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Camille Brunel : « Demain, des animaux siégeront à l’Assemblée »

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Lauréat 2020 du Prix de la Page 111, cet écrivain de Châlons-en-Champagne prédit l’avènement d’une génération de député.e.s qui travailleront comme (et avec) des bêtes pour des républiques « aussi fiables qu’un avion de ligne ».

« Le chef de l’Etat apparut avec un air contrit cachant à peine sa suffisance. Depuis des mois, son gouvernement niait violences policières et exécutions de moins en moins accidentelles. La France devenait un pays du tiers-monde, où la moindre manifestation faisait des morts. » Paru en septembre aux éditions Alma, récompensé sur Nova du très convoité Prix de la Page 111, Les Métamorphoses, le second roman de Camille Brunel, 34 ans, se déroule dans un avenir assez proche ; entre hier et après-demain, disons. « À l'Éducation, on avait falsifié les notes du bac. À l’écologie, on se gavait de fruits de mer, et à l’Agriculture, on laissait les cochons crever de chaud dans les élevages (…) Le pouvoir était devenu impalpable, et planait au-dessus du peuple comme la tyrannie humaine ignore le sang des bêtes, avec une antipathie de bon aloi, un air désolé de bourreau endetté. »

Dans cette atmosphère déliquescente quelque peu familière, l’inédit survient. Une « pandémie de métamorphoses » change soudain, au hasard, 300 000 de nos chers compatriotes en animaux. En hyène, en écrevisse, en brebis, en taon. Mais « le gouvernement niait l’ampleur du désastre ».

« L’incendie, pourtant, éclairait le monde », écrivit l’auteur d’autres Métamorphoses, Ovide, au premier siècle. Placée en ouverture du roman de Camille Brunel, la citation du poète latin peut traduire un immense besoin de nouvel espoir, en cette année poly-catastrophique. « Notre maison brûle… », mais saurons-nous, dans la lueur des flammes, y voir mieux ?

Pour son premier futur désirable – inaugurant sur notre antenne une carte blanche d’une durée de 11 mois et 1 semaine, suite à l’obtention de son prix –, cet admirateur de Lautréamont entrevoit la survivance de la démocratie, si, si, notamment grâce à des député.e.s. « humbles » et « mesurant chaque prise de parole ». Surprise : « Ça ressemblera au sénat de Star Wars pour la diversité des costumes, à ceci près qu’il n’y aura qu’une seule espèce à en porter (les jours de délibération sur les animaux, les premiers concernés venaient à poil, ou à plumes). »

Par ailleurs, joie intergalactique : « Les Républiques deviendront aussi fiables que des avions de ligne. Les vandales passeront pour des ringards, les escrocs pour des bouffons. Mais on ne jouera plus avec le feu. (…) La fameuse génération Z, qui a grandi avec Greta Thunberg, finira nous sortir de la crise climatique » en s’emparant « de la démocratie comme du dernier iPhone, en faisant le tour de ses fonctionnalités, en la rechargeant régulièrement et à fond, élection après élection. Si quelque chose sent le pourri, le vieil homme rance, l’héritière à perles, ça dégagera. On aura hâte d’être au XXIIe siècle, de voir les forêts repousser et les baleines grandir. »

Image : Fan-art de l’Amiral Ackbar dans Star Wars : Rogue One, de Gareth Edwards (2016).

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« Le chef de l’Etat apparut avec un air contrit cachant à peine sa suffisance. Depuis des mois, son gouvernement niait violences policières et exécutions de moins en moins accidentelles. La France devenait un pays du tiers-monde, où la moindre manifestation faisait des morts. » Paru en septembre aux éditions Alma, récompensé sur Nova du très convoité Prix de la Page 111, Les Métamorphoses, le second roman de Camille Brunel, 34 ans, se déroule dans un avenir assez proche ; entre hier et après-demain, disons. « À l'Éducation, on avait falsifié les notes du bac. À l’écologie, on se gavait de fruits de mer, et à l’Agriculture, on laissait les cochons crever de chaud dans les élevages (…) Le pouvoir était devenu impalpable, et planait au-dessus du peuple comme la tyrannie humaine ignore le sang des bêtes, avec une antipathie de bon aloi, un air désolé de bourreau endetté. »

Dans cette atmosphère déliquescente quelque peu familière, l’inédit survient. Une « pandémie de métamorphoses » change soudain, au hasard, 300 000 de nos chers compatriotes en animaux. En hyène, en écrevisse, en brebis, en taon. Mais « le gouvernement niait l’ampleur du désastre ».

« L’incendie, pourtant, éclairait le monde », écrivit l’auteur d’autres Métamorphoses, Ovide, au premier siècle. Placée en ouverture du roman de Camille Brunel, la citation du poète latin peut traduire un immense besoin de nouvel espoir, en cette année poly-catastrophique. « Notre maison brûle… », mais saurons-nous, dans la lueur des flammes, y voir mieux ?

Pour son premier futur désirable – inaugurant sur notre antenne une carte blanche d’une durée de 11 mois et 1 semaine, suite à l’obtention de son prix –, cet admirateur de Lautréamont entrevoit la survivance de la démocratie, si, si, notamment grâce à des député.e.s. « humbles » et « mesurant chaque prise de parole ». Surprise : « Ça ressemblera au sénat de Star Wars pour la diversité des costumes, à ceci près qu’il n’y aura qu’une seule espèce à en porter (les jours de délibération sur les animaux, les premiers concernés venaient à poil, ou à plumes). »

Par ailleurs, joie intergalactique : « Les Républiques deviendront aussi fiables que des avions de ligne. Les vandales passeront pour des ringards, les escrocs pour des bouffons. Mais on ne jouera plus avec le feu. (…) La fameuse génération Z, qui a grandi avec Greta Thunberg, finira nous sortir de la crise climatique » en s’emparant « de la démocratie comme du dernier iPhone, en faisant le tour de ses fonctionnalités, en la rechargeant régulièrement et à fond, élection après élection. Si quelque chose sent le pourri, le vieil homme rance, l’héritière à perles, ça dégagera. On aura hâte d’être au XXIIe siècle, de voir les forêts repousser et les baleines grandir. »

Image : Fan-art de l’Amiral Ackbar dans Star Wars : Rogue One, de Gareth Edwards (2016).

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