellement.

Que restera-t-il de cette expérience après la crise ? Le style de narration et la réalisation très Youtube ne transformeront pas le 20 heures du jour au lendemain. Le télétravail ne deviendra pas non plus la règle pour la machine télévisuel et ses exigences de qualité d’image et de son très élevées. Mais, espère Julien Pain, cette accélération de l’innovation lui permettra de pouvoir mieux diffuser et partager son travail dans le paquebot public et de tester plus régulièrement de nouvelles idées en mode agile.

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Pour aller plus loin

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L'essentiel de l'épisode

Se concentrer sur la lutte contre les intox

[00:05:23] Au moment du confinement, je me suis dit en quoi je peux être utile? Qu'est ce qu'est ce que l'équipe peut faire le mieux et sur laquelle elle peut être efficace le plus rapidement? Il y avait un vrai développement des intox au moment de ce début du confinement, on voyait bien qu'il y avait tout et n'importe quoi qui était raconté sur les réseaux sociaux. En tant que journaliste du service public, j'ai senti qu'on avait un rôle à jouer important parce qu'on s'est aperçu concrètement que les intox tuent au sens propre du terme. Ce n'est plus une allégorie. Concrètement, les fausses informations qu'on reçoit sur les réseaux sociaux en ce moment, peuvent nous mener à l'hôpital. Je me suis dit c'est sûrement là que je pouvais être le plus efficace avec mon équipe en ce moment. Donc, du coup, j'ai réorienté le travail de toute l'équipe sur cette lutte contre les infox.

Du mojo au 20 heures

[00:06:30] Un jour, on était au boulot. On n'avait absolument jamais été en télétravail. France Télévisions n'est pas habituée au télétravail. La télé, c'est pas vraiment quelque chose qui se fait en télétravail. Et du jour au lendemain, littéralement, on a monté ce petit projet qui est devenu plus gros de lutte contre les intox en télétravail.

[00:07:30] Au départ, on n'avait même pas d'ordinateur du bureau. C'est notre ordinateur perso, on a installé les logiciels qui nous permettent de faire des interviews, etc. Ensuite on s’est dit, il faut qu'on fabrique des sujets. La meilleure façon de filmer, c'est de le faire avec kits “mojo”.

[00:09:14] En gros, c'est l'idée, c'est que le matériel que vous avez tous à la maison c'est le même que j'utilise quasiment moi pour tourner des sujets qui passent en ce moment au 20 heures.

[00:09:35] La chance qu'on a à nous, finalement, c'est que ça fait des années qu'on travaille avec ce genre de matériel. Moi, je travaille souvent avec des caméras classiques mais il y a plein de moments où on avait déjà expérimenté de travailler chacun avec des kits mojo, par exemple dans les manifs. Nous, on trouve que c'est plus pratique de filmer avec des iphones parce qu'on est plus discret, parce que on peut se faufiler, parce qu'on peut aller prendre des sonores en se rapprochant plus des gens. Et on intimide moins les gens qu'avec une grosse caméra.

Donc, nous ça fait des années qu'on travaille avec ce type de matériel et finalement, ça a été une chance dans ce moment où il a fallu se redéployer très rapidement parce que non seulement non seulement moi, mais toute l'équipe, était capable d’utiliser ce kit téléphone, etc. Je pense que ça aurait pris beaucoup de temps pour une équipe classique de France Télé. Pour nous, c'était relativement naturel.

[00:10:25] On a commencé uniquement avec notre matos à nous, je tournais avec mon téléphone à moi et je montais avec mon ordinateur à moi. Là, on est en train de se professionnaliser un peu, c'est à dire qu'on est en train de récupérer du matos maison pour avoir des outils un peu plus performants pour faire une meilleure image, pour monter de façon un peu plus pointue.

[00:11:20] Quand qu'on commence à passer au 20 heures. On attend quand même une qualité technique un peu meilleure. Donc là, on s'est équipé avec un micro qui nous permet même d'être assez loin de la caméra et même en m’éloignant en s'éloignant du smartphone, j'arrive quand même à avoir une qualité correcte.

Et puis après, sur la fabrication, au départ on montait tout seul sur iMovie; maintenant, on fait des bout à bout sur iMovie et ensuite on les envoie au bureau, pour faire rajouter une couche graphique qu’on ne pouvait pas faire. On aime bien, en plus, avoir du texte qui s'affiche, avoir de l'infographie un peu un peu chiadé, qui vient supporter le propos parce que comme on fait du fact checking on a des choses assez précises à expliquer et l'infographie est utile. Et ça, évidemment, on n'est pas infographiste, on ne peut pas faire tous les métiers tout seul.

[00:13:15] C'est une période de crise et une période de transformation violente, et moi, personnellement, c'est quelque chose qui m'intéresse. Parce que dans les moments de transformations importantes, il faut imaginer des nouveaux process très rapidement. Il faut changer son logiciel très rapidement. Moi, c'est quelque chose que j'ai toujours aimé.

C'est une période dynamique pour moi d'un point de vue de travail parce que j'ai pu faire évoluer très rapidement des process, sachant que France TV, c'est une grosse maison qui évolue très lentement. Et là, ça m'a donné l'opportunité de faire bouger la maison quelque part beaucoup plus que n'aurais pu le faire.

