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#122 – La Géorgie aux portes de l’Europe ?

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En plateau

Régis Genté, correspondant dans l’ancien espace soviétique pour RFI, mais aussi pour France 24 et Le Figaro, est installé depuis plus de vingt ans à Tbilissi, capitale de la Géorgie.

Contexte

La Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine, ont déposé ensemble, en mars 2022, au lendemain de l’agression de la Russie de Poutine contre l’Ukraine, une demande en vue de l’obtention, pour leur pays respectif, du statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne (UE). La Commission européenne a rendu le 17 juin dernier un avis favorable concernant l’Ukraine et la Moldavie, se contentant d’offrir à la Géorgie une perspective européenne. Le 20 juin, une marche pour l’Europe était organisée dans la capitale géorgienne, Tbilissi : quelque 70 000 Géorgiens sont descendus dans la rue pour réclamer l’adhésion de leur pays à l’UE.

Régis Genté, qui vit depuis plus de 20 ans à Tbilissi, souligne qu’il s’agit là de l’une des plus grosses manifestations depuis 20 ans. Les trois-quarts des Géorgiens sont en effet pro-européens et inquiets après le choix de la Commission se prononçant pour l’octroi du statut de pays candidat aux deux républiques ex-soviétiques d’Europe orientale, mais pas pour celle du Sud Caucase. Comment la Géorgie, qui était le meilleur élève parmi les six pays dudit Partenariat oriental, lesquels entretiennent une relation spéciale avec l’UE depuis 2009, a-t-elle perdu la première place ? Que veulent les manifestants qui ont répondu à l’appel des organisations émanant de la société civile, et notamment au mouvement La Honte ? Qui sont-ils ?

Régis Genté observe que les manifestants veulent d’abord témoigner de l’engagement et la détermination du peuple géorgien dans son choix pour l’Europe et les valeurs occidentales. La liberté, la paix, le développement économique durable, la protection des droits humains et la justice, voilà ce que représente l’Europe à leurs yeux et tel est leur projet de société. Mais ils sont également en colère, car ils soupçonnent le gouvernement de travailler dans les intérêts de Moscou, alors que le pays serait majoritairement favorable à sortir de l’influence russe. Ils clament au pouvoir en place qu’ils ne sont pas d’accord avec sa politique consistant à saper la voie européenne de la Géorgie. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, dirigé par Irakli Kobakhidze, mais dépendant de l’oligarque Bidzina Ivanishvili, qui a fait toute sa fortune en Russie, ont-ils contribué avec le Premier ministre, Irakli Garibashvili, à saper les liens avec l’UE ?

Régis Gentérelève que depuis deux ans le parti au pouvoir a multiplié les gestes contraires aux valeurs promues par l’UE, en procédant à des arrestations douteuses d’adversaires politiques ou en exerçant des pressions sur les médias. Une détérioration dans le fonctionnement démocratique des processus électoraux a aussi fait l’objet d’un constat. Le pouvoir a développé en outre une rhétorique très dure vis-à-vis de l’UE. D’où l’exigence formulée par la Commission européenne vis à vis de la Géorgie : des réformes portant notamment sur l’indépendance de la justice, l’amélioration du climat démocratique ainsi que celui des médias.

Sans surprise, le Conseil européen, réuni les 23 et 24 juin, a suivi l’avis de la Commission. Au soir du 24 juin, après la décision du Conseil européen de ne pas accorder à l’ex-république soviétique le statut de pays candidat à l’UE, des milliers de personnes se sont à nouveau réunies dans le centre de Tbilissi. La colère gronde dans le pays contre le gouvernement, accusé d’avoir fait à dessein échouer la candidature géorgienne. Faut-il croire le Premier ministre Irakli Garibachvili, qui prenant acte des points faibles du dossier géorgien, s’est engagé à “travailler avec Bruxelles pour mettre en œuvre toutes les exigences” ?

