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Jérémie Moreau : « Demain, nous apprendrons la diplomatie inter-espèces »

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À Valence, cet auteur de BD relance un vieux débat philosophique, « la théorie de la graine contre le carré », prélude à un imminent « renversement », qui tissera ensemble les habitats humains et non-humains.

« Le lion meurt de la même façon que la fourmi. Composition, décomposition. Je nais, je meurs. Rien de plus, rien de moins. Sans larmes, sans drame. » Ainsi parle Sophia, le félin sage au pelage noir qui donne son titre au Discours de la panthère, la nouvelle bande dessinée de Jérémie Moreau, publiée aujourd’hui aux éditions 2024. Au terme d’une série de bouleversants contes animaliers d’une très grande pureté graphique et morale, conférant au livre une sensation de classique instantané pour lecteurs de 7 à 107 ans, elle est là, la bête : juchée sur sa montagne africaine, écoutée par ses compatriotes de la savane. « Le jour où l’on sortira les corps de la chaîne du vivant, où l’on bâtira des palais aux morts glorieux, où l’on vengera les morts auxquels on s’identifie, où l’on cachera les morts gênants… le monde sera perdu. »

« Je voulais me glisser dans la conscience de ces animaux », explique l’auteur, nourri des travaux ethnologiques et philosophiques de Philippe Descola, Nastassja Martin, Vinciane Despret ou Baptiste Morizot. Sacré du fauve d’or du meilleur album en 2018 pour La Saga de Grimr, ce dessinateur précoce (qui envoyait déjà ses planches au festival d’Angoulême dès l’âge de 8 ans) dont Little Nemo demeure « le plus grand choc esthétique », dévoile avec une certaine grâce les tergiversations existentielles d’un bernard-l’hermite, d’un éléphanteau ou d’un dragon du Komodo. Absent notable de ce Discours, dont le trait trahit aussi la lecture de Babar que l’artiste fit à sa fille lors du confinement : l’homme.

À bord de notre Arche – qui aura rarement aussi bien porté son nom –, le dessinateur du Singe de Hartlepool relance « un vieux débat philosophique » sur… la définition du carré, qui opposait « ce bon vieux Platon » aux « fringants stoïciens » ; ces derniers, consternés par la définition bêtement géométrique de leur aîné, lui reprochent de négliger « ce qui se trouve à l’intérieur » du quadrilatère. Pour définir une graine, par exemple, ne doit-il pas prendre en compte « sa puissance, son devenir-plante » ? Et Jérémie Moreau, 33 ans, de se faire le prophète de « la théorie de la graine contre le carré », prélude selon lui à un imminent « renversement » qui nous fera passer « du capital à une économie solidaire », d’une humanité qui domine la nature à une « diplomatie inter-espèces ».

« La forêt et la ville s’hybrideront, les habitats humains et non-humains seront tissés ensemble. La tique et la panthère nous enseigneront la patience, le chêne la robustesse, le hêtre la croissance, la taupe et la chauve-souris comment éprouver le monde sans le voir. » Conclusion du griot de Valence, splendide : « Au coucher du soleil, à l’heure où la puissance de vie s’étiole, nous irons offrir notre chair au rongeur, au loup, à la fourmi. »

Image : Le Discours de la panthère (détail), de Jérémie Moreau (2020, éditions 2024).

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« Le lion meurt de la même façon que la fourmi. Composition, décomposition. Je nais, je meurs. Rien de plus, rien de moins. Sans larmes, sans drame. » Ainsi parle Sophia, le félin sage au pelage noir qui donne son titre au Discours de la panthère, la nouvelle bande dessinée de Jérémie Moreau, publiée aujourd’hui aux éditions 2024. Au terme d’une série de bouleversants contes animaliers d’une très grande pureté graphique et morale, conférant au livre une sensation de classique instantané pour lecteurs de 7 à 107 ans, elle est là, la bête : juchée sur sa montagne africaine, écoutée par ses compatriotes de la savane. « Le jour où l’on sortira les corps de la chaîne du vivant, où l’on bâtira des palais aux morts glorieux, où l’on vengera les morts auxquels on s’identifie, où l’on cachera les morts gênants… le monde sera perdu. »

« Je voulais me glisser dans la conscience de ces animaux », explique l’auteur, nourri des travaux ethnologiques et philosophiques de Philippe Descola, Nastassja Martin, Vinciane Despret ou Baptiste Morizot. Sacré du fauve d’or du meilleur album en 2018 pour La Saga de Grimr, ce dessinateur précoce (qui envoyait déjà ses planches au festival d’Angoulême dès l’âge de 8 ans) dont Little Nemo demeure « le plus grand choc esthétique », dévoile avec une certaine grâce les tergiversations existentielles d’un bernard-l’hermite, d’un éléphanteau ou d’un dragon du Komodo. Absent notable de ce Discours, dont le trait trahit aussi la lecture de Babar que l’artiste fit à sa fille lors du confinement : l’homme.

À bord de notre Arche – qui aura rarement aussi bien porté son nom –, le dessinateur du Singe de Hartlepool relance « un vieux débat philosophique » sur… la définition du carré, qui opposait « ce bon vieux Platon » aux « fringants stoïciens » ; ces derniers, consternés par la définition bêtement géométrique de leur aîné, lui reprochent de négliger « ce qui se trouve à l’intérieur » du quadrilatère. Pour définir une graine, par exemple, ne doit-il pas prendre en compte « sa puissance, son devenir-plante » ? Et Jérémie Moreau, 33 ans, de se faire le prophète de « la théorie de la graine contre le carré », prélude selon lui à un imminent « renversement » qui nous fera passer « du capital à une économie solidaire », d’une humanité qui domine la nature à une « diplomatie inter-espèces ».

« La forêt et la ville s’hybrideront, les habitats humains et non-humains seront tissés ensemble. La tique et la panthère nous enseigneront la patience, le chêne la robustesse, le hêtre la croissance, la taupe et la chauve-souris comment éprouver le monde sans le voir. » Conclusion du griot de Valence, splendide : « Au coucher du soleil, à l’heure où la puissance de vie s’étiole, nous irons offrir notre chair au rongeur, au loup, à la fourmi. »

Image : Le Discours de la panthère (détail), de Jérémie Moreau (2020, éditions 2024).

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