Ça fait quatre ans que je suis à France TV. J'avais très peu fait évoluer France TV puisque je suis un petit rouage, mais là, en quelques semaines, on a quasiment tous les jours ou tous les deux jours, un sujet entièrement filmé à la maison avec un téléphone qui passe au 20 heures de France 2. Donc, la révolution, elle est énorme.

Alors, je ne suis pas idiot. J'imagine bien qu'à la fin du confinement, le 20 heures, avec sa machine beaucoup plus sophistiquée, va se remettre en place et qu'on aura sûrement moins besoin des kits mojo et heureusement. Mais en même temps, je pense que ça laissera une trace. Je pense qu'on est sur une voie d'innovation qui est intéressante.

15 ans d’agilité

[00:16:28] Cela fait 15 ans que je bricole, c'est-à-dire que j'ai toujours été un artisan et un bricoleur dans la télé. Je n'ai jamais fait les choses de façon traditionnelle parce que je n'ai pas de formation télé classique. Quand tout se passe bien, les bricoleurs comme moi, on a peut être moins besoin parce que tout roule, parce qu'il faut savoir gérer des grosses machines. Par contre, dans les moments où il faut aller très vite, on sent qu'il y a un besoin de changement. Et là, le travail que tu as fait depuis 15 ans d'être capable de bricoler et surtout d'avoir formé une équipe, c'est très utile.

[00:17:37] Je vois comment les youtubeurs font, je vois comment les mecs font sur Facebook, du coup ça reste dans mon périmètre et le jour où j'ai besoin de dégainer une idée pour la télé, je vais aller la chercher dans d'autres univers. Je crois que la force de l'équipe qu'on a, c'est qu'on est capable d'aller chercher des idées ailleurs, pas seulement dans notre univers.

[00:17:59] Nos sujets que tu vois au 20 heures, c'est des “face cam”, donc des gens qui parlent face à la caméra et qui expliquent des choses en alternant très vite avec du in, de la vidéo qui vient rentrer, ensuite des infographies, et c'est monté en ce qu'on appelle le “jump cut”, c'est-à-dire qu'on ne cherche pas à faire de plans d'illustration. L’inspiration c’est Youtube.

[00:19:04]

L’équipe, c'est tous des journalistes. Par contre, moi, je ne peux pas avoir quelqu'un dans l'équipe qui a une aversion pour la technique. Si quelqu'un me dit : moi, je suis uniquement rédacteur, donc le techos, c'est le mec à côté qui prend le son ou qui filme, et moi je ne touche qu'à l'éditorial parce que je suis un journaliste, cette personne ne m’intéresse pas.

On peut être excellent dans l'éditorial et en même temps toucher un peu à tout; ça ne va pas rendre moins bon éditorialement d’être capable de se servir d'un smartphone.

Les Observateurs sur France 24

[00:22:50]

J’ai commencé comme ça le fact checking: j’avais des images, mais je ne pouvais pas les passer à l’antenne tant que je les avais pas vérifiées. Moi, j'ai attaqué le fact checking d'un point de vue très pratique. Il fallait que je vérifie pour pouvoir passer à l'antenne et donc effectivement, en ce moment, où on est en confinement et on voit passer toutes ces images qui circulent sur les réseaux sociaux, moi c'est dans mon ADN de les prendre, de les récupérer et de me dire qu'est ce que je peux en faire, comment je les utilise, etc.

Et après ?

[00:25:55] Je pense que c'est une graine, elle est plantée. Moi, j'étais une graine qui était hors sol, c'était les tomates hors sol bio de Bretagne. Maintenant, c'est fini. Cette graine est plantée parce que le 20 heures nous a fait rentrer dans le sol. Alors forcément dans un premier temps, on va vivre en recul. On a pris une place pendant le confinement qui était importante parce que quelque part, on n'avait pas le choix. Là, il y aura un recul après la sortie du confinement, c'est sûr. Mais la graine, elle est là et je pense que ça va faire réfléchir des gens.

[00:27:31] Moi, ce que je voudrais, qu'on imagine les formats différemment, c'est-à-dire que pour l'instant, un 20 heures mais aussi une chaîne info, fonctionne avec 3 ou 4 formats. Par exemple, si je prends FranceInfo, on a le sujet télé classique avec un sonore, avec des images d'illustration, avec commentaire sur images et ensuite on a un intervenant en plateau qui fait une chronique, une chronique, c'est toujours la même chose. Et nous, à France Info, on a inventé un nouveau format : un “hub” avec quelqu'un qui se retrouve face à un grand écran et il va pouvoir le toucher parce que c'est un écran tactile.

Là, on est en train de montrer que on peut créer beaucoup plus rapidement des formats qui s'adaptent à ce que les gens voient déjà sur les réseaux auxquels ils sont habitués et qui permettent de se différencier des autres. Et ces formats, il ne faut pas les faire évoluer une fois tous les 5 ans. Il faut toute l'année tester des choses. Moi, je pense qu'il faut expérimenter des choses et ne pas avoir peur de casser les codes pendant l'année.

[00:29:04] Si on doit résumer, je pense qu'il faut qu'on prenne un peu plus de risques parce qu'il y a moyen de faire des paris qui fonctionnent.

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