En effet, la défiance de la rue vis-à-vis du pouvoir en place s’enracine également dans le bilan mitigé du passage, depuis 10 ans, d’une stratégie d’affrontement politique et diplomatique vis-à-vis de Moscou, à une stratégie de normalisation. Pour quels résultats ? 20% du territoire géorgien échappe toujours au contrôle de Tbilissi et ce depuis le début des années 1990. L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud sont entre les mains de forces séparatistes soutenues par la Russie. Malgré les efforts du parti Le Rêve géorgien, victorieux des urnes en 2012, la Russie n’a envoyé aucun signe positif et encourageant. Le processus de Genève, dispositif mis en place après la guerre russo-géorgienne de 2008, en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays, n’a pas été capable de régler quoi que ce soit. Ce format de discussion a certes permis de trouver quelques compromis économiques (levée du blocus sur le vin géorgien et les eaux minérales), mais ils sont néanmoins fragiles car ils n’écartent pas la menace d’un nouvel embargo, comme on l’a vu en 2019, à la faveur de la moindre crise politique. Ainsi, la stratégie visant à ne pas faire de bruit de peur d’irriter Moscou, de ne pas soutenir (trop) ouvertement l’Ukraine, avec qui des liens forts existent cependant, n’a pas produit les effets escomptés. Le « Vivons cachés » pour éviter la colère et les représailles de Moscou est désormais considéré par l’opposition géorgienne comme une reddition à la Russie. La très grande majorité de la population soutient le rapprochement avec l’Europe et veut faire pression sur le pouvoir en place pour qu’il cesse d’agir contre sa volonté, laquelle est de ne pas rester dans la sphère d’influence de la Russie.

Quel est le positionnement de l’Église géorgienne dans ce contexte ? Quelles sont les forces en présence ? Que pensent les jeunes ? De quoi rêvent-ils ? La mobilisation de la rue géorgienne se poursuivra-t-elle dans les prochaines semaines ? La société civile dans sa volonté de résister de façon non violente donnera-t-elle naissance à un nouveau mouvement populaire, distinct du Rêve géorgien ou du Mouvement national uni (MNU) de l’ancien président Mikheïl Saakachvili, aujourd’hui emprisonné ? Quelles sont et seront les répercussions de la guerre en Ukraine dans l’ancien espace soviétique ?

À l’oreille

Pour aller plus loin

  • Régis Genté, Poutine et le Caucase, Buchet Chastel, 2014
  • Régis Genté, Nicolas Jallot, La ballon rond de Staline à Poutine, une arme politique, Allary Eds, 2018
  • Régis Genté, Stéphane Siohan, Volodymyr Zelinsky. Dans la tête d’un héros, Robert Laffont, 2022
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Contexte

La Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine, ont déposé ensemble, en mars 2022, au lendemain de l’agression de la Russie de Poutine contre l’Ukraine, une demande en vue de l’obtention, pour leur pays respectif, du statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne (UE). La Commission européenne a rendu le 17 juin dernier un avis favorable concernant l’Ukraine et la Moldavie, se contentant d’offrir à la Géorgie une perspective européenne. Le 20 juin, une marche pour l’Europe était organisée dans la capitale géorgienne, Tbilissi : quelque 70 000 Géorgiens sont descendus dans la rue pour réclamer l’adhésion de leur pays à l’UE.

Régis Genté, qui vit depuis plus de 20 ans à Tbilissi, souligne qu’il s’agit là de l’une des plus grosses manifestations depuis 20 ans. Les trois-quarts des Géorgiens sont en effet pro-européens et inquiets après le choix de la Commission se prononçant pour l’octroi du statut de pays candidat aux deux républiques ex-soviétiques d’Europe orientale, mais pas pour celle du Sud Caucase. Comment la Géorgie, qui était le meilleur élève parmi les six pays dudit Partenariat oriental, lesquels entretiennent une relation spéciale avec l’UE depuis 2009, a-t-elle perdu la première place ? Que veulent les manifestants qui ont répondu à l’appel des organisations émanant de la société civile, et notamment au mouvement La Honte ? Qui sont-ils ?

Régis Genté observe que les manifestants veulent d’abord témoigner de l’engagement et la détermination du peuple géorgien dans son choix pour l’Europe et les valeurs occidentales. La liberté, la paix, le développement économique durable, la protection des droits humains et la justice, voilà ce que représente l’Europe à leurs yeux et tel est leur projet de société. Mais ils sont également en colère, car ils soupçonnent le gouvernement de travailler dans les intérêts de Moscou, alors que le pays serait majoritairement favorable à sortir de l’influence russe. Ils clament au pouvoir en place qu’ils ne sont pas d’accord avec sa politique consistant à saper la voie européenne de la Géorgie. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, dirigé par Irakli Kobakhidze, mais dépendant de l’oligarque Bidzina Ivanishvili, qui a fait toute sa fortune en Russie, ont-ils contribué avec le Premier ministre, Irakli Garibashvili, à saper les liens avec l’UE ?

Régis Gentérelève que depuis deux ans le parti au pouvoir a multiplié les gestes contraires aux valeurs promues par l’UE, en procédant à des arrestations douteuses d’adversaires politiques ou en exerçant des pressions sur les médias. Une détérioration dans le fonctionnement démocratique des processus électoraux a aussi fait l’objet d’un constat. Le pouvoir a développé en outre une rhétorique très dure vis-à-vis de l’UE. D’où l’exigence formulée par la Commission européenne vis à vis de la Géorgie : des réformes portant notamment sur l’indépendance de la justice, l’amélioration du climat démocratique ainsi que celui des médias.

Sans surprise, le Conseil européen, réuni les 23 et 24 juin, a suivi l’avis de la Commission. Au soir du 24 juin, après la décision du Conseil européen de ne pas accorder à l’ex-république soviétique le statut de pays candidat à l’UE, des milliers de personnes se sont à nouveau réunies dans le centre de Tbilissi. La colère gronde dans le pays contre le gouvernement, accusé d’avoir fait à dessein échouer la candidature géorgienne. Faut-il croire le Premier ministre Irakli Garibachvili, qui prenant acte des points faibles du dossier géorgien, s’est engagé à “travailler avec Bruxelles pour mettre en œuvre toutes les exigences” ?

En effet, la défiance de la rue vis-à-vis du pouvoir en place s’enracine également dans le bilan mitigé du passage, depuis 10 ans, d’une stratégie d’affrontement politique et diplomatique vis-à-vis de Moscou, à une stratégie de normalisation. Pour quels résultats ? 20% du territoire géorgien échappe toujours au contrôle de Tbilissi et ce depuis le début des années 1990. L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud sont entre les mains de forces séparatistes soutenues par la Russie. Malgré les efforts du parti Le Rêve géorgien, victorieux des urnes en 2012, la Russie n’a envoyé aucun signe positif et encourageant. Le processus de Genève, dispositif mis en place après la guerre russo-géorgienne de 2008, en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays, n’a pas été capable de régler quoi que ce soit. Ce format de discussion a certes permis de trouver quelques compromis économiques (levée du blocus sur le vin géorgien et les eaux minérales), mais ils sont néanmoins fragiles car ils n’écartent pas la menace d’un nouvel embargo, comme on l’a vu en 2019, à la faveur de la moindre crise politique. Ainsi, la stratégie visant à ne pas faire de bruit de peur d’irriter Moscou, de ne pas soutenir (trop) ouvertement l’Ukraine, avec qui des liens forts existent cependant, n’a pas produit les effets escomptés. Le « Vivons cachés » pour éviter la colère et les représailles de Moscou est désormais considéré par l’opposition géorgienne comme une reddition à la Russie. La très grande majorité de la population soutient le rapprochement avec l’Europe et veut faire pression sur le pouvoir en place pour qu’il cesse d’agir contre sa volonté, laquelle est de ne pas rester dans la sphère d’influence de la Russie.

Quel est le positionnement de l’Église géorgienne dans ce contexte ? Quelles sont les forces en présence ? Que pensent les jeunes ? De quoi rêvent-ils ? La mobilisation de la rue géorgienne se poursuivra-t-elle dans les prochaines semaines ? La société civile dans sa volonté de résister de façon non violente donnera-t-elle naissance à un nouveau mouvement populaire, distinct du Rêve géorgien ou du Mouvement national uni (MNU) de l’ancien président Mikheïl Saakachvili, aujourd’hui emprisonné ? Quelles sont et seront les répercussions de la guerre en Ukraine dans l’ancien espace soviétique ?

À l’oreille

Pour aller plus loin

  • Régis Genté, Poutine et le Caucase, Buchet Chastel, 2014
  • Régis Genté, Nicolas Jallot, La ballon rond de Staline à Poutine, une arme politique, Allary Eds, 2018
  • Régis Genté, Stéphane Siohan, Volodymyr Zelinsky. Dans la tête d’un héros, Robert Laffont, 2022